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Chez Clarabel
4 juin 2018

Le parfum du bonheur est plus fort sous la pluie, de Virginie Grimaldi

le parfum du bonheurTout juste séparée de son compagnon, Pauline est retournée vivre chez ses parents avec son fils de quatre ans. Malheureuse et déprimée, elle peine à tourner la page car elle ne comprend pas la décision de Benjamin. Ses parents s'inquiètent aussi pour elle et sont attentifs à ses moindres besoins. Par contre, ils la poussent à consulter un psychiatre avant de l'embarquer un mois en vacances dans leur grande maison près de la mer. Pauline n'a pas renoncé à reconquérir son mari et entreprend d'écrire leur histoire en espérant que l'évocation de leurs meilleurs souvenirs raviveront les sentiments de Benjamin. En attendant, une cure de soleil s'impose - détente, réunion familiale, introspection et grand déballage. Place aux émotions en montagnes russes ! Voilà un beau roman, particulièrement touchant, qui communique par sa simplicité et sa fraîcheur un tourbillon de tendresse. Ils sont déjà nombreux, les lecteurs, à avoir succombé à cette rencontre bouleversante. Et en effet, la sensation d'immersion est revigorante. On s'installe naturellement au sein d'une famille ordinaire, croisant des états d'âme, des soucis, des rêves et des désirs qui font partie du lot commun, on se sent ainsi tellement proches des uns et des autres. La détresse de Pauline est foudroyante, on devine qu'elle est plus profonde qu'en apparence, que la suite de l'histoire va mettre à nu des secrets enfouis et qu'elle va tout ravager sur son passage. C'est un roman qui évoque avec tact les liens filiaux, la transmission, le rôle de maman, le socle familial, l'amour, la vie, la mort... J'ai ressenti beaucoup de chaleur et de bien-être. C'est hyper réconfortant à lire (et à écouter). Sophie Frison apporte une douceur dans sa lecture qui rend son interprétation délicate et bienfaisante. J'ai finalement quitté à regret ce petit monde. C'était ma petite bulle, ma thérapie, mon goût du bonheur. Un roman poignant et sincère qui raconte une histoire dans laquelle on se reconnaît. C'est très, très bon. Moins léger que le formidable Tu comprendras quand tu seras plus grande, mais son intensité émotionnelle n'est pas mal non plus... Très joliment raconté ! J'en redemande.

©2017 Librairie Arthème Fayard (P)2018 Audiolib. Lu par Sophie Frison (durée : 7h env.)

 

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13 avril 2018

Les loyautés, de Delphine de Vigan

les loyautés delphine de viganHélène, professeur de SVT au collège, constate des signes alarmants chez un élève. Théo a treize ans et souffre du divorce de ses parents qui se déchirent. Son père a perdu son boulot, vit cloîtré chez lui, n'a plus un sou en poche et s'abrutit d'expédients pour oublier sa déchéance. Le môme a interdiction d'en parler à quiconque. Même pas à son meilleur copain Mathis, dont la mère s'inquiète de son influence néfaste et lui ordonne de ne plus le fréquenter. Mais les garçons ont trouvé ensemble un nouveau jeu : boire le plus possible d'alcool et tester leurs limites. Et puis, tout s'emballe. Mathis ne veut pas laisser tomber son pote et ment à sa mère, qui découvre avec horreur les agissements haineux de son mari sur internet. Théo cherche le point de non-retour, tandis que Hélène sent ses propres souvenirs remonter à la surface. J'avoue qu'aux premières notes de la lecture, je me demandais dans quelle galère j'étais tombée. Tout est grisâtre, amer et désolant. Et pourtant, la petite musique a su me happer. Le roman est court, il s'écoute en seulement 4 heures mais il frappe fort. L'enchaînement des portraits est mécanique et intransigeant, les vérités sont implacables, l'intimité est dévoilée dans toute sa fragilité... C'est bouleversant. Cela résonne comme un cri désespéré et pourtant l'écho est silencieux. L'écriture est élégante, à la fois subtile et concise, pour décrire le désarroi. L'ensemble est bon mais lourd, surtout quand on a déjà le moral dans les chaussettes. Cette somme de circonstances malheureuses inspire en effet des sentiments multiples, où se mélangent la perplexité, la fascination et l'engourdissement. Un roman sombre qui risque bien de hanter son lecteur au-delà du point final...

©2018 Éditions Jean-Claude Lattès (P)2018 Audiolib

Texte lu par Marie Bouvier, Odile Cohen et Olivier Martinaud. Trois chants sensibles pour évoquer la corde raide de ces âmes en peine. Très belles interprétations.

 

 

30 mars 2018

La disparition de Josef Mengele, par Olivier Guez

Sélection #Club_Audible Mars 2018

La disparition de Josef Mengele1949 : Josef Mengele arrive en Argentine. Caché derrière divers pseudonymes, l'ancien médecin tortionnaire à Auschwitz croit pouvoir s l'inventer une nouvelle vie à Buenos Aires. L'Argentine de Perón est bienveillante, le monde entier veut oublier les crimes nazis. Mais la traque reprend et le médecin SS doit s'enfuir au Paraguay puis au Brésil. Son errance de planque en planque, déguisé et rongé par l'angoisse, ne connaîtra plus de répit... jusqu’à sa mort mystérieuse sur une plage en 1979.

1- Qu’avez-vous pensé du ton du narrateur/auteur ?

Détaché. Morne. Glaçant. 

2- Selon vous le problème émanait-il du ton du narrateur ou du récit en lui-même ?

Certes le texte est lourd, mais le ton du narrateur est beaucoup trop solennel et déprimant.

3- Quelle a été votre assiduité d’écoute ? 

Je pensais l'écouter rapidement (6h, c'est peu) et puis j'ai vite freiné des deux pieds car l'histoire est lourde, le personnage de Josef est détestable au possible, sans compter les informations qui deviennent vite étouffantes à force de les accumuler. Du coup j'ai ralenti, pour souffler et tenter de mieux apprécier la lecture.Mais cela a été difficile.

4- Avez-vous été choqué/surpris/dérangé par les actes réalisés par Joseph Mengele et décrits dans le livre ?

Choquée, horrifiée, dégoûtée... ce type incarne l'ignominie humaine dans toute sa splendeur. Sans scrupules. Absence de remords. Conviction de son bon droit. Refus de débattre de ses actes. Lâcheté. Mépris total etc. Une belle ordure ! Et ses expériences, au nom de la science, mygod, on a beau avoir eu connaissance de telles horreurs dans nos manuels d'histoire, c'est toujours une claque d'en découvrir l'ampleur dans un roman. 

5- Quel a été votre passage préféré ?

Préféré, aucun. L'ensemble du livre a eu sur moi un effet de marée noire. J'étais comme engluée, franchement écœurée et j'ai suffoqué à maintes reprises, par contre j'étais curieuse de comprendre l'étendue de la fuite des nazis après-guerre, la large complicité et les réseaux organisés pour complaire à leurs exigences, couvrir leurs actes et identités. La prise de conscience de l'holocauste dans la mémoire collective est survenue progressivement, d'où les nouvelles chasses à l'homme et les combats menés par les Klarsfeld par ex. Au final, c'est plein de petits passages marquants.

- Dernière question : quel rôle donnez-vous à l'interview finale de l'auteur par rapport au récit et au travail de l'auteur ?

L'interview est complémentaire à l'écoute du roman. C'est toujours éclairant de comprendre les motivations de l'auteur et son approche avant de se lancer dans l'écriture.

 

©2017 Éditions Grasset & Fasquelle

(P)2018 Audiolib. Texte lu par Olivier Guez (durée : 5h 47)

La disparition de Josef Mengele est une plongée inouïe au cœur des ténèbres. Anciens nazis, agents du Mossad, femmes cupides et dictateurs d'opérette évoluent dans un monde corrompu par le fanatisme, la realpolitik, l'argent et l'ambition. Voici l'odyssée dantesque de Josef Mengele en Amérique du Sud. Le roman-vrai de sa cavale après-guerre.

 

26 mars 2018

Gaspard ne répond plus, par Anne-Marie Revol

Gaspard ne répond plusCandidat d'un jeu de téléréalité (type Pékin Express), Gaspard de Ronsard est victime d'un accident, lors d'un simple transfert de l'équipe technique, le type a basculé du camion et croupit désormais dans un fossé entre la frontière chinoise et nord-vietnamienne. Il a les deux jambes brisées, le moral au plus bas, sans eau, sans nourriture et sans sa balise GPS. C'est seulement au petit matin, des centaines de kilomètres plus loin, que sa disparition est remarquée et signalée en haut lieu. À Paris, la production retient son souffle et cherche à tout prix à étouffer le scandale. Tous les moyens sont déployés pour ratisser la campagne et baillonner la presse - peine perdue. Car les coups bas se multiplient, dans une société où l'appât du gain et du sensationnel prime sur toute moralité. Pendant ce temps, loin du fracas, notre jeune ami a été secouru par des villageois, qui refusent tout confort moderne et luttent pour préserver ses valeurs, en obéissant au doigt et à l'œil à leur chef, l'impitoyable My Hiên. Celle-ci retient clairement Gaspard en otage et ne lui laisse pas d'autre choix que de faire la lecture à voix haute à leur petite communauté, reprenant ainsi le flambeau laissé par un certain Hubert Bertillon, un explorateur français qui a tout plaqué pour suivre son grand amour et s'installer à l'autre bout du monde. Gaspard ne discute pas, étonné de sa propre curiosité et de son intérêt grandissant pour cet individu. Il espère ainsi recroiser sa propre enquête sur la disparition de ses parents... Ah, mais il ne faut pas croire que tout est écrit d'avance ! Ce roman a justement de l'ingéniosité et de la rouerie à revendre. C'est franchement réjouissant ! Le ton est vif et cocasse, le rythme fougueux et facétieux. Cela se déguste sur 500 pages, au gré d'anecdotes désopilantes, d'aventures rocambolesques et de personnalités pittoresques. Une formidable énergie se dégage et enveloppe le roman, qui pétille joyeusement et nous entraîne sur les pistes d'une intrigue déjantée et distrayante ! Très chouette découverte.

JC Lattès, 2016 / repris en Livre de Poche (mars 2018)

 

26 mars 2018

Une question d'harmonie, de Bérengère de Chocqueuse

Une question d'harmonie

Paul a 80 ans et vit seul dans son appartement, quand la jeune Julia, 25 ans, étudiante en art, s'invite chez lui tous les dimanches. Elle est vive et spontanée, elle babille en toute insouciance, déterminée à apporter chez le vieil homme un peu de légèreté et de bonne humeur.
Les semaines passent, et Paul se montre toujours renfrogné et peu coopératif. Julia sent sa propre motivation battre de l'aile. Plus elle le questionne sur sa vie privée, sur son passé, sur son histoire, plus l'homme sombre dans la mélancolie.
Non, Paul ne confiera jamais rien de Nicole, son grand amour, leur rencontre en Normandie, leur bande de copains, sa découverte de la contrebasse, son apprentissage dans la musique, ses concerts, ses tournées, le tourbillon de la vie, étourdissant et implacable...
Ces chapitres du passé viennent s'immiscer dans la routine d'une existence assez plate, où l'on peine à s'attacher à Julia et à s'émouvoir de sa relation avec Paul. C'est empreint d'élégance, de bienveillance, mais ça pêche en tendresse et en force.
Je n'ai pas trouvé de réelle intensité émotionnelle dans ce roman, l'écriture est appliquée et d'une grande sobriété, mais trop lisse et proprette pour me toucher. La rencontre entre Julia et Paul me laisse insensible et songeuse, à l'idée que les générations transcendent les différences et comblent les lacunes etc., non, vraiment pas. C'est finalement peu convaincant, malgré de jolies qualités, la lecture m'a inspiré essentiellement de l'ennui. 

Belfond, 2016

 « Cela faisait près d'un mois que Julia passait ses dimanches après-midi chez le vieux monsieur. Arroser les plantes, trier quelques papiers, monter un pack d'eau pour la semaine... Elle le faisait de bon cœur, pour rendre service, et il s'en montrait reconnaissant, conscient que son aide était la bienvenue. En revanche, s'engager dans une discussion personnelle et parler de soi... Elle avait beau l'interroger, il se fermait comme une huître. Pourtant, c'était avant tout pour l'aspect humain qu'elle avait voulu faire partie de cette association. Persuadée qu'une personne âgée, isolée, aurait beaucoup à lui apporter, elle s'était mis en tête de nouer une relation de proximité, presque d'amitié, avec lui. »

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21 mars 2018

Trois baisers, de Katherine Pancol

Trois baisersBim bam boum, ils sont de retour ! Ils s'étalent sur 845 pages, prennent leurs aises pendant 20 heures, se livrent et se confessent, jouent, trichent et s'éparpillent... Les Plissonnier-Cortès, Valenti, Grobz, Courtois, Dupin et compagnie nous font tourner la tête et toujours battre le cœur, au cours d'une lecture passionnante et ô combien réconfortante.

Cela ressemble à une réunion familiale au sommet. Une convocation générale pour prendre des nouvelles des uns et des autres - Hortense prépare sa première grande collection avec un défilé sensationnel au Plaza, comprend la notion de désir dans un escalier du Fouquet's et harcèle Junior de questions sur son grand peut-être, Zoé s'interroge sur son avenir, carmélite ou actionnaire, elle chancèle, le cœur palpitant, comme sa maman Joséphine, qui panique de n'être plus aimée, éternellement sotte et fragile, Gary arpente les trottoirs de New York et est sidéré face à une bouteille de vin, foudroyé par la révélation, Calypso s'endort pour cent ans, Stella retrousse ses manches, lave à coup de javel les souvenirs meurtris, Adrian rêve en grand, Tom tombe amoureux, Ray Valenti brille de mille feux, Fernande s'envole pour Mexico, Henriette et Elena font des affaires...

En gros, les histoires se nouent, s'emmêlent, se tendent et éclatent dans un joyeux bordel. Ça fait des étincelles et ça crépite ! La communion est sacrée. Ce que le public ressent est lié à ce que vivent les personnages. Les espoirs, les envies, les doutes, les peurs, les sombres pensées. On partage tout, on rit, on tremble, on pleurniche, on hurle, on inspire, on cherche le staccato, on gratte les tickets de tombola, on regarde les Oscars à la télé, on reçoit des trempes, on se rebiffe, on ouvre des livres, on fait ses courses, on danse sur du Cloclo. C'est tout bon. Pas forcément intense et palpitant. Mais on se sent bien. Et puis, on a clairement nos préférences (Hortense ! Gary !), nos attentes et nos impatiences, on relève les transitions, les creux, les flous, les fièvres (euh... Junior ? du grand d'importe quoi !). On a conscience que le gros navire, parfois, tangue et s'égare, tout en adoptant un rythme de croisière agréable et délassant. En tout cas, j'ai pris place à bord, en frétillant de bonheur, et j'ai beaucoup aimé mon voyage !

Marie Ève Dufresne est également indissociable à mon plaisir de lecture. Son interprétation est impeccable, élégante, mesurée et enveloppante. J'aime infiniment. Sa voix fait aussi partie du succès de la saga - un rendez-vous incontournable avec mon autre tribu, une famille de papier où toutes les personnalités s'incarnent et forment un ensemble attachant. C'est difficile de les abandonner ! ☺

©2017 Éditions Albin Michel (P)2018 Audiolib (durée : 20h env.)

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« Partons dans un baiser pour un monde inconnu. » Alfred de Musset

22 février 2018

Couleurs de l'incendie, de Pierre Lemaitre

couleurs de l'incendieAvoir lu ou non Au revoir là-haut n'est finalement pas si crucial pour la bonne compréhension de ce roman - contrairement à ce que j'avais imaginé. On retrouve, certes, la famille Péricourt mais l'histoire s'attache à Madeleine, fille de Marcel. Le roman commence en février 1927, par des obsèques affreusement pompeuses, lesquelles sont perturbées par la chute tragique du jeune Paul, depuis le deuxième étage de la maison. Comment, pourquoi ? La foule horrifiée voit l'enfant conduit en urgence à l'hôpital, où sa mère apprend qu'il est miraculé mais paraplégique. L'annonce est brutale, le choc traumatisant. Leur quotidien est alors mis sens dessus dessous - Madeleine se décarcasse pour le confort de son fils, elle recrute une aide-ménagère polonaise (l'exubérante Vladi) et confie ses affaires courantes à l'avocat de la famille, Gustave Joubert. Sa confiance aveugle sera néanmoins trompée. Sans rien voir venir, Madeleine va être dupée et roulée dans la farine par ses plus proches confidents.

Et quelle prouesse ! Pour moi, ce roman s'inscrit dans la lignée des grands romans populaires, façon Balzac, Dumas et Zola. On découvre en effet un récit captivant et flamboyant, une sinistre comédie humaine ancrée dans son époque (on jurerait que Lemaitre a voyagé dans le temps pour s'imprégner des lieux, de l'ambiance, des codes romanesques en vigueur). Clairement, c'est une réussite sur ce plan. Après, l'histoire nous happe, nous attire dans ses filets et on se laisse porter par le fil narratif. On assiste ainsi au naufrage, on découvre la mascarade, on encaisse les revers de fortune et les illusions perdues, tout ça sans broncher. On ressent une profonde empathie pour Madeleine, on la juge trop sentimentale puis on applaudit son courage et sa force. En digne Péricourt, elle ne va pas rendre les armes mais va puiser dans l'humiliation infligée pour faire sa propre justice. Sa vengeance se tisse alors dans les règles de l'art, mitonnée aux petits oignons, ourdie en douce et élaborée avec patience. Ah, il y a de l'Edmond Dantès chez cette Madeleine ! Vraiment, on se régale. Moi qui avais conservé un souvenir flou et en demi-teinte du précédent Au revoir là-haut, j'ai été agréablement surprise par Couleurs de l'incendie qui a su me tenir en haleine pendant près de 14 heures ! 

La lecture faite par l'auteur lui-même est, de plus, tout à fait remarquable. J'avais déjà noté combien il excellait dans cet exercice, cf. Au revoir là-haut, et ai donc apprécié qu'il renouvelle l'exploit avec cet opus. L'auteur vit littéralement son récit, il module les intonations, connaît ses personnages, joue avec le lecteur. C'est une vraie pièce de théâtre qui se déroule dans nos oreilles, et on reste auditeur fasciné de bout en bout. Ce n'est pas donné à tout le monde de réussir pareille prouesse (certains sont de piètres lecteurs, en gros il ne suffit pas d'avoir écrit le livre pour s'improviser lecteur et transmettre au mieux ses émotions). Pierre Lemaitre figure parmi les exceptions - j'ai beaucoup aimé l'écouter ! L'effet immersif est, de plus, indéniable. 

Excellente pioche, donc. Une lecture pleinement enthousiasmante sous tous les formats. À conseiller. ☺


Avec la participation de Zygmunt Miloszewski pour les mots lus en polonais.

©2018 Éditions Albin Michel (P)2017 Audiolib

 

Sélection du #ClubAudible Février 2018

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24 janvier 2018

Le jour d'avant, de Sorj Chalandon

le jour d'avantUn matin de décembre 1974, deux jours après Noël, 42 mineurs trouvent la mort dans la fosse 3bis de Liévin. Toute une région est sous le choc, d'autant plus révoltée que la catastrophe aurait pu être évitée. La famille Flavent aussi est frappée de plein fouet par le drame - le fils aîné, Joseph, un jeune mineur, a été grièvement blessé avant de décéder sur son lit d'hôpital dans l'indifférence générale. Le père est brisé et met fin à ses jours. La ferme et les terres sont bradées. Le fils cadet, Michel, quitte le bassin minier pour y revenir quarante ans plus tard, avec en poche une lettre testamentaire : « venge-nous de la mine ».

Premier constat après lecture : voilà un roman bouleversant, qui ne dit pas tout et qui nous prend au dépourvu. Son histoire de famille traumatisée nous happe dès les premières pages. De suite, on plonge dans une enquête et une soif de vengeance aux côtés d'un  homme marqué par son passé. L'ambiance mortifère, le décor grisâtre, le caractère taiseux de Michel Flavent, tout est ancré dans une réalité sinistre et une volonté farouche de ne jamais se complaire des solutions faciles. L'écriture est sèche, exempte de toute affection. Le roman remue de vieux souvenirs et évoque les “gueules noires” en tant que héros sacrifiés. C'est assez lourd et néanmoins intense.

Mais la lecture est encore plus riche, plus poignante, une nouvelle lame de fond surgit, soudaine et violente... Un véritable coup de massue. J'avoue être restée sur le carreau au tournant, complètement sonnée. Dès lors, c'est une histoire encore plus complexe et déchirante qui se dévoile... mais d'où l'on extirpe toujours les mêmes spectres, les vieilles angoisses et les plaies béantes. C'est Sorj Chalandon lui-même qui m'avait donné envie de lire son roman, lors d'une interview entendue à la radio. Et j'avais biché son évocation (famille, non-dits, culpabilité et remords) sans me douter du chemin qu'il allait emprunter. C'est un vrai tour de force. Une écoute captivante - texte lu par Stéphane Boucher, avec une grande sobriété - et un contexte “Germinal” beaucoup moins oppressant et pourtant nécessaire à la portée de l'intrigue. Une lecture comme une onde de choc qui n'en finit plus de se propager. 

Très bon roman !

 

©2017 Éditions Grasset & Fasquelle (P)2017 Audiolib

Lu par Stéphane Boucher. Durée : env. 8h

Figure parmi les dix titres sélectionnés pour le Prix Audiolib 2018 !

 

4 janvier 2018

Une fois dans ma vie, de Gilles Legardinier

une fois dans ma vieEugénie a toujours rêvé de travailler dans un théâtre, n'hésitant pas à entraîner son mari Victor dans ce projet fou. Mais pour la première fois de sa vie, la gardienne ressent un passage à vide qu'elle ne s'explique pas. Auprès de ses amies, Céline la couturière et Juliette la chorégraphe, Eugénie donne le change et cherche à s'investir au maximum pour les sauver de leur propre marasme - l'une entretient une liaison avec un homme marié et n'ose pas réclamer à son ex une pension digne de ce nom pour élever leur fils ; l'autre rêve d'un amour romantique et est convaincue d'avoir trouvé le bonheur auprès d'un garagiste timide.

S'écrit alors une charmante comédie sur la vie, l'amour, l'amitié autour d'une belle brochette de personnages attachants. Les séquences émouvantes donnent le change aux anecdotes truculentes. On sourit tout du long à l'écoute de cette histoire profondément humaine, sensible et bienveillante. C'est du Gilles Legardinier attendu et réconfortant. Peut-être pas le meilleur du lot, mais plein de bonnes intentions. Donc, précieux. 

Roman lu avec tendresse par Valérie Marchant. Un Audiolib fort agréable pour oublier la grisaille de cet hiver pluvieux.

©2017 Flammarion (P)2017 Audiolib - durée : 10h 55

 

29 novembre 2017

La tresse, par Laëtitia Colombani

la tresseC'est parce que j'ai beaucoup vu ce roman sur Instagram que j'ai été piquée de curiosité pour le lire. Comme toujours, j'ai opté pour le format audio, qui s'emboîte parfaitement avec ma façon de vivre ces dernières semaines. 
L'histoire du roman est assez simple : on suit trois femmes, dans trois pays, dont la destinée est inextricablement liée. En Inde, Smita rêve d'envoyer sa fille à l'école pour qu'elle apprenne à lire et écrire, mais se heurte au poids des castes et des traditions. En Sicile, Giulia reprend les affaires de son père, qui tenait un petit atelier de traitement de cheveux, mais les caisses sont vides et l'avenir compromis. Au Canada, une avocate carriériste, Sarah, voit soudain sa vie se mettre entre parenthèses en apprenant qu'elle est atteinte d'un cancer.
Ces trois parcours de vie sont tous plus attachants et passionnants les uns que les autres. J'ai écouté avec intérêt les conditions de vie, les sacrifices, les doutes, les espoirs naître, disparaître, gonfler, s'éclipser par alternance. 
C'est un roman a priori ordinaire, assez court - il s'écoute en moins de 5 heures - mais c'est un roman authentique et engagé. Son impact émotionnel est tout sauf dérisoire. Il y a de la force, de la sensibilité, de l'intelligence dans cette lecture. C'est remarquable. J'ai apprécié chaque point de construction du récit, qui se tisse à la façon d'une tresse, avec application et adresse. J'ai aimé aussi prendre mon temps pour connaître chaque personnage, pour me familiariser avec leur environnement, pour entrer en empathie avec leur parcours et les suivre face aux adversités.
Généralement méfiante à l'égard des buzz littéraires, j'ai trouvé que celui-ci mettait, à juste titre, en valeur un roman touchant, mais pas larmoyant, qui parle des femmes et des combats à mener à travers le monde. On brasse ainsi un patchwork d'émotions, de cultures, de coutumes, de croyances, de rêves et d'ambitions. À sa façon, simple et pudique, le roman réussit un joli tour de passe-passe en nous embarquant du début à la fin dans cette histoire de tresse, véritable trait d'union entre ces trois femmes, liées également par le courage, le désir de liberté et l'abnégation. Très, très bon ! 

Grande justesse dans l'interprétation de Rebecca Marder et Estelle Vincent. L'auteur également lit les interludes avant de répondre à un entretien avec l'équipe Audiolib. Un format toujours judicieux et une prestation réussie.

©2017 Éditions Grasset & Fasquelle (P)2017 Audiolib

Lu par : Laëtitia ColombaniRebecca MarderEstelle Vincent

Durée: env. 5 heures

NB : Figure parmi les dix titres sélectionnés pour le Prix Audiolib 2018 !

 

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