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Chez Clarabel
17 octobre 2016

Le Dompteur de lions, de Camilla Läckberg

LE DOMPTEUR DE LIONS

S'agissant déjà du 9ème tome de la série, ce roman de Camilla Läckberg ne crée plus la surprise et se contente de renouer des retrouvailles en bonne et due forme avec un ensemble déjà calibré (le couple Hedström, le commissariat de Tanumshede, les multiples conjectures familiales, sans oublier la ville de Fjällbacka). On se sent en territoire familier et ça a du bon aussi.  

Patrik et ses collègues enquêtent donc sur la disparition d'une adolescente, dont on vient de retrouver le corps fauché par une voiture, en notant les nombreux sévices subis, dont les yeux brûlés à l'acide. Cette découverte est pétrifiante et mine le moral des troupes. Les camarades de la jeune victime, qui fréquentent toutes le même centre équestre, sont effondrées. De plus, une psychose gagne les parents dès que leur progéniture disparaît du radar à la moindre seconde. Serial killer ou pas, la police veille au grain.
De son côté, Erica travaille sur son nouveau bouquin traitant d'une affaire survenue trente ans plus tôt, où une fillette aurait été martyrisée au sein de son foyer, battue par son père, avec la complicité de sa mère. Emprisonnée, celle-ci a toujours refusé de s'exprimer sur les circonstances du drame, mais fait une entorse pour Erica, qui a obtenu l'autorisation de la rencontrer pour recueillir ses premières confidences timides. Drôle de personnage, se dit l'écrivain qui s'interroge sur son crime et son absence d'émotions, et qui l'interpelle aussi dans son rôle de mère. Elle-même se débat avec son quotidien, ses mômes intenables, son boulot, son mari, sa sœur, sa belle-mère... Un tourbillon incessant, au centre duquel on perd vite pied. Et pourtant... Erica a besoin de creuser pour approfondir son sujet, et quoi de mieux pour s'aérer l'esprit que de fouiner dans les dossiers de son cher époux ! ? ^-^
Eh oui. On en revient toujours au même problème : Erica la mêle-tout. Même Camilla Läckberg se moque de son vice, tout en l'excusant, et la compare de façon éhontée aux fières tricoteuses des romans anglais ! Ah, ah. On devine sans peine. Et c'est comme ça qu'on recoupe tous les petits morceaux du puzzle. La façon dont l'auteur bricole ses intrigues n'est plus surprenante, mais c'est difficile de lui en vouloir. Ses lecteurs sont au rendez-vous et s'en satisfont. J'avoue faire partie du lot, même si les mignardises domestiques ont tendance à m'exaspérer (oh, Anna... encore et toujours, la 8ème plaie d'Egypte à elle seule). Mais j'aime l'ambiance générale, à la suédoise, qui est agréable et pleine de charme. Cela a aussi un côté rassurant. Le fond de l'histoire n'est pourtant guère lénifiant, puisqu'il questionne le lecteur sur l'instinct maternel et son droit à ne pas en être. La trame romanesque est profonde, poignante et sombre, au-delà de la façade affichée de déculpabiliser les mamans débordées ou qui ont le sentiment de négliger leurs enfants. Un roman davantage féminin que féministe.

Par contre, côté technique, Jean-Christophe Lebert, l'interprète pour Audiolib, est fâché après les adolescentes. Sa manière de singer leurs voix et de gérer leurs crises ne les rend franchement pas sympathiques. L'écoute en souffre un peu, sans en pâtir complètement, l'interprétation des voix féminines demeurant un problème récurrent chez ce comédien. ^-^

 Texte lu par Jean-Christophe Lebert pour Audiolib (durée :  13h 12) Août 2016

Traduit par Lena Grumbach pour les éditions Actes Sud

le dompteur de lions

 

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13 octobre 2016

Bleu Blanc Sang : Tome 1, de Bertrand Puard

Bleu Blanc Sang Tome 1En voilà une excellente surprise ! Ce roman, premier tome d'une trilogie soit-disante tricolore, nous propulse dans les arcanes du pouvoir politique et du marché de l'art à travers une intrigue de haute volée et savamment concoctée.
Celle-ci nous conduit d'abord aux funérailles du président de la République, Jean-Baptiste Tourre, au cours desquelles son frère Patrice lui rend un vibrant hommage avant de reprendre les rênes du pouvoir quelques mois plus tard. La situation en Europe est de nouveau tendue, après l'annonce du gouvernement italien qui a déclaré faillite, une énième crise majeure est redoutée et sème déjà la panique sur les marchés boursiers.
Mais ces derniers sont également secoués depuis une récente vente aux enchères à New York où un tableau de Justine Latour-Maupaz a atteint une somme vertigineuse et impensable pour cette artiste méconnue du XVIIIe siècle. Son unique prouesse, jusqu'alors, consistait à avoir produit douze tableaux narrant les grands épisodes de la Révolution. Depuis, les douze œuvres sont disputées sur les marchés, au prix des plus folles tractations.
Et au milieu de cette frénésie financière, on croise Eva Brunante, fille du plus grand spécialiste de J. Latour-Maupaz qui vient de disparaître avec son épouse. Eva et sa demi-sœur Tiphaine ne savent plus où donner de la tête et sont prises en charge par un groupuscule anarchiste qui prétend vouloir les aider dans leurs recherches.
Ayé. Tout est en place. Des clans se forment, des familles se déchirent, des complots chuchotent, des vengeances ourdissent. Petit à petit, la trame tisse sa toile et incorpore des éléments intriqués les uns aux autres, mais dont on découvre uniquement l'ampleur au fil des pages. Et c'est tout bonnement stupéfiant ! Une intrigue arachnéenne au service d'une lecture captivante. Miam ! J'ai beaucoup apprécié le rythme et la dynamique du récit, ses nombreuses ramifications et sa palette de personnages aux liens étroitement liés. On y découvre, en gros, une guerre de pouvoir et d'usure, de la tromperie sous le capot, des forces obscures prêtes à tout et des vilains coups bas pas beaux du tout. Mystère et boule de gomme, comme qui dirait. ^-^
Et comme la suite vient de paraître simultanément, en avant pour parachever cette enquête mouvementée et drôlement emberlificotée ! 

Hachette Romans, octobre 2016

La trilogie Bleu Blanc Sang - Tome 2 - Blanc  La trilogie Bleu Blanc Sang - Tome 3 - Sang

12 octobre 2016

Vendredi 13, de David Goodis

Vendredi 13Ce roman a tout d'une farce, bien crapuleuse, avec un pauvre type qui se glisse dans la peau d'un truand pour sauver la mise et participer au soit-disant braquage du siècle dans la nuit d'un vendredi 13. Un détail forcément prémonitoire. 
Et quel pied. J'ai tout de suite été interpellée par le cynisme du personnage central, Al Hart, qu'on croise en train d'errer dans les rues de Philadelphie, transi de froid, puis entrer dans une boutique pour voler un pardessus. Courant à toutes jambes pour échapper à la police, il va surprendre des coups de feu et tomber sur le corps d'un homme mourant, auquel il chipe le portefeuille rempli d'oseille avant de le planquer dans les fourrés et se livrer à ses poursuivants. L'entrée en matière est complètement dingue mais ne déroge pas aux règles du roman noir. Car c'est sanglant, violent et immoral. 
Face à Al, Charley et ses acolytes constituent une bande de malfrats peu commodes et néanmoins nigauds. Ils gobent l'histoire de meurtre que leur raconte Hart et l'adoptent comme l'un des leurs. Enfin, cela n'est pas aussi lisse et acquis car les gars se méfient de cette petite frappe et lui en font baver. Ces malfaiteurs sont en train de préparer leur prochain casse dans une grande propriété privée et glandouillent dans un appartement en jouant au poker. Hart fait profil bas, se fond dans le décor, répond aux jeux de séduction de Freida, la copine de Charley, et se tient à distance de Myrna, qui ne se console pas de la mort de son mec, par la faute de Hart (des mauvais coups filés dans le ventre et des blessures insoupçonnées). 
C'est assez proche de la comédie dramatique, sur fond d'humour noir, avec une vision charitable de la petite racaille. Ce sont tous de pauvres bougres paumés et coincés dans une vie de misère, qu'ils tentent d'enjoliver par leurs piètres moyens. Il y a du désespoir derrière leurs mines patibulaires, lequel va éclabousser les pages du livre par l'irruption du parasite Hart. Ce gars est un imposteur, on le sait, mais c'est sa seule porte de secours. Prétendre un rôle qu'il n'est pas. Lui aussi a son histoire tragique et déprimante qu'il fuit comme un dératé. Le destin l'a fait croiser Charley et sa bande, le reste appartient à David Goodis. 
Remis à l'honneur avec une traduction révisée et une présentation par Laurent Guillaume (auteur de 
Delta Charlie Delta & Black cocaïne), ce polar culte vaut clairement le détour. C'est loin des chimères et de la sensibilité naïve et romanesque. Et pourtant cette lecture a su me scotcher et me charmer. Une découverte inattendue et réjouissante.

Trad. de l'anglais par François Gromaire et révisé par Isabelle Stoïanov

Nouvelle édition présentée par Laurent Guillaume en 2016

Collection Folio policier (n° 279)

Parution : Septembre 2016

12 octobre 2016

Satan était un ange, de Karine Giébel

Satan etait un angeAvec Karine Giébel, les livres se suivent et ne se ressemblent pas. Mes appréciations de lectrice non plus, hélas. Car cette lecture a été une énorme déception. Ni plus ni moins.
C'est l'histoire d'un gars en fuite, François, un avocat en pleine déprime après avoir appris qu'il était atteint d'une maladie incurable. Par fierté, il choisit de prendre le large, loin de son foyer, ne voulant pas imposer à sa femme sa prochaine déchéance. En route, il croise un jeune autostoppeur.
Paul rentre chez lui à Marseille. C'est un môme charismatique, et pourtant pas très honnête. Car François découvre vite que le garçon est un délinquant recherché pour meurtres et trafic de drogue. Cette réalité le fait sortir de ses gonds, d'autant plus qu'il est maintenant embarqué dans la même cavale, avec une bande de tueurs à leurs trousses. Et malgré tout, François se sent incapable de tourner le dos à Paul. 
Entre ces deux-là, existe désormais une relation semblable à celle d'un père et d'un fils. En dépit des disputes, des mensonges, des écarts sociaux et des différences culturelles, François et Paul ont extirpé de leur rencontre incongrue cette petite étincelle d'espérance en l'avenir. 
Ouhlàlà. J'ai vérifié plusieurs fois le nom de l'auteur sur le bouquin tant j'ai cru halluciner. On est loin, très loin des histoires poignantes et remarquables de K. Giébel. Il s'agit tout juste d'une histoire de traque semée de cadavres, qui ne conduit même pas à un final bluffant. C'est même surprenant de conformisme, gonflé de bons sentiments et louable pour la forme (à vouloir dénoncer le marché honteux des déchets nucléaires). C'est pour moi une franche déception. Une lecture longue et ennuyeuse, écrite de façon trop maniérée, et qu'on lit comme une éternelle errance vers le vide. 

Texte lu par François Tavares pour Audible FR (durée : 8h 19)

©2014 Univers Poche (P)2016 Audible FR

Satan était un ange | Livre audio

>> Ce livre audio en version intégrale est proposé en exclusivité par Audible et est uniquement disponible en téléchargement.

5 octobre 2016

L'Inconnu du pont Notre-Dame, de Jean-François Parot

L'inconnu du pont Notre-Dame

1786. Alors que le royaume s'agite autour du procès de l'affaire du collier, Nicolas Le Floch est envoyé en tant qu'émissaire à Rome pour rencontrer le pape Pie VI, puis rentre à Paris pour être aussitôt convoqué auprès de son ancien chef, Le Noir, désormais directeur de la Bibliothèque du roi. Celui-ci s'inquiète de la récente disparition de son conservateur au cabinet des médailles, le dénommé Halluin, pourtant un employé discret et zélé, mais autour duquel flotte aussi un vent de mystère. En fouillant son logement, Le Floch remarque, au vu des artifices trouvés dans son armoire, que les mœurs de l'homme seraient pour le moins particulières, mais qu'il détenait chez lui des contrefaçons de médailles tirées de la collection royale. Une enquête s'impose !
Paris, à la même heure, est en plein tohu-bohu autour du quartier du pont Notre-Dame. Les maisons sont rasées, le cimetière des Innocents déplacé. C'est une vraie pétaudière et la population s'agace. Forcément, au milieu du chantier, surgit le corps défiguré d'un homme. Et des conclusions s'imposent - serait-ce donc là l'insaisissable Halluin ? 
Notre commissaire aux affaires extraordinaires au Châtelet est bien en peine. Une autre affaire vient également le chatouiller sur le plan personnel. Lors d'une réception donnée par l'a
mbassadeur anglais, de passage à Paris, Nicolas rencontre son vieil ennemi, Lord Aschbury, ainsi que Lord Charwel et sa charmante épouse, la délicieuse Antoinette, qui n'est autre que son ancienne maîtresse et la mère de son fils Louis de Ranreuil. Cette dernière, espionne à la solde du roi Louis XVI, est infiltrée chez l'ennemi et doit demeurer aussi lisse et inexpressive que du marbre. Seulement Sartine s'en mêle et mande le jeune Ranreuil de servir de garde rapprochée à la lady, durant son séjour parisien. Bonjour la petite réunion familiale au sommet ! ^-^
Mais la politique reprend ses droits, et la menace gronde. La vie du roi est effectivement en danger, alors qu'il parcourt la campagne normande et se délecte de la liesse populaire, un complot digne d'un roman de Dumas voit le jour. Notre vaillant Nicolas va alors se jeter à corps perdu pour déjouer les plans machiavéliques des espions anglais. 

C'est un tome foncièrement palpitant, qui renoue avec les grands classiques aux intrigues enflammées, avec des figures aussi aimables et sympathiques que notre commissaire, son subordonné et ami, l'inspecteur Bourdeau, sans oublier le vieux Noblecourt, dont la santé est de plus en plus fragile, Catherine, la cuisinière alsacienne et la belle Aimée d'Arranet, qui boude dans son coin. C'est tout un univers familier qu'on retrouve avec grand plaisir. La lecture est également élégante, habile et instructive à brasser de judicieuses références historiques à une trame romanesque riche et enlevée. L'auteur lève le voile sur les origines de Le Floch, dresse aussi un portrait bienveillant de Louis XVI, un roi économe et précautionneux, qui détestait les jeux d'argent, et plante un Paris au bord de l'implosion avec les fumets de la révolution à l'horizon. D'ailleurs, on se régale toujours autant autour de la table de JF Parot ! Les descriptions abondent, les plats redoublent d'exotisme ou encensent le terroir, c'est goûteux et ça vous met l'eau à la bouche... Bref. Cette série est incontestablement savoureuse au sens propre et au sens large du terme. À découvrir sans attendre. 

10x18 Grands Détectives / Octobre 2016

Texte lu par François d'Aubigny (durée : 10h 51) pour Audiolib - Février 2016

L'Inconnu du pont Notre-Dame

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4 octobre 2016

La Blonde aux yeux noirs, de Benjamin Black

La Blonde aux yeux noirsLe mythe Marlowe reprend vie sous la plume de Benjamin Black (alias John Banville, Booker Prize 2005 pour La Mer) qui goupille une enquête inédite dans laquelle ce cher Philip M. déploie son talent et sa gouaille pour conquérir son public orphelin. Le pari était osé, mais le défi pleinement assumé. Et j'ai personnellement apprécié ce revival du roman noir hardboiled.
Tout commence un mardi, “un de ces après-midi d'été où on se demande si la terre n'a pas cessé de tourner”. Notre détective désabusé reçoit la visite d'une blonde fatale qui l'engage pour retrouver, en toute discrétion, un certain Nico Peterson, son amant officiellement disparu dans un accident de voiture deux mois plus tôt. Or, elle est certaine de l'avoir croisé bien vivant en train de marcher dans la rue et entend refiler la patate chaude à Marlowe. Celui-ci accepte parce que la cliente est belle et distinguée - Clare Cavendish appartient à une riche famille de Californie, l'argent n'étant pas une finalité pour notre ami, celui-ci est davantage captivé par les “atouts” de la blonde aux yeux noirs. 
Car Marlowe ronchonne dans sa barbe. L'affaire paraît déjà fumeuse et ne va pas manquer de le plonger dans des arcanes improbables mêlant club privé, mauvaises combines à deux balles, trafics de drogue, usurpation d'identité, mensonges et autres félonies. Cela sent la duperie à plein nez, et Marlowe va mordre la poussière.
Cette enquête éreintante applique cependant toutes les lignes du cahier des charges - la clope, la gnôle et les torgnoles - dans une ambiance clairement saturée d'amertume et de macchabées. Mais les répliques sont mordantes à souhait, l'humour est dégainé à tire-larigot et la stylistique ciselée à la mode des années 50. Un bouquin qui nous sort un “oh pétard” en guise de protestation, moi je dis banco.

Traduit par Michèle Albaret-Maatsch (The Black-Eyed Blonde) pour les éditions Robert Laffont

Repris chez 10/18 - Février 2016

4 octobre 2016

Un tueur sous la pluie, de Raymond Chandler

Un tueur sous la pluieDans ce recueil de trois nouvelles, dans lesquelles la figure du détective privé joue un rôle prépondérant, ce sont aussi trois enquêtes rigoureuses et brutes de décoffrage que l'on parcourt avec un certain effarement.
Ce sont globalement des œuvres mineures de Chandler, écrites au cours d'une “période d'apprentissage” et publiées dans le magazine Black Mask dans les années 30. Leurs valeurs littéraires sonnent passablement correctes, mais affichent néanmoins la marque de fabrique de l'auteur : situations dramatiques, rebondissements et habiles ficelles, dialogues percutants, sarcasmes et propos orduriers, rythme rapide, fusillades à la pelle, accumulation de cadavres et des coups qui pleuvent en abondance. Bienvenue dans le véritable esprit du roman noir hardboiled.
Un tueur sous la pluie (Killer In The Rain - 1935) raconte une enquête peu glamour dans un milieu dépravé. Un père recrute un détective privé pour sauver sa fille de la débauche. Sa récente relation avec un libraire, qui pratique un commerce parallèle salace, met l'homme dans tous ses états. Le soir même, sous une pluie battante, le type se rend près du petit nid d'amour des deux amants, en pleine séance de photos olélé, lorsque celle-ci est soudainement interrompue par une fusillade. Hystérie collective. Le détective déboule dans la chambre, expédie la nana pompette chez elle, puis retourne sur les lieux du crime et constate l'absence de corps. 
La suite des festivités n'est guère réjouissante. Dealer de morphine, chantage, flic pourri, meurtre à crédit, macchabées, Colt et whisky, en plus de détails saugrenus, comme deux paires de mules en velours émeraude, des pastilles à la violette, un grand balaise qui sort de taule et cherche “la p'tite Beulah”, avec son pantalon aubergine, son veston grisâtre, ses souliers de daim, sa cravate jaune et un énorme œillet rouge à la boutonnière...  (Bay City Blues - 1938) et Déniche la fille (Try The Girl - 1937)
Cette édition présentée par Gunnar Staalesen est un condensé de l'univers de Chandler dans une version sans filtre et sans réserve, mais avec beaucoup de cynisme et d'humour acerbe. On ne nous apprend rien. Le seul détail pertinent serait que ces nouvelles ont plus tard constitué la matière première de romans plus élaborés comme Le Grand Sommeil, La Dame du lac et Adieu, ma jolie. 

Trad. de l'anglais (États-Unis) par Henri Robillot et révisé par Cyril Laumonier

Nouvelle édition présentée par Gunnar Staalesen en 2016

Collection Folio policier (n° 537)

27 septembre 2016

La Vérité sur Anna Klein, de Thomas H. Cook

la vérité sur anna

Pour avoir fortement apprécié Dernière conversation avec Lola Faye, je me faisais une joie de commencer cet autre titre de Thomas H. Cook brassant les thèmes d'espionnage, de duperie et de trahison sur fond de guerre. De plus, l'histoire se propose de nous entortiller à nouveau entre le présent (New York, 2001) et le passé (1939) alors que le narrateur, Thomas Danforth, se livre à une confession fleuve auprès d'un jeune homme attentif. Ce procédé avait préalablement su me régaler, tant il avait réussi à me tenir en haleine, à force de révélations et autres rebondissements étourdissants. Las, cette fois la recette n'a pas produit le miracle attendu et m'a un peu embrouillée avec une histoire longue et lassante.
En 1939, l'existence de Thomas Danforth est déjà gravée dans le marbre. Fiancé et héritier des affaires familiales, il est alors contacté par un ancien copain qui lui demande un service : prêter sa maison de campagne pour accueillir une jeune femme, afin de la préparer à une formation secrète pour servir un Projet d'envergure (assassiner Hitler). En rencontrant Anna Klein, Thomas est aussitôt troublé, charmé, prêt à tout quitter pour suivre ses camarades dans leur mission suicidaire. Sans surprise, le Projet va capoter et entraîner la mort de nombreux complices. Anna elle-même est portée disparue, après avoir été arrêtée et molestée par la Gestapo. Danforth refuse toute évidence et va se lancer dans une périlleuse enquête pour la retrouver. 
J'avoue avoir été séduite par les prémices de l'intrigue et emballée par la construction du roman. L'auteur a tissé un voile épais autour du personnage d'Anna Klein, la femme aux mille visages. Toutes les spéculations courent à son sujet, et le mythe s'installe. Mais l'émotion manque au compteur. À aucun moment, je n'ai été touchée par la pièce sentimentale jouée par le couple de Danforth et Anna K. ni fébrile quant au sort qui leur est destiné. On ne nous laisse guère dans l'expectative. Et lorsque survient le dénouement, je n'étais plus du tout surprise. En bref, la lecture a été longue et redondante. Elle a pêché par excès d'effets de style et échoué tristement à m'embarquer sur la distance. J'attends néanmoins le prochain titre avec impatience - Sur les hauteurs du mont Crève-Coeur, disponible en octobre. 

Texte lu par Marc Henri Boisse pour les éditions Sixtrid - Juin 2016 (durée : 11h 04)

Traduction de Philippe Loubat-Delranc pour les éditions Points Roman Noir 

La vérité sur Anna Klein

26 septembre 2016

Liaisons secrètes, de Patricia Wentworth

LIAISONS SECRÈTESQuel bonheur de retrouver ma bonne vieille copine Patricia Wentworth ! Je suis, à tous les coups, assurée de passer un bon moment de lecture : simple, dépaysant, vintage, captivant. J'adore.
Cette édition ne déroge pas à la règle et nous raconte l'histoire de Shirley Dale, une jeune femme sans le sou mais pleine de ressources. Installée à Londres, dans une petite chambre qu'elle loue à Mrs Camber, elle occupe également l'emploi de dame de compagnie chez Mrs. Huddleston, laquelle passe son temps à radoter, à se plaindre, à piquer du nez dans son fauteuil couvert de chintz, calée près du feu. Pourtant, un malheur va frapper cette rombière à qui l'on vient de voler une broche en diamants et une parure d'émeraudes. Tous les soupçons se portent sur Shirley, obligée de fuir sans demander son reste. Et la voilà qui débarque en pleine campagne, où ses ennuis ne sont pas finis pour autant !
Quelle incroyable rouerie que ce scénario ingénieux et aux rebondissements multiples. J'ai été franchement épatée par ce roman à suspense qui déploie ses ailes avec grâce et sans friser le ridicule. Tout est finement troussé, chaque pièce glissée sur l'échiquier dans un but précis. Patricia Wentworth a anticipé chaque sursaut et a piégé son lecteur dans cette course-poursuite effrénée. L'héroïne est à la fois attachante et écervelée, coincée dans une situation embarrassante, à propos de laquelle le lecteur n'est pas dupe, complice du crime en puissance.
Ce n'est pas non plus le défilé de la fanfare pour conduire au coup de théâtre final, toutefois cette lecture sait nous régaler de bonnes petites séquences d'une intensité dramatique palpitante ! J'ai été enchantée, complètement emportée dès les premières pages, plongée dans une autre époque, à croiser des personnages hauts en couleur (Jasper Wrenn ou Miss Maltby). Et reconnaissons que certaines péripéties sont stupéfiantes et inattendues. Bref. Du très bon dans le genre cozy mystery.

Traduit par Pascale Haas pour les Editions 10/18  (Juillet 2016)

Titre original : Hole and Corner 

23 septembre 2016

Agatha Christie, le chapitre disparu, de Brigitte Kernel

Agatha Christie, le chapitre disparu

Au cours de l'hiver 1926, déjà éprouvée par le décès de sa maman, Agatha Christie découvre la liaison de son mari Archie avec sa secrétaire et se sent trahie. L'écrivain s'effronde, n'envisage pas le divorce et quitte le domicile sur un coup de tête. Au volant de sa Morris Cowley, Agatha prévoit de se jeter dans l'étang de Silent Pool, mais le destin va en décider autrement. Agatha Christie va alors mettre en scène sa disparition avant de se planquer au Swan Hydropathic Hotel à Harrogate dans le Yorkshire. Pendant dix jours, l'épouse bafouée va changer son apparence et prétendre être Teresa Neele, une veuve sud-africaine, tandis que la presse se déchaîne en faisant les gros titres de la mystérieuse disparition de l'éminente Agatha Christie ! Assassinat ou kidnapping, les spéculations n'en finissent plus de pleuvoir. Le colonel Archibald Christie est sous les feux de la rampe, suspecté d'être un maillon de la chaîne, après la révélation de sa relation adultérine avec la jeune Nancy Neele. Quel scandale ! Mais Agatha n'exulte pas dans son coin. Repliée dans sa chambre d'hôtel, l'écrivain est au plus mal. Malheureuse, déboussolée, trompée, et malgré tout amoureuse, elle se console dans l'écriture d'un roman sentimental (Loin de vous ce printemps, qu'elle publiera sous le pseudonyme de Mary Westmacott). Elle prétend aussi souffrir de pertes de mémoire et anticipe déjà sa sortie de scène. Car le temps est compté, même si la reine du crime a humilié publiquement son mari et la police, elle a encore toutes les cartes en main et compte bien jouer son dernier atout ! 

Brigitte Kernel s'empare du chapitre V de l'autobiographie d'Agatha Christie, ce fameux chapitre V qui évoque sa disparition en décembre 1926, et au sujet duquel elle n'entend éclaircir aucun point. C'est le chapitre fantôme ! À partir de là, B. Kernel se glisse dans la peau d'Agatha pour reconstituer les heures sombres et dramatiques de son passage à vide. Le but n'est pas de crier victoire en tirant des conclusions personnelles, chacun est amène de juger si ce portrait de la romancière anglaise correspond à ses attentes. En ce qui me concerne, j'ai fortement apprécié l'idée, le subterfuge, la dérobade ! L'image d'Agatha est certes moins rigoureuse, femme fragile et borderline, avec un penchant pour le mélodrame. Toutefois, cette histoire qui mêle amour, vengeance et manipulation a fait d'Agatha Christie l'héroïne de sa plus belle énigme et peut se targuer d'être LE mystère qui ne sera jamais pleinement élucidé. Le reste n'est que littérature. Brigitte Kernel, en tant que romancière, s'est emparée du sujet avec beaucoup de tact et de classe. En tant qu'interprète, elle livre aussi une belle prestation et on reconnaît là son expérience de dame de la radio !  Très bon à lire, ou à écouter ! 

Texte lu par Brigitte Kernel - durée : 5h 13

©2016 Flammarion (P)2016 Le Livre Qui Parle

Agatha Christie, le chapitre disparu : La reine du crime a-t-elle été kidnappée ? | Livre audio

>> Livre audio disponible en exclusivité sur Audible (uniquement en téléchargement).

 

 

« Voilà, le livre est fini. J’ai posé le point final. Le titre : Une autobiographie. Je ne me sens pas très à l’aise. Mon éditeur va s’en rendre compte… Des pages manquent : ma disparition à l’hiver 1926. Pourtant, j’ai bien écrit ce chapitre. Des pages et des pages, presque un livre entier. Mon secret. Ma vie privée. Une semaine et demie qui n’appartient qu’à moi. »

 

 

 

 

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