Pêle-mêle : Dédé - Cacaneton - Tout le monde a peur - Encore une histoire d'ours
L'éditeur dit TOUT dans sa présentation :
Dédésolés, c’est dédécidé : dans ce résumé nous ne dédévoilerons rien du dédernier-né dédélirant de Matthieu Maudédet. Non, pas un seul dédétail. Ne soyez pas dédépités ni dédécouragés! Sachez d’ores et dédéjà que cet album est plein de dédessins dédésopilants et qu’il parle de dédébrouillardise. Il va vous dédérider si vous avez la bonne idédée de le lire et il fera dédés heureux si vous le dédestinez à quelqu’un ! ;o)
Vrai de vrai : cet album est désopilant avec son humour de la répétition “dédé” tout au long de l'histoire, laquelle met en avant le système Dédé (débrouille et bricolage). Effet décoiffant assuré. Du moins, on dirait qu'un vent de folie souffle sur nous. Et c'est drôlement bien. Avec une petite note finale particulièrement cocasse.
Dédé, par Matthieu Maudet
l'école des loisirs, 2020
*******************************
Au cours de sa promenade, Cochon trouve un bel œuf et se pourlèche les babines : quelle bonne omelette en perspective !
Mais voilà un Caneton déterminé brise la coquille et jaillit en hurlant Papa. Cochon se sent tout rabougri, conquis. Il élève Caneton comme son propre fils et lui apprend à se bâfrer, à grouiner ou à se vautrer dans la boue. Caneton est heureux comme un pape, qu'importe s'il ne peut pas apprendre à voler.
Sa nouvelle copine Poussinette le trouve d'ailleurs charmant et rigolo, même si c'est vrai qu'il ne sent pas très bon. Mais grandir comme un Cochon se révèle un atout inattendu : quand son amoureuse est kidnappée sous ses yeux par un renard, Caneton vole à son secours - oui, il vole - et bombarde le malotrus d'énormes fientes dignes de son paternel.
Vous vous dites que cette histoire de crottes ne pourra que combler les jeunes lecteurs ! Ça marche à tous les coups... Pouce levé d'assentiment pour cette suite inattendue de « Crotte de nez ».
Cacaneton, d'Alan Mets
L'école des Loisirs, 2020
*******************************
En récitant les peurs des uns et des autres, cet album se veut surtout rassurant et cherche à démontrer les limites de chacun !
La souris verte a peur du chat, qui a peur du bain. Le ver dodu redoute la mésange bleue, laquelle fuit les cages. Le poisson clown tremble devant la pieuvre mais tous deux sont tétanisés par la pollution des hommes. C'est donc une chaîne qui s'étend à l'infini... même les éléphants ou les ogres ont leurs propres angoisses. Et je ne vous parle pas du petit garçon de cette histoire, qui avait peur de l'eau, mais ça c'était avant !
Un chouette album pour motiver les plus jeunes, car il faut légitimer les peurs mais ne surtout pas les dresser comme des prisons. Un peu d'humour, et hop... une lecture du soir avant un sommeil réparateur, très efficace.
Tout le monde a peur, de Rascal & Pierre Lemaitre
Pastel, 2020
*******************************
Cet album est extrêmement drôle ! C'est d'ailleurs mon album préféré de ce joyeux pêle-mêle ! ;o)
C'est l'histoire d'un ours qui rouspète contre l'auteur... taratata, l'ours en a assez d'être le héros des histoires pour les enfants. Il voudrait démissionner et donner son rôle à d'autres animaux au potentiel insoupçonné. Mais ce gredin d'auteur n'en a que faire. Il veut son ours, grincheux, glouton, paresseux. Les enfants adorent. Ils ne veulent pas d'un éléphant, d'un chaton, d'un ouistiti ou d'une taupe à nez étoilé. Non merci. Les ours sont parfaits.
La mise en scène est franchement savoureuse et désopilante : le dialogue entre l'ours et l'auteur est original et surprenant. Ça fonctionne à tous les coups, en tant que lecteur, on en redemande !
Encore une histoire d'ours, par Laura & Philip Bunting
Kaléidoscope, 2020
*******************************
La Saison des Mûres, de Polly Horvath
Raclette (non, ce n'est pas une blague) doit son prénom à un coup de folie de sa mère, le jour de son accouchement. Entre nous, j'ai d'abord pensé au plat montagnard, alors qu'il s'agit de la traduction de l'outil pour gratter... Enfin, passons. Cela vous donne un avant-goût de l'esprit complètement barge de cette lecture ! Et ma foi, j'ai failli lâcher l'affaire car je trouvais que cela partait dans tous les sens. Une jeune fille de 12-13 ans vit avec une mère égoïste qui, sous prétexte d'assouvir sa passion pour le Club de Chasse, décide de l'envoyer passer l'été chez de vieilles tantes dans le Maine.
Raclette fait alors la rencontre des « étranges dames Menuto », tante Penpen et tante Tilly, également connues dans le comté pour leur célèbre coulis de mûres gâtées. Les deux sœurs ont toujours des anecdotes insolites à partager, comme le suicide de leur mère, dont la tête a rebondi sur le sol en éclaboussant les murs. Très glauque, en effet. À ce stade, Raclette doit hésiter entre pousser des cris d'horreur et se demander si ce n'est pas un cauchemar éveillé. (Nous aussi.) Peu de temps après, une autre adolescente, Harper, vient se joindre au trio. Mais que se signifient tous ces abandons ?!! Le Vallon Rose, pourtant, est niché dans les bois, cerné par les ours, donc difficile à repérer.
Ce roman, définitivement, ne fait pas la part belle aux mères trop lâches pour assumer leur rôle. Heureusement l'ambiance générale est à mille lieux de se morfondre : c'est fantaisiste, surréaliste, cocasse... et les sœurs Menuto sont deux petites vieilles adorables. Ce sont leurs excentricités aussi qui font d'elles des êtres aussi attachants et fabuleux. Mais tout ce qu'elles vont partager avec Raclette n'est pas si anodin (la traite des vaches, les leçons de natation, la philosophie bouddhiste... et ce sentiment inaliénable d'avoir trouvé une vraie famille). Ceci dit, il faut accepter d'entrer dans un univers loufoque, complètement tordu et sans repère. Et, somme toute, assez peu accessible pour un lectorat jeunesse.
Neuf (?!) de l'École des Loisirs, mars 2008 ♦ traduit par Hélène Misserly ( The Canning Season)
illustration de couverture : Alan Mets
☾ ☽
Vu dans Bouche d'Ombre un drôle de couple étonnamment ressemblant aux dames Menuto :
Une belle réussite que cette bande dessinée écrite par Carole Martinez, l'auteur du roman Le Cœur Cousu !
(Casterman, mai 2014)