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Chez Clarabel
17 septembre 2012

Ce sont ces petites choses, égrenées au fil des jours, qui ont sur la suite de la vie, l'effet d'un rideau cachant le soleil.

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Ce roman est remarquable, même si le ton est froid et cinglant, il sert à mieux dresser le portrait de Marie, une vieille femme sournoise, aigrie par les années durant lesquelles elle a multiplié les exigences et les caprices. Mariée à André, instituteur à la retraite, elle n'a cessé de le houspiller, le rabaisser, le faire tourner en bourrique. Et lui, bonne pâte, s'est plié à ses tortures...

A présenter ainsi, c'est clair que le livre ne fait pas très envie. Ce serait cependant une erreur de ne pas s'y intéresser, car le talent narratif d'Hervé Bel consiste à nous présenter cette femme, indigne et détestable, sans jamais forcer le trait ou sombrer dans le ridicule. Au contraire, on peut être surpris par les pointes d'humour, souvent malgré elle, de Marie, qui pense petit et vit tout aussi petitement, en plus des aspects dérisoires de sa vie et sa façon de penser.

Le film de sa vie est déroulé sous nos yeux, on la découvre jeune fille, belle et insouciante, déjà pimbêche, choyée par un père qui cédait face à son bon vouloir, puis amoureuse, sottement romantique, jouant presque un jeu, elle s'étourdit de belles paroles, souhaite qu'on flatte son ego, semble accorder une grande faveur en épousant l'homme de son choix... Dès le départ, on la sent naïve et calculatrice, car lorsqu'elle aura cessé de vouloir paraître, elle se laissera submerger par son amertume.

Avare, égoïste, abusive, despotique et ingrate, Marie est une héroïne rare et incroyable. Au début de la lecture, on est en droit de penser que ça ressemble à la vie de nos parents, ou nos grand-parents, un couple au crépuscule de sa vie, quoi. Et puis cette façon d'entrer dans l'intimité de Marie, de pénétrer sa logique et sa mauvaise foi, vraiment à plus d'un titre, le résultat est bluffant, saisissant et accrocheur. Je ne pensais pas m'attacher autant à cette histoire, c'est comme une fascination dérangeante pour cette femme au caractère impossible, qui défend sa cause avec véhémence et tromperie. C'est redoutable, jusqu'au bout !

Les Choix Secrets, par Hervé Bel
JC Lattès, 2012

Elle a toujours vécu dans cette illusion que le monde était un parterre, et qu'elle était sur la scène, aimée de son public, et elle la vedette, tantôt indifférente, tantôt gentille, tantôt méchante, mais toujours pardonnée. Qu'il suffisait d'un geste de sa part pour recueillir des preuves d'amour.

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22 février 2012

Loin de moi le monde. Loin de moi mon monde.

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Noah, adulte, se retrouve dans son atelier d'artiste, complètement vide, mise au pied du mur. Sa vie est sinistre, son couple bat de l'aile, son travail ne la motive plus, la flamme s'est éteinte. Surgit alors Noah, enfant, avec son short de foot trop grand, sa coupe à la garçonne, son espièglerie, son effronterie...
Noah et son enfance flamboyante à Dakar et sur l'île de Gorée, avec Dieu, son père, ethnologue et professeur à l'université, et sa mère, fuyante et insaisissable, qui partait à Paris pour écrire son livre, et qui revenait écouter ses disques de Leonard Cohen et Paco Ibañez...
Noah, heureuse et insouciante, habile et redoutable, avide et insatiable, débrouillarde et farouche...
Un jour, il a fallu partir, oublier et se consacrer à une nouvelle vie. Une dizaine d'années après, c'est le retour du boomerang, avec l'amertume au bord des lèvres, la certitude d'avoir vécu quelque chose de trop fort et de ne plus l'assumer.
Parce que, "ses souvenirs d'enfance et d'adolescence refusaient de s'accorder à sa vie de femme."
Parce que, "une enfance flamboyante, cela peut aussi empoisonner ton existence d'adulte et réduire les chances du bonheur".
C'est de façon remarquable que Marine Bramly fait la lumière sur le parcours de Noah, toutes les parties consacrées à l'Afrique sont splendides, dépaysantes et fascinantes, et lorsque le malaise trouve enfin sa source, la révélation est d'autant plus forte et poignante.
Un très beau roman, admirablement écrit et construit.

Mon petit bunker, par Marine Bramly (JC Lattès, 2011)

25 mars 2011

Les racines du mal sont les fruits du paradis.

IMG_3089Quel immense coup de coeur, pour moi, ce livre ! Il réunit ces ingrédients qui me font chavirer : l'étendue sauvage, la chevauchée éperdue, l'équipée de bras cassés, l'aventure, les larmes, le chaleur, la faim, l'injustice, l'amitié, l'amour... Qu'est-ce que c'est bon !
Mosquito a été enlevé à ses parents, après que leur diligence ait été attaquée par la bande du redoutable Bandit. Celui-ci sème la terreur dans cette région qu'on surnomme le Ventre du Diable. L'enfant, habitué au confort, va brutalement connaître sa douleur. Il est confié à la cantinière du campement, la pétillante baronne Ernesta von Singer, apprend à ranger ses larmes dans sa poche, ne doit pas poser de questions, mais s'endurcir à cette vie rudimentaire, peut-être qu'un jour finira-t-on par le libérer si la rançon est payée.
Heureusement, il y a Paloma. La belle Amazone. Le gamin est totalement fasciné, il sent déjà son destin se lier à elle. Paloma, mystérieuse et frondeuse, s'attachera également à Mosquito. Tous les deux ont beaucoup à apprendre l'un de l'autre - la lecture, l'écriture, la vie, la confiance, l'espoir... mais aussi les armes, la bataille, le courage, la rage.
C'est terriblement poignant comme histoire. Ce sont plus de 300 pages qui vous embarquent, vous font adhérer à cette drôle d'épopée, vous laissant apercevoir un combat juste, malgré les moyens employés, et vous rendant tous les personnages tellement vrais. On sent le coeur battre et se serrer plus d'une fois, l'entrain est palpable, l'histoire se lit d'une traite, et je ne vous cache pas que, plus d'une fois, les larmes n'étaient pas loin.
Je suis totalement envoûtée. C'est un roman, aussi, qui porte un message fort et qui résonne encore dans nos sociétés - la force et la terreur, à tout jamais les armes des tyrans. Et pour combattre cela, il faut que renaissent les légendes.
Car c'est étrange ce qu'il se produit, le pouvoir de ce récit, comment notre affectif bascule d'un camp à un nôtre, le fait de détester un personnage puis de le comprendre, de le plaindre et de s'apitoyer sur son sort. C'est incroyable, incroyablement bon ! Et fort.

De Poussière et De Sang - Marcus Malte smileyc219
Pocket (2011) - 375 pages - 7€

Little Joy - mon dernier album coup de

2 mars 2011

Les yeux aux ciel

IMG_2623C'est l'histoire d'une famille qui se retrouve pour l'anniversaire du patriarche. Quelques jours dans la grande demeure près d'une plage bretonne. Un par un, les enfants, devenus à leur tour des parents, arrivent avec leurs valises trop lourdes. Des valises qu'ils videront au compte-goutte, mais pas pour plomber l'ambiance. C'est incroyable ce que quelques jours passés ensemble vont finalement déclencher chez les uns et les autres.
Achille, l'aîné issu d'un premier mariage, reproche à son père d'avoir été délaissé et confié à l'éducation rigide de sa mère. Il n'aurait pourtant suffi d'un seul geste pour qu'il plaque tout et se réfugie dans le cocon créé par Marianne, la nouvelle épouse de Noé.
Et pourtant, Marianne est une femme sèche et peu maternelle. Excentrique à ses heures. Elle a lancé de gros travaux pour restaurer la maison. Petit à petit, tous les souvenirs s'effacent. C'est un bien pour un mal, car trente ans plus tôt, un drame a eu lieu. Et cette absence pèse encore.
Merlin, l'éternel vagabond, en est encore fortement marqué. Il cherche continuellement à se racheter. Sa conduite passée lui vaut toujours la méfiance et les sarcasmes de ses proches. Il a par exemple confié sa fille, Scarlett, à ses parents. Aujourd'hui il aimerait la "reprendre", mais cette déchirure est mal vécue.
Lena, la soeur aînée, s'estime malheureuse et au bout du rouleau. Sa vie d'épouse et de mère ne l'enchante plus. Elle se sent éteinte. Stella, la cadette, est spectatrice de son vague à l'âme, mais n'ose pas l'aborder pour l'encourager à davantage de confidences. Elle-même n'est pas venue le coeur léger, elle aussi a peur de grandir et ne se retrouve plus dans sa relation actuelle.
Et ainsi, mis bout à bout, les histoires de cette famille nous touchent et nous prennent par la main. Il règne une belle et délicate ambiance, sous ce climat breton, ensoleillé et ronronnant. C'est doux, réconfortant. Un nid douillet, même si les fantômes font leur sieste. Il n'y a pas de portes qui claquent, pas de révélations qui font mal, pas de gifles qui sifflent dans l'air. C'est davantage dans l'introspection que les membres de cette famille vont se bousculer, et personnellement cela m'a vraiment plu.
J'ai beaucoup aimé cette ambiance que j'ai trouvée chaleureuse et tendre, même derrière le dépit et l'amertume. C'est un roman sur les secrets de famille qui ne revendique aucune prétention, et je l'aime pour ça.

Les yeux au ciel - Karine Reysset
Editions de l'Olivier (2011) - 190 pages - 17€
EN LIBRAIRIE LE 3 MARS.

14 février 2011

C'est pas parce qu'on écrit qu'on est bien dans sa tête, ça veut rien dire...

IMG_2471C'est un très, très joli roman qui absorbe toute votre attention pendant 500 pages et qui vous recrache contre votre gré, le coeur lourd et la tête à l'envers, car c'est vraiment difficile de quitter tous les personnages, même si on sait que tout va mieux pour eux.
C'est l'histoire d'une ferme, qui s'appelle Le Bout du Monde. Un lieu paumé pour accueillir tous les bras cassés. On y rencontre Marlène, la responsable, et trois adolescents, Solam, Jul et Malo. On ne connaît pas tout de suite leurs histoires, on en aperçoit des bribes et c'est tant mieux. Cela rend la lecture plus intriguante et passionnante.

Le roman se construit autour des pages de journaux intimes de chacun - ils doivent se livrer à cet exercice imposé par Marlène. Tous n'y mettent pas le même coeur à l'ouvrage, certains préfèrent se défouler dans l'agressivité, d'autres dans leur détresse affective ou dans une poignante candeur. Mis bout à bout, leurs confessions nous bouleversent, nous touchent et nous racontent une vraie histoire, dans la lignée de celle d'Anna Gavalda. Ensemble, c'est tout est devenu un slogan à part entière, un slogan qui colle parfaitement à l'esprit du roman de Maud Lethielleux. C'est vous dire le bonheur et le bien qu'il procure.

J'ai ressenti des élans d'amour, de tendresse, de colère, de frustration et d'amertume au cours de ma lecture. Tout est vécu vite et fort, tout s'exprime au centuple. Ce n'est pas un roman banal. Pas une histoire commune. Et j'ai aimé aussi l'idée de créer sa propre famille, de se consoler comme on peut, avec les moyens du bord, jusqu'à l'issue de secours, inattendue mais pas vaine, rassurante et loin d'être mielleuse. Oui, c'est bien que ça se termine ainsi, c'est mieux, ça donne de l'espoir.
J'ai réellement apprécié me fondre dans cette aventure humaine, me faire une place parmi cette communauté toute cabossée. Je leur souhaite bonne chance, comme à tous ceux qui grandissent trop vite ou que la vie inquiète.

Tout près le bout du monde - Maud Lethielleuxsmileyc219
Flammarion (2010) - 508 pages - 10€

Quand elle sourit j'ai l'impression d'être en coton, comme la poupée doudou que j'avais quand j'étais petit, toute molle. J'aimerais bien être un doudou toujours au chaud avec quelqu'un comme Djoule qui me cherche partout.

***

Parfois je me sens libre. Je respire, c'est tout ce dont je suis capable : respirer, me nourrir, dormir. Et il m'arrive de penser que c'est suffisant, qu'après tout la vie n'est rien de plus, et que tout le reste n'est qu'un leurre.

> les cris d'amour de Zazou et Gaëlle

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11 février 2011

Ils diront d'elle

- C'est à cause de ton père n'est-ce pas ? avait demandé sa mère quand elle avait deviné, quelques années plus tard, à quoi pouvait ressembler sa "vie avec une copine" dans un bled maritime, quartier abandonné pendant dix mois de l'année, vent qui souffle, grosses marées, mais personne pour juger quand on veut s'embrasser.

L'avantage des questions fermées c'est qu'elles parlent à la place du sujet concerné. Estelle avait l'habitude, elle avait toujours entendu sa mère répondre pour elle. Depuis l'âge des jambes croisées qui se balancent sous la chaise, jusqu'à celui des pieds qu'on lui laissera enfin ne pas avoir "sur terre", sa mère commençait ses phrases par "ma fille" et Estelle attendait de connaître la suite en même temps que la directrice du collège ou que l'enseignant qui les avait convoquées. Elle apprenait qu'elle était comme ci ou comme ça, qu'elle avait envie de faire ceci ou cela, elle était quelqu'un qu'on lui décrivait.  Alors oui, si elle le disait, si c'était la réponse que sa mère proposait, parce que ça l'arrangeait, parce que ça l'épargnait, elle, qu'est-ce qu'elle aurait raté ?

De la faute de son père, c'est bien restons-en là, avait pensé Estelle. Elles n'avaient jamais eu de véritable discussion. Elle s'était contentée d'apprécier que sa mère ait deviné sans paraître mortifiée, qu'elle ait mis le pied dans le plat sans même se déchausser. Plus tard, Estelle doutera de l'avoir correctement interprété.

IMG_2461A l'occasion des retrouvailles en famille pour les fêtes de fin d'année, Estelle a choisi de discuter des parents avec ses frères et soeurs. Elle a grandi sous le poids des secrets, elle s'est sentie étouffée et empoisonnée, cela continue de la hanter, aujourd'hui il est temps de s'en libérer. C'était la petite dernière, beaucoup d'écart la sépare de ses aînés, a-t-on cherché à la protéger, à la tenir à l'écart car elle était trop jeune ? Ou est-ce de sa faute aussi d'avoir noirci le tableau ? Entre la disparition du père, cavaleur et faible, qui aurait cédé à la facilité, et entre le silence martyr de la mère, Estelle en a vu de toutes les couleurs et a longtemps tu ses frustrations. En choisissant donc de briser le tabou, elle s'expose. Elle entend bousculer ses frères et soeurs, mais la réalité la déconcertera davantage.
Ce roman conserve une empreinte de tristesse et de désolation qui ne parvient pas à s'enlever, je m'y suis enlisée, je ne sais pas pourquoi, j'ai trouvé que les problèmes d'Estelle étaient pesants et m'ennuyaient un peu. Fatalement ses histoires de famille empiètent sur sa vie personnelle, sur son manque d'ambition, sa vie sentimentale qui m'apparaît subie. Oui, elle est heureuse auprès de Vanessa, qui est une jeune femme à la personnalité flamboyante. Tout est terriblement lié - le manque de repère et de confort a fragilisé Estelle, qui se rassure et se sustente dans sa fascination. C'est compliqué, j'exagère ou je raccourcis, mais il me restera de cette lecture une impression mitigée. J'avais nettement préféré les précédents romans de Fanny Brucker, Far Ouest et J'aimerais tant te retrouver
.
Celui-ci m'échappe un peu...

Merci, merci, F.B. !

Ils diront d'elle, roman de Fanny Brucker
JC Lattès (2011) - 267 pages - 17€

 

24 janvier 2011

(...) il se passerait quelque chose d'inattendu, quelque chose que personne n'aurait pu prévoir

IMG_2271Ce roman possède une force tranquille mais redoutable. J'ai longtemps regardé de loin mon livre, je n'osais pas m'y aventurer, quand enfin je l'ai ouvert, c'était pour ne plus le reposer avant la dernière page tournée ! Un truc complètement dingue. J'ai été totalement happée par l'histoire, j'avais le souffle court, le coeur battant, j'étais fébrile et impatiente, transportée par cette intrigue ô combien fantastique, étrange et envoûtante.
Le mieux, en fait, serait de ne pas déflorer le mystère de ce roman. C'est du Mourlevat, que voulez-vous que je vous dise, c'est forcément bon et fort et implacable.
Sachez juste qu'on y trouve Anne, prête à tout pour retrouver sa soeur Gabrielle. Celle-ci a disparu depuis un an. Anne va rencontrer M. Virgil, un écrivain qui prétend ne plus avoir d'imagination, un monsieur âgé et veuf, pas mécontent de mettre un peu de sel dans sa vie ronronnante.
S'il fallait donner une couleur à ce livre, ce serait ce blanc crèmeux et fantomatique comme la couverture. On suit Anne dans sa quête, on la suit dans le brouillard, on n'hésite pas un seul instant et on ne la lâche plus. On restera incrédule, choqué et émerveillé. Impatient, fâché et exigeant.
La fin, notamment, m'a quelque peu frustrée. Je m'attendais à plus de retentissement, j'espérais davantage du Saut de l'Ange ou du portefeuille et de la photographie (ceux qui savent comprendront), je suis restée sur ma faim. Ceci dit, je ne regrette rien.
Je n'oublie pas avoir avalé près de 400 pages d'une aventure hallucinante, au coeur d'un univers aseptisé, qui fait terriblement peur, qui rappelle d'autres références (littéraires, mythologiques ou historiques).
Je suis sortie de ma lecture en poussant un grand, gros soupir. Comme si j'avais besoin d'expirer. Besoin de respirer un bon bol d'air. L'histoire m'en avait tellement privé, mais pas seulement.
Découvrez ce que cela cache !

Et voilà que la porte de “l'ailleurs” s'entrouve. Cette fille, Anne Collodi, ce village qui n'existe pas, cette voix dans la nuit... « Est-ce que je serais en train de perdre la tête ? »

Terrienne, un roman de Jean-Claude Mourlevat smileyc219
Gallimard jeunesse (2011) - 387 pages - 16€

26 janvier 2010

Le baby-sitter ~ Jean-Philippe Blondel

le_baby_sitterJe n'avais pas très envie de parler du dernier roman de Jean-Philippe Blondel. Je l'ai lu, j'ai aimé. Je n'avais pas plus d'avis que ce qui a déjà été dit sur d'autres blogs, je pense. (J'ai zappé tous les messages avant de m'y plonger, de peur d'être influencée.) Alors, pour ceux qui ne connaîtraient pas, voici donc cette petite bafouille.
L'histoire est simplissime : Alex, étudiant sans le sou, devient baby-sitter et psychanalyste sur commande. C'est incroyable cette connivence qu'il crée avec chaque personne qu'il rencontre - la boulangère, le père dépressif, les enfants, la jolie Marion, sa propre mère, avec laquelle les rapports sont loin d'être conventionnels. Dans le fond, j'ai eu du mal à gober toute l'histoire, de croire que ce garçon sorti de nulle part allait pouvoir résoudre les problèmes d'inconnus, s'immiscer dans leur vie comme s'il y avait toujours appartenu, être l'oreille grande ouverte, l'âme compatissante, le donneur de bons conseils, forcément, alors que lui-même patauge dans sa propre existence, bon, bref. C'était assez hallucinant à croire. Et puis je n'ai pas su aimer le personnage d'Alex, même s'il a pour lui d'aimer The Last Shadow Puppets et lire des romans, j'ai trouvé qu'il était mou, trop gentil, passif et souvent à côté de la plaque. Son histoire de baby-sitting, disons-le, est tirée par les cheveux. Je ne reviens pas là-dessus, et je sais que c'est un roman, donc une histoire inventée, imaginée, folle, délirante, blablabla. Je sais, je sais, le baby-sitting sert à raconter une histoire - ce que l'auteur sait très bien faire - et donc à montrer un bout de vie avec des gens aux bras cassés qui vont s'entraider et se serrer les coudes. C'est tout à fait un roman dans la veine des Ensemble, c'est tout. Sauf que, dans ce registre, j'avais trouvé JP Blondel meilleur avec son livre,  Au rebond.
C'est un roman qui se veut, comme le souligne l'éditeur, extrêmement positif et sensible. Je suis d'accord. Ce roman caresse dans le sens du poil, cela fait du bien aussi dans une époque où on cherche absolument à exister (ou briller) à travers le cynisme.
Ce que j'attends de JP Blondel, maintenant, c'est une saison 2 de Juke-Box. S'il te plaît, s'il te plaît.

1er roman de l'auteur publié chez Buchet Chastel, 2010 - 304 pages - 19€

pour toi, Alex... ;o)

And it's solid as a rock rolling down a hill
The fact is that it probably will hit something
On the hazardous terrain

15 janvier 2010

La disparition de Paris et sa renaissance en Afrique ~ Martin Page

 

Avec un titre pareil, le roman de Martin Page nous fait sourciller et sourire gentiment. Alors donc, c'est quoi cette farce ? Il faut l'ouvrir pour le croire et, s'appuyant sur les écrits de l'auteur, il faut donc s'attendre à un texte fou, incontrôlable et pourtant bien sage, bien réaliste, tout à fait possible et envisageable, et fatalement pas si tordu que ça !

Qu'on explique le commencement : une dame de soixante-dix ans reçoit un coup de matraque sur la tête, elle tombe dans les pommes et est hospitalisée en urgence. L'autre souci, c'est qu'il s'agit de Fata Okoumi, une femme d'affaires en visite à Paris, elle est très riche, influente et noire. L'affaire fait grand bruit et le maire de Paris est dans ses petits souliers. Il convoque toute sa clique pour calmer le jeu, pour préparer des discours pompeux et ennuyeux pour rétablir l'ordre et le respect, pour cirer les pompes de la victime et lui présenter toutes les excuses afin d'effacer cette bavure policière. Est donc désigné à cette mission notre narrateur, Mathias, quarante ans, une vie de patachon, célibataire, sans famille, sans enfant, sans animal de compagnie.

Il se rend au chevet de Fata Okoumi et tombe sous le charme. Elle est sonnée, elle balbutie quelques mots... elle souhaite faire disparaître Paris. Qu'est-ce que cela signifie ? Mathias n'a pas le temps d'en savoir plus qu'il est poussé vers la sortie, puis d'autres événements vont l'écarter toujours plus de Fata Okoumi, et lui reste seul avec cette terrible confession, sans queue ni tête. A partir de là, sa vie ne va plus vouloir se ranger dans sa petite case. C'est presque l'anarchie pour ce fonctionnaire qui s'est toujours tenu à distance des dossiers qu'il traitait, c'est bien la première fois qu'une telle masse s'abat sur sa tête ! ...

En quelques 200 pages, le roman va donc nous balader dans Paris, la ville lumière, la ville des philosophes, Paris, la ville faite pour la pluie et la neige, comme le souligne Mathias. Cette brutale confession de Fata Okoumi va prendre un sens aberrant dans la vie de cet homme, à qui soudainement des révélations vont lui être apportées, pas sur un plateau d'argent, car il lui en faudra du temps et des balades et des petits déjeuners dans le lit à se demander mais qu'est-ce qu'elle veut, ... bref c'est un roman que je n'arrive pas à qualifier, mais que j'aime parce qu'il est insensé, attachant, touchant, juste, mélancolique et rêveur. C'est aussi un roman qui parle d'amour et de sentiments, des émotions et d'accouchement, car Mathias va renaître et enfin réaliser que cette femme, Dana, qu'il voit toutes les semaines dans une chambre d'hôtel, depuis des mois, selon un rituel immuable et limite flippant, donc cette femme est bel et bien LA femme et qu'il n'est jamais trop tard pour se l'avouer !

Un autre roman de Martin Page vient de paraître en poche, chez points : Une parfaite journée parfaite. De quoi faire le plein pour découvrir cet auteur hors normes, dont j'ai d'abord appris à apprécier les écrits pour la jeunesse.
Voilà tout pour aujourd'hui, amis lecteurs !

disparition_paris Editions de l'Olivier, 2010 - 215 pages - 16,50 €

 

       une_parfaite_journ_e_parfaite  en poche ! 

   

12 janvier 2010

Le premier amour ~ Véronique Olmi

Vingt-cinq années de mariage balayées d'un revers de la main, simplement pour répondre à l'appel d'un premier amour qui vit en Italie, c'est ça le moteur d'Emilie, une femme qui approche des cinquante ans, qui avait tout pour être heureuse et qui se rassurait du regard des autres, lesquels enviaient son bonheur alors que tous les couples de leur connaissance se séparaient les uns après les autres. Seulement, comment expliquer à tout ce joli monde qui pense droit et sans réfléchir ce sentiment d'alerte et de sursis lorsqu'une petite annonce dans un journal vous plonge trente ans plus tôt et vous pousse à agir pour rattraper le temps perdu ? Le mari s'emporte, devient fou, les enfants jugent et critiquent en disant tout le mal qu'ils pensent... Tant pis.

Emilie répond à Dario, la voiture peut filer à vive allure, direction le Sud, les routes de l'enfance et ainsi reviennent les souvenirs, les émotions, la chaleur d'un été, la passion d'une première fois, la mère revêche, la vieille petite soeur aussi, qui avait un chromosome de trop et qui chantait Mike Brant - un joli personnage, d'ailleurs, drôle, tendre, attendrissant. Mais au lieu d'avaler les kilomètres à perdre haleine, Emilie se pose. Elle flâne, elle rencontre du beau monde, un monde bariolé et déjanté, elle dort dans des petits hôtels, elle chante à tue-tête, les larmes aux yeux, elle est libre et heureuse. Elle est comme libérée d'un poids.

Et le lecteur est aux anges. 

L'histoire avec Dario revient par vagues, c'est doux, c'est nostalgique, jamais triste. Pendant une très large partie du roman, j'ai savouré, bu du petit lait, le roman est entraînant, c'est une bulle légère, euphorique et grisante. Avec en prime un beau portrait de femme qui fait un petit bilan, sans aucune amertume. J'ai trouvé beaucoup de sagesse et de pertinence dans son discours, j'ai aimé et admiré son coup de tête, soutenu son désir et rêvé à ses côtés. Et puis j'étais impatiente de savoir pourquoi Dario lui adressait ce message, que lui voulait-il ? ! ...  C’est là que le bât blesse, et mon enthousiasme a été douché car j'ai trouvé la toute dernière partie du livre décevante, frustrante, vague, floue, quelconque, hors-sujet. C'est franchement dommage ! Véronique Olmi a réussi un début de roman qui donne la pêche, qui donne envie d'y croire et qui nous inspire sourire et espoir, qui fait sentir le vent gonfler les voiles, qui vous prend à bras le corps, qui est brillant, vibrant et émouvant, c'est tout ce que je souhaite retenir !

le_premier_amourGrasset, 2010  - 300 pages  - 18,00€

 

Je suis plus jeune aujourd'hui qu'à vingt ans. Mes désirs sont plus légers, mes a priori aussi. Je voulais me marier, avoir des enfants, un métier, des amis, des vacances et des Noël. J'ai eu tout ça. J'y ai mis tant d'énergie, de peur et d'attention, (...) j'ai perdu tant de temps à prendre sur moi que je suis passée par-dessus bord. Et aujourd'hui mes propres enfants, qui m'ont pris mon sang mon temps mes nuits mon insouciance mon argent mon nom, ces enfants n'étaient pas d'accord pour que j'aille en Italie ? N'étaient pas d'accord ? C'était à mourir de rire, vraiment ! 

le premier amour, c'est n'importe quoi...

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