Mes animaux, par Agnès Desarthe & Anaïs Vaugelade
Ce livre rassemble quatre histoires déjà parues dans la collection Mouche : C'est qui le plus beau ?, Yankel le Teckel, Je veux être un cheval et Igor le Labrador.
Quartet gagnant avec ce recueil nous invitant à découvrir des histoires d'animaux assez extraordinaires !
Ben Bouboule est un âne qui s'ennuie dans son carré de pré et rêve d'Ailleurs, à chevaucher les plaines et sentir sa crinière voler dans les airs, tout comme le cheval qu'il admire et rêve de ressembler... Milos, un gnou ravissant, persuadé d'être le plus beau depuis que sa mère le lui serine chaque matin, décide de participer à un concours de beauté où il fait la rencontre d'un pingouin. Celui-ci veut remporter le gros lot pour retrouver sa douce qui vit à Paris. Gnou, beaucoup trop sentimental, laisse sa place et fait l'admiration de ses proches en se montrant le plus brave de toute l'assistance.
Igor le labrador a réussi dans les affaires mais s'ennuie de plus en plus dans sa petite vie. Il envie presque Félicien le vieux dalmatien, qui affiche constamment un air de ravi de la crèche, même si on raconte qu'il a vendu son âme au diable. Qu'importe, Igor veut aussi goûter au bonheur et part à la recherche du diable en personne. Yankel le teckel a lui aussi connu la gloire et les honneurs grâce à son flair hors du commun, puis un drame a bouleversé sa vie et Yankel s'est replié dans une grotte, loin de tout. Mais l'histoire réserve une fin joyeuse, car tout le monde a décidément droit au bonheur !
Pour le trouver, il faut parfois savoir « se perdre et se perdre encore, et partir très loin pour le dénicher... juste sous ses pattes. »
Cette lecture est truculente, avec des illustrations au poil, preuve que le duo Agnès Desarthe et Anaïs Vaugelade fait toujours des merveilles. C'est simple et charmant, et puis les histoires avec des animaux ont toujours la cote auprès des enfants.
École des Loisirs, Grand format, octobre 2014 pour la présente édition
Anastasia, de Lois Lowry
L'École des Loisirs a de nouveau pioché dans ses séries fétiches pour remettre l'une d'elles au goût du jour en l'éditant sous grand format. Cette compilation d'Anastasia réunit trois titres de la série : Anastasia Krupnik - Anastasia, demande à ton psy ! - Une carrière de rêve pour Anastasia. Si vous ne connaissiez pas encore l'héroïne de Lois Lowry, n'attendez plus. C'est une lecture savoureuse, un poil trempée dans l'humour sarcastique, qui fait aussi la part belle aux relations familiales conviviales. La jeune fille se révèle fantasque et brillante, elle mène une vie tout à fait ordinaire, racontée avec une telle fraîcheur et un humour dévastateur qu'il serait forcément dommage de passer à côté.
Au départ, Anastasia a dix ans, elle est fille unique, son père est professeur d'université et a publié des petits recueils de poèmes, sa mère est peintre. L'arrivée d'un petit frère ne la met pas en joie, aussi décide-t-elle d'étoffer sa liste des j'aime / j'aime pas au fil d'anecdotes délicieusement saugrenues. Puis, on la découvre trois ans plus tard, en pleine crise d'adolescence. Seul un psy pourrait guérir ses troubles émotionnels selon elle, mais ses parents disent niet. À la place, elle n'a qu'à lire Freud ! Elle trouve finalement une sculpture de son buste dans un vide-grenier et l'installe dans sa chambre pour une thérapie en toute intimité. Elle lui confie aussi les petits pépins qu'elle rencontre avec son projet scientifique sur des hamsters qui se sont sauvés de leur cage et se baladent dans la maison en toute impunité.
Dans la dernière histoire, Anastasia doit rédiger un texte sur sa carrière de rêve, elle hésite entre libraire ... ou mannequin. Elle a choisi de suivre un stage, mais seulement dans le but d'acquérir assurance et confiance. À Boston, elle se fait une nouvelle amie, retrouve un ancien camarade d'école primaire, pénètre dans une librairie de rêve, bref l'aventure est joyeuse, insouciante, toujours ponctuée de détails facétieux. Vous l'avez compris, c'est une lecture débordante de charme, d'humour et d'enthousiasme. À adopter sans retenue.
École des Loisirs, juin 2014 ♦ traduit par Agnès Desarthe ♦ illustration de couvertur : Iris de Moüy
Brochettes à gogo, d'Anne Fine
Prié de débarrasser le plancher durant les travaux de rénovation de la cuisine, Harry supplie son oncle Tristram de l'inclure dans ses projets, à savoir passer une semaine de vacances sur une île, où habite sa petite copine prénommée Belle de Jour. Cette dernière est une baba-cool, qui loge dans une vieille maison près d'un ruisseau, et qui passe son temps à entrer en harmonisation avec l'Univers ou à communiquer avec les fées dans les champs.
Les garçons, eux, sont sceptiques. Ajoutez que le régime alimentaire constitué de thé à l'oseille, terrine d'orties ou pâte à tartiner à base de pissenlits ne les fait pas sauter au plafond ! Mais ils sont coincés là une semaine, plus de bateau avant le samedi suivant, les carottes sont cuites. Aussi, voient-ils en lot de consolation la perspective de la fête du village où ils pourront se gaver de frites et participer au concours de brochettes.
Pour tuer l'attente, Harry et son oncle nous font vivre des péripéties déjantées au coeur d'une campagne sauvage, hantée par des silhouettes fantomatiques, mais carrément excentriques sitôt qu'on s'accroche d'elles ! Les habitants baragouinent un langage incompréhensible et portent tous la barbe, à l'exception d'un jeune agent de police... Belle de Jour n'y serait pas étrangère. Méfiance !
Quelle lecture joyeuse et farfelue ! Anne Fine s'est fait plaisir à écrire cette histoire, tout comme Agnès Desarthe a pris autant de bonheur à la traduire, cela se ressent tout de suite. Le lecteur est ainsi embarqué dans une aventure débordante d'humour et de dérision. C'est un vrai régal, surtout que certaines scènes sont franchement cocasses et qu'on trouve une belle brochette de doux-dingues prêts à être internés ! Chouette couverture d'Adrien Albert, au passage...
Neuf de l'École des Loisirs, traduit par Agnès Desarthe - illustration de couverture : Adrien Albert
Le Poulet fermier, d'Agnès Desarthe
Chez les Dumordu, on est fermier de père en fils. C'est ce qu'Archibald Dumordu a déclaré à son fils Douglas, juste avant de mourir. Malheureusement, le garçon se sent bien en peine quand il se retrouve seul avec cette nouvelle charge sur les bras. Il tente alors quelques expériences, en plantant les carottes à l'envers, en arrosant son champ de betteraves avec un petit arrosoir qu'il remplit au robinet de la cuisine, il conduit le tracteur en marche arrière et donne des tartes aux fraises à ses lapins... Le garçon devient la risée des villageois, même son voisin commence à voir rouge car il lui a promis la main de sa fille Miranda mais pourrait revenir sur sa décision !
Pensant lui venir en aide, Miranda lui suggère de se lancer dans le phénomène à la mode : le poulet fermier. C'est sa seule chance, son sésame pour la réussite. Douglas, notre gentil benêt, prend tout au pied de la lettre et toque à la porte du poulailler pour proposer le job. Oui, oui, je vous jure. C'est impayable ! Mais ce dont on ne s'imagine pas, c'est que Douglas sait parler aux animaux et devient pote avec Ernest, un poulet merveilleux, qui peut transformer sa vie.
Ce petit roman est drôle, déjanté, absurde mais délicieusement jubilatoire. Il offre non seulement un aperçu de la vie à la ferme, du travail que cela demande et qui ne s'improvise pas du jour au lendemain, avec en vedette un garçon empoté et nigaud qu'il est impossible de détester ! À vrai dire, on sourit plutôt qu'on ne se moque en découvrant ses nombreuses frasques. De plus, c'est aussi une histoire sur les animaux qui nous sont proches et qu'on nous présente avec des émotions (et la faculté de parler !). Les humains, eux, apparaissent méfiants et conventionnels. À chacun, donc, de s'accepter et de se respecter. Respect aussi pour la décision de ne pas manger de viande (« Aucune chance, je n'aime que les tartines ! »).
Succès tout plein pour ce livre, agrémenté des illustrations tendres et espiègles d'Anaïs Vaugelade.
Le poulet fermier, d'Agnès Desarthe (Mouche de l'Ecole des Loisirs, avril 2013)
Et maintenant, un petit récit tendre et mélancolique, mais qui se termine sur une note de tristesse (où il est question de mort et de deuil). Bizarremment ce n'est pas déprimant non plus, juste solennel et très sage dans son approche. Pendant toute l'histoire, on a suivi la croisade de Sara qui ne veut plus manger d'animaux et qui découvre, grâce à sa grand-mère, une légende à propos des légumes. Il y a très longtemps, les légumes auraient été des animaux, mais étant donné qu'ils étaient sacrément paresseux, ils ont fini par prendre racine et devenir des légumes ! C'est une interprétation fantaisiste du rapport à entretenir avec la nature et notre alimentation, en gros. Mais c'est plus joliment exprimé dans le texte, je vous rassure, Martin Page est un doux-dingue qui nous transporte dans son univers déjanté avec une facilité déconcertante. Il est aidé, pour l'occasion, de Sandrine Bonini dont les dessins apportent de la douceur et de la luminosité à la lecture. C'est mignon, c'est charmant, ça fait un peu réfléchir aussi... et on se dit, à la fin, que « si on devenait tous un peu plus aubergine (ou courgette) alors le monde irait mieux ».
Le zoo des légumes, de Martin Page (Mouche de l'Ecole des Loisirs, avril 2013)
Finalement, il avait tout son temps pour découvrir le sens de la vie.
Le roman se divise en trois parties. Il s'agit d'abord d'un bébé linotte, Dingo, qui tombe du nid et s'écrase au pied de l'arbre, ce qui provoque une amnésie passagère. Dingo, alors parfaitement inconscient, picore à droite et à gauche à la recherche de nourriture. Le voilà sur le coussinet d'une patte de chat ! Le gros Pacha se réveille et découvre la bestiole en se pourléchant les babines.
La suite de l'aventure nous entraînera dans le vaste monde, en fait un pré qui se situe à l'arrière de la grange de la ferme. Pacha y fait la rencontre de Vénus la vache. Parce qu'elle est aussi ronde, molle, avec de belles taches sur son pelage, le chat pense aussitôt qu'ils appartiennent à la même famille. Meuh non, voyons, lui rétorque-t-elle en lui expliquant le sens de la vie.
Les chats sont des créatures souples, les oiseaux aident à combattre les mouches et la vache leur rend service avec ses bouses où ils aiment venir se réchauffer ! C'est aussi simple que ça. La vision de ce petit monde des animaux qui se croisent et s'entraident à leur façon est rafraîchissante. De toute manière, j'aime tout ce qui sort de l'imagination d'Agnès Desarthe et d'Anaïs Vaugelade ! Donc là, c'est double plaisir assuré.
Dingo et le sens de la vie, par Agnès Desarthe, illustrations d'Anaïs Vaugelade
Mouche de l'Ecole des Loisirs, 2012
Pêle-mêle Clarabel #51
Nous nous offrons quelques jours de vacances (en fait, cela fait déjà 2 jours que nous avons pris la poudre d'escampette), mais nous ne partons pas les mains vides. Voici quelques-unes de nos dernières lectures :
- Pop' Up Zoo de Martine Perrin (Seuil jeunesse, 2012)
Voilà une chouette balade animée dans le zoo le plus pop : avec la girafe la plus grande, le singe le plus malin, l'éléphant le plus gros, le serpent le plus long... Les animaux se vantent, le gardien n'est pas content et rappelle à tous que c'est l'heure du dodo. J'ai été très agréablement surprise par cet album (pages cartonnées, peu de texte), avec ses couleurs pétantes et son graphisme qui surgit comme un diable hors de sa boîte. L'effet est saisissant, je suis complètement séduite !
- Honoré à toute allure, par Iris de Moüy (Ecole des Loisirs, Loulou et compagnie, 2012)
Honoré et ses amis utilisent toute une série de moyens de transport pour se rendre à leur rendez-vous à l'autre bout du monde. Il y a très peu de texte, mais ce n'est pas important. A la place on suit l'histoire fortement illustrée, avec des détails rigolos et des descriptions très poussées sur tout ce qu'il se passe autour (les enfants vont enrichir leur vocabulaire sur tous les transports existants !). Les illustrations d'Iris de Moüy possèdent ce charme naïf et ravissant qui a le don d'enthousiasmer petits et grands lecteurs. On trouve aussi une page à rabat, comme une sorte de paravent qui vous dévoile une autre partie de l'histoire, plus cocasse.
- Rex, ma tortue de Colas Gutman (Chut ! les livres lu de l'Ecole des Loisirs, 2012)
J'aime beaucoup les histoires de Colas Gutman, et cette fois encore je n'ai pas été déçue. C'est l'histoire d'un petit garçon qui reçoit une tortue pour son anniversaire. Le problème, c'est qu'il voulait absolument un chien. Alors il décide de transformer sa bestiole pour qu'elle se comporte en chien, pour de vrai. La métamorphose est drôlissime, Rex la tortue va en voir de toutes les couleurs, et l'histoire lue par Céline Milliat a su merveilleusement rendre le ton cocasse de l'histoire. Cela ne vous prendra que 20 minutes pour la découvrir, n'hésitez pas !
- Mortelle Adèle tome 3 : C'est pas ma faute ! par Mr Tan & Miss Prickly (Tourbillon, 2012)
Adèle n'en finit pas de martyriser son faux lionceau (en fait, un chaton) et son mini grizzli (en fait, un hamster), et le pire dans tout ça, c'est qu'on ne fait que sourire dans son coin. Adèle n'est pas méchante, elle est juste complètement cinglée. Elle a aussi un ami imaginaire et un amoureux transi qu'elle ne peut pas encadrer (beaucoup trop de bons sentiments, pour elle, c'est inadmissible). Elle n'est pas tendre avec ses parents, ni avec les filles de sa classe, ou les retraités. Troisième tome oblige, on retrouve les ingrédients qui ont fait le succès des livres précédents : la lecture se compose d'une succession de scènes désopilantes, fortes d'un humour grinçant (mais pas dérangeant). J'ai pas mal apprécié. Avec une mention spéciale pour la fin, je ne vous dis que ça mais ça vaut le coup d'oeil. Vivement la suite !
- Hulul, par Arnold Lobel (Mouche de l'Ecole des Loisirs, 2012)
Voici Hulul, le hibou qui sait faire du thé aux larmes et qui, un jour, a invité l’hiver à venir se réchauffer chez lui. Cet ouvrage comporte cinq petites histoires dans ce goût-là, soit une tendre facétie, beaucoup de poésie, des questions simples et philosophiques (pourquoi ces bosses sous la couverture ? et pourquoi ne peut-on pas être en haut et en bas en même temps ?). C'est une lecture chaleureuse, attachante, avec de jolies illustrations. Une petite découverte dont la préciosité et la douceur vous toucheront instantanément. D'ailleurs, c'est une lecture qui ne se raconte pas, on aime et puis c'est tout.
- Petit prince Pouf, par Agnès Desarthe & Claude Ponti (Mouche de l'Ecole des Loisirs, 2012)
Et une petite histoire sur la confiance en l'éducation qu'on donne aux enfants... Les parents du Petit Prince Pouf sont soucieux d'apporter le meilleur pour leur garçon, alors ils engagent le meilleur précepteur de la région. Celui-ci va donner trois leçons toutes simples : apprendre à compter un plus un, faire des boudins en pâte à modeler et déduire qu'un chat est un chat. Tout ceci laisse perplexe les adultes, qui vont tester l'enfant de façon fort surprenante. Le charme opère dès les premières pages, l'association Agnès Desarthe et Claude Ponti est alléchante et fait des merveilles. Voilà une lecture rassurante, un brin espiègle, un brin spirituelle, et qui apporte beaucoup de sérénité au passage.
Pêle-mêle Clarabel #25
Un petit tour d'horizon au joli pays des albums - des albums piochés au gré des envies et des surprises.
Place aux images et au blabla.
Il n'y a pas de chats dans ce livre - album facétieux et original. Où les pages s'ouvrent sur des personnages qui ne pensent qu'à s'échapper pour visiter le monde. Complices, ils interpellent directement le lecteur et entretiennent un mini suspense qui rend le lecteur impatient et curieux de tourner la page, car une surprise attend à chaque fois. Aussitôt lu, aussitôt conquise. J'ai immédiatement pensé à mes amoureuses des chats ! Voilà un album fantastique et fantasque, qui réussit le tour de force de séduire une lectrice pas forcément sensible au charme félin, comme quoi c'est un album qui vaut le coup d'oeil. Par Viviane Schwarz (Pastel, 2011)
Le mariage de Simon, ou comment j'ai souri du début à la fin en me demandant combien de temps le jeune Simon allait résister face aux insistances de sa mère qui veut le marier à tout prix ! Elle a même fait appel à une marieuse, imaginez... Or, Simon ne veut pas se marier. C'est catégorique. Et il n'en peut plus de cette pression que lui met sa mère. Agnès Desarthe est brillante, son histoire est drôle et simple, quant aux illustrations d'Anaïs Vaugelade, c'est également un régal de sobriété sans niaiserie, j'ai aimé les expressions des cochons en plus de leurs répliques rigolotes. Une belle rencontre ! (l'école des loisirs, 2011)
Décidément, le cochon a la cote ! Ici, Ptit Cochon est mécontent car sa mère n'a pas le temps de jouer avec lui. Il s'isole dans le jardin, en tapant du pied et en râlant. Il est tout seul, ce n'est pas marrant. Et là, il rencontre un escargot. Un escargot qui suit son bonhomme de chemin. Tranquillement. Ptit Cochon est intrigué. Il court récupérer sa loupe, observe la bestiole ... ce n'est sans doute pas l'activité la plus palpitante car Ptit Cochon finit par s'endormir. Mais dès qu'il se réveille, il reprend aussitôt son enquête. Il faut voir cette scène de la sieste - j'ai adoré ! C'est un petit album chic et craquant, où l'on réalise que tous les enfants sont les mêmes, boudeurs mais pas rancuniers, instables et puis soudainement hors-service, passionnés, impatients, virevoltants et enthousiastes, et toujours avec le chiffon à la main (lui, on ne l'oublie pas !). Un Escargot à la porte, par Lo Gruhier (L'école des loisirs, 2011)
Magnifique album que voilà ! Adrien Albert, à chaque fois, me surprend, m'étonne, me ravit. Beaucoup de pureté, un total dépaysement, ici, avec Cousa, une petite fille en vacances chez sa grand-mère. Comme les garçons ne veulent pas jouer avec elle, elle se réfugie dans le jardin, se rend jusqu'à la rivière et là ... quelle rencontre ! Un ours sort des buissons et vient coller son museau sur la fillette au bord de l'apoplexie. Cousa n'aime pas trop raconter, ce qui me fait doucement sourire, parce que Waouh ! comme elle dit. (L'école des loisirs, 2011)
Le dîner, par Michel Van Zeveren, c'est tout de même quelque chose ! Le lapin désobéissant tombe dans la gueule du loup, Petit Loup trépigne d'impatience car son estomac crie famine et n'écoute pas plus les consignes de l'adulte, et ainsi de suite... La preuve qu'il faut toujours écouter les plus grands et leurs sages conseils (ahem) et toujours tirer des leçons de ses erreurs. Yalla. Tout ça pour dire que c'était une lecture croustillante et au ton farceur, avec un petit Lapin qui friserait presque l'insolence et qui pourrait avoir le don de m'exaspérer ! Mais je lui pardonne. (Pastel, 2011)
Et un petit dernier pour la route : Coulico dont l'univers m'a étrangement fait penser aux Pozzis de Brigitte Smadja. Coulico est un drôle de petit oiseau. Il est né avec un chapeau sur la tête. Mais son chapeau ne s’ouvre pas comme celui de ses frères. Alors Coulico préfère dormir. Pendant ce temps les autres oiseaux sont partis. Il se retrouve tout seul, cherchant sa route, et c’est là que son chapeau se remplit de rencontres, d’émotions et de rêves. Il m'est difficile de décrire ce que cet album m'a fait ressentir, mais j'ai beaucoup aimé. On y découvre un univers imaginaire et poétique, à travers un magnifique voyage empreint de couleurs et qui invite aux découvertes enchanteresses. C'est un vrai jeu de séduction, sensible et délicat. Par Marie Assénat (Pastel, 2011)
Nos français qui s'exportent !
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Jean-Claude Mourlevat : Le Combat d'Hiver -) Winter's End
Agnès Desarthe - Mangez-moi -) Chez moi
Anne-Laure Bondoux - Les Larmes de l'Assassin -) The Killer's Tears
La plus belle fille du monde ~ Agnès Desarthe
Médium de l'Ecole des Loisirs, 2009 - 163 pages - 9,00€
illustration de couverture : Sereg
La plus belle fille du monde vient de faire son entrée dans la classe de Sandra, quatorze ans, élève de seconde au lycée. Liouba Gogol est éblouissante de beauté, d'intelligence, de simplicité et de gentillesse. Son charisme est dévastateur, la petite bande que forme Sandra et ses amis (deux filles, un garçon) risque de ne pas résister à ce grand bouleversement. Mais en fait, au début, tout semble paisible... Liouba n'est pas une insupportable peste, le danger vient peut-être de là, elle a tout pour elle et elle est irrésistible. Sandra et ses amis n'osent pas reconnaître que cette nouvelle élève leur pose un problème, ou si, ils l'avouent en pointillés, et bien maladroitement. Pire ils se chamaillent bêtement et se lancent des propos vexants. Résultat, le groupe fait bande à part, avec haute trahison puisque l'un d'eux se lie d'amitié avec Liouba et, clash final, Sandra tombe malade et s'absente pendant trois jours. Elle vit mal ce champ libre imposé, c'est une défaite, elle sent que ses amis vont l'abandonner un par un et que Liouba Gogol va creuser son trou dans leur bande.
Quel est le problème, après tout ?
Il faut remonter aux origines de cette amitié pour comprendre les liens sacrés qui les unissent... mais ce qui est sacré ne signifie pas être exclusif non plus.
Avant d'en arriver à une conclusion joyeuse et réconfortante, Sandra - la narratrice de cette histoire - nous emmène dans une haute considération à moitié philosophique sur ce qu'est l'adolescence, l'amitié, les études, l'absence du père, l'écriture aussi. Car Sandra a choisi d'ouvrir son histoire comme un roman en pleine éclosion. La demoiselle rêve d'être écrivain, elle ne connaît ni les règles ni les tournures, et elle s'en moque un peu, aussi nous propose-t-elle un livre ouvert à toutes ses considérations, ses pensées, sa façon d'élaborer son récit, ses digressions (nombreuses !) et son histoire avec la plus belle fille du monde prend peu à peu une forme plaisante et jubilatoire.
Agnès Desarthe est un auteur qui m'enchante, et j'aime particulièrement ses écrits pour la jeunesse. Ce titre ne fait pas exception à la règle, et j'imagine qu'il trouvera écho chez les jeunes de 13 ans et plus.
Mission impossible ~ Agnès Desarthe
Mouche de l'école des loisirs, 2009 - 80 pages - 8,50€
illustrations d'Anaïs Vaugelade
Gisèle possède un très joli prénom, hérité d'un ballet de danse classique, mais elle ne se trouve pas à la hauteur ; ses cheveux en pétard la complexent. Sa petite soeur Fiona, au contraire, est gracieuse, jolie, appliquée. Une vraie petite ballerine, la comparaison n'est pas égale et Gisèle se sent vraiment pataude.
A l'école, la demoiselle est amoureuse d'un garçon (Maurice) qui l'ignore jusqu'au jour où il fait part de son souci : pendant les vacances, il ne trouve personne digne de confiance pour garder son poisson rouge (Jacques). Gisèle saute sur l'occasion (pour mieux briller aux yeux de son amoureux).
Elle découvre alors un poisson rouge qui est plutôt orange, elle se promet de veiller sur lui, sa petite soeur la titille, qu'importe, les jours passent, Gisèle est un modèle de responsabilité.
Et puis, c'est le drame.
Mais de ce pépin, va naître d'autres constatations... Gisèle n'est pas si moche ni quelconque, Maurice n'est pas si extraordinaire ni unique, Fiona n'est pas si peste ni prétentieuse, etc.
Mission impossible est un petit roman sympathique, qui vaut le coup d'oeil pour les illustrations rondes et enjouées d'Anaïs Vaugelade. La jeune narratrice (Gisèle, dix ans) est mignonne et attachante à sa façon, elle nous montre qu'on peut être basique et platement ordinaire sans pour autant être transparente. Ce n'est pas une tare non plus, et cela ne vaut pas toujours la peine de se lancer dans des missions impossibles pour prouver son importance...
Un livre sur la beauté intérieure ? Qui sait...