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Chez Clarabel
4 septembre 2007

Ether - Franck Resplandy

EtherDans les couloirs de l'hôpital où elle travaille, la narratrice croise un individu venu soigner une blessure légère. C'est un photographe arrivé de Paris pour un reportage sur les mines. Parce qu'elle est fille de, elle décide de l'inviter chez lui et ce soir-là tout commence, tout casse, tout se fissure.
Sa vie linéaire faite de ses petites habitudes va voler en éclats. Elle maudit cet homme pour ce qu'il est mais cherche à le revoir. Et le cercle infernal tourne sans cesse, prenant à son piège cette femme qui découvre ainsi les ravages de la passion, le corps plié par le désir et la soumission.
"Ether" est l'histoire d'une folle passion, d'une femme concentrée, pudique et réservée, une infirmière dévouée et qui soudainement va défaillir pour l'amour de cet homme.
Il y a d'autres secrets aussi la concernant, sur son passé, son drame intime, ses souvenirs d'enfance. L'histoire a pour cadre le Nord et ses terrils, le ciel de cendres et les paysages neigeux, le froid, le vide, le désespoir. Les réminiscences de la femme sont violentes après avoir longtemps couvé un mystère poignant.
Et c'est un peu là tout le souci de ce roman : il est sombre, oppressant, inquiétant. Il met à nu l'attirance d'une femme, son désir et sa perte de contrôle. La relation qui la lie au photographe est cruelle, dangereuse, étourdissante.
C'est difficile d'être touchée et pleinement embarquée. Et la frontière avec la folie est mince, sans cesse en équilibre précaire. Pourtant, on s'accroche à cette passion dévorante, on retient son souffle pour suivre cette femme jusqu'au bout de son envie.
Tantôt dérangeant et indécent, ce roman a toutefois de quoi vous surprendre. La fin aussi peut déconcerter, mais bon...
A vous de voir.

Plon - 235 pages -  En librairie le 23 Août 2007.

** Rentrée Littéraire 2007 **

D'autres avis :  Laure  &  Cuné ... (à compléter si j'ai oublié des références !)

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3 septembre 2007

Le privilège des rêveurs - Stéphanie Janicot

privilege_des_reveursL'histoire ici présente est vécue à travers les trois personnages principaux. D'abord, Caleb, entraîneur de l'équipe des Giants, sort d'une église où il vient de supplier la Vierge d'une aide divine pour couper la série d'échecs que traverse l'équipe et qui mine son moral. Il est marié à Salomé, une française débarquée en Amérique vingt ans auparavant en compagnie de son demi-frère Guillaume.
Leur mariage de convenance s'est peu à peu mué en tendresse et affection. Le couple a eu une fille, Judith, désormais adolescente rebelle, décidée de mettre un peu d'ordre dans son existence.
La vie des ces trois-là ressemble à une cohabitation par obligeance. Ils partagent le même toit à Manhattan dans un très chic appartement, mais ne font que se croiser. Salomé, enfermée dans son bureau, tente d'écrire un nouveau roman. Elle vient de rencontrer l'homme qui a servi de modèle à son personnage fictif, Nathaniel Stern.
Entre émotions et troubles balbutiants, la jeune femme a le coeur qui palpite. Elle se sent même prête à divorcer, à tenter de vivre une vie "par passion".
Toutefois, Caleb est victime d'un grave accident dont il réchappe lourdement handicapé. Cette nouvelle donne bouleverse davantage la famille, déjà bien partie pour faire voler en éclats la partie d'échecs entamée depuis des années.

"Le privilège des rêveurs", nouveau roman de Stéphanie Janicot, a un titre porteur, enchanteur, invitant le lecteur à mille promesses et évasions. Mais dans ce roman, l'emportement va vite s'essouffler. (Ceci n'est que mon humble point de vue.) J'attendais avec impatience ce livre, fidèle lectrice de l'auteur depuis des années. Or je suis un peu déçue, ne trouvant pas dans cette histoire ce qui me transportait habituellement.
Le roman propose une histoire très attachante, sur la famille éclatée, la difficulté d'aimer et la répétition des erreurs au travers des générations. Il laisse également une porte entrouverte sur le processus de création d'une oeuvre, avec une Salomé en panne d'inspiration pour l'écriture de ses romans. Sur ce point, j'ai beaucoup aimé les passages la concernant !
Les personnages étant dessinés pour une tendresse sage et policée manquent cruellement de relief et d'empathie, même Salomé (déjà rencontrée dans "Les Matriochkas", 1er roman de l'auteur) m'est apparue trop inhibée et sans charisme.
Je ne suis pas amèrement déçue. Stéphanie Janicot, toujours très habile à embarquer le lecteur, n'a aucun souci pour inspirer de l'affection. Et même si cette fois-ci ses personnages peinent légèrement à m'émouvoir et me séduire, je reste profondément reconnaissante à l'auteur de nous ressortir de ses tiroirs son personnage fétiche (Salomé) et de tenter une version moins édulcorée du couple sans passion mais bourré de tendresse. Et pour sortir de l'inertie très envahissante du début, la fin apparaît très humaine et saisissante. Et pourquoi ne pas envisager de jolies choses après le point final ?
A essayer !

Albin Michel - 342 pages - En librairie le 23 Août 2007.

** Rentrée Littéraire 2007 **

D'autres avis : Kroline  /  Laurence  /  Gachucha   (à compléter si j'ai oublié des références !)

1 septembre 2007

Matantemma - Michel Picard

matantemma"Sa vie était remplie de menues obligations démesurées, de minuscules corvées disproportionnées, auxquelles il lui était rigoureusement impossible de se soustraire. Au moins n'était-elle pas de ces sans-allure qui traînent au lit, laissent aller leur ménage et ouvrent des boîtes pour leur mari ! La représentation qu'elle se faisait d'elle-même requérait sans trêve un incontestable héroïsme, ce qui l'eût bien surprise si on le lui avait dit."

Celle qui est fière de ne pas être une "sans-allure" s'appelle Matantemma. Mise au chômage, cette ménagère accomplie a mis un point d'honneur à rendre sa maison propre, toujours dans un souci excessif, mais de plus en plus obsédant, quitte à inquiéter son époux, Mononclandré, également rendu à une inactivité brutale avec sa pré-retraite. La vie du couple est lisse, engluée dans son ordinaire, rythmée par les tâches domestiques.

Alors, près de 200 pages pour suivre les pérégrinations d'une maniaque du nettoyage ? En fait, le roman de Michel Picard est un chouia plus consistant, car cette vie de petits riens est également une radio du couple à la retraite. Matantemma et Mononclandré, tout deux accusant les soixante ans, nous offrent des moments drôles, bonasses et faussement désespérants. Décrypter le quotidien, d'accord, mais avec un oeil tendre et doux-amer. L'auteur a su truquer le pathétique et offre un portrait plus attendrissant, sincère, très attachant, malgré les tics, les manies et les obsessions. La valse du B.A-BA du ménage peut être étourdissante, lassante. Pourtant, l'émotion est fichtrement bien calée, avec l'air de ne pas y toucher. Elle est là, à fleur de peau, et s'étale sans rougir dans les dernières pages du roman.

Ce livre est une petite découverte qui inspire de la compassion, on ne se moque pas, on n'éprouve jamais de mépris. Au contraire. Il y a des rires, des larmes, c'est surprenant !

Buchet Chastel - 189 pages - En librairie Août 2007 - Illustration : Anne Bénoliel-Defréville.

** Rentrée Littéraire 2007 **

31 août 2007

Paradis andalous - Chantal Pelletier

paradis_andalousLa narratrice partage sa vie depuis douze ans avec Greg, un garagiste rondouillard, rencontré sur les marches du palais de justice à la sortie de leurs divorces respectifs. Le couple habite une maison en bois au milieu des bois, quelque part sur la côte est des Etats-Unis.
Une tempête vient d'arracher les arbres de la forêt et une nouvelle tornade menace de s'abattre sur la région. La narratrice, au chômage depuis des mois, reste la journée chez elle à se ronger les ongles devant la télévision. Lassée, angoissée, elle rêve des paradis andalous promis par son chéri, une fois leur conquête de l'Amérique achevée.
Mais un accident arrive, brutal, inopiné et désemparant.

L'histoire, troublante mais envoûtante, suit donc le monologue de cette femme de 39 ans, coincée dans sa maison en bois, paralysée par l'inquiétude et les rêves, et qui va se prendre d'une frénésie pour le jardinage, après avoir posé les yeux sur la trogne de son jardin.
Lu comme ça, le roman peut paraître bien étrange et peu engageant, pourtant il ne faut pas hésiter à franchir cette couverture exotique, à découvrir le charabia de cette héroïne éplorée, dépossédée, une amoureuse patentée qui n'a pas honte d'aimer un homme trop gros et peu séduisant, énervée après son voisin psychologue, sa copine nymphomane, son fils et sa bruyante famille, son ex-mari, etc.

Quand le drame menace, la femme panique, se rebelle, rêve, complote. C'est un peu bizarre, mais j'ai surtout été captivée par l'écriture de Chantal Pelletier qui, franchement, s'éclate avec les mots, leurs sens, la magie et les délires. Beaucoup de poésie, d'imagerie, vraiment une chouette combinaison de sensualité, d'émotion pour une célébration de l'amour et des cinq sens !
A tenter !

Editions Joelle Losfeld - 128 pages - En librairie le 30 Août 2007.  13.90 €

** Rentrée Littéraire 2007 **

Le site de Chantal Pelletier (à lire : le Journal de bord !)

31 août 2007

Double foyer ~ Christine Avel

Victor est devenu myope très tôt, aussi c'est une véritable aubaine de subir une opération au laser pour lui redonner la vue. Oui, vraiment ? L'homme s'aperçoit, finalement, que "tout ce qui m'était familier jusqu'alors a pris, depuis l'opération, une netteté cruelle" et que "le flou me convient, il me protège des aspérités". Car évidemment Victor a quelques raisons légitimes de regretter son brouillard familier. Désormais il fait face à sa solitude, sa femme et son fils sont partis. Il constate également qu'il n'est pas seul à vivre ce vague à l'âme. Le 14 juillet, il fait la connaissance d'une jeune femme délicieuse mais fragile. C'est la fenêtre ouverte pour de nouveaux espoirs, et pourquoi pas concrétiser ce désir de voler ?...
Victor est matheux, statisticien et empêtré dans l'étude, l'analyse de son existence ordinaire, qui est loin d'être cartésienne. "Double foyer" rend hommage à ces hommes vulnérables, qui se cachent bien souvent derrière des tares, lesquelles les protègent du monde réel. En retrouvant une vue parfaite, Victor perd aussi ses derniers remparts contre la réalité du quotidien. Christine Avel réussit alors à imposer la tendre et douce sensibilité d'un matheux rêveur et casanier. Très attachant, ce premier roman se lit d'une traite. Il procure un plaisir fort agréable !

août 2006

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30 août 2007

Le dernier frère - Nathacha Appanah

Prix Fnac 2007  (document vidéo)

Le_dernier_frere

Soixante ans se sont écoulés mais le passé secoue toujours Raj jusque dans ses rêves. C'est le souvenir de David qui remue notre homme dans sa vieillesse et qui le ramène vers son enfance.
Quelque part dans un camp sur l'île Maurice, Raj a grandi entre ses deux frères et leurs parents, une mère aimante et un père ivrogne et violent. Un jour, un cyclone s'abat sur l'île et décime la famille de Raj. Les survivants décident de s'installer plus au sud, près d'une prison où sont internés des réfugiés juifs. Là Raj va croiser un jeune garçon blond, prénommé David, âgé de dix ans.

L'histoire se tisse autour des souvenirs d'un homme accablé de douleur et de chagrin, rongé par le remords. En contant son enfance, Raj pense faire honneur à la mémoire de David, lui murmurer sa prière de repentir. Et à travers sa narration, c'est une autre terrible vérité que le lecteur découvre : le sort réservé à des réfugiés juifs européens qui ont pris le large pour gagner la Palestine avant d'être refoulés vers Maurice. L'histoire se passe durant la seconde guerre mondiale, mais Raj et les siens n'ont eu connaissance de ce chapitre que bien des années après !

"Le dernier frère" est un drame à part entière, dans un climat de torpeur, dans un théâtre de misère, où les foudres de la météorologie s'abattent sans pitié sur cette parcelle du globe. A travers ses romans, Nathacha Appanah met souvent en avant l'histoire méconnue de son île. Ici il est question des 127 juifs morts en exil à Maurice entre 1940 et 1945. Par la parole de son narrateur septuagénaire, son roman adopte de suite une fatalité glaçante où la tragédie est visqueuse, gluante et désolante. C'est sombre, un peu désespérant. Je n'ai pas su retrouver la poésie si présente dans les livres précédents de l'auteur, ici le ton est un peu plus morose.
Dommage, pour moi. Ce fut un bon livre instructif, mais qui file un sentiment frileux.

Editions de l'Olivier - 210 pages - En librairie le 23 Août 2007.

** Rentrée Littéraire 2007 **

Du même auteur : Les rochers de Poudre d'Or (disponible en poche) ; Blue Bay Palace ; La noce d'Anna. Mes avis ont été diffusés sur Amazon ...

30 août 2007

Et toujours en été - Maïté Bernard

et_toujours_en_eteCe n'est pas une simple balade à bicyclette, entre le père et ses deux filles. Ces dernières l'escortent jusque Toulouse pour l'aider à rencontrer un passeur et le permettre de fuir jusqu'en Espagne. Pourquoi ?
Thomas est aujourd'hui recherché par la police car l'Argentine le réclame, accusé d'un crime commis presque trente ans auparavant. Mais l'homme n'a pas l'intention d'y retourner, il a déjà fui ce pays, chose exceptionnelle, après une arrestation et une série de tortures. Son épouse était alors à ses côtés, mais n'a pas survécu.

L'histoire est racontée de deux façons. D'abord par le périple en vélo à travers le Sud et le long du canal du Midi, aux trousses de Thomas, Ilona et Malena, le récit est une suite joyeuse de durs efforts, de rires, de confidences. Puis il y a le journal de l'aînée, commencée en 1987. Il trace l'histoire plus personnelle d'une fille qui avait dix ans quand elle a assisté à l'enlèvement de sa mère, à Buenos Aires. Elevée par sa grand-mère avant de partir en France, Ilona a réussi à vivre une vie "ordinaire", ponctuée par ses histoires d'amour avec Paco, dont le père avait été arrêté en même temps que le sien. Il y a des liens inextricables, inexplicables aussi.

Bref, d'apparence légère, pétillante et fraîche, l'histoire finalement n'est pas si anodine. Le journal d'Ilona, par exemple, va vite dévoiler le chagrin refoulé de cette jeune femme, sa quête de la vérité, souvent difficile et douloureuse. La fuite en vélo, ensuite, est une échappée belle pour sauver la peau d'un père chéri, mais une preuve aussi, pour lui témoigner ce que ses filles sont capables de réaliser pour lui. Enfin, c'est plus travaillé, plus fouillé et plus réfléchi qu'en apparence. Si l'on se contente de la surface, c'est une lecture facile, très agréable, bien écrite, etc. Mais sous la couche artificielle, se trouvent vraiment une exemplaire histoire d'amour, d'abnégation et une leçon sur l'Histoire plus émouvante encore.
A découvrir !

Editions le Passage - 260 pages - En librairie le 30 Août 2007.

** Rentrée Littéraire 2007 **

Notes de l'auteur : Pour ceux que cette période de l'histoire argentine intéresse, je recommande le site nuncamas.org. Pour ceux qui voudraient s'évader sur le canal du Midi, le livre et le site de Philippe Calas, canalmidi.com.

29 août 2007

Entre mes mains - Anne Constance Vigier

entre_mes_mainsLe roman n'est pas bien épais, seulement 100 pages, par contre il est lourd et violent. Mais ces sentiments sont latents, ils planent entre les lignes dans le quotidien de ce couple, de cette femme, de cette jeune mère. C'est très, très fort.

La narratrice, âgée de 23 ans, ingénieur en mathématiques, fait la rencontre du premier homme de sa vie, Sylvain, artiste et mélomane. L'amour aidant, ces deux-là vont vivre ensemble, se marier, faire des petits, etc. Le schéma classique. Cependant, l'étouffement fait son nid. La jeune femme est une crispée affective, jamais comblée ou épanouie, nullement soutenue, parmi ses proches ou au boulot, le combat est constant. Il faut qu'elle s'impose, qu'elle ose, mais c'est toujours plus fort qu'elle.
Sa grossesse, par exemple, ne tombe pas au bon moment pour sa carrière ni sa vie de couple. Pourtant, Sylvain et elle sont heureux et préparent l'événement avec impatience, mais sans exaltation. D'ailleurs, ce déni va totalement absorber la jeune maman, vite dépassée par son nourrisson, anéantie par l'impuissance, esseulée et incomprise, mise au pied du mur et abandonnée par son compagnon.
L'histoire ne raconte pas avec les mots crus ce qu'il va se passer, mais l'issue fatale est bel et bien là. Une réalité amère, sinistre et qui donne des frissons partout.

Pour ces raisons, oui le roman est violent, très fort et difficile. Pourtant l'auteur est parvenue à un compromis idéal : livrer les faits, un peu froidement, mais avec une lucidité sans égale, balançant sans cesse l'opinion du lecteur entre la compassion, la compréhension et le blâme. En sortant de cette lecture, à la fois courte mais percutante, il est impossible de juger car l'histoire reflète un peu plus l'immense solitude de la mère. Le sujet rappelle le sentiment d'exclusion et de vulnérabilité qu'exacerbe la maternité et tente de s'inscrire dans un début de tolérance.
A tenter !

Joëlle Losfeld - 100 pages - En librairie le 23 Août 2007.

** Rentrée Littéraire 2007 **

29 août 2007

Tom est mort - Marie Darrieussecq

Tom_est_mortLa narratrice est une épouse dévouée et comblée par ses trois enfants, qui a décidé de suivre son mari à travers le monde pour ses missions à l'étranger. Partant de Vancouver, les Winter ont débarqué en Australie, pensant s'engager dans une aventure tout aussi exaltante.
Hélas, le deuxième fils, Tom, âgé de quatre ans et demi, trouve la mort.
Pour la narratrice et les siens, c'est un drame au-delà des mots, c'est la lame de la guillotine qui s'abat et qui tranche le cours normal de leur existence.
Il faut donc apprendre : la vie après, la mort tout court, l'absence, la recherche de l'enfant défunt, l'esprit fantôme, la mémoire, le langage, le travail de deuil.
Dix ans ont passé et la narratrice opte pour l'écriture dans des cahiers afin de tout raconter, de revenir sur cet avant, cette mort terrible. Les mots sont difficiles, les souvenirs aussi.
Son époux Stuart pense que c'est "morbide", "macabre" mais ce travail est nécessaire pour la jeune femme. "La mémoire ça ne s'use pas, ça devient pire avec le temps. Ces premiers jours, si crus, et si flous, luisants, troubles, hallucinés, impossibles... j'étais au point d'impact de la souffrance, et les repères n'existaient plus, le temps était mort."

Si vous êtes parents, la lecture de ce livre vous bouleversera, sans toutefois vous arracher toutes les larmes de votre corps. Il est cependant difficile d'être insensible au texte de cette mère d'un mort, comme elle dit, de lire page après page le décompte d'un deuil annoncé, d'un instant pénible à vivre, à encaisser et impossible à ranger dans un tiroir.
"Le deuil rend niais et cynique à la fois, et grave et abîmé. Plus rien de ce que je pense n'a la légèreté, la grâce d'autrefois."
On lit ce roman comme la confession émouvante d'une mère amputée, rongée par la douleur et le chagrin, une femme qui en perd la parole à force de pleurer un fils perdu trop tôt.
Marie Darrieussecq accomplit là un ouvrage impressionnant, jamais accablant car son texte est fort, sonne authentique et force l'admiration. La fin dépasse l'entendement.
A lire pour s'en convaincre !

P.O.L. - 247 pages - En librairie le 23 Août 2007.

** Rentrée Littéraire 2007 **

28 août 2007

Immobile ~ Valérie Sigward

Difficile d'entrer dans le roman de Valérie Sigward : apprendre à identifier les protagonistes, la narratrice, démêler les dialogues des faits... Et puis cette tension indicible qui grimpe, l'accident redoutable. Deux femmes qui s'aiment partent en vacances, elles s'arrêtent en chemin, pique-niquent près d'un lac et décident de s'y baigner, de plonger. Mais elles n'ont pas vu le panneau d'interdiction. Résultat : Anna flotte dans l'eau et ne peut plus bouger. L'angoisse commence.

"Immobile" est un très, très court roman mais il est fatal, poignant, percutant. Et glaçant. Parallélement au discours de la narratrice (la soeur de la copine d'Anna) la jeune accidentée livre ses pensées. Comme livrées d'outre-tombe. Ce qu'elle ressent, là, figée sur son lit d'hôpital, comme des pics de glace qui la transperce de partout. C'est terrible. C'est une lecture qui assomme. Une lecture implacable. Elle ne bascule pas dans le pathos, mais c'est tout comme. Un passage fort touchant : une soirée pour oublier, à danser sur des musiques rock, à valser sur Aznavour. Et puis pleurer.
"Immobile" est immanquablement scotchant. Bien écrit mais vraiment triste.

août 2004

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