L'amour en kilt ~ Alexander McCall Smith
10-18 / Format 13-20 / 2009 - 446 pages - 14€
Traduit de l'anglais par Elisabeth Kern
C'est l'heure des retrouvailles entre le lecteur et les locataires du 44 Scotland Street, avec du changement à bord. Bruce a vendu son appartement, Pat s'est trouvée une nouvelle adresse qu'elle partage avec d'autres filles, Domenica a pris le large pour le détroit de Malacca, Angus est inconsolable, Bertie le jeune prodige de six ans a besoin d'air et mise toutes ses chances sur son rôle dans La Mélodie du bonheur, Big Lou est folle amoureuse et aveugle, tandis que Matthew se désespère du départ de Pat et trouve sa galerie d'art bien vide sans elle. La gentille Pat, toujours, a le béguin pour un dénommé Wolf, qui n'est autre que le petit copain de celle avec qui elle partage son nouvel appartement !
Le titre fait moyennement honneur au contenu, car l'histoire traite d'amour, certes, les sentiments vont et viennent, ainsi va la vie. Ce n'est pourtant pas le propos principal de cette série, qui s'en tient à décrire une chronique sympathique d'un quartier très convivial et de ses habitants.
Et on s'attache, on aime suivre leurs péripéties, être informé de ce qu'ils font et ce qu'ils deviennent. C'est un peu comme des amis, ou des proches. Pat, Bertie et son insupportable mère Irene (enceinte !), Angus, Domenica, Matthew, Big Lou ne sont plus des inconnus. Alexander McCall Smith y met naturellement beaucoup de sincérité et donne à son roman un sentiment de confort absolu. J'ai coutume de répéter que c'est loin d'être un coup de coeur, et pourtant j'y retourne chaque année. Chaque été, en fait. C'est devenu un rendez-vous sûr, sans grosse surprise, juste la certitude d'avoir 400 pages de dépaysement et de bien-être.
se rappeler les précédents épisodes : 44 Scotland street (2007) et Edimbourg express (2008) ; les deux titres sont disponibles en format poche.
clin d'oeil : Edimbourg n'était pas le genre de ville où les gens déclarent leur flamme, à la manière de quelque californien éperdu d'amour.
Edimbourg Express - Alexander McCall Smith
J'avais bien aimé le tome 1, sans sauter au plafond.
En lisant le deuxième tome je me rends compte, finalement, que je m'étais beaucoup attachée à cette communauté du 44 Scotland Street.
Cette fois-ci, ce n'est pas Bruce Anderson qui nous agace, mais Irene Pollock. La maman de Bertie, cinq ans trois-quart, est une femme abusive, qui nourrit des ambitions démesurées pour son fils. Ce dernier ne rêve que d'une chose : être un enfant comme les autres, pouvoir jouer au rugby, arrêter de porter du rose et sa salopette framboise, qu'il aimerait troquer contre un jean par exemple.
Ses entretiens avec le Dr Fairbairn l'ennuient, et le garçon a l'intime conviction d'être le lien de transition entre cet homme et sa mère, qui seraient secrètement amoureux l'un de l'autre.
Heureusement, Stuart, le père, se charge de s'impliquer dans l'éducation de son fils et devient un contre-poids fort appréciable (la virée à Glasgow, pour récupérer le véhicule oublié depuis des mois, est mémorable !).
Qu'en est-il de Bruce, alors ? Notre ancien expert immobilier se lance dans une nouvelle carrière et décide d'ouvrir une "vinothèque" grâce au fonds d'investissement d'un copain d'école. L'arrivée d'une fiancée va faire tanguer la barque et la suite de l'entreprise s'annonce particulièrement "poilante" !
Sa colocataire, Pat, va renconter un séduisant barman, Peter, grâce à Domenica. Mais le gros problème est de savoir si oui ou non ce jeune homme est gay. Autre révélation le concernant : c'est un nudiste, et Pat est cordialement invitée à se joindre à un pique-nique dans les jardins de Moray Place pour son "initiation". Osera-t-elle se jeter à l'eau ? Ce serait pour elle l'occasion de "grandir", de s'afficher et s'affirmer. De cerner ce qu'elle désire, dans la vie. Elle vient déjà d'annoncer à son père qu'elle abandonnait St Andrews pour l'université d'Edimbourg.
Un bon début, qui soulage ce papa anxieux...
A la galerie Something Special, Matthew cherche toujours un sens à sa vie. Il s'aperçoit que son père, Gordon, ne s'embarrasse pas d'en profiter et lui présente sa nouvelle fiancée, Janis, qui n'est pas au goût du fiston.
Et la vie continue à Scotland Street, avec son lot de bonnes nouvelles et de rebondissements surprenants (Bruce, encore et toujours !).
A noter qu'un troisième livre est déjà publié en Angleterre, qui donne la parole à ce cher Bertie. Cette suite est évidemment attendue avec une gentille expectative. Ce n'est peut-être pas ma lecture préférée, mais j'éprouve une grande amitié pour tous les personnages (principaux et secondaires) de cette chronique sans prétention, et qui dépayse du climat californien (la série d'Armistead Maupin) pour la contrée écossaise ! Et puis un certain retournement de situation, en fin de ce tome 2, ne peut qu'inciter à découvrir cette suite !
A déguster, donc.... avec plaisir.
Editions 10/18, 2008 pour la traduction française - 430 pages - 14€
traduit de l'anglais par Elisabeth Kern
44 Scotland Street - Alexander McCall Smith
Une adresse : 44 Scotland Street. Pat Macgregor, vingt ans, a choisi d'y élire domicile le temps d'une nouvelle année sabbatique. Son colocataire se nomme Bruce Anderson, un expert en immobilier qui a une grande passion... pour sa petite personne. Un temps, Pat se sent attirée par lui et croit tomber amoureuse.
Dans la galerie d'art où elle travaille, la jeune fille pense découvrir un tableau du peintre Peploe, qui pourrait s'évaluer à quelques milliers d'euro. Elle informe son patron, Matthew, un fils à papa qui manque d'initiatives, et se voit confier l'oeuvre qu'elle cache dans son appartement. C'est alors que notre Bruce tout-puissant choisit d'en faire don lors d'une cérémonie organisée par son patron et son épouse, où il doit faire la connaissance de leur fille, Lizzie.
Au 44 Scotland Street, on trouve aussi Bertie, un génie de cinq ans, qui joue du saxophone et parle l'italien comme sa poche. Sa mère, Irene, lui fait rencontrer le Dr Fairbairn qu'elle trouve particulièrement intéressant.
Et pour finir, Domenica, la voisine excentrique d'une soixantaine d'années, prend sous son aile Pat et lui confie quelques secrets du quartier.
Exquise chronique écossaise, publiée sous forme de feuilleton à l'origine, ce livre du "papa" de Mma Precious Ramotswe n'égale pourtant pas la pertinence des comédies façon Friends (je m'abstiens d'évoquer Maupin, que je n'ai pas lu!). Cela se lit facilement, ce n'est pas insupportable mais il manque le truc en plus. Personnellement je suis restée sur ma faim.
Cela ne m'empêchera pas de lire le deuxième tome, pour rester informée du devenir de tous les personnages, auxquels on s'attache forcément !
Editions 10/18, 2007 pour la traduction française - 412 pages - 14€
traduit de l'anglais par Elisabeth Kern
Poche, juin 2008 - 7€
Le site : http://www.44scotlandstreet.co.uk/
L'avis (enthousiaste) d'Amanda & de Miss Alfie
Les empreintes du diable - John Burnside
« Voilà bien longtemps, à Coldhaven, petit port de pêche sur la côte est de l'Écosse, les gens s'éveillèrent un matin dans l'obscurité de la mi-décembre pour découvrir non seulement que leurs maisons étaient ensevelies sous une couche de neige épaisse et irréelle comme il ne s'en voit qu'une ou deux fois par génération, mais aussi qu'une chose étrange s'était produite pendant leur sommeil, une chose dont ils ne purent rendre compte qu'au moyen de rumeurs et d'histoires qu'en honnêtes croyants, ils avaient honte de colporter, des histoires évoquant le diable, ou les esprits, des histoires reconnaissant à contre-coeur la présence dans le monde d'une puissance cachée que, la plupart du temps, ils préféraient ignorer. »
Ce qu'il s'est passé à Coldhaven, à cette époque, ce sont des traces de pas retrouvées dans la neige et qui ont été associées à des empreintes du diable ! Ceci place un peu le décor, car bien des décennies plus tard, c'est un fait divers dramatique qui frappe ce petit village écossais : Moira Birnie a mis fin à ses jours, et à celles de ses deux petits garçons, mais a laissé la vie sauve à sa fille aînée, Hazel. Pourquoi tant de pourquoi ? Il faut se pencher vers Mrs K, la femme de ménage du narrateur pour connaître le fin mot de ce drame. Non contente de paraître la copie conforme d'Ingrid Bergman, « tant de visage que de maintien », cette dame pratique en experte l'art du commérage.
« Ce qu'elle avait de particulier, c'est qu'elle n'était pas sûre de sa véracité. Comme Miss Marple, dans les romans d'Agatha Christie, elle attendait d'être en possession de tous les éléments, après quoi elle révélait le tout, dans ses moindres détails subtils et ironiques. »
Selon les informations de Mrs K, Moira avait décidé que son mari violent était le diable en personne !
Mais ce que Mrs K ignore, ou peut tout juste soupçonner, c'est qu'en épargnant la vie d'Hazel, Moira a provoqué un mini séisme dans l'esprit du narrateur. Il y a quinze ans, Michael Gardiner avait été le petit ami de Moira Kennedy et aujourd'hui il s'imagine qu'il pourrait être le père de l'adolescente. Cette prise de conscience est-elle avérée, oui ou non ? L'homme a vécu toute sa vie dans ce coin reculé, occupant désormais la maison de ses parents, il est marié à Amanda, qui a pris le parti de s'échapper le plus possible pour ne pas mourir d'ennui.
Un jour, Michael décide donc de retrouver Hazel et de l'emmener loin de Coldhaven. Ce n'est pas une escapade amoureuse, même si l'adolescente est belle, aguicheuse et intriguante. Il a entrepris cette fuite en avant plus pour se rassurer, pour trancher avec sa vie et pour se sortir de son inertie.
Mais je m'aperçois que c'est très réducteur de l'expliquer ainsi, car l'histoire montre que tout n'arrive pas sans rien, que le déclic provoqué tardivement est une suite logique à des événements antérieurs, survenus jusque dans l'enfance ! Alors qu'il n'était qu'un écolier, par exemple, Michael a été terrorisé par Malcolm Kennedy, le frère de Moira. Le roman ne serait-il qu'un concours de circonstances ?
Non plus.
C'est beaucoup plus ambivalent. Cela ressemble à un magma de pressentiment, de confusion et de crainte. Ce que ressent le narrateur est inscrit dans les terres de ce trou perdu d'Ecosse, fait partie intégrante des légendes et des mystères. Et toutes les questions qu'on soulève demeurent dans les airs, et ce n'est même pas grave de les laisser en suspens ! Après tout... Absorbée par l'atmosphère de Coldhaven, l'histoire s'inscrit à son tour dans les nombreux points de suspension.
Ecrit avec un sens aigu des sensations à vivre et ressentir, ce roman révèle une ambiance envoûtante, dans laquelle on s'y perd, et prouve que son auteur, John Burnside, est un grand écrivain poète !
Métailié - 218 pages - 18.00 € (Janvier 2008)
Traduit de l'anglais (Ecosse) par Catherine Richard.
Growing up again ~ Catriona McCloud
Après 17 ans de vie commune, Janie décide de se séparer de son compagnon Ludo. Le lendemain, au réveil, elle a la stupeur de se retrouver dans la chambre de ses 15 ans chez ses parents à Edinburgh : elle est revenue en 1981 ! Presque aussitôt, elle décide d'accomplir trois missions : aider ses parents, gagner de l'argent et retrouver Ludo. Il lui faut améliorer le présent qu'elle revit (comprenez bien, son passé !) pour améliorer son futur. Mais à chaque nouvelle décision prise, Janie va se retrouver au coeur d'une nouvelle entreprise des plus folles, brisant ses projets et éloignant de plus en plus la perspective d'un avenir “comme avant”.
A lire sur le papier, l'histoire paraît intéressante. Mais sa lecture est très décevante et l'intérêt aussi vite affaisé qu'un soufflet sortant du four. La partie sur l'investissement et les paris est trop importante et plombe la dynamique du récit. L'aventure romanesque que représente le voyage dans le temps est un pari finalement difficile à relever. Je pense au roman d'Audrey Niffenegger « The time traveler' s wife ». Car le début de « Growing up again » s'attardait davantage au dilemme d'être séparée de son conjoint et améliorer l'avenir en peaufinant le présent/passé, trouver une solution pour l'épanouissement de son couple. Elle y croit au début, puis devient de plus en plus sceptique. En bref, je pense qu'il y avait une base solide pour écrire un roman captivant. Les défauts concernant les passages trop longs, ronflants et divagants lui font finalement défauts. La fin du roman n'est pas concluante, en plus. Mais elle reste ouverte. En clair, il manque un petit plus pour mériter l'engouement.
lu en juillet 2006
Le contentement de Jennifer Wilson - A.L Kennedy
"Dites mon nom. Seulement le prénom. Sa-vi-nien. Comme si vous mangiez un mets savoureux, qui devient encore plus savoureux, le meilleur étant à la fin, Sa-vi-nien. Regardez-moi dans les yeux et dites-le. S'il vous plaît." - C'est ainsi que va commencer la troublante histoire d'amour de Jennifer Wilson, 35 ans, célibataire, et qui exerce le métier de "voix" pour une station de radio écossaise, après sa rencontre avec un inconnu amnésique, grand écrivain incompris, et qui dit s'appeller Savinien de Cyrano de Bergerac.
L'histoire ressemble à une fable où le rêve emboîte le pas à une confession troublante d'une jeune femme un peu décalée. Jennifer Wilson est éloquente et nous parle de son existence dans le moindre détail, depuis son enfance où les souvenirs lui viennent à la pelle mais décousus, ses rapports souvent ambigus avec l'autre, sa pratique du sado-masochisme avec un ex lui rappelle combien il est temps pour elle de tourner la page, puis son quotidien dans sa grande maison où se croisent d'autres personnalités évanescentes, son travail qui n'a ni queue ni tête, sa maladie qui lui donne une fiève à nourrir des hallucinations de plus en plus poussées. "Personne ne devrait croire en des choses impossibles, cela crée de l'espoir. Oh, je sais, c'est très cynique, ce que je dis là, et l'espoir, en tant qu'idée, qu'inspiration, est admirable. Je le sais. Mais l'espoir ne fait pas de bien."
Il est fort délicat de donner un avis définitif sur ce roman, son charme est réel, son contenu est par contre plus complexe, rempli d' "hallucinations platoniques", et il y a aussi quelques longueurs. Voilà de quoi décourager le plus brave des lecteurs, et pourtant ce serait un tort de ne pas aller au-devant de cette Jennifer Wilson, une fille un peu toquée mais suffisamment sensée pour se décrire en des termes qui vous laissent rêveur, elle parle d'elle avec recul et intelligence, évoque "son calme, d'autres l'ont appelé insensibilité, manque d'implication, excès de contrôle, tempérament de poisson froid".
J'ai aimé son portrait, sa narration et j'ai parcouru ce roman avec un profond attachement pour cette personne. Il y a des zones opaques, des chemins secrets, des contradictions, des mensonges même, mais Jennifer assume tout. Et puis, il y a l'histoire entre Jennifer et Savinien, où les mots d'amour sont trempés dans des pots de miel, garants d'onctuosité, un peu d'amertume et d'espièglerie, mais jamais imprégnés de sentimentalisme foudroyant... Tout ça pour conclure à une note d'espoir et d'envie : Jennifer Wilson est cette inconnue qu'on croise dans la rue, elle vous sourit, vous la regardez avec étonnement, tiens je la connais, et pourtant ???
- C'est ça, le problème avec les rêves blancs comme neige, inféodés à l'émotion, le lendemain matin, ils vous fichent invariablement une terrible gueule de bois.
Editions de l'Olivier
Le coeur de l'hiver - Dominic Cooper
"Alasdair avait l'impression que sa vie venait d'être mise en déroute. Il sentait que la routine quotidienne des années avait été détruite par l'arrivée de cet étrange insensé qui paraissait ne connaître ni la peur ni le bon sens. Il se sentait injustement attaqué et harcelé; il voyait même commencer une vie dont la ruse et le secret seraient des composantes importantes. Lui, Alasdair Mor ! lui qui n'avait jamais rien caché à personne durant toutes ses années à Cragaig. Devoir ainsi commencer à se cacher et à surveiller, à attendre et à se protéger dans une guerre dure, locale... Et ainsi dans les méandres fiévreux de son esprit épuisé et tendu, les sourcils d'Alasdair se multiplièrent et proliférèrent."
Au large de cette parcelle perdue sur la côte ouest d'Ecosse, Alasdair, vieux garçon de 45 ans, vit seul dans la ferme familiale, depuis la mort de son père et le départ de son frère pour la ville. Il vit de la pêche au homard, il flâne dans la campagne à contempler les merveilles de la nature environnante, et guette l'arrivée de l'hiver qu'une violente tempête nocturne accueille. Plusieurs casiers à homard ont été endommagés, dont ceux de son nouveau voisin, An Sionnach, arrivé à Cragaig dans la plus grande indifférente hospitalité. Cet homme n'inspire aucune confiance, aucune pitié mais de la méfiance. D'ailleurs, Alasdair en fait les frais : ses casiers à homard sont pillés par Sionnach. Le début des hostilités muettes a commencé, plongeant davantage le bonhomme dans un goufre d'angoisse, de violence et d'incompréhension.
"Le coeur de l'hiver" est un roman âpre et brut, un roman où la nature étale sa beauté dans son silence et sa rigueur, c'est un roman étrangement fascinant car la narration consacre de longs et nombreux chapitres aux décors, aux aspérités de cette côte écossaise et au climat glacial dont la brise siffle comme une gifle. Les personnages sont à l'image de leur paysage, même la femme de Sionnach est décrite grande, sèche et mystérieuse, où seules les mains paraissent "bizarrement délicates pour une femme de fermier". Alasdair est fasciné par cette femme au regard pénétrant et fixe, doué d'un calme troublant. "Il se sentait secoué, déphasé; le système rigide de sa vie avait été battu en brèche. Lui, ce grand taureau, cet homme, se trouvait désarmé." La spirale de l'absurde enfle encore, depuis le vol, l'agression, l'attirance de la femme de son ennemi et la barbarie.. il règne dans le roman cette incroyable parabole où "ça pue la douceur de la destruction" ! Cette réplique m'a semblé formidable et résume l'idée du roman, sans cesse en ballottage entre le morbide et la fascination, car à la folie démoniaque s'opposent l'ignorance et la soif de vengeance. On ne s'étonnera plus que les visages des personnages prennent les traits de "bête féroce". L'idée seule de férocité s'impose d'elle-même.
Alors, déconcertant ? Non, fascinant, ensorcelant. Comme le hululement nocturne de la chouette, à la fois frissonnante et envoûtante. "Le coeur de l'hiver" est également le roman d'un pays - Cragaig - "c'était leur terre, un héritage qu'il était impossible d'échanger contre autre chose." La bataille entre son peuple et la terre, et Sionnach est cet oiseau de mauvais augure... "Le coeur de l'hiver" a obtenu le Prix Somerset Maugham 1976 et a été traduit pour la 1ère fois en français 30 ans après ! Cela permet de découvrir une plume splendide où la poésie est mise au service de la nature sauvage, du désespoir et pour la survie d'une espèce à part...
Métailié