Goat Mountain, de David Vann
Automne 1978, dans le nord de la Californie. Quatre hommes, dont l'un à peine sorti de l'enfance (le narrateur), se rendent sur les terres de Goat Mountain pour l’ouverture de la chasse. Pour ce môme de onze ans, c'est un baptême attendu avec impatience, lui qui a grandi avec les armes et dans la culture de la chasse, initié par son père, son grand-père ou Tom, l'ami de la famille. Pour la première fois, il va pouvoir abattre son propre gibier. Alors qu'ils parcourent les centaines d'hectares du ranch, les quatre hommes tombent sur un braconnier qu'ils observent depuis la lunette de leur fusil. Un excès de confiance. Un soupçon de complicité. Un semblant d'initiation. Et là, la maladresse, le tressaillement, le drame... Nos chasseurs émérites s'effondrent, de dépit, de stupeur, d'effroi. La partie de chasse vire au chaos. C'est le règlement de comptes. Le pétage de plomb. L'enfant qu'on accuse et qu'on accule. La famille qui se dresse. Cela vire au cauchemar. Et très franchement, David Vann y prend plaisir. Petits meurtres en famille. Ou comment vous désillusionner sur les liens du sang, sur l'éducation, sur le dialogue et le partage. Le vide sidéral. La lecture nous plonge alors dans un profond désarroi, auquel je n'arrive décidément pas à m'habituer (cf. Sukkwan Island qui m'a également déplu). Ceci ne remet pas en cause les qualités du roman, « sa prose poétique, précise et obsédante », simplement je reste hermétique à cet univers, trop rude, trop opaque, trop rudimentaire. La description des paysages, de la nature belle et sauvage, côtoie une violence latente dans ce qui s'apparente être un parcours initiatique conditionné aux instincts primitifs. L'histoire n'est pas très longue, racontée par un Eric Herson Macarel éloquent et efficace. Seulement, la perspective que donne l'auteur de l'humanité n'est clairement pas glorieuse et me laisse de plus en plus déconfite.
Sixtrid, juin 2015 ♦ Interprété par Eric Herson Macarel (Durée : 7h 42) ♦ Traduit par Laura Derajinski pour les éditions Gallmeister
Sukkwan Island, de David Vann
Un père et son fils s'installent dans une cabane en pleine nature, sur une île en Alaska, pour une année en tête à tête. Pêche, chasse, solitude constituent leur lot quotidien. Le garçon de 13 ans sombre vite dans l'amertume, gardant toutefois pour lui ses réflexions acerbes. Il ne veut pas décevoir son père, déjà aux abois, désespéré d'avoir loupé sa vie (carrière en berne et relation amoureuse désastreuse). Le temps passe, et puis ça dérape... Ai-je été surprise par la tournure du récit ? Non. Par contre, j'ai craint le pire pour la suite de l'aventure, soudain beaucoup plus corsée, longue et désespérante. Bref, imbuvable.
Si j'ai été sensible à la mélancolie du début, j'ai complètement sombré dans l'ennui dès la deuxième partie de l'histoire, centrée sur le père. Je n'en pouvais plus de supporter un type aussi lâche ! Brrr... j'avais hâte d'être à la fin. Heureusement la lecture ne durait que 5 heures, portée par l'interprétation toujours vaillante de Thierry Janssen, qui rend encore plus maléfique l'esprit retors du bouquin.
Audiolib, juillet 2010 ♦ texte intégral lu par Thierry Janssen (durée : 5h 36) ♦ traduit par Laura Derajinski pour les éditions Gallmeister