Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Chez Clarabel
4 septembre 2013

Demain, Audiolib (9 h 30) lu par Olivier Blond

IMG_9111

Matthew est un homme désespéré depuis la mort de son épouse, survenue un an plus tôt. Il vit seul à Boston et s'occupe de leur fille unique, mais ne parvient pas à reprendre goût à la vie. Un jour, il fait l'acquisition d'un ordinateur portable lors d'un vide-grenier. C'est ainsi qu'il fait miraculeusement la connaissance d'Emma, avec laquelle il s'entend à merveille. Tous les deux se fixent rendez-vous dans un restaurant de Manhattan.

Le même jour à la même heure, ils poussent chacun à leur tour la porte du restaurant. Ils sont conduits à la même table et pourtant... ils ne se croiseront jamais. Il apparaît que ces deux-là se sont infiltrés dans une faille temporelle, Emma vit en fait un an plus tôt, à New York. Matthew est bel et bien dans le présent, a du mal à expliquer le pourquoi du micmac mais entend rebondir aussitôt en demandant à Emma de sauver son épouse ! La belle désillusion pour notre célibataire, qui se voyait partager un avenir radieux aux côtés de Matt et sa petite fille...

Elle va d'abord bouillir de colère, de frustration et d'incompréhension, avant de capter qu'elle seule détient les rênes du destin de tout le monde ! Machiavélique, notre Emma ? C'est une question parmi tant d'autres que l'on va se poser. L'intrigue va effectivement bien nous balloter, pour brouiller les pistes et révéler une succession de données toutes plus surprenantes les unes que les autres. A ce petit jeu, l'auteur est habile et nous mène par le bout du nez. C'est plutôt pas mal ficelé et entraînant, même si ça ne nous scotche pas non plus à notre fauteuil.

C'était le premier livre de Guillaume Musso que je découvrais, je n'en garde pas un souvenir trop mauvais mais je ne pense pas que je retenterai l'expérience, car je sens que c'est une mécanique trop chichement huilée pour me convaincre totalement. C'est à considérer comme une lecture de vacances, distrayante et captivante car j'ai bien aimé le début de l'histoire, beaucoup moins la fin (convenue, lisse et attendue). La lecture faite par Olivier Blond s'est avérée très agréable elle aussi. En somme, je n'ai rien à ajouter à ce qui fut un plaisir fugace et éphémère, dont l'impact s'effacera très vite, au fil du temps.

Demain, par Guillaume Musso
Audiolib, 2013 / XO éditions, 2013
Texte intégral lu par Olivier Blond (9 h 30)

Publicité
Publicité
3 juin 2013

♫♪♫♪♪♫ (Un refrain sur les murs)

IMG_8899

Au cours de l'été 1987, Isabelle, fraîchement divorcée, envoie ses deux enfants chez leur père. A elle, maintenant, quatre semaines d'un vide intersidéral qu'il faut remplir pour garder la tête hors de l'eau... C'est ainsi qu'elle fait la connaissance d'un dénommé So What, qui joue du hautbois dans la rue. Contre le gîte et le couvert, il propose de repeindre la chambre de sa fille Romane en un orange pétant, symbole du bonheur.

Bizarrement, Isabelle accepte le deal. En effet, la jeune femme n'est pas du style à sortir des sentiers battus. Sa vie, elle la veut droite, bardée de barrières, à ne surtout pas dépasser. On lui a souvent reprocher son petit côté sage, très prévisible, son aspect froid et imperméable, comme si elle n'était pas douée pour le bonheur ou donner de l'amour en retour (d'où son échec conjugal). Mais elle n'y peut rien, Isabelle, elle est de la trempe de ces femmes transparentes, mais heureuses de leur petit bonheur sans nuages.

Par contre, sa fille Romane va grandir dans la rage et la révolte de cette vie passive et trop ordonnée. Dès que l'occasion se présentera, elle prendra la poudre d'escampette et brûlera la chandelle par les deux bouts. D'ailleurs, elle finira clouée sur un lit d'hôpital, brûlée vive, alors que sa mère livrera son dernier combat contre un cancer. Les deux femmes n'auront jamais trouvé le temps ni de se comprendre, ni de se pardonner.

Bref, c'est un petit roman absolument bouleversant, dont l'émotion et la justesse m'ont saisi à la gorge sans que je m'y attende. J'ai surtout aimé l'histoire d'Isabelle, une femme solitaire, incomprise, prisonnière de sa cage dorée, qui a conscience du regard et du jugement des autres, mais sans trouver l'énergie pour s'en échapper. Elle ploie, en silence. Elle subit, même si elle aimerait parfois taper du poing sur la table. Qu'on cesse de la trouver ennuyeuse, insipide, elle aime la physique mais déteste l'enseigner à des enfants bêtes à manger du foin, elle se conforte dans une mécanique laborieuse, rassurante, elle a des désirs, mais réprime ses élans.

C'est tout ça, une femme simple et honnête. Avec ses secrets, ses mensonges et ses tours de passe-passe. Le dernier chapitre de l'histoire m'a, par exemple, totalement bluffée et donnée envie de sourire. Il n'y a, finalement, que le portrait de Romane, cette jeune folle volage et impétueuse, qui m'a fait pousser des soupirs d'ennui. Heureusement, ses incursions étaient parcimonieuses et ne faisaient office que de faire-valoir pour percer la carapace d'Isabelle... Un doux et beau roman, donc, à découvrir le cœur vaillant. ;)

Un refrain sur les murs, par Murielle Magellan
édition Pocket, 2013  (préalablement paru aux éditions Julliard en 2011)
illustration de couverture : Marion Tigréat

22 mai 2013

La première chose qu'on regarde (Audiolib)

IMG_8887

Le roman s'ouvre sur une phrase étonnante : « Arthur Dreyfuss aimait les gros seins. »
Quelques lignes plus loin, le chapitre se conclut sur cette autre révélation : « Devant lui se tenait Scarlett Johansson. »

C'est donc l'histoire d'un mécanicien au physique de Ryan Gosling, en mieux, qui trouve sur le pas de sa porte la star hollywoodienne. Le gars en tombe des nues. Puis, s'invite à la fête Jeanine Foucamprez, animatrice de supermarchés et autres salons de mariage. Avec son physique de rêve, une beauté à couper le souffle, un petit air de Scarlett, la nymphette fait tourner les têtes. Mais les gens se méprennent sur son compte et Jeanine est lasse de jouer un rôle qui l'étouffe. Elle souhaiterait maintenant être aimée pour elle-même.

Quelle aventure, mais quelle aventure ! Si l'histoire semble promettre un détour saugrenu et particulièrement cocasse, le fond n'en est pas moins sordide. Car très vite, il apparaît que nos deux protagonistes sont deux êtres torturés, par la faute d'une enfance malheureuse. Aujourd'hui ils sont à la recherche d'un idéal qui leur fait défaut. Qu'importe, ils se lancent dans leur aventure amoureuse avec une spontanéité désarmante.

Tour à tour, le roman s'avoue drôle, cocasse, frais, charmant, un vrai vaudeville. Sauf que, derrière le burlesque, se cache une comédie dramatique,  où l'on parle d'amour, certes, et plus particulièrement de nos attentes et du fait de renvoyer une certaine image, sur laquelle les regards se posent, souvent sans jamais chercher à percer la façade. C'est le drame de notre siècle, se nourrir d'une apparence. Oui c'est triste, car « ... on n'est jamais aimé pour soi mais pour ce qu'on comble chez l'autre. On est ce qui manque aux autres. ».

C'est foncièrement un roman désabusé et poignant, par contre l'auteur se perd dans des considérations sur le star-system, détaille la filmographie des acteurs, fait de nombreux apartés géographiques aussi... Je ne sais pas pourquoi, mais c'est un peu bizarre. L'histoire en elle-même m'a plu, mais ce qu'il y a autour m'a parfois semblé superficiel. Cela me laisse perplexe, quoi...

La première chose qu'on regarde, par Grégoire Delacourt
Audiolib / JC Lattès (2013)
Texte intégral lu par Marc Weiss (durée : 4h48)

3 mai 2013

“Mothers are all slightly insane.”

le confident

La narratrice, Camille, vient de perdre sa mère et épluche son courrier lorsqu'elle découvre la missive étonnante d'un dénommé Louis, qui s'enhardit à lui raconter une histoire ayant eu lieu bien avant sa naissance. Au départ, Camille s'imagine que c'est une tentative désespérée d'un auteur (elle est éditrice) pour attirer son attention. Certes, cette histoire mettant en scène la jeune Annie, la très sophistiquée Madame M., son époux Paul, et Louis, alors jeune et naïf, implique une série de bonnes et surprenantes nouvelles, où l'amour, la duperie et la vengeance sont fortement liés. Toutefois, ce qu'elle recèle risque bien de fragiliser ce qu'elle croyait acquis.

La construction du roman est en effet stupéfiante, car sitôt qu'on s'imagine une partie de l'intrigue, on en redécouvre une autre facette au détour d'une autre lettre, les révélations ne cessent de pleuvoir, les personnalités deviennent floues, on ne sait plus bien qui est manipulé ou qui tire toutes les ficelles. Je dois en effet avouer que tous les rôles sont sans cesse inversés, on a à peine le temps de s'apitoyer sur untel qu'on sursaute en réalisant que la vérité est ailleurs... Quel scénario habile et pervers! L'auteur a vraiment su nous balader de bout en bout.

A l'écoute, nous avons une palette de comédiens talentueux, Carole Bouquet dans le rôle de Madame M., Jacques Weber pour Louis, Sara Forestier pour Annie et même Hélène Grémillon pour Camille. Un sans-faute sur ce casting. Il m'arrivait presque d'avoir l'illusion d'un film, je n'avais plus qu'à me faire mes propres images dans la tête, les narrateurs étant tous d'expressifs interprètes ! Cette lecture s'est révélée vivante, passionnante, et m'a entraînée dans une partie de cache-cache démoniaque, sur fond de guerre, d'identité, de maternité, de folie et d'absolutisme. Une réussite !

Le confident, par Hélène Grémillon
Gallimard, coll. Ecoutez Lire (2013) - Lu par Sara Forestier, H. Grémillon, Jacques Weber et Carole Bouquet

3 mai 2013

« L’Inde change toujours les gens. »

IMG_8836

Pendant huit jours, un festival culturel, en Inde, devient le théâtre des petits drames bourgeois de Roland, écrivain sexagénaire, éternel séducteur, mais farouchement allergique à la paternité, sa jeune compagne Renata, d'origine italienne, Charlotte, cinéaste new-yorkaise, perpétuellement angoissée et encore sous le choc du suicide de sa meilleure amie, Raphaël, écrivain ravagé, désabusé, un vrai mufle avec les femmes, et enfin Géraldine, l'organisatrice, expatriée, mariée et mère d'un jeune enfant, mais toute tourneboulée depuis qu'elle vient de retrouver son amour d'enfance.

C'est un roman qu'on découvre avec plaisir et qui tente de nous bercer dans un paysage indien, dont on ne perçoit hélas ni le charme, ni le glamour et encore moins le folklore, ou tout ça de très loin. Ce qui nous frappe, c'est l'ironie dont se sert Catherine Cusset pour tourner en dérision ses personnages, ces derniers sont en effet malmenés par cette aventure à l'autre bout du monde, et souvent contraints de traverser des tempêtes personnelles et émotionnelles. C'est sur ce schéma classique, pas déplaisant non plus, que nous nous baladons, au son de la voix de Cécile Cassel. C'est nerveux, déluré, ça s'embrase et pourtant ça retombe vite à plat. L'ensemble n'est pas désagréable à écouter, j'ai plutôt bien aimé, mais il m'a manqué un petit quelque chose.

Indigo, par Catherine Cusset
Gallimard, coll. Ecoutez Lire, 2013  - Texte intégral lu par Cécile Cassel (environ 8 heures d'écoute)

Publicité
Publicité
1 mai 2013

"Tant qu'on peut boire, profitons-en pendant qu'on est vivants."

IMG_8825 

Paris, fin 1959. Michel Marini a douze ans. Il aime la lecture, le rock et le baby-foot. Souvent, il se rend au Balto, un bistro de l'avenue Denfert-Rochereau, où il est intrigué par les activités secrètes d'un club, derrière une porte verte, dans l'arrière-salle. Le jour où il obtiendra enfin son sésame, Michel va plonger dans une autre galaxie : celle d'exilés des pays de l'Europe centrale ou de l'Est, des réfugiés politiques, des énergumènes qui refont le monde autour d'une bouteille d'alcool ou d'une partie d'échecs.

C'est ainsi qu'on s'aventure dans ce roman foisonnant, entre les anecdotes de ces hommes brisés, mélancoliques et meurtris, aux parcours malmenés suite à la guerre et à la révolution, à leurs nombreuses tentatives pour survivre, aimer, oublier... Sans se rendre compte, on se passionne vite pour ces bouts de vie saccagés (la folle histoire d'amour de Leonid, par exemple, ou les frasques de l'acteur Tibor Balazs, tellement beau et orgueilleux qu'il ne supportait plus de vivre chichement). Viendra aussi le mystère autour de Sacha, cet homme discret, que tous les membres du club conspuent, haïssent haut et fort, sans jamais en expliquer les raisons.

Michel, lui, est un garçon heureux, curieux et sensible. Chez lui aussi, ça va barder entre ses parents, depuis le coup d'état de l'aîné de la famille, Franck, qui va partir en Algérie, où la guerre d'indépendance n'atteint pas le quotidien des Parisiens, qui subissent de très loin les ondes de choc. Michel va donc consoler Cécile, la petite copine délaissée de son frère, et l'aider à maintenir la tête hors de l'eau lorsque ce dernier disparaîtra sans donner la moindre nouvelle.

Cette lecture est, sans conteste, un long moment de plaisir. C'est une promenade d'un autre temps, dans un contexte chaleureux et florissant, mais toujours marqué par les blessures du passé, de la guerre, de ses trahisons, de la perte des valeurs et des utopies aussi. J'ai dégusté chaque instant de ce livre, je m'y sentais à l'aise, je n'avais plus envie d'en sortir, et pourtant la lecture est très longue, plus de 21 heures d'écoute, mais sérieusement je n'ai pas vu le temps passer ! Je réinscris ce livre parmi mes rares moments de lecture où j'ai adoré perdre la notion du temps pour me retrouver au cœur d'histoires palpitantes, bouleversantes, avec un pincement de cœur au moment de devoir les abandonner.

Le Club des incorrigibles optimistes, par Jean-Michel Guenassia
Audiolib, 2013 / Albin Michel, 2009
Texte intégral lu par Stéphane Ronchewski (suivi d'un entretien inédit avec l'auteur)

“Il y a dans la lecture quelque chose qui relève de l'irrationnel. Avant d'avoir lu, on devine tout de suite si on va aimer ou pas. On hume, on flaire le livre, on se demande si ça vaut la peine de passer du temps en sa compagnie. C'est l'alchimie invisible des signes tracés sur une feuille qui s'impriment dans notre cerveau. Un livre, c'est un être vivant.”

18 avril 2013

"Oui, je pense que tout ce qui vient du passé n'est pas dépassé."

IMG_8789

J'avais suivi de loin l'engouement des lecteurs et des libraires pour ce roman, dont j'ignorais absolument tout de l'histoire. J'avais supposé qu'il s'agissait d'une lecture tendre et délicate, aux doux pouvoirs apaisants. Eh bien, j'avais raison, un peu, mais j'avais tort aussi. En fait, cette histoire est beaucoup plus bouleversante que je ne l'aurais cru !

Nous découvrons une femme de 47 ans, Jocelyne, surnommée Jo, mercière à Arras, mariée à Jocelyn (!) depuis une vingtaine d'années et mère de deux enfants (sa troisième fille est morte à la naissance). C'est une femme heureuse et comblée, même si les épreuves, elle connaît aussi. Comme beaucoup de monde, elle avait rêvé d'une autre vie, mais les aléas du destin ont fait que ... Ce n'est pas de l'amertume qui accompagne ses mots, aujourd'hui. Après un rapide tour d'horizon, Jocelyne s'estime chanceuse.

Et puis, elle gagne au Loto une somme faramineuse. Elle conserve le chèque dans sa poche, n'en parle à personne. Parce que, "la convoitise brûle tout". Alors, Jo continue de mener son petit train de vie, avec ses copines, les jumelles coiffeuses, toujours fofolles, mais extrêmement perspicaces. Elle ne dit rien à son mari non plus, elle attend, elle part en weekend, elle est plus amoureuse que jamais, enfin détendue, après des années de hauts et de bas. Dans son coin, elle dresse des listes, de ses envies, de ses besoins, de ses rêves. Elle tient aussi un blog de tricot, qui connaît un succès fulgurant. Non, vraiment, Jocelyne a tout pour être heureuse. Alors, ces 18 millions et des pépettes pèsent de plus en plus dans la poche...

L'histoire, finalement, va nous surprendre, nous mettre k-o, nous choquer et nous bouleverser. Nous sommes plus près que jamais de Jocelyne, nous ressentons sa détresse, ses peurs, sa rancune, son désarroi. Sa belle histoire devient tragique. Elle qui se pâmait à la lecture de Belle du Seigneur prend conscience du gouffre qui l'attend lorsqu'on a longtemps cru à l'amour absolu. Qu'est-ce que c'est poignant ! D'un seul coup, ce roman qui m'apparaissait léger, attendrissant et drôle s'est revêtu d'un voile d'amertume, d'où l'on sort plus déboussolé que jamais. Enfin, c'est bon aussi ! C'est un roman généreux et honnête, qui nous porte à apprécier les petits plaisirs simples de la vie ordinaire. Sans mièvrerie, sans cynisme. Et quelle prouesse de la part de l'auteur, d'avoir su se glisser dans la peau d'une femme, avec les mots justes, les émotions à fleur de peau. C'est ce qui touche aussi.

Odile Cohen, également la voix d'Amy dans Les apparences, parfait à apporter à la musique des mots du roman un ton juste, tendre et profond. Encore un beau moment de lecture que nous offre Audiolib ! (Comptez seulement 3h30 de lecture, avec en bonus un entretien avec l'auteur.)

La liste de mes envies, par Grégoire Delacourt
Audiolib / JC Lattès, 2012 - Texte intégral lu par Odile Cohen

29 mars 2013

Qu'était devenue ma cité médiévale, son charme pittoresque, ses allées sombres et tortueuses ?

IMG_8737

Cela faisait trop longtemps que je repoussais le moment de lire Rose, je ne m'explique pas pourquoi, car tout de suite, dès les premières notes au son de la voix de Nathalie Hons (également la voix d'Aibileen dans La couleur des sentiments), j'ai été captivée par cette histoire.

Nous sommes au cœur de Paris, sous le Second Empire. Un certain baron a décidé de moderniser les petites rues de la capitale, en rasant des quartiers entiers, ce qui forcément suscite la grogne des habitants. Dans la rue Childebert, nous découvrons Rose Bazelet, une veuve d'une soixantaine d'années, qui est farouchement attachée à sa maison et à ses souvenirs. La plupart de ses voisins vont se résoudre à partir, seule Rose va résister et se cacher dans la cave, avec la complicité d'un chiffonnier. Dans l'attente de la destruction de sa demeure, Rose écrit son journal et nous raconte l'histoire de sa maison, inévitablement attachée à celle de sa vie.

Rose écrit à son époux, Armand, un homme bon et amoureux, frappé trop tôt par la maladie. Elle revoit leur rencontre et leur félicité conjugale, la naissance de leurs enfants, puis la déchéance et la mort. Elle raconte aussi comment elle a pu survivre à son deuil, notamment grâce à sa passion dévorante pour la lecture et son amitié avec Alexandrine Walker, une jeune fleuriste.

J'ai, très sincèrement, aimé cette histoire pleine d'élégance et nimbée d'un charme délicatement suranné. J'ai eu le sentiment d'être littéralement transportée à cette époque, de partager cette petite vie pimpante de la rue Childebert. La plume de Rose est douce, pudique et sensible. C'est un bonheur d'écouter une telle histoire. Seul le secret, qu'elle nous dévoile sur la fin, me laisse quelque peu perplexe. Cette anecdote m'est apparue sordide au cœur de cette lecture qui était pour moi simple, mais sophistiquée. Un léger bémol qui n'enlève strictement en rien tout le bien que j'ai pensé de ce très beau roman !

Rose, par Tatiana de Rosnay
éditions Héloïse d'Ormesson / Audiolib, 2011 - traduit par Raymond Clarinard
Texte intégral lu par Nathalie Hons (durée d'écoute : 4 h 55)

"... en tant que lecteur, il faut faire confiance à l'auteur, au poète. Ils savent comment s'y prendre pour nous extirper de notre vie ordinaire et nous envoyer tanguer dans un autre monde dont nous n'avions même pas soupçonné l'existence."

19 octobre 2012

Régler sa dette absurdement.

IMG_7832

Un soir d'été, une voiture fauche un cycliste. Le corps est recroquevillé dans un fossé. La conductrice, Marie, s'arrête avant de paniquer. Elle reprend aussitôt le volant sans porter assistance à la victime. Elle va se planquer, errer au bord d'une route, rencontrer une fermière qui ne lui posera aucune question, elle va se réfugier auprès d'Alain, cet homme taiseux, qui aime mal mais qui sait admirablement écouter. A sa façon, Marie s'inflige cette punition parce qu'elle a honte d'elle-même.

Ce qui l'a bloquée va finalement s'ouvrir, parce qu'il y a toujours un moment où il faut avancer et réparer son crime. Marie va trouver du boulot et se rendre à l'Yprée, un magnifique parc dessiné par un jardinier paysagiste de renom, lequel est frappé d'une grave maladie qui est en train de le rendre aveugle. Dans ce vase clos, Marie va également rencontrer Emile... et là, on se dit que le sol va trembler, que ça va barder et que ça va se terminer en eau-de-boudin, notre histoire. C'est alors que le ton surprend, la colère fait place à la repentance, le remords est remisé au placard, on efface tout et on recommence, on aperçoit une leur d'espoir, on s'explique, on comprend, on ne juge plus, ne serait-ce point trop beau pour être vrai ?

Je n'ai pas réussi à m'attacher au personnage de Marie, ni aux petits satellites qui gravitent autour. Parmi toutes ces personnalités ravagées, je faisais grise mine. C'était clair qu'avec un tel sujet, je n'allais pas sauter de joie non plus. Et pourtant, quelque part le rendez-vous a cloché, la rencontre n'a pas suscité d'espoir ou d'émerveillement, je n'y ai pas cru une seconde. Toute cette atmosphère morose et sinistre a fini par teinter ma lecture de couleurs tristounettes. J'étais pressée d'en sortir.

La rencontre, par Isabelle Pestre
Belfond, 2012

Vivre mal aimée, se bricoler une existence au hasard. Se dire "quand même" pour continuer. Jouer au "c'est pas si mal", "c'est mieux que rien". N'être jamais soi. Jeter par terre la coupe précieuse.
Camper sur son coeur brisé ainsi une ville bâtie en hâte au bord d'un lac salé.

21 septembre 2012

"J'ai aimé si fort toute ma vie que j'ai sans doute vécu au-dessus de mes moyens."

IMG_7830

C'est la beauté du titre qui m'a donné envie de découvrir ce roman, et dès le départ j'ai été séduite parce qu'il s'agissait d'un roman épistolaire, tout en élégance et tendresse. Zika et Joseph sont mariés depuis cinquante-six ans mais ont été séparés par la force des choses : devant suivre un traitement pour son coeur à Paris, Zika est hébergée chez leur fille Isabelle, sauf que son appartement trop petit ne pouvait accueillir le couple. Joseph a dû se résoudre à partir chez leur fils Gauthier.

L'un comme l'autre vivent très douloureusement la séparation, et ce sont de longues lettres empreintes d'affection et de déclarations enflammées qu'ils s'envoient. C'est beau, à plus de soixante-dix ans, d'être aussi éloquent, démonstratif, voire jaloux et boudeur, concernant leur relation. Bon, tout ne se passe pas très bien à distance : la cohabitation entre Zika et Isabelle est pénible, elle connaît des heures difficiles, la fille ne cesse d'abreuver sa mère de reproches, jusqu'au clash de trop. De son côté, Joseph est le témoin impassible du naufrage du couple de son fils. Là aussi, les soucis des autres vont submerger notre couple d'amoureux.

A force, Zika s'interroge sur l'inconséquence de ses enfants, lesquels accaparent toujours leur attention, au lieu de se préoccuper des problèmes de leurs parents. Car Zika persiste à songer que c'est à leur tour de veiller sur eux, Joseph et elle ont fait leur temps, rempli leur rôle, ce serait un juste retour des choses. Au fur et à mesure qu'on avance dans cette correspondance, on réalise le malaise, on le ressent pleinement, toute la poésie du début a cessé de paraître et il m'a semblé que d'autres sentiments prenaient place. Je n'étais plus sûre de m'en satisfaire, soudainement cela me dérangeait. La faute à un amour trop exclusif, à l'égoïsme du couple, à cette bulle qui a fini d'étouffer au lieu de protéger ? Ce roman trop délicat aura eu raison de mes émotions, mais il incite à réfléchir.

Le vase où meurt cette verveine, par Frédérique Martin
Belfond, 2012

Publicité
Publicité
<< < 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 30 40 > >>
Chez Clarabel
Publicité
Newsletter
2023 Reading Challenge
Clarabel has read 8 books toward her goal of 200 books.
hide
Sauveur & fils
Quatre sœurs : Geneviève
Audrey Retrouvée
Le sourire étrange de l'homme poisson
Calpurnia et Travis
L'homme idéal... ou presque
Trop beau pour être vrai
Tout sauf le grand amour
Amours et autres enchantements
Ps I Love You


Clarabel's favorite books »
Publicité