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Chez Clarabel
14 septembre 2007

Tombent les avions ~ Caroline Sers

"En famille, on ne dit pas ce qu'on pense." C'est le credo de cette famille qui vient chaque année passer un mois de vacances dans la maison de l'aïeule, Mounette. Des vacances qui n'en ont que le nom, car on distingue parfaitement que chacun s'y plie, telle une immuable habitude et exigence auxquelles personne ne semble y déroger. Donc les frères et soeurs, flanqués de leur conjoint et progéniture, s'y rendent et font comme si. Heureux d'être à nouveau réunis, de retrouver les mêmes choses inchangées, les bonnes vieilles habitudes cultivées avec obsession par Mounette. Cette grand-mère dont les commissures des lèvres se pincent à la moindre contrariété, au moindre déraillement et à la moindre entorse aux habitudes. Car sur cette famille plane le fantôme de Corinne, la disparue. Progressivement on en apprend sur cette cousine, cette fille ou soeur que chacun n'ose plus nommer ou évoquer. A peine sur les photographies. Silence, maître mot de cette colonie !
Bien entendu, tous sont au bord du précipice. La menace gronde. La colère couve sous la soupape de sécurité. Prête à exploser comme une cocote-minute. Et comme les avions, à trop les fixer, ils peuvent tomber !...
Bref, un premier roman écrit avec soin, d'une plume acérée, qui blesse sans heurter et qui se pare d'un air de vertu outragée et vengée. Un petit délice !

lu en septembre 2004

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13 septembre 2007

Kamikaze Mozart - Daniel de Roulet

« On ne choisit pas ses Wolfgang. Ils vous tombent dessus l'un après l'autre, comme une guerre mondiale. Ou plutôt, comme une étoile filante. Personne n'est préparé aux météorites en plein jour. »
Fumika est japonaise, musicienne et étudiante au conservatoire de Berkeley avec son amie Shizuko. Attachée à sa passion pour Mozart, elle espère bousculer son destin qui l'a déjà fiancée à Tetsuo Tsutsui, soldat au service de Sa Majesté l'Empereur, suite aux habiles tractations des deux familles. Mais Fumika ne connaît son prétendant qu'à travers une photographie et quelques lettres, très conventionnelles.
Nous sommes en Avril 1942. Fumika et d'autres ressortissants japonais doivent rejoindre les camps de rassemblement, après l'attaque à Pearl Harbor. La jeune fille s'éloigne le coeur lourd en pensant à un jeune allemand qu'elle vient de rencontrer à Berkeley. Il s'appelle Wolfgang Steinamhirsch, c'est un fou de chimie que le gouvernement va recruter pour un projet confidentiel basé dans le désert de Los Alamos.
Déplacée de camps en camps, Fumika va croire en sa bonne étoile lorsqu'elle emprunte l'identité d'une indienne navajo pour faire le ménage à  « la fabrique des nuages », un site secret où bossent des scientifiques pour le compte du ministère de la Guerre. Elle y retrouve Wolfgang, devenu un ambitieux savant, et espère qu'il aidera Shizuko et elle dans leur projet d'évasion du camp de Santa Fe.
Hélas ! Le lecteur n'est pas dupe. Le projet de Los Alamos va frapper le Japon en Août 1945, avec deux bombes atomiques. Sur ce plan, l'issue du roman est toute tracée. Il devient alors intéressant de suivre quel triste sort vont connaître Fumika, son fiancé kamikaze et Wolfgang le fou de l'atome, tous estampillés par le sceau de la tragédie.
Entre fiction et réalité, le roman parle de la guerre et de destins brisés autour du fil rouge que constitue la construction de la Bombe atomique. Daniel de Roulet, dans un style très froid, presque sans âme et donc difficilement attachant, a peut-être souhaité cette sécheresse pour planter une distance raisonnable entre l'auteur et son histoire où se mélangent les faits réels et l'imaginaire.
Une petite accoutumance s'impose, puis l'histoire apparaît franchement émouvante et très prenante ! C'est surtout au travers du personnage de Fumika que la dimension humaine et émotionnelle s'exprime le mieux. Son parcours enchaîne l'injustice, l'incompréhension, la bêtise et la perfidie humaines. Longtemps elle trouvera dans la musique de Mozart une échappée pour survivre et affronter son destin. Mais la musique adoucit-elle les moeurs ? Est-elle capable d'achever une guerre, de sauver les âmes ? L'auteur offre une réflexion douce-amère à ce sujet, je ne suis pas sûre d'apporter la réponse qui semble évidente et triste dans ce roman. Mais la lecture de ce livre, pourtant pas emballante au début, résonnera longtemps en moi. Je le pense...

Buchet Chastel - 290 pages - Août 2007

** Rentrée Littéraire 2007 **

12 septembre 2007

Les autres ~ Alice Ferney

"Personnes susceptibles s'abstenir" était la règle préconisée par ce nouveau jeu de société qu'a offert Niels à son frère Théo, lors de sa soirée d'anniversaire. Sont réunis leur mère, les amis et fiancées. Tous s'engagent dans ce jeu brûlant qui a pour but de délier les langues et mettre à jour les vérités cachées. Que pensent les uns et les autres, les uns sur les autres, les uns des autres ?
Ce roman délie la parole, ouvre la boîte de Pandore. Il est décomposé en trois parties, d'abord on lit les pensées des protagonistes, puis on assiste à la joute verbale, puis on prend le pas du narrateur, de l'auteur qui décrit ce repas suicidaire avec toute l'élégance et la subtilité qui caractérise l'écriture d'Alice Ferney. C'est d'une poésie inqualifiable, tant sur la valeur des sentiments, sur le poids de la maternité et la féminité (thèmes abordés dans le roman).
Au cours de cette soirée, certaines paroles auront été lâchées et ne pourront plus être rattrapées. Les personnages ont tous bien conscience de cet enjeu mais ils foncent tête baissée. Un peu abasourdis, écoeurés, révoltés mais exaltés "d'être avec les mots comme des poissons dans l'eau". Ce roman donne enfin le pouvoir au langage, aux mots et à la langue éclatante et qui s'exprime, se libère. Il ne met pas en péril le sentiment de l'amitié car, après tout, un personnage le souligne : "Sans amitié, pas de confidences ni d'aveux ou de révélations, pas de critique profonde et transparente. En ce sens les amis, pour le bien qu'ils essaient de nous faire, sont aussi cruels que les ennemis qui nous souhaiteraient quelque mal.".
En un mot comme en cent, ce roman est magnifique, tout en grâce et dénuement, et dont le point final sera : "Qui peut croire que les mots servent la vérité ? Qui sait ce qu'ils tranforment vraiment en nous ? Quel est ce pouvoir qu'on leur prête ?". (La réponse est cachée dans ce livre !)

août 2006

11 septembre 2007

L'idiot de la Sorbonne - Frédéric Pagès

Idiot_de_la_sorbonneAu volant de son taxi, une DS noire parfaitement entretenue, Max de Kool a la surprise de prendre à son bord Oscar von Balthazar, professeur adulé qui s'était mystérieusement volatilisé quelques années plus tôt. L'homme est de retour pour l'assaut final et somme le taxi de prendre son temps pour mieux faire son entrée fracassante à vingt heures aux portes de la Sorbonne. La journée leur appartient.
L'aventure s'annonce fraîche et étourdissante, surtout aux premières heures (et durant les premières pages), puis les ennuis commencent et le saugrenu va apparaître.
Nos deux héros, embarqués à travers l'Europe en quête de sublime et d'une pompe à haute pression à sept pistons, vont résoudre plusieurs questions ardues (le mystère de l'Immaculée Conception et l'importance du placenta pour penser, notamment). Sous le patronage de Voltaire et de Coluche, et dans la lignée de "Candide", ce road movie métaphysique nous emmène vers des contrées imprévisibles où se répondent le génie et le clown, le penseur et l'idiot, le conte métaphysique et le compteur kilométrique.

Belle idée dans l'ensemble, proposant une approche originale et ludique de la philosophie, le roman a cependant tendance à s'émousser en cours de route et déboute un peu le lecteur, étourdi par la précipitation des événements.
A soutenir, car il s'agit d'un premier roman et qu'il faut bien un commencement à toutes choses !

Libella / Maren Sell - 264 pages - En librairie le 29 Août 2007.

** Rentrée Littéraire 2007 **

10 septembre 2007

Le lendemain, Gabrielle - Murielle Magellan

le_lendemain_gabrielleGabrielle tente de surmonter son chagrin après la mort de Gilles, son amant depuis 7 ans. Marié et père de famille, l'homme a vécu avec la jeune femme une relation quasi officielle. L'existence de leur couple n'était plus un secret pour leur entourage. Aussi, chacun comprend le deuil que s'impose Gabrielle et veut lui apporter son soutien.
La famille Alban, par exemple, est ravie de l'accueillir chez eux pour un dîner. Il y a David et Eli, leur fils Florian, âgé de 17 ans. Ils sont tous trois l'image du bonheur, de la vie simple et ordinaire. Gabrielle s'y fond sans le vouloir, attrapée par leur gentillesse.
Bientôt un pouvoir de séduction réciproque va s'opérer : Gabrielle et son chagrin fascinent, la jeune femme est elle-même de plus en plus attirée par les Alban. Un soir David l'embrasse, d'autres fois c'est Florian qui l'invite dans des concerts, et Eli lui demande sans cesse de déjeuner, d'être auprès d'elle, etc.
Murielle Magellan est en fait une plume de théâtre et on retrouve dans son premier roman "Le lendemain, Gabrielle" la mise en scène, les dialogues et l'intrigue dramatique empruntée à ce genre. Ici, la comédie est plus aigre-douce, avec des effets de style qui peuvent agacer. J'ai bien aimé le début, Murielle Magellan est très maternelle avec son héroïne et nous la rend attirante malgré sa profonde tristesse. Je crois ensuite avoir été très vite lassée par le procédé d'écriture qui possède un certain charme, mais qui ne me correspondait à l'instant où j'ai lu ce livre.
Tant pis.

Julliard - 186 pages - Août 2007

** Rentrée Littéraire 2007 **

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7 septembre 2007

16, rue d'Avelghem ~ Xavier Houssin

Quel merveilleux écrivain, ce Xavier Houssin ! Déjà j'étais sous le charme avec "La ballade de Lola", premier roman bouleversant sur la disparition d'une fillette sur le chemin d'école. Avec "16 rue d'Avelghem" l'auteur renoue avec la sensibilité. Suite à la destruction du quartier de son enfance, le narrateur fait revivre cette maison d'un quartier de Roubaix, là où ses parents et leurs nombreux enfants ont emménagé jusqu'à la fin. La fin d'une vie, merveilleusement et à juste dose racontée. Beaucoup de pudeur, d'émotion fine. En des phrases courtes, presque lancées à la mitraillette, l'histoire découle son tapis rouge et met en scène un couple de gens ordinaires dans un quartier des corons près des usines de textile. C'est tout un pan de vie, toute une époque qui revoit jour. La vie de cette famille, les Lapierre, est bouleversante par ses petits riens et ses ordinaires qui font un grand tout. On tourne les pages, avide de connaître davantage de leurs vies. Les joies, les peines, les doutes, les peurs.
C'est très beau. C'est hélas très court mais ce livre s'inscrit dans la lignée des beaux petits romans inoubliables.

septembre 2004

7 septembre 2007

Cette nuit-là ~ Isabelle Minière

La très grande particularité de "Cette nuit-là" est la narration en " Tu " de bout en bout du roman. Grande audace ! L'auteur use cette forme pour interpeller l'héroïne, Lisa, victime d'un mari violent. Car Lisa est mariée à Clément, un homme charmant, aux boucles dorées, un homme très intelligent, aimé et respecté de tous. Un homme irréprochable. Sauf que cet homme-là a deux faces : un côté pile pour la ville, et un côté face pour son foyer. Clément n'est plus Clément, il devient un individu au regard noir, qui jette des éclairs et annonce l'orage. Un homme redoutable. Qui ne lève pas la main sur Lisa, non. Sa perversion va plus loin : il use des mots, il retourne les accusations, il insinue que c'est sa faute à elle, qu'elle le rend aggressif par sa faute. Lui est juste un peu coléreux. Sans plus. Alors, Lisa ? Coupable, responsable, victime consentante ?..
Isabelle Minière en dénoue tous les rouages, livre une spirale infernale. L'homme marié ne peut disposer de son épouse comme d'un objet. Abuser d'elle sans son consentement. C'est voler. C'est violer ! L'auteur fait mouche en déployant l'esprit retors du pervers contre la vulnérabilité de la jeune femme. Se taire, c'est consentir. La coupable, c'est elle. Elle ne peut priver d'un père à son enfant. Etc...
"Cette nuit-là" est remarquable : la mécanique de la manipulation mentale est saisissante d'effroi. C'est écoeurant, mais hélas si réel. Cette lecture est dérangeante, certes, mais ça existe. Et pis voilà.

septembre 2004

7 septembre 2007

Le cimetière des poupées - Mazarine Pingeot

cimetiere_des_poupees« ... mais qu'est-ce que vous savez des enfants, qu'est-ce que vous savez d'un ventre qui nourrit un foetus, qui le couvre, le cache, le protège, qu'est-ce que vous savez de la douleur de l'enfantement, quand les contractions t'empêchent de respirer mais que tu ne peux crier, sous peine d'attirer l'attention, et que tu es violette, cyanosée, que tes vaisseaux éclatent autour de tes yeux, sur ton front, que tes cheveux tombent, que le corps déchire ton vagin, que le sang se mêle à d'autres liquides plus laiteux, visqueux, mais que cette misère physique se mue en une joie limpide. Même si la joie doit s'arrêter là. Même si la douleur doit suivre. Neuf mois, un an presque, des semaines, des jours, sans que cette présence une seule fois ne se fasse oublier, ton corps responsable pour un autre, que tu ne dois plus malmener, que tu dois aimer pour que l'autre vive, croisse, dans le confort, cette confiance que tu es obligée, momentanément, de t'accorder, parce qu'il n'y a que toi, et lui, dans cette solitude enfermée des cocons à deux, d'où le monde est exclu. Comment voulez-vous après cela qu'il y ait séparation, que l'absence soudaine d'avenir pour l'un ne soit pas la perte de l'autre, qu'on ne meure pas à deux. Que cette mort ne soit pas pire que le suicide.
Infanticide. Votre mot, clinique, juridique, il ne m'est rien, ne décrit aucune réalité que j'ai vécue, ne concerne que vous, et mon deuil est infini quand le vôtre ne peut pas même commencer.
En moi il vivra toujours, pour vous il ne vivra jamais, et c'est mon privilège, mon unique privilège, que vous ne m'enlèverez pas. »


J'ai choisi cet extrait car il parvient à tracer les contours de la narratrice, accusée d'un crime, enfermée dans le bâtiment des femmes, et qui a commencé l'écriture d'un journal qu'elle adresse dans le vide, utilisant le "tu" pour citer son époux (qui aura peu de chances de lire cette confession).
Cet extrait dessine donc une femme sensée, accablée mais qui assume son acte. Il laisse apercevoir aussi la rage contenue, l'amertume et la volonté. Je pourrais encore citer d'autres passages tout aussi évocateurs, mais celui-ci ancre une vérité crue. Et bien entendu, sa lecture procure des frissons.
Sentiments de malaise, d'incertitude, de miséricorde, de pitié ou d'horreur. L'histoire, qui rappelle un fait d'actualités, est douloureuse. Elle n'explique pas ce qu'il s'est passé, ni comment. Le livre s'intéresse plutôt à dessiner la misère sentimentale du couple, à cerner la perpétuelle fustigation de la femme, mal dans sa peau, manquant d'amour dès l'enfance, bref déjà handicapée et assoiffée de reconnaissance.
Il y a donc des passages déplaisants, très secs et désarmants. La lucidité de la narratrice résonne comme une voix qu'on ne voudrait pas entendre, une parole dérangeante mais qui supplie qu'on l'écoute.
Ce livre ne cherche pas à comprendre, ni à donner d'explications. Il ne cherche pas à excuser, ni à pardonner. Il peut choquer, susciter un tolé de protestations. Justifié, ou pas ?
Le mieux est de faire sa propre opinion en le lisant. Non, ce n'est pas un intérêt malsain. Autant être au courant, "Le cimetière des poupées" ne livre aucun détail glauque ou étouffant. Par contre, le récit n'est pas exempt de chapitres plutôt répugnants, avec des paroles discutables.
Au coeur de son livre, Mazarine Pingeot n'en fait pas trop, avec simplement 155 pages, c'est tout à fait honorable. Toutefois, dans le même registre, j'ai préféré "Entre mes mains" d'Anne-Constance Vigier.

Julliard - 155 pages - Août 2007.

** Rentrée Littéraire 2007 **

6 septembre 2007

Aujourd'hui ~ Colette Fellous

La narratrice a décidé de prendre son temps, assise à sa table jaune, laissant les souvenirs guider sa plume, des moments précieux lui revenir en toute intimité, par vagues de douceur. Colette Fellous se rappelle ses 17 ans, en Tunisie, dans une grande maison blanche. A la veille de passer son Bac, elle se réveille et entend les cris et les tirs dans la rue, c'est le début d'une émeute, nous sommes en 1967. Suite à ces évènements, toute la famille de Colette va partir en France et s'y installer, un peu sous la loi du silence, de la soumission, de la passivité, comme pour son père. Quelques chapitres sont consacrés à la disparition de celui-ci, des moments forts et émouvants, qui s'accompagnent avec la parution d'un premier roman, l'entrée en écriture de la jeune fille. "Aujourd'hui" se veut un texte à fleur de peau, où la langue est belle, merveilleuse et auréolée d'une poésie raffinée. On y respire les odeurs de mimosa, on y goûte le thé à la menthe, le soleil, la nostalgie, et même quelques notes de Dalida et Jane Birkin... C'est magnifique !

septembre 2006

4 septembre 2007

La Reine du silence ~ Marie Nimier

Contre toute attente, je suis tombée sous le charme de cette bouleversante confession de Marie Nimier. Dans "La Reine du silence" c'est tout un déballage d'amour, de pudeur et d'émotions feutrées qu'elle dévoile. Pour qui ? son père, Roger Nimier, l'écrivain connu pour "Le Hussard bleu" ou "Les enfants tristes", prématurément disparu dans un accident de voiture. Il avait 36 ans. Dans son livre, Marie Nimier ne fait pas l'apologie d'un père fabuleux, aimant, présent et fier de ses enfants. Non, c'est plus un constat déconfit, elle rétablit une vérité, redessine un portrait d'un homme qu'on connaissait intelligent, facétieux et charmeur en société. Dans son foyer, cet homme n'était qu'une ombre, qui s'enfermait dans sa chambre pour écrire, ou partait au bureau chez Gallimard. Le livre ne rend pas une image glorieuse du père. Loin de là. Pourtant on a du mal à en vouloir à l'écrivain disparu, à la jeune femme qui en parle désormais. Et pourquoi ce livre? Pas pour rétablir la vérité finalement, seulement pour se libérer elle-même. Elle ne dévoile pas des souvenirs de fond de tiroirs, juste des anecdotes de ci, de là. Elle n'avait que cinq ans à la mort de son père. Les souvenirs qu'elle glane aujourd'hui proviennent de la mémoire de ses proches, des gens qui ont traversé l'annonce du décès et le deuil en première ligne. Plus ou moins. Marie Nimier semble mettre en corrélation les événements de sa vie avec son passé lié à la disparition de son père : pourquoi aujourd'hui elle a tant de mal à obtenir son permis de conduire, qu'est-ce qui l'a amenée à l'écriture, quel est le poids de l'héritage, le degré de l'hérédité dans l'écriture... C'est tout un ensemble pointilleux, une sorte de journal de bord. Marie Nimier écrit les yeux fermés, dit-elle. Et son livre est un chuchotement, une préciosité que j'ai beaucoup apprécié. Ni impudique, ni caracoleur. Juste un souffle, un murmure qui donne envie de (re)plonger dans les oeuvres de Roger et Marie Nimier respectivement.

septembre 2004

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