Farallon Islands, par Abby Geni
Une jeune photographe s'installe pour un an sur les îles Farallon, au large de la Californie. Elle rejoint une équipe de biologistes passionnés mais peu expansifs. Après tout, chacun sa place, chacun son passé, chacun ses non-dits. Elle aussi vient de débarquer avec son désespoir en bandoulière et son chagrin trop lourd. Elle cherche à faire la paix avec son fantôme et s'accommode de cette distance émotionnelle.
Dans cette nature belle et sauvage, une ambiance austère prend place avec une violence omniprésente : les vents soufflent en rafale, l'océan lèche les parois rocheuses pour surprendre les promeneurs étourdis, les oiseaux lancent leur cri de guerre et la brume enveloppe l'archipel pour brouiller les pistes. Ça vibre d'une telle intensité... mine de rien, le suspense gronde !
Finalement, le voile se déchire quand la mort s'engouffre et fait peser le soupçon sur toute la communauté. Les événements survenant brutalement sont très perturbants. D'où cette sensation étrange de maudire ce qu'on aime lire : climat hostile et drames qui s'enchaînent, personnages en plein déni et autres zones d'ombre... Ouch !
Malgré tout, la lecture ne vous lâche pas. L'histoire est hypnotique et intriguante, le décor grandiose mais dangereux. Le ballet est un perpétuel va-et-vient de bon et moins bon. Par contre les goélands... c'est pas possible. Appelez Hitchcock !
Babel, 2019 - Traduit par Céline Leroy pour Actes Sud (2017)
⭐⭐⭐
ADN, par Yrsa Sigurðardóttir
Un premier chapitre bluffant et une ambiance glaçante tout au long de la lecture... voilà qui annonce la couleur.
Car j'ai flippé comme une malade !
L'enquête met pourtant mal à l'aise avec ses crimes sadiques et malsains mais elle vous prend dans ses filets en brouillant les pistes et les idées. C'est sombre et amer - parfois trop long - avec un dénouement tout aussi perturbant.
Cette nouvelle série islandaise met en scène l'inspecteur Huldar et la psychologue pour enfants Freyja. Deux personnages ordinaires et qui se coltinent les mêmes clichés habituels ou autres soucis personnels. Par contre, je n'avais pas envie de les connaître ou de sympathiser plus que de raison.
En fait, le climat est beaucoup trop lourd pour relâcher la pression... ça vous éreinte !
Actes Sud coll. Actes Noirs (2018) - Traduit par Catherine Mercy
PRÉSENTATION DE L'ÉDITEUR
Elísa Bjarnadóttir méritait d’être punie. Elle devait payer. Mais quelle faute pouvait justifier une telle violence ? On vient de retrouver la jeune femme à son domicile, la tête entourée de gros scotch, exécutée de la façon la plus sordide. L’agonie a dû être atroce. Sa fille de sept ans a tout vu, cachée sous le lit de sa mère, mais la petite se mure dans le silence.
Espérant l’en faire sortir, l’officier chargé de l’enquête se tourne alors vers une psychologue pour enfants. C’est sa seule chance de remonter jusqu’au meurtrier. Ce dernier n’a pas laissé de trace, juste une incompréhensible suite de nombres griffonnée sur les lieux du crime.
Alors que les experts de la police tentent de la déchiffrer, un étudiant asocial passionné de cibi reçoit à son tour d’étranges messages sur son poste à ondes courtes. Que cherche-t-on à lui dire ? Sans le savoir, il va se retrouver mêlé à l’une des séries de meurtres les plus terrifiantes qu’ait connues l’Islande.
La Dernière Nuit à Tremore Beach, de Mikel Santiago
J'ai adoré l'ambiance de ce roman carte-postale : une maison isolée sur une plage irlandaise. Clenhburran, comté de Donegal. La pluie, le vent, l'orage... c'est somptueux.
Un homme vit seul, en retraite forcée après un divorce douloureux et une carrière en souffrance - il est pianiste de renommée internationale. Peter n'est plus capable de composer et boit trop. Un soir de tempête, en se rendant chez ses voisins, il est victime d'un accident et est frappé par la foudre. Hospitalisé en urgence, il ressort quasi indemne mais souffre de migraines atroces.
Les jours passant, la douleur peine à s'effacer et Peter constate qu'il fait de de plus en plus de rêves étranges, paranoïaques ou prémonitoires, en fait notre homme est convaincu que ses amis vont mourir. Impossible pour lui d'expliquer ce phénomène. La médecine aussi est impuissante. Et ça tourne en boucle comme de la paranoïa aiguë ou une grosse crise hallucinatoire. On nage en plein délire.
Résultat, on trépigne d'envie de savoir ce qui se trame car la narration est lente et longue. Certes, elle fait traîner le suspense et entretient savamment un flou artistique sur les rêves de Peter. Mais c'est parfois un peu trop disparate - heureusement que le décor est magnifique, ça fait passer le temps - aussi on pardonne tous les petits défauts de ce roman chaotique à ses heures perdues. Le dénouement est d'ailleurs explosif - d'un seul coup, sans prévenir. On a un enchaînement intense et vibrant... mais est-ce un rêve ou la réalité ?
En tout cas, le dépaysement a été appréciable. Je me sentais ailleurs durant ma lecture. Complètement transportée.
Roman traduit de l'espagnol par Delphine Valentin (Actes Sud, 2016 pour la traduction)
Repris en poche BABEL NOIR (2018)
Le bracelet, d'Andrea Maria Schenkel
Printemps 1938, à Rastibonne, près de Munich. La famille Schwarz sent grossir la haine antisémite et décide de quitter le pays pour se rendre à Shanghai. Mais au dernier moment, le père renonce à fuir et abandonne les siens sur les quais de Gênes, en Italie. Le jeune Carl a une dizaine d'années et souffre en silence de la défection paternelle. Pourtant, une nouvelle vie l'attend, auprès de sa sœur et sa mère, et avec leurs compagnons de voyage, qui vont former une petite communauté solidaire face à leur destin de réfugiés dans l'océan Pacifique. En 2010, Carl est un vieil homme qui coule une retraite paisible dans la banlieue de New York avec sa femme Emmi. C'est après avoir reçu un coup de fil par des agents travaillant pour le futur musée de l'Holocauste qu'il va replonger douloureusement dans son passé et réveiller des souvenirs enfouis.
En presque 400 pages, l'auteur Andrea Maria Schenkel nous plonge dans une saga passionnante, convoquant des personnages aux destinées bouleversantes, entre la Bavière, le bassin méditerranéen, la ville de Shanghai et les États-Unis, durant les années sombres de la guerre. La construction est habile, brassant les visages et les rebondissements, s'imprégnant au mieux des ambiances et des changements de décor, pour un rendu efficace car on tourne les pages avec curiosité et impatience. La révélation finale tombe un peu comme un cheveu sur la soupe - inattendue et stupéfiante, elle nous laisse un peu sur notre faim mais nous plonge aussi dans une profonde réflexion teintée de tristesse et d'amertume. Ceci n'enlève, toutefois, en rien l'excellente appréciation qu'a su m'inspirer ce roman ! La lecture est en effet prenante et instructive, éclairant parfois des chapitres méconnus (Shanghai devenu un centre pour les réfugiés et les juifs d'Europe, mais aussi les enlèvements d'enfants en Allemagne pour gagner les précieuses croix des Mères).
Très bon roman, assez marquant et poignant. Je conseille.
Actes Sud (2018) - traduit de l'allemand par Stéphanie Lux
Ne reviens jamais, de David Bell
Apprenant par la police la mort de sa mère, seule, dans sa maison, Elizabeth Hampton, étudiante en master d'histoire à l'université de l'Ohio, se rend aussitôt au chevet de son frère handicapé, Ronnie, qui vivait avec elle. Les inspecteurs posent quelques questions d'usage, avant de placer le jeune homme dans un centre spécialisé pour le soigner.
Sous le choc, Elizabeth avoue s'être disputée avec sa mère six semaines plus tôt et ne pas lui avoir reparlé depuis. Il ne lui reste que son oncle Paul pour la soutenir dans cette épreuve. Et très vite, les mauvaises nouvelles vont se succéder - en fait, sa mère est morte étranglée, elle a modifié son testament peu avant son décès, l'appartement a été fouillé, d'étranges coups de fil sont passés et Ronnie est traité comme le principal suspect.
Dès lors, Elizabeth plonge dans une sordide affaire familiale, découvrant un passé inavoué et de nombreux non-dits. Des secrets refont surface, de vieilles connaissances tombent le masque. Elizabeth n'est pas au bout de ses découvertes ! Le lecteur est tout aussi ahuri de ce qu'il va apprendre au fil des chapitres. Pour cela, l'intrigue est plutôt bien ficelée, avec des rebondissements inattendus et une tension psychologique remarquable.
Et pourtant, alors que les pages défilent à vive allure et l'intérêt ne faiblit jamais, on reste malgré tout en retrait de la lecture. On ne s'attache pas aux personnages, on suit leur histoire, on sursaute, on tombe des nues. Mais rien ne nous accroche. Tout est froid, sans âme, sans empathie. Pour dire, j'avais à peine refermé le roman que je l'avais quasiment oublié ! Difficile à expliquer cette sensation. C'est sombre et captivant, mais on trébuche sur la dernière marche. Plouf...
Actes Sud (Actes Noirs) 2017 - Traduit de l'anglais (USA) par Claire-Marie Clévy
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Quelques heures à tuer, de Heidi Pitlor
Après dix-neuf ans de vie commune, Hannah et Lovell sont lassés de leur routine et se disputent pour des broutilles. Il a donc suffi d'une énième altercation pour pousser Hannah vers la sortie, laissant sa famille dans le flou et l'incertitude. Les heures passent, puis les jours, Hannah ne donne aucune nouvelle. Lovell tente de sauver la face pour préserver ses enfants, mais la police s'immisce dans leur histoire et vient titiller ce mari trop irréprochable pour être honnête. De son côté, Lovell fait son examen de conscience et ressasse sa dernière discussion avec Hannah, décryptant chaque mot, chaque geste, chaque détail anodin pouvant éclairer la situation confuse. Quelle parole de trop aurait incité Hannah à agir de la sorte ? Lovell a failli avoir un geste malheureux, serait-ce là aussi un début d'explication ? Et pourquoi n'adresse-t-elle aucun signe à ses enfants inquiets ? Hannah n'en a-t-elle finalement plus rien à secouer de son quotidien, de sa famille, ne regrette-t-elle pas son ancien fiancé, sa vie d'avant, où tout baignait dans le luxe et la richesse ? Lovell est accablé par le doute et l'angoisse. Même le journal local soulève cette disparition préoccupante et vient dresser le portrait de Lovell, en tant qu'homme au self-control impeccable mais déroutant. Toute la famille est prise dans la tourmente et retient son souffle dans l'attente d'un dénouement latent.
Vu comme ça, on croirait un réchauffé du roman de Gillian Flynn, Les apparences (Gone Girl). On retrouve en effet l'archétype du couple éreinté, la querelle en guise d'élément déclencheur, l'épouse envolée, le mari suspect, puis dans l'intervalle, on découvre le parcours de la “disparue” et le déroulement des événements de cette journée. On jongle ainsi entre deux visions d'une intrigue tortueuse, où les masques vont tomber pour mettre à nu des émotions complexes et perturbantes, qui nous entraînent loin, bien loin de ce qu'on espérait glaner. Globalement, c'est assez triste. L'état des lieux quant aux “misères de la vie conjugale” est effroyable. Plus on avance dans la lecture, et plus s'éloigne le spectre de G. Flynn. On a ici un roman plein de nœuds et d'anecdotes inconfortables, un projecteur sur les faux-semblants qui minent toute perspective d'avenir réjouissant, un étalage de frustrations, un cumul de non-dits et une lente agonie du couple... Brr, on a franchement envie de s'ébrouer au moment de refermer le livre. C'est plein, plein d'amertume là-dedans.
ACTES SUD / COLL. ACTES NOIRS - 2017
TRAD. Alain Defossé [The Daylight Marriage]
Bonheur fantôme, d'Anne Percin
Pierre n'a pas trente ans et a tout quitté. Paris, son job, son amour. Il s'est enterré dans la Sarthe, a acheté une petite maison et s'est improvisé brocanteur. Il a créé autour de lui « un rempart fait de ruines, avec fortifications littéraires, fondations enfantines, tour de guet philosophique, meurtrières ironiques ». Il écrit également une biographie sur Rosa Bonheur, une peintre française excentrique et scandaleuse. En vrai, Pierre fuit un passé lancinant - un frère disparu, un amant perdu... même si cette idylle n'est pas complètement terminée, elle vient occuper tout l'espace et devient obsédante, telle une rengaine évoquant la rencontre, l'euphorie, l'insouciance, puis la déconfiture et la rupture. « Aimer, c'est sentir vivre en soi quelqu'un qui n'est pas soi. Et si je n'étais parti que pour savoir cela ? (...) La certitude que j'ai d'aimer est le seul bien qui me semble immortel. »
Par son caractère “enfermé dans le dix-neuvième siècle”, Pierre est un personnage fascinant. Il parle des objets anciens, partage son goût du passé, l'odeur des vieux livres, les photographies, les mélodies oubliées (Fantôme de bonheur de Mouloudji). À côté, la figure de R. n'est pas en reste et hante les pages du livre en apparaissant par petites doses, mais quelle présence ! On en oublie la morosité de la Sarthe, les petites campagnes tristes à pleurer, la vie recluse de Pierre, son ascétisme. Aux oubliettes, ses cauchemars, ses trouilles... Ce roman finalement nous parle d'une grande et belle histoire d'amour et laisse filer entre ses pages une déclaration sublime et bouleversante.
Babel, 2017
A noter aussi que la vie littéraire du narrateur de Bonheur fantôme a commencé en 2006 avec le roman Point de côté (éditions Thierry Magnier).
Le Dompteur de lions, de Camilla Läckberg
S'agissant déjà du 9ème tome de la série, ce roman de Camilla Läckberg ne crée plus la surprise et se contente de renouer des retrouvailles en bonne et due forme avec un ensemble déjà calibré (le couple Hedström, le commissariat de Tanumshede, les multiples conjectures familiales, sans oublier la ville de Fjällbacka). On se sent en territoire familier et ça a du bon aussi.
Patrik et ses collègues enquêtent donc sur la disparition d'une adolescente, dont on vient de retrouver le corps fauché par une voiture, en notant les nombreux sévices subis, dont les yeux brûlés à l'acide. Cette découverte est pétrifiante et mine le moral des troupes. Les camarades de la jeune victime, qui fréquentent toutes le même centre équestre, sont effondrées. De plus, une psychose gagne les parents dès que leur progéniture disparaît du radar à la moindre seconde. Serial killer ou pas, la police veille au grain.
De son côté, Erica travaille sur son nouveau bouquin traitant d'une affaire survenue trente ans plus tôt, où une fillette aurait été martyrisée au sein de son foyer, battue par son père, avec la complicité de sa mère. Emprisonnée, celle-ci a toujours refusé de s'exprimer sur les circonstances du drame, mais fait une entorse pour Erica, qui a obtenu l'autorisation de la rencontrer pour recueillir ses premières confidences timides. Drôle de personnage, se dit l'écrivain qui s'interroge sur son crime et son absence d'émotions, et qui l'interpelle aussi dans son rôle de mère. Elle-même se débat avec son quotidien, ses mômes intenables, son boulot, son mari, sa sœur, sa belle-mère... Un tourbillon incessant, au centre duquel on perd vite pied. Et pourtant... Erica a besoin de creuser pour approfondir son sujet, et quoi de mieux pour s'aérer l'esprit que de fouiner dans les dossiers de son cher époux ! ? ^-^
Eh oui. On en revient toujours au même problème : Erica la mêle-tout. Même Camilla Läckberg se moque de son vice, tout en l'excusant, et la compare de façon éhontée aux fières tricoteuses des romans anglais ! Ah, ah. On devine sans peine. Et c'est comme ça qu'on recoupe tous les petits morceaux du puzzle. La façon dont l'auteur bricole ses intrigues n'est plus surprenante, mais c'est difficile de lui en vouloir. Ses lecteurs sont au rendez-vous et s'en satisfont. J'avoue faire partie du lot, même si les mignardises domestiques ont tendance à m'exaspérer (oh, Anna... encore et toujours, la 8ème plaie d'Egypte à elle seule). Mais j'aime l'ambiance générale, à la suédoise, qui est agréable et pleine de charme. Cela a aussi un côté rassurant. Le fond de l'histoire n'est pourtant guère lénifiant, puisqu'il questionne le lecteur sur l'instinct maternel et son droit à ne pas en être. La trame romanesque est profonde, poignante et sombre, au-delà de la façade affichée de déculpabiliser les mamans débordées ou qui ont le sentiment de négliger leurs enfants. Un roman davantage féminin que féministe.
Par contre, côté technique, Jean-Christophe Lebert, l'interprète pour Audiolib, est fâché après les adolescentes. Sa manière de singer leurs voix et de gérer leurs crises ne les rend franchement pas sympathiques. L'écoute en souffre un peu, sans en pâtir complètement, l'interprétation des voix féminines demeurant un problème récurrent chez ce comédien. ^-^
Texte lu par Jean-Christophe Lebert pour Audiolib (durée : 13h 12) Août 2016
Traduit par Lena Grumbach pour les éditions Actes Sud
Traqué, de Simon Lewis
Jake et Will, deux étudiants anglais, ont choisi de s'octroyer une année sabbatique à travers le Sud-Est asiatique. L'un a échoué à ses examens, l'autre veut panser une peine de cœur. À mi-chemin entre la Chine et le Laos, ils décident de partir à l'aventure en suivant un dénommé Howard, du genre hippie hirsute, qui leur promet un site inconnu du grand public situé en pleine jungle. Baignades et rencontres avec des indigènes font aussi partie du programme. Alors que Jake est surexcité par leur expédition, Will boude dans son coin, plus méfiant et craintif que jamais. Son angoisse monte d'un cran lorsqu'il découvre qu'ils débarquent en plein carrefour stratégique où le trafic de teck, de jade, de drogues ou de réfugiés a régulièrement cours. Sous l'emprise d'un euphorisant, Jake plane totalement, prend son pied en plongeant cul nu dans l'eau et séduit une beauté locale. Will, par contre, rechigne à lâcher prise. Le retour à l'hôtel va hélas s'avérer particulièrement épique. De rencontres importunes en réactions fébriles et maladroites, la situation va dégénérer et placer nos globe-trotters en mauvaise posture. Après quoi, les coups fourrés vont s'enchaîner. La lecture bascule alors dans une surenchère de catastrophes et de violence avec un scénario gavé jusqu'à la surdose. Le rythme est vif, l'action intrépide, mais les personnages sont affligeants de sottise et agissent constamment de manière irréfléchie. C'est usant. Le roman promettait du dépaysement, des émotions fortes... à la fin, il devenait urgent de mettre un terme à cette folie ambiante !
Traduit par Julie Blanc pour les éditions Actes Sud / Coll. Actes Noirs, Mai 2015 (Border Run)
Le Charme discret de l'intestin, de Giulia Enders
Giulia Enders, jeune doctorante en médecine et passionnée de gastroentérologie, rend ici compte de la stupéfiante mécanique de notre système digestif de manière simple, claire et précise. Selon elle, des problèmes tels que le surpoids, la dépression, le diabète, les allergies s'expliqueraient par notre façon de considérer, voire parfois maltraiter, notre intestin, reconnu comme étant notre “deuxième cerveau”. Blablabla. Je ne vais pas entrer dans les détails, car Giulia Enders est plus douée pour étayer ses théories en une démonstration roborative, et néanmoins facétieuse, qui vulgarise la science et le médical. Même un élève de lycée, accro de SVT, se sent comme un poisson dans l'eau avec cette lecture ! Quid des autres, plus réfractaires au sujet ? Ils seront également surpris par la lisibilité du propos et auront le sentiment de tout capter, sans trop se creuser les méninges. Les allergies alimentaires, le lactose et le fructose, les nausées, les salmonelles, le cholestérol, les toilettes turques, les antibiotiques et les probiotiques, l'hystérie hygiéniste... bref, ils n'auront plus de secrets pour vous. ;-) La lecture peut ainsi se résumer à une histoire de rot, de prout et de caca, du manger bien et intelligent, des habitudes à adopter, à apprendre, à modifier, pour concrètement se dire « je défèque ce que je suis, je suis ce que j'avale, j'avale en bonne intelligence et fais du bien à mon corps, mon corps me le rend bien ». Ha, ha. C'est à picorer par petites bouchées, pour éviter la surchauffe et pour soulager toute tendance hypocondriaque. Un livre qui serait presque d'utilité publique. ;-)
Jessica Monceau, la lectrice, fournit une interprétation éclairante, agréable à l'écoute et qui participe également beaucoup à l'appréciation enthousiaste de cette découverte. Il n'est, certes, pas aussi évident de choisir un ouvrage documentaire en livre audio, contrairement à une œuvre de fiction, il faut ici se concentrer davantage, sans compter que les illustrations du bouquin, faites par Jill Enders, la sœur de l'auteur, manquent cruellement pour compléter les descriptions. Cela reste, cependant, une expérience instructive et enrichissante.
Audiolib / Janvier 2016 ♦ Texte lu par Jessica Monceau (durée : 8h 22)
Téléchargez l'extrait (mp3, 2 Mo)
Traduit de l'allemand (Darm mit Charme) par Isabelle Liber pour Actes Sud