La dernière enquête du chevalier Dupin - Fabrice Bourland
En seulement 116 pages, cet ouvrage est décrit par l'auteur comme un jeu littéraire et un jeu de l'esprit. C'est dans cette optique que je l'envisage, pas autrement ! Peut-on s'imaginer que la mort mystérieuse de Gérard de Nerval allait trouver sa réponse dans ces quelques feuillets ? Avant d'y répondre, j'aimerais que vous repreniez la lecture des Portes du sommeil du même Fabrice Bourland, où l'on découvre ses détectives de l'étrange, Singleton en tête, de passage à Paris pour une autre affaire criminelle, et qui ambitionnait de résoudre le mystère Nerval. Le poète français a été retrouvé pendu à un soupirail, rue de la Vieille-Lanterne, quatre-vingt ans plus tôt. Ses proches amis sont contre l'hypothèse d'un suicide, l'affaire serait plus confidentielle et dépasserait les limites de l'entendement.
Bon joueur, Bourland a choisi de griffonner un ouvrage à part pour l'énigme Nerval. Très bon choix de créer une mise en scène fidèle et époustouflante ! Pour faire simple, et sans trop dévoiler, on y trouve un bon ami narrateur, Randolph, et un fin limier qui ne compte plus ses exploits, le chevalier Dupin. A Paris, au milieu du 19ème siècle, nos deux compères vont enquêter sur la disparition du poète Nerval. La théorie rapportée est extravagante, mais l'histoire en elle-même est bien troussée, décrivant fidèlement une ville en pleine évolution, avec des personnages qui ne manquent ni de panache ni d'intelligence. On se laisse gagner par l'entrain, totalement transporté par ce voyage dans le temps. Et jusqu'à la dernière page, les révélations ne manquent pas et soulèvent un gentil sourire sur les lèvres du lecteur.
Agréable divertissement, et un joli hommage à la littérature en général (on y trouve, en plus des références, des clins d'oeil culottés mais pertinents). J'ai beaucoup aimé, bien évidemment.
10-18, 2009 - 116 pages - 6,60€
Du même auteur :
La chambre mortuaire - Jean Luc Bizien
Paris, 1888. La réputation de Simon Bloomberg est quelque peu traînée dans la boue car ses méthodes d'aliéniste dérangent. Ses confrères colportent les rumeurs les plus folles sur le propriétaire de l'hôtel particulier de la rue Mazarine. Sarah Englewood, jeune sujette britannique échouée en France, vient d'obtenir une place de gouvernante dans ce lieu austère, décoré de bibelots étranges et de trésors archéologiques. On trouve aussi des chimpanzés dans une cage, des couloirs à n'en plus finir, une architecture pyramidale et des employés fantomatiques, tantôt revêches ou teigneux, mais compatissants. Pourquoi ? Un vrai mystère plane sur cette maison, les gouvernantes défilent et le docteur Bloomberg est évasif sur sa femme Elzbiéta, une égyptologue qui brille par son absence.
Un soir, en lisant le journal, Sarah découvre l'affaire de la rue Dauphine - un homme s'est jeté du toit de son immeuble et s'est écrasé sur la voie publique, offrant un spectacle répugnant. Mais elle ignore que le cadavre, amené à la morgue, a mystérieusement disparu en pleine nuit. Cette anomalie fait perdre toute raison scientifique aux enquêteurs, Léonce Desnoyers et Raoul Mesnard, qui ne sont pas au bout de leurs surprises !
Ce roman tient toutes les promesses. En adoptant un ton feuilletonesque, Jean-Luc Bizien a redonné vie à un Paris très 19ème siècle, très coloré et très étrange par instants. Ambiance :
« Paris est un océan de goudron ce soir.
Au coeur des ténèbres, la Seine s'étire paresseusement, reptile ventru à la formidable musculature. En cette morne soirée, Paris ne vit plus, Paris s'est éteint. Quelques épaves, l'esprit engourdi par l'absinthe ou la drogue, hantent encore ses ruelles. Les plus chanceux atteindront leur domicile sans heurts. Les autres tomberont sous les coups des crocheteurs, ou seront happés par les roues d'un fiacre jaillissant de nulle part. Des chiens trop maigres les regardent passer. Leurs yeux chassieux s'interrogent un instant : faudra-t-il disputer le territoire, défendre les déchets trouvés sur les pavés luisants ? Mais déjà les danseurs de l'aube s'éloignent. Leurs pieds lourds battent le pavé. L'écho va s'amenuisant. Le calme et le silence retombent.
L'ombre est de nouveau maîtresse. »
Le couple Simon Bloomberg et Sarah Englewood offre également un joli cliché, l'homme paraît un peu rustre, on ne sait pas bien où est passée son épouse, et les nuits du docteur sont hantées par des cauchemars qui réveillent toute la maisonnée. Sarah est une jeune femme de toute beauté, curieuse et vive d'esprit. Elle s'émeut avec raison des faits bouleversants qu'elle découvre auprès de Bloomberg mais elle apprend vite, et elle n'est pas cette jouvencelle aux abois qui tomberait dans les pommes à force de côtoyer la cour des miracles de la rue Mazarine !
Un premier tome captivant, le suivant est annoncé pour début juillet.
10-18, 2009 - 430 pages - 8,60€
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A l’occasion de la sortie du livre de Jean-Luc Bizien “La chambre mortuaire” les éditions 10/18 ainsi que les sites Zonelivre et Plume libre vous offrent la possibilité de remporter l’un des 10 livres mis en jeu. Pour remporter l’un des dix livres mis en jeu, il vous suffit de répondre aux questions { Infos ici } avant le 05/03/2009 à 23:59:59 . Une question subsidiaire départagera les gagnants.
Rumeurs - Anna Godbersen
(version courte)
Deux mois ont passé depuis la mort accidentelle d'Elizabeth Holland, créant un choc et une vive émotion parmi ses proches et ses amis. Seules sa soeur cadette et son ancienne meilleure amie sont au courant de la supercherie - Lizzie s'est enfuie en Californie, rejoindre l'homme qu'elle aime. Penelope et Diana ne font pas que partager le même secret, elles sont toutes deux amoureuses de Henry Schoonmaker, le fiancé éploré. Hélas, celui-ci a choisi de retirer ses billes depuis la tragédie, se jugeant inconsolable. Les deux femmes sont à couteaux tirés, prêtes à tout pour reconquérir son coeur, quitte à dire toute la vérité.
Mais les rumeurs à New York vont bon train, les cancans deviennent une monnaie d'échange, il suffit d'un besoin d'argent ou d'une ambition dévorante pour basculer dans l'irréversible. Le retour de la disparue s'annonce prématuré et pourrait chambouler les jeux de l'amour et du hasard !
Même si cette lecture collectionne les clichés et le mauvais goût, elle n'en reste pas moins délectable et passionnante ! Personnellement j'aime beaucoup ! Cela se lit d'une traite, je trouve que l'intrigue, certes cousue de fil blanc, reste surprenante et très accrocheuse. Je suis impatiente de lire la suite !
Une suite est déjà parue aux USA : Envy.
Le quatrième et dernier volume paraît à l'automne : Splendor.
Albin Michel, 2009 - 460 pages - 17€
traduit de l'anglais (USA) par Alice Seelow
Rumeurs - Anna Godbersen
Le voilà !
... le roman qui annonce le retour des rebelles, cf. le premier roman d'Anna Godbersen, arborant encore une fois une couverture époustouflante... moi je rêve d'une robe pareille !!! ^__^
Plus sérieusement, reprenons les choses où nous les avions laissées.
L'histoire se passe donc dans la haute société de New York, nous sommes en 1899. L'annonce du décès accidentel de la très belle Lizzie Holland a créé émoi et choc chez ces jeunes gens de bonne famille. Deux mois ont passé et son fiancé Henry Schoonmaker affiche un deuil de circonstance - on murmure cependant que le jeune homme était épris d'une autre et avait plié à la demande de son père qui souhaitait s'allier à un grand nom new-yorkais pour sa carrière politique. Inversement, la famille Holland était en quête désespérée d'un bon parti pour compenser sa fortune envolée.
Le mariage n'a pas eu lieu, ce qui réjouit deux jeunes femmes en coulisses. On croise d'abord Penelope Hayes, délicieuse garce, ancienne meilleure amie de Lizzie et conquête parmi d'autres dans le tableau de chasse de Henry Schoonmaker. Puis on aperçoit Diana Holland, la soeur cadette de Lizzie. Effrontée, ravissante et complice, elle a senti son coeur battre la chamade lorsque le prétendant de sa soeur lui a déclaré n'aimer qu'elle et personne d'autre.
Mais les cartes ont été chamboulées, toutes les données inversées et nos trois pions sont mis échec et mat. Un détail a son importance, qui pourtant doit rester secret et confidentiel. Car Lizzie n'est pas morte. Elle a fui en Californie pour retrouver son grand amour, Will Keller, l'ancien cocher de la famille Holland. Une mésalliance, parfaitement inacceptable. Et nos deux ladies, Diana et Penelope, sont dans le secret des dieux. Elles pourraient jouer leur va-tout en révélant la précieuse information, afin de récupérer un Henry Schoonmaker qui se dérobe.
L'ancien coureur de jupons s'est effectivement racheté une conduite : mine mélancolique, regard éteint, ferme décision de renoncer à ses amours passées... Son coeur s'est fermé et il a annoncé clairement à Diana puis à Penelope qu'il fallait tirer un trait sur les jolies choses dites et promises. Mais nos deux tigresses ne l'acceptent pas. Car derrière les charmants minois, les coeurs se brisent ! Attention à la casse, méfiance avec les esprits jaloux et ambitieux !
L'intrigue dans ce deuxième opus s'annonce encore plus excitante. Un mélange de passion, de mensonges, de manipulations et j'en passe. Beaucoup de sentiments refoulés, aussi. Chacun doit se méfier du jugement des autres, lequel est impitoyable dans cette société, qui ne pardonne pas le moindre faux pas et qui n'oublie pas. On découvre une société portée sur les cancans, qui se monnaient d'ailleurs. Et que ne ferait pas une jeune écervelée contre quelques dollars pour sauver sa famille de la ruine ? Ajoutez que les rumeurs enflent et que les spéculations vont bon train, concernant la mystérieuse disparition d'Elizabeth. Diana ne supporte plus la pression et commet un acte de trop, en lançant un télégramme de détresse à sa soeur.
C'était à parier que Lizzie serait de retour à New York, sa petite vie plan-plan en Californie avait fini par la rendre nunuche et inintéressante (à mon goût). Cela va pimenter davantage les jeux de l'amour et du hasard !
>> Je n'ai aucune honte à aimer cette série ! Elle est pourtant truffée de balourdises, de clichés, de poncifs, écrite de façon gnan-gnan, du genre : « Dans la Cinquième Avenue, l'air était plus tiède qu'il ne l'avait imaginé, et les flocons étaient si fins et si doux qu'ils fondaient comme un brouillard sur son visage. » et je fais l'impasse sur les visages en forme de coeur, les teints d'albâtre et les tenues détaillées de la tête au pied. Cela pourrait être de mauvais goût et écoeurant à la longue. Que nenni. Je trouve l'histoire facile, prenante et bien ficelée. Le roman se lit à une vitesse incroyable, parce qu'on n'en démord pas une minute. Je me doute qu'au bout tout finira bien, mais en attendant je suis scotchée et je me demande ce que chaque page tournée peut nous réserver.
Une suite est déjà parue aux USA : Envy.
Le quatrième et dernier volume paraît à l'automne : Splendor.
Vivement !
Albin Michel, 2009 - 460 pages - 17€
traduit de l'anglais (USA) par Alice Seelow
Le Palais des Mirages - Hervé Jubert
Cette sublime couverture de Shelly Wan met en scène une petite fée qu'on n'hésite pas à associer à l'héroïne du roman, Clara Charpentier. Clara a quinze ans, c'est une reine de la voltige, qui manque un jour se rompre le cou au Palais des Mirages mais doit la vie sauve grâce à l'intervention d'un charmant ténor de la chorale d'Upsal, monsieur Lukas Sandström. Nous sommes en l'an de grâce 1900, la grande Exposition universelle vient d'ouvrir ses portes à Paris. Des milliers de visiteurs sont attendus, des stands tous plus excentriques et beaux les uns que les autres rivalisent de grandeur et d'ambition. Pourtant, la menace gronde et les risques d'attentats sont bien réels, puisque dans l'ombre des individus ourdissent un plan diabolique. Victime de sabotage, Clara prend les devants pour retrouver le suspect russe au crâne chauve et à la voix de castrat. Chemin faisant, elle recroise son chevalier servant, le suédois Lukas S., toujours galant mais un tantinet mystérieux, et hélas fuyant. Qu'importe. En dépit des règles de bienséance, Clara le poursuit sans relâche, elle l'invite même à rejoindre le Grenier des Poètes, qui n'est autre que l'appartement du grand-père carillonneur, Mérowak.
Véritable hymne aux rêves et aux mirages, aux spectacles de danse et de lumière, à la naissance du nouveau siècle, ce roman d'Hervé Jubert est une féerie, une fantasmagorie, une épopée rythmée dans un Paris qui revêt un costume splendide. Les descriptions de l'Expo font illusion et se parent de lumières étincelantes. Le spectacle est époustouflant ! De plus, l'aventure que va vivre Clara Charpentier, qui n'est pas sans rappeler une certaine Blanche Paichain, combine le policier au fantastique avec une symbiose parfaite. De toute façon, l'avancée dans ce monde est tour à tour étrange, unique et déroutante. Mais le charme opère, fatalement. La plume d'Hervé Jubert fait encore montre de virtuosité et touche en plein cœur la lectrice éblouie que je suis. Un vrai numéro de saltimbanque, qui tourbillonne et donne des étoiles dans les yeux. Magique ! Tout comme ce regard tendre et attachant avec lequel l'auteur croque ses personnages... comment ne pas succomber ? Un vrai régal !
Lecture brillante. A conseiller aux grands lecteurs.
Albin Michel, coll. Wiz, 2009 - 360 pages - 13,50€
le site de l'auteur : www.blanche-paichain.net
lire, relire, découvrir Blanche
un extrait pour s'en convaincre : « Ce que Clara avait été pour l'air, Loïe Fuller l'était pour le feu. Toutes deux étaient fées. Clara le comprit enfin.
On ne voyait le visage de Loïe qu'entre deux vagues ondulantes. Le corps était une flamme, une fleur, un papillon avant de redevenir cette boulotte souriante au nez fripon et à la fossette mutine. La danseuse avait inventé un mode d'expression qui transcendait l'âme humaine. Et pourtant, dans le civil, elle était si passe-partout... Pour la première fois, Clara sentit des picotements la saisir à la nuque lorsque le dernier mouvement, le plus étrange, celui qui se jouait dans la pénombre, s'acheva dans un silence stupéfait. »
Montmorency - Eleanor Updale
Présentation de l'éditeur
Dans la nuit londonienne en cette fin de XIXe siècle, une ombre surgit du réseau d'égouts nouvellement construit... Les policiers, eux, sont perplexes, un mystérieux cambrioleur accumule les forfaits et les bijoux de grande valeur, mais reste insaisissable. Et ce Montmorency, élégant personnage qui a élu domicile dans un grand hôtel, qui est-il vraiment? Voici les pièces d'un bien étrange puzzle... Dans la lignée des grands romans à suspense, une aventure captivante à l'époque de l'Angleterre victorienne. Un régal de lecture pour tous dans une atmosphère envoûtante.
Montmorency est un personnage qu'on qualifie très vite de gentleman-cambrioleur. Dans ce 1er tome, l'auteur Eleanor Updale nous invite à découvrir et pénétrer les coulisses d'une mise en scène qui va gagner en puissance pour s'achever en ... Suspense !
L'ascension de Montmorency est admirable, de l'escroc à la petite semaine, rescapé d'une chute terrible qui aurait pu lui coûter la peau, ce criminel va purger sa peine et échafauder un petit plan grâce au tout nouveau réseau d'égoûts établi dans Londres. Ses combines vont lui permettre de faire sa fortune et de gagner une place honorable parmi la Haute Société britannique. Mais Montmorency a un double, plus rustre et malfaiteur, qui agit dans l'ombre.
On sent déjà les références à plein nez : Arsène Lupin, Dr Jeckyll et Mr Hyde, Frankenstein et Sherlock Holmes ! Ce 1er livre se lit d'une traite et déjà le lecteur s'impatiente de découvrir la suite des aventures. Elles ne vont pas manquer de piment, et s'annoncent tout aussi alléchantes ! De plus, l'Angleterre victorienne sert d'apanage à cette ambiance tout à fait exquise ! A découvrir. 238 pages / A partir de 11 ans. (Avril 2004)
Encore plus d'action dans ce 2ème tome ! On y croise un Montmorency tenaillé par une dépendance qui était hélas en vogue dans cette Angleterre du 19ème siècle... Son ami Lord Fox-Selwyn va lui venir en aide, n'hésitant pas à mettre en péril la couverture de cet ancien escroc reconverti en gentleman respecté. Car depuis cinq ans, Montmorency a évolué et mis au placard son passé de cambrioleur. Or, Lecassé n'est jamais bien loin, prêt à reprendre du service. Et avec lui, les vieux démons de Montmorency reviennent vite peupler ses nuits. Pour notre héros, il n'y a pas d'autres issues. D'abord il doit lutter pour se guérir de son mal et part se réfugier en Ecosse. Pensant couler une retraite tranquille, Montmorency va cependant être témoin de morts inexplicables sur l'île de Tarimond. Et en même temps, une série d'actes terroristes dans les gares londoniennes met la police en branle et requiert le retour de Montmorency dans la capitale ! Pourquoi ?
Dans ce 2ème tome beaucoup plus étoffé, on retrouve quelques personnages attachants aperçus dans le précédent livre, comme les femmes Evans, le Dr Farcett ou Cissie. Les intrigues sont cette fois-ci plus poussées et élaborées. On y croise plusieurs affaires, des pistes passionnantes et qui rappellent le double tranchant de cette société victorienne. L'idée de s'échapper vers la campagne écossaise donne aussi une idée plus pittoresque et charmante. Oui, inutile de tergiverser, cette série écrite par Eleanor Updale a de sérieux atouts à offrir aux jeunes lecteurs, et à ceux qui ne pensent pas que l'étiquette "jeunesse" soit un gage de qualité inférieure et dépréciable ! C'est une bonne série d'aventures avec des enquêtes, du rebondissement et une peinture de la société victorienne très bien brossée. A lire, donc. 345 pages (Juin 2005)
Gallimard jeunesse, Folio Junior. (Un 3ème tome vient de paraître en Avril 2007)
Blanche ou la triple contrainte de l'Enfer - Hervé Jubert
1870. Engagée contre l'armée prussienne, la France vit des heures sombres qui font trembler de peur les Parisiens et les poussent à quitter la capitale pour se réfugier à la campagne. Dans une gare bondée, la famille Paichain entend regagner la Sarthe en poussant du coude. C'est alors que, dans la cohue générale, la plus jeune fille, Blanche, 17 ans, est séparée des siens et voit le train partir sans elle. Seule dans Paris, Blanche est aussitôt prise en charge par son oncle Gaston Loiseau, commissaire de police, et sa meilleure amie Emilienne, la fille de la concierge. Et comme notre demoiselle ne tient jamais en place et aime fourrer son nez partout, elle va se mouiller dans une enquête criminelle pour le moins étrange, car les cadavres ont la particularité d'être marqués d'un singulier tatouage au bras avant de disparaître. Pour disculper un innocent, Blanche intervient dans les affaires de son oncle et tente de le mettre sur la piste d'un individu polymorphe, amateur de sorcellerie et de magie noire.
Blanche Painchain est une héroïne épatante, qui sous des dehors ordinaires, jeune fille de bonne famille, aimant la lecture et les activités intellectuelles, se passionne aussi d'anthropologie, d'anatomie et de théâtre, d'où son impassabilité face aux blessures des soldats sur leur lit d'hôpital ou face aux scènes de dissection qui ne la font pas flancher. Ce petit bout de femme a tout pour plaire ! Elle nous entraîne à sa suite dans un Paris du 19ème décrit de manière authentique, c'est bruyant, c'est violent, c'est le chaos général, et au milieu de tout ça, des crimes barbares font leur nid à la barbe de la police dont l'enquête piétine. L'intervention de Blanche n'est pas anodine, pas incongrue non plus, sa relation avec son oncle Gaston étant riche en complicité, et plus encore... De son côté, l'auteur s'éclate à nous planter son décor, à peaufiner les détails, à truffer ses dialogues de l'argot de l'époque et à insuffler une verve étourdissante à son récit. L'intrigue est également rondement menée et tient le lecteur en haleine. Pour une première approche du personnage de Blanche, cette lecture contient un souffle romanesque flamboyant, lequel ne manquera pas de se déployer dans les deux autres tomes de la série (L'œil du Grand Khan & Le Vampire de Paris). Pour l'heure, la séduction a déjà pleinement opéré. Je. Suis. Conquise.
Albin Michel jeunesse, coll. Wiz / Mai 2005 ***
Relooking de la couverture en mai 2014 :