Brume de chaleur - Chuck Logan
Par un mois de juillet caniculaire à Stillwater, Minnesota, le corps d'un prêtre est retrouvé assassiné dans son confessionnal. Ce crime porte la marque du vengeur masqué surnommé Le Saint. La police soupçonne l'un des leurs, Harry Cantrell, d'être ce redresseur de torts qui remporte un succès populaire en zigouillant tous les types suspectés de pédophilie dans le comté. Le shérif fait alors appel à Phil Broker, un ex-flic spécialisé dans les missions d'infiltration, pour approcher Harry, lui tirer des informations sur le Saint avant de l'envoyer en cure de désintoxication.
Car Harry et Broker sont de vieux camarades mais la mort de Diane Cantrell a brisé cette amitié, l'un accusant l'autre d'être responsable du crime affreux qui a coûté la vie de l'épouse. Depuis Harry a plongé dans l'alcool, son comportement a sombré en conséquence.
L'intrigue du roman prend alors plusieurs pistes. Il y a d'un côté cette chasse à l'homme entre Broker et l'ancien ami, une quête vicieuse et chaloupée où Harry se montre plus vif et malin que son alter ego. Puis vient l'enquête sur l'identité du Saint, plus ou moins liée à la recherche précédente, car Broker soupçonne Harry de détenir des pièces cruciales au puzzle sanglant. Ceci menant inévitablement aux scènes des crimes commis sans état d'âme, dans la peau du tueur qui piste ses proies et brouille l'enquête.
"Brume de chaleur", dans son cadre de petite ville languide et qui somnole sous la chaleur accablante, se veut finalement un roman plus opaque, plus lourd et définitivement plus noir. L'ambiance est sombre, l'écriture de Chuck Logan terriblement âpre et le problème soulevé fait froid dans le dos. Dans une Amérique blindée par son système judiciaire à double tranchant, la société tend à se réveiller vers une triste réalité : face à une violence croissante et à des crimes horribles, l'homme décide de plus en plus à faire justice lui-même.
Un roman plus noir que noir, en somme. Avec des personnages comme Phil Broker qu'on retrouve dans "Presque veuve", précédemment paru. Grande habileté dans l'intrigue, le suspense et l'exposition d'une peinture à la fois sinistre, réaliste mais jamais démoralisante.
Se lit d'une traite.
Editions du Masque - 356 pages. Traduit de l'américain par Aurélie Tronchet.
En des lieux désolés - Kay Mitchell
A Malminster, la gente féminine court un grave danger depuis qu'une série de meurtres frappe la communauté, s'en prenant à des jeunes filles rentrant seules le soir. Trois filles ont été surprises, la quatrième est retrouvée in extremis sur le pas de sa porte. Il s'agit de la fille aînée de l'inspecteur chef Morrissey !
C'est donc le deuxième titre que je lis de Kay Mitchell et le deuxième dans l'ordre de publication, après "Un si joli village". On y retrouve John Morrissey et son équipier Neil Barrett sur les sentiers sordides de cette enquête criminelle, aux trousses d'un serial-killer qui semble jouer avec les nerfs de l'inspecteur.
En plus de son habileté à mener son histoire, Kay Mitchell parvient à instaurer une ambiance de plus en plus attachante grâce à ses personnages. Morrissey est un homme marié, accaparé par son boulot, qui s'en veut d'oublier l'anniversaire de mariage alors que son épouse s'y est appliquée depuis des mois. Et Barrett est un cavaleur, un intrépide prêt à boucler toutes ses affaires (criminelles et sentimentales) en un tour de main. Sans cesse taquiné par son supérieur, Barrett doit se mordre l'intérieur de la joue pour ne pas exploser et s'appliquer dans son travail, surtout quand il essuie les foudres de son chef, excédé de ne pas être à la hauteur dans son propre foyer !
Bref, une enquête bien menée, un schéma classique, mais un suspect pas facile à appréhender (ni même à deviner pour le lecteur !), "En des lieux désolés" (référence au poème d'Eliott) est donc une lecture tout à fait indiquée pour se détendre et activer ses neurones au service de crimes exercés par un maniaque sexuel ! Jamais glauque ni morbide, ce policier est fort sympathique, et saupoudré avec un peu d'humour british !
A découvrir.
250 pages - Librairie des Champs-Elysées, coll. Labyrinthes. Traduit de l'anglais par Florence Vuarnesson. Titre vo: In stony places.
J'en profite pour tirer mon chapeau car les 4ème de couverture dans cette collection sont toujours très bien rédigées. Encore pour exemple : Pour un mannequin en quête de célébrité, figurer en page trois du Sun peut faire office de tremplin pour la gloire. N'est-ce pas sur cette célèbre planche que s'étale leur vérité... toute nue ? Mais les stars le savent bien, le vedettariat n'entraîne pas que des avantages. Gail Latimer, faisant fi des conseils de prudence de ses proches, a exposé ses charmes aux yeux de tous. C'est hélas à la seule vue du médecin légiste qu'elle dévoile son cou marbré de bleu. L'admirateur qui l'attendait dans le sous-bois près de son domicile a également étranglé deux autres jeunes femmes dont le plus grave défaut était sans doute une beauté... sans défauts.
Un si joli village - Kay Mitchell
Quatrième de couverture
Aux yeux du visiteur non averti, Little Henge ressemble à ces milliers de villages anglais bien tranquilles. Le pasteur y croise la postière, l'épicier salue ses clientes fidèles et tout ce petit monde semble destiné à couler des jours paisibles.
Mais au pub du village, les langues se délient plus souvent qu'à leur tour. Après quelques pintes, chacun livre avec satisfaction des informations sur la vie privée de son voisin.
Et c'est tout bénéfice pour les bavards quand un ragot salé agrémente la conversation.
Justement, un mari présumé fidèle vient d'être séduit par la femme fatale du village. Il n'en faut pas davantage pour secouer ce si joli village et conduire un de ses paisibles concitoyens au meurtre...
Voici un bien sympathique roman policier, bien ancré dans les clichés du petit village anglais, des commères, des notables irréprochables en apparence, et pourtant une série de meurtres va être commise, ébranlant sérieusement la sérennité de cette communauté.
Avec son intrigue bien ficelée, ses personnages affables et sa très jolie couverture, le roman de Kay Mitchell procure un agréable moment de lecture. Je ne connaissais pas du tout l'auteur et je ne sais pas non plus si ce titre s'inscrit dans une série, toutefois l'inspecteur principal Morrissey et son sergent Barrett forment une équipe qui gagne à être connue et retrouvée.
A suivre, donc. La lecture d'autres romans de Kay Mitchell coule de source.
Labyrinthes / Librairie des Champs-Elysées - 287 pages. Traduit de l'anglais par Isabelle Maillet.