Cher Bill, par Alexandra Pichard
Pendant toute une année scolaire, deux écoliers, Oscar la petite fourmi et Bill le poulpe, s'écrivent des lettres. Très vite, une vraie complicité se noue entre les deux correspondants, qui s'envoient des cadeaux (un coquillage, du sable, des moufles, des livres, etc.) et partagent aussi des goûts communs (le ping-pong, la lecture, les crêpes...).
Quelle adorable histoire, toute simple, mais absolument charmante de bout en bout ! On craque pour cette amitié naissante, qu'on voit éclore en suivant l'échange de lettres. C'est doux, spontané, raconté sur un ton ingénu... Mais c'est tout sauf une lecture banale, car elle respire la générosité, le bien-être, la chaleur, le bonheur et l'amitié sincère ! La fin est géniale.
Les illustrations d'Alexandra Pichard sont claires et épurées. J'avais adoré la couverture, rien que pour cette touche légère et très distinguée ! Une belle réussite. Charme, humour et simplicité en sont les clefs !
Gallimard jeunesse, coll. Giboulées, février 2014
«C'est bizarre... je ne savais pas que je pouvais faire une fleur. Une jeune fille, ça ne fait pas de fleurs.»
Triple actualité pour Vincent Cuvellier ! ☺
Le retour d'Emile dans un nouvel épisode toujours aussi grinçant et hilarant !
Emile se déguise, par V. Cuvellier - illustrations de Ronan Badel (Gallimard jeunesse, coll. Giboulées, 2013)
"Je commence à en avoir marre de cette vie, de ma vie de plante verte, jolie fleur dans un petit pot, de jeune pousse, de mauvaise herbe, de brindille, d'asperge, de mauvaise graine, de graine de potence, de fruit amer, de grande tige, d'espèce de haricot, de grosse patate, de petit pois dans la tête, de vieille branche, en un mot comme en cent, j'en ai marre de ma vie de légume."
La Fille Verte, ou comment décrire l'adolescence, ce passage vécu entre rêve et réalité, où la jeune héroïne marche pieds nus dans l'herbe, prend racine dans la terre, avec un oiseau qui fait son nid dans ses cheveux, et une fleur qui pousse dans sa main, jusqu'au jour où elle entendra à nouveau les cris de sa famille, retrouvera l'envie de les rejoindre, elle qui se croyait transparente va enfin trouver sa place...
Cet album est à destiner aux grands enfants, qui comprendront plus facilement la subtilité du texte qui n'est que métaphores. C'est poétique, très beau, étrange aussi. C'est doux et envoûtant. Les illustrations sont magnifiques !
La fille verte, par V. Cuvellier - illustrations de Camilla Engman (Gallimard jeunesse, coll. Giboulées, 2012)
Et pour finir,
Une lecture qui nous plonge dans la France de l'après-guerre, avec pour jeunes héros deux bandes que tout sépare : d'un côté, on trouve les Socquettes blanches, des filles prout-prout qui ont la bénédiction du curé de la paroisse, et de l'autre côté, il y a les Chats crevés, des durs à cuire qui aiment mener la vie dure à leurs rivales. Mais lorsqu'un projet immobilier vient menacer leurs territoires respectifs, ils décident de joindre l'utile à l'agréable : se serrer les coudes, unir leur colère contre les promoteurs véreux.
Fichtre, que c'est poilant ! En plus, les illustrations sont délicieusement kitsch et vintage dans l'âme... Cet album avait tout pour me séduire : de l'humour, un soupçon d'élégance et une histoire pétaradante !
Les Socquettes blanches, par V. Cuvellier - illustrations d'Alexandra Pichard (Gallimard jeunesse, coll. Giboulées, 2013)
NB : Toutes les illustrations sont visibles en plus grand, rien qu'en cliquant sur l'image !
Les réponses, je les ai en moi.
J'ai aimé cette petite Muette, qui appartient à une famille nombreuse et bruyante. J'ai aimé ses silences et ses dialogues intérieurs. Un jour, elle rencontre un nouveau camarade de jeux, lui aussi est réservé et ne parle pas beaucoup, et pourtant ces deux-là vont avoir le déclic. La fillette va découvrir qu'elle a des tas d'histoires à raconter, alors elle se libère. C'est le feu vert pour elle, pour se lancer dans l'action et suivre le mouvement de sa tribu agitée. Et quelle poésie derrière chaque page, quelle délicatesse aussi. L'ensemble est admirablement illustré par Alexandra Pichard, avec simplicité et sobriété, de quoi apporter un peu de fraîcheur au texte d'Anne Cortey. Vraiment, une jolie association. Une lecture vraie, belle, touchante.
Les mots dehors, moi avec eux.
On dansera, on trébuchera.
Et puis on verra bien...
Muette, par Anne Cortey et Alexandra Pichard (Autrement, 2011)