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Chez Clarabel
2 août 2016

Aimer trois fois par jour, de Fausto Brizzi

AIMER TROIS FOIS PAR JOUR

Diego Anastasi est au bout du rouleau. Quadragénaire divorcé, père de deux enfants, il sent la lassitude le gagner au boulot, dans son quotidien ou pendant les fêtes de Noël, qu'il passe seul dans son coin, à regarder Mary Poppins avec son chien.
Diego tente d'alerter ses proches qu'il va mal, mais chacun est pris dans sa propre routine et traite ses complaintes à la légère. Après une tentative de suicide loupée, il se rend donc chez un thérapeute à tête de castor et déballe son sac en soutenant mordicus qu'il souffre de dépression.
Et puis, un jour, il découvre en chemin un bar créé par un policier à la retraite, qui propose aux plus désœuvrés un brin de causette autour d'une tasse de thé. Diego s'y installe et comprend que son destin est en marche !
Il goûte alors à une thérapie d'un genre nouveau, discuter, boire du thé, cuisiner, dresser des listes, prendre conscience du bonheur à apporter aux autres, se donner des objectifs, partir en mission.
Avec l'aide de ses deux nouveaux amis, Giannandrea et Massimiliano, Diego veut rendre ses proches heureux : que ses meilleurs amis se remettent en couple, que son fils sorte de sa bulle, que son ami d'enfance exploite sa fibre artistique, que son ex-femme lui pardonne, que son amie de cœur trouve enfin l'âme sœur... 
Il va ainsi se lancer dans des plans pas possibles, qui vont souvent donner lieu à des situations cocasses, farfelues et improbables, lesquelles vont naturellement apporter une couleur savoureuse à l'histoire ! 
Car il fallait oser se lancer dans un roman sur la dépression, sans craindre de sombrer dans le désespoir. Fausto Brizzi a contourné les pièges en concoctant une lecture généreuse et débordante d'espoir. Il y a du vrai à ce sujet, du touchant, du concret, de l'émotion et des questions, mais surtout il y a de l'humour, de la dérision, du revival et de la culture pop.
J'y ai trouvé ma dose homéopathique pour me sentir guillerette ! À prescrire sans retenue, à déguster sans modération. ♥

Traduit de l'italien par Jean-Luc Defromont (Se mi vuoi bene) pour Fleuve éditions, mai 2016

 

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3 mai 2009

Un été à la mer ~ Giuseppe Culicchia

« leisure-time ? qu'est-ce que ça veut dire ? »

unetealamer

C'est l'histoire d'un couple en voyage de noces en Sicile, à Marsala. Luca, quarante ans, y a passé toute son enfance et son adolescence, il y retourne pour la première fois, sur l'insistance de sa jeune épouse, Benedetta, trente ans. C'est l'été, au bord de la mer, il fait très chaud. Et de quoi parle notre couple ? De tout : l'amour dure-t-il toujours, la canicule jamais vue depuis cent cinquante ans, la coupe du monde de foot en Allemagne, l'envie d'avoir un bébé à tout prix, les cheveux qui tombent sur la nuque, les pâtes aux oursins, la lumière verte et la lumière rouge du test tous les matins.

C'est loin d'être un roman de plage, où l'on papote bouche en coeur de l'avenir du couple et de l'amour qu'on rêve éternel. Promis, juré, ce n'est pas ça du tout ! C'est cynique, absurde, amer et nostalgique. Luca retrouve son premier amour, Katja. Elle a une fille de dix-sept ans, qui se promène les seins nus sur la plage. Benedetta pique sa petite crise de jalousie, Luca préfère se cacher derrière son journal ou sa paire de lunettes noires, il se plonge dans sa revue de presse quotidienne, il répond aux coups de fil de sa mère, il refuse de parler du passé. C'est beaucoup pour un seul homme !

Benedetta, de son côté, est obsédée par son envie de tomber enceinte, elle est superficielle, immature et matérialiste. Son bébé, elle le fait presque pour copier sa copine Tarita, qu'elle déteste ! Luca est un paranoïco-hypocondriaque (un mal de tête se transforme en tumeur au cerveau !), il n'a pas l'air dans son assiette, ce retour aux sources lui plombe le moral, et il croise les doigts pour que l'Italie ne gagne pas la Coupe ! Voilà le tableau.

Ce roman, je voulais l'aimer, je voulais même l'aimer très fort, et finalement j'ai d'abord été déçue. Au lieu d'abandonner trop vite, j'ai attendu une semaine avant de m'y replonger. Bien m'en a pris car la deuxième tentative fut la bonne. J'ai réappris à l'apprécier et à sourire aux propos absurdes que s'échange le couple, au bord de la névrose, reconnaissons-le. Car sous la douceur de vivre italienne, le soleil et la mer en décor, il y a un volcan qui s'éveille, des crispations en gestation, des silences, des rancoeurs, des actes manqués, des obsessions, et de la bêtise (beaucoup de bêtise). Ce troisième roman de Giuseppe Culicchia est l'anti-roman de plage par excellence !
A découvrir avec des yeux hallucinés.

Albin Michel, 2009 - 222 pages - 15€
traduit de l'italien par Françoise Brun

19 janvier 2009

Pendant le reste du voyage, j'ai tiré sur les Indiens - Fabio Geda

Emil Constantin Sabau, treize ans, 1 mètre 58, réfugié roumain installé à Turin chez la nouvelle petite copine de son père, doit retrouver son fantasque grand-père, artiste de rue, qui sillonne l'Europe avec sa troupe. Sa situation est critique, il vient de mettre ko son bon samaritain (l'Architecte), son père a été rapatrié en Roumanie, mais s'est fait jeter en prison à cause d'un faux passeport. Sa mère est morte quand il avait onze ans. Emil est donc seul.
On se croirait bientôt dans Rémi Sans Famille, mais heureusement c'est beaucoup plus gai !

Emil va croiser en chemin Asia et quelques amis qui roulent à bord d'un volkswagen caravelle bleu marine pour Berlin. Une aubaine. Il va les suivre dans un squat, chercher son grand-père d'après les indices assez vagues qu'il peut trouver dans ses lettres, et connaître encore d'incroyables aventures. Mais toujours Emil nous raconte son périple sans atermoiement, sans complaisance. Il en est loin. Lui se sent dans la peau de son héros de bande dessinée (Tex), il pense winchester et cavalcade dans le désert aride. Il ne se voile pas la face, mais il préfère se donner du courage comme il peut.
Et on le comprend. Son périple est étonnant, on le vit à ses côtés en partageant ses émotions. C'est le couplet du stress, de l'impatience, de la curiosité, de l'angoisse etc. Toutefois c'est aussi d'un optimisme infaillible. Le jeune garçon a une bonne étoile au-dessus de la tête, il n'est pas avare de belles rencontres époustouflantes. Sans cesse opportunes.

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J'ai trouvé ce roman formidable ! Il est frais, tonique, bourré d'une imagination débordante. Ce n'est jamais tristounet, jamais sinistre ou déprimant. Et pourtant c'était facile de tomber dans la morosité, un adolescent tout seul sur les routes d'Europe, à chercher une aiguille dans une meule de foin. Mazette ! Cela tient du prodige de nous tirer d'aussi beaux sourires plutôt que les larmes. Rien que pour ça, je tire mon chapeau.
Et puis quelle tendresse aussi. Emil est un gamin attachant, on le sait, d'autres aussi le sentent car il attire bien souvent que du bon autour de lui. Cela se résume dans ce passage :
« - C'est toujours bien de trouver quelqu'un.
- C'est vrai.
- Parce que si on est tout seul, on n'a personne pour nous donner la becquée.
»

Ce livre me fait penser, encore et toujours, qu'ensemble c'est tout. Oui, vraiment. J'ai découvert ce roman par un pur hasard, j'en suis tombée amoureuse, oui !!! Et pas seulement du titre. Que j'aime beaucoup. C'est normal, c'est un tout !

Gaïa, 2009 - 272 pages - 21€
traduit de l'italien par Augusta Nechtschein
 

« Grand-père Viorel dit que parfois, il est possible de tomber amoureux d'un mot qu'on a jamais entendu auparavant, un mot nouveau, et que d'un seul coup on commence à l'entendre partout et à s'en servir en permanence. A tel point qu'on peut se demander comment on avait fait pour vivre jusque-là sans le connaître. »

14 janvier 2007

Mal de pierres - Milena Agus

mal_de_pierresLa narratrice nous raconte une histoire passionnante de sa saga familiale, à petite échelle, dans l'île de la Sardaigne où tout commence avec le mariage de sa grand-mère, bien malheureuse d'être à 30 ans toujours célibataire et repoussée par ses soupirants, qui conclue donc par dépit son alliance avec un type arrivé chez ses parents (trop heureux de marier cette fille impossible). Pourquoi, impossible ? Car la grand-mère est une femme très belle, mais elle traîne une réputation d'allumée qui écrit des poèmes olé-olé à ses amoureux. Pour fuir la honte sur la famille, la grand-mère est donc mariée à ce veuf qu'elle n'aime pas, mais lui non plus ne l'aime pas, il accepte d'ailleurs la chasteté et court se soulager dans les maisons closes. Jusqu'à ce que la grand-mère réagisse, à le voir fumer sa pipe tranquillement, un soir, dans la cuisine ...

Il y a aussi ce voyage en cure thermale à l'automne 1950 sur le continent où la grand-mère, âgée de 40 ans, rencontre le Rescapé, un individu marqué aussi par les coups du destin, et entre eux va naître une belle histoire d'amour qui marquera à jamais la grand-mère. La vie de cette grand-mère est ainsi racontée en pointillés par la petite-fille, qui rapporte le témoignage des uns et des autres, puisant sur son instinct et l'amour qu'elle nourrissait pour cette femme mystérieuse, qu'on croyait un peu folle. Jusqu'à la dernière page, le lecteur n'aura de cesse d'attendre le gong de la sentence finale, "sait-on jamais tout de quelqu'un, aussi proche soit-il". L'amour devient une entité presque maladive, une folie héréditaire et une résolution qui s'approche parfois de la malédiction. Ce roman de l'italienne Milena Agus est étourdissant, il raconte une histoire fascinante, avec des personnages extraordinaires, qu'on quitte à regret. C'est une lecture sensible, à l'aura troublant, qu'on lit avec émerveillement sur quelques 120 pages.

Liana Levi

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