L'été où je suis devenue jolie, de Jenny Han & Lu par Kaïna Blada
Date de publication : 24/05/2023
Avant d'être l'objet d'une adaptation par Prime Vidéo, la série de Jenny Han a été l'une de mes plus belles découvertes littéraires dans les années 2010. J'avais adoré découvrir la maison de la plage, les vacances d'été, les baignades, les baisers et les promesses, la légèreté de la jeunesse. L'ambiance à Cousins Beach ♥
Dans le premier volume, on découvre Belly, l'héroïne à l'approche de son seizième anniversaire. L'adolescente a perdu ses rondeurs de l'enfance et fantasme encore sur l'un des frères Fisher, elle rêve de vivre une histoire d'amour, de parfaire son bronzage, de regarder des vieux films en mangeant du popcorn, de porter des bikinis, d'être libre. Et pourtant, bizarrement, l'humeur n'est plus à l'insouciance.
Entre les peines de cœur, les crises de jalousie, les secrets et les caprices du destin, l'été s'avance vers un horizon plus morose et bouleversant. Ça ne paraît pas, de prime abord. Les décors sont toujours idylliques, l'atmosphère est certes douce-amère mais surtout douce et apaisante. Belly papillonne, se regarde le nombril, boude et tape sur les nerfs. Les garçons ne sont pas en reste, et pourtant la lecture est un concentré d'émotions pures.
Au cours des trois tomes, on va ainsi faire l'apprentissage de la vie (pas si cool) à travers les corps qui changent, la confiance qui vacille et les certitudes qui s'éparpillent. La lecture est à la fois réaliste et émouvante. Cela parle de grandir, de douter et de renoncer. Mais Jenny Han parvient également à glisser de la tendresse. D'où ce sentiment de sortir d'une bulle en planant de bonheur.
En bref, c'est un livre qui fleure bon l'été, la mer, les copains, le premier amour, l'espoir fou et l'envie d'éternité. La performance audio est vraiment très bonne. La comédienne est également la voix française de Belly dans la série. Charme, fraicheur, nostalgie. On s'imagine presque en train de flâner sur son transat, cocktail pas loin, doigts de pied en éventail. Oui, ça sent les vacances !
- Série : L'été où je suis devenue jolie, Volume 1
- Durée : 6 h
- #Létéoùjesuisdevenuejolie #NetGalleyFrance
- J'ai beaucoup aimé l'interprétation & la voix de la comédienne. C'était une Belly désespérante de sincérité !
“Moments, when lost, can't be found again. They're just gone.”
⭐⭐⭐⭐
Moi, Cosmo par Carlie Sorosiak
Tous les amoureux des chiens comprendront l'émotion du roman ! On y trouve en effet beaucoup de tendresse et d'amour dans cette histoire entre un petit garçon et son Golden Retriever. Avis aux plus sensibles, le syndrome Marley and Me ne frappe pas les pages de ce livre.
Pourtant, Cosmo est un chien vieillissant et aujourd'hui il s'inquiète pour sa famille où les parents vont divorcer. Cela veut dire séparation, garde disputée et éloignement. Sentant que les jours sombres approchent, Cosmo va entraîner le jeune Max dans un concours de danse avec la complicité de son Oncle Reggie.
L'histoire est également racontée d'après le chien, témoin impuissant des chamailleries et des tensions qui empoisonnent la vie à la maison. En même temps Cosmo comprend aussi que ses hanches sont douloureuses, que sa vue baisse, que ses réflexes sont plus lents... Il fait des efforts pour se motiver (et s'imagine dans Grease son film fétiche). Parfois son cœur s'emballe et Max l'enveloppe de sa compassion. Le lien entre eux est fort. On sent toute la bienveillance de l'auteure aussi (ses remerciements à la fin rappellent que nous sommes des humains exceptionnels d'aimer notre animal de compagnie avec une telle dévotion).
Oui ! c'est un petit roman simple et vite lu. Cependant, je me prosterne devant Carlie Sorosiak pour la bénir d'offrir un roman aussi vrai, aussi pur, aussi attendrissant. Il y a des mots, des phrases qui disent beaucoup... « Avec lui, pour lui, j'ai l'impression que je pourrai courir jusqu'à la fin des temps. »
Casterman, 2020 - Traduction d'Alice Delarbre
#alwaysinmyheart
Ensemble à minuit, de Jennifer Castle
À peine rentrée d'un semestre en Europe, Kendall traîne sa valise jusqu'à New York, chez son frère, pour réfléchir à son avenir. Elle a également donné rendez-vous à Jamie en espérant recoller les morceaux avec lui : six mois plus tôt, le garçon lui a fait comprendre qu'il n'avait aucun sentiment. Néanmoins, il n'a cessé de correspondre avec elle durant son voyage à l'étranger. Chemin faisant, elle retrouve Max, un ami de Jamie, qui séjourne chez son grand-père avant de se décider pour ses études. Max et Kendall ont déjà échangé un baiser l'été dernier. OK. Là je vous perds, mais moi aussi j'ai cru avoir loupé un épisode. Contentez-vous de suivre (la lumière) le mouvement, imprégnez-vous de l'ambiance, c'est tout ce que je peux vous conseiller. Car Kendall et Max sont témoins d'une dispute dans la rue : un type bouscule sa copine qui chute sur la chaussée, renversée par un bus. Les deux jeunes gens sont tétanisés et choqués de n'avoir rien pu faire. En se lamentant dans un café, la serveuse les accoste en leur proposant un défi : accomplir sept actions totalement détachées d'ici le 31 décembre. Kendall et Max s'y soumettent et vont ainsi passer les cinq prochains jours ensemble à déambuler dans les rues new-yorkaises, sous la neige, à la rencontre d'anonymes qu'ils vont secourir par des petits gestes, des attentions anodines mais non négligeables. En partant du principe que l'histoire laisse place à l'errance, la délicatesse et la bienveillance, il n'y aura absolument aucune déception à la clef. C'est un roman d'une grande douceur et empreint d'émotion... autant le dire. Par contre, j'espérais aussi un peu de magie dans cette histoire (très brouillonne au début) : des personnages vont et viennent, parfois sans grande utilité. Les relations de couple aussi sont très confuses et n'inspirent pas systématiquement une grande empathie. Ceci dit, je n'ai pas boudé mon plaisir à me perdre dans New York en cette saison festive et hivernale. La lecture invite à se poser et à réfléchir sur nos choix de vie. C'est plutôt bien vu et réconfortant.
Casterman (2018) - Traduit par Alice Delarbre
Titre VO : Together At Midnight
La ferme du bout du monde, de Sarah Vaughan
Déprimée par la trahison de son compagnon, Lucy rentre à Skylark pour se ressourcer dans la ferme de son enfance. Elle y découvre pourtant une autre ambiance, moins insouciante, les dettes s'accumulent et l'oncle de Lucy aimerait vendre pour se lancer dans un grand projet immobilier. Maggie, sa grand-mère, y est formellement opposée. Elle refuse de quitter sa maison, pour une raison très personnelle. Des années plus tôt, en pleine guerre, la ferme a accueilli des enfants réfugiés, dont le jeune Will et sa sœur Alice. Bercés par la beauté de la lande, isolés du reste du monde, Maggie et le garçon sont tombés amoureux et ont nourri des rêves de bonheur éternel. Soixante-dix ans ont passé, les souvenirs commencent à affleurer et charrient leur lot d'amertume. Maggie est recroquevillée sur son passé, meurtrie dans sa chair, n'osant livrer à ses proches de lourds secrets de famille. Mais Lucy se sent proche d'elle, également à un carrefour des chemins, elle sonde ses attentes et ses désirs dans sa vie de couple. Leurs histoires ne peuvent que se toucher, se croiser ou se télescoper. Et on reste à l'écoute, sans perdre le fil. Car c'est un doux roman, absolument tendre et chaleureux ! Sincèrement, j'ai savouré chaque minute de la lecture, aussi bien pour la promesse d'évasion qu'elle offre, mais aussi pour son histoire empreinte d'émotion et de sensibilité. J'ai eu la sensation de voyager, j'ai pris un plaisir fou à plonger dans le cadre sauvage et fascinant des Cornouailles, j'ai aimé partager le quotidien de la ferme, où j'ai pris le temps de panser les plaies et les peines de cœur. Rien que la couverture du roman m'invitait déjà à l'évasion, je n'ai donc pas regretté mon escapade. C'est tout simplement dépaysant, à première vue l'histoire sonne assez ordinaire puis se révèle attachante. J'ai vécu au rythme des passions et des drames en fermant les yeux (merci le livre audio). C'était pile le rendez-vous que je n'aurais pu espérer - un très bon roman, attendrissant et captivant ! ☺
©2017 Préludes / un département de la Librairie Générale Française. Traduit par Alice Delarbre
(P)2018 Audiolib. Texte lu par Julie Pouillon (durée : 12h env.)
#mois_anglais_2018
Après des études d'anglais à Oxford, Sarah Vaughan s'est consacrée au journalisme. Elle a travaillé pendant onze ans au Guardian avant de publier La Meilleure d'entre nous, son premier roman. Elle vit près de Cambridge avec son époux et leurs deux jeunes enfants.
Lectrice pour Le train des écrivains - Blaise Cendrars, Julie Pouillon est aussi l’interprète de fictions et de nombreuses lectures radiophoniques pour France Culture.
Lotto Girl, de Georgia Blain
Réfugiée dans le désert sous une fausse identité, Fern attend qu'on vienne l'exfiltrer. Car Fern est en réalité une ancienne “lotto girl” - une fille au profil génétique haut de gamme. Son sort a été joué à la loterie, du fait des revenus trop modestes de ses parents, qui visaient un avenir meilleur pour leur progéniture. Dès l'âge de cinq ans, Fern a donc rejoint l'institut Halston dirigé par la société BioPerfect pour y suivre une éducation de qualité. Elle y rencontre Lark, Ivy et Wren, également des lotto girls, et est chaperonnée par une gouvernante, Miss Margaret. Fern s'adapte rapidement au rythme des études et comble également toutes les attentes... contrairement à ses camarades, plus en difficulté et rongées par la nostalgie de leur enfance. Le parcours de Fern se découvre au fil des chapitres où s'entrecroisent son présent et son passé. La jeune fille est actuellement réfugiée dans une communauté rudimentaire, où un certain Chimo la prend sous son aile en la traitant de princesse. Fern est cependant sur ses gardes, après avoir été alertée que BioPerfect avait envoyé des espions pour la retrouver coûte que coûte. Et de s'interroger alors sur le cataclysme qui a suscité cette descente en enfer !
J'ai été séduite par cette lecture, dont l'ambiance est hypnotisante à force d'être énigmatique et néanmoins captivante. Rien ne se devine, tout se dessine avec lenteur. J'ai beaucoup aimé, retrouvant dans Halston les esquisses et l'atmosphère de Never let me go. Fern est une narratrice troublante, pas une rebelle dans l'âme, mais une fille imparfaite, parfois égoïste, et c'est tout à son honneur de ne rien cacher de ses doutes et autres faux pas. Elle est aussi un pion entre les mains des uns et des autres, normal qu'elle repousse farouchement toute forme de contrainte, la privant de son libre-arbitre. Par contre, j'ai été frustrée par le dénouement hâtif et confus. J'aurais préféré une suite, mais Georgia Blain étant décédée en décembre 2016, mes espoirs s'éteignent à leur tour. Je ressens la même amertume que celle inspirée par Version Beta de Rachel Cohen (publié sans suite chez Robert Laffont). Profonds soupirs.
Casterman, 2017 - Trad. Alice Delarbre [Special]
Lily et Po #1 : Rencontres et rendez-vous, de Lauren Oliver
Inconsolable depuis la mort de son père, un an plus tôt, Lily souffre également d'être enfermée dans le grenier de sa maison. C'est sa belle-mère qui l'oblige à vivre sous les toits, lui interdisant toute sortie ou autre compagnie. La jeune fille occupe donc son temps à dessiner, toujours près de la fenêtre. Un jour, le fantôme de Po fait irruption dans sa chambre. Loin d'être surprise, Lily lui demande au contraire un service - retrouver son père de l'Autre Côté et lui transmettre son message. Le garçon comprend qu'il ne peut rien lui refuser et se lance à sa recherche.
C'est sur ces entrefaites qu'entre en scène le jeune Will, un orphelin recueilli par l'alchimiste, qui parcourt les rues de la ville pour livrer ses potions. Mais le garçon a interverti deux coffrets, l'un destiné à la riche comtesse Prima Donna, l'autre à l'entrepreneur des pompes funèbres, ce qui a déchaîné la colère de son patron et propulsé par inadvertance la jeune Lily dans cet improbable imbroglio.
Mêlant savamment action et émotion, cette série de Lauren Oliver transporte le lecteur dans un univers fantastique et quelque peu nostalgique, avec une histoire qui évoque le deuil, le chagrin, la perte, le désarroi, et qui affiche malgré tout la volonté de “rendre de la couleur et de la vie à un monde devenu gris et morne”. On y croise donc une poignée de personnages aux intentions pas toujours louables, des jeunes héros fougueux et déterminés, tous avançant au pas de charge dans les méandres d'un voyage étonnant. L'amitié et la famille y sont mis à l'honneur, ainsi que l'aventure, l'humour et la fantaisie. Une découverte charmante et enthousiasmante, accessible dès 8-10 ans.
Par contre, j'aurais préféré un bon gros bouquin de 300 pages, au lieu des trois éditions de 150 pages, dont vingt à trente pages rien que pour les extraits des tomes suivants, ce qui laisse un arrière-goût de remplissage, et une dépense de 9.90€ le volume. Pas cool. :/
Hachette, 2012 - Trad. Alice Delarbre
Tome 2 - Fuites et poursuites
Tome 3 - Fin du voyage et retrouvailles
Replica, de Lauren Oliver
Deux filles. Deux histoires. Un même roman. C'est sur cette promesse que Lauren Oliver nous embarque dans un univers d'expériences interdites en s'intéressant aux parcours de deux héroïnes, qui vont évidemment se croiser pour mieux confronter les visions aperçues de part et d'autre.
Gemma souffre de son image. Elle est en surpoids, a effectué plusieurs séjours à l'hôpital et a le sentiment d'être un monstre, d'ailleurs ses camarades au lycée le lui rendent bien. Elle a pour seule amie April, qui déploie des trésors d'ingéniosité pour lui chasser ses idées noires. Chez elle, Gemma se sent également incomprise, entre une mère angoissée et un père accaparé par son boulot, pour lequel il s'absente constamment en désertant le foyer. La jeune fille va finalement comprendre que ses parents sont des cachotiers en découvrant le nom de son père associé à l'institut Haven, connu pour sa réputation sulfureuse, et pire encore en apprenant que le lieu a été la cible d'un acte terroriste. Gemma part sur un coup de tête pour percer les mystères de ce laboratoire aux expériences scientifiques inqualifiables. Elle entraîne dans son expédition un ancien camarade de primaire et le fils d'un blogueur qui enquêtait sur les actions de Haven avant de disparaître du circuit. Au cours de son périple, elle tombe alors sur Lyra.
Lyra est le produit des expériences honteuses de l'institut de Haven - en gros, Lyra est un clone. Son existence non plus n'a pas été doucereuse et sans heurt. C'est ce qu'on découvre dans l'autre partie du livre, en quelques 200 pages visant à compléter les révélations divulguées par Gemma. Mais j'avoue avoir ressenti une pointe de lassitude au moment d'enchaîner avec cette lecture alternative. J'ai alors réalisé que j'avais ingurgité ce roman alambiqué sans réel entrain, ni étincelle d'excitation. J'avais tenté par goût pour l'auteur (cf. sa série Delirium) mais suis, pour le coup, déçue du résultat - les personnages sont fades, l'action est convenue, avec des rebondissements improbables, l'ensemble sonne monotone. N'étant peu d'humeur aux concessions, j'ai donc lâché l'affaire. Sans regret.
Hachette Romans, 2017 - Trad. Alice Delarbre
Le Musée des Monstres, Tome 1 : La tête réduite, de Lauren Oliver & H.C. Chester
Le Musée des Horreurs et Autres Curiosités de Dumfrey est le lieu des plus incroyables excentricités, imaginez l'homme-éléphant, la plus grosse dame du monde, la femme à barbe, le garçon contorsionniste, les jumelles albinos, le garçon-crocodile, la mentaliste, le magicien, la lanceuse de couteaux... et la tête réduite, tous réunis pour épater la galerie. Ce phénomène de la tête est d'ailleurs le clou du spectacle. Mais lorsque celui-ci vire au chaos - une vieille dame assise au premier rang tombe dans les pommes - le journaliste présent dans la salle s'empare du sujet pour en faire une mauvaise publicité. L'affaire prend un tour sérieux lorsqu'on retrouve le corps de cette vieille dame au pied de son immeuble et qu'on accuse la tête réduite d'être responsable de sa mort. Les affaires de Dumfrey coulent à pic. Pour sauver leur gagne-pain, Sam, Philippa, Thomas et Max, quatre enfants particuliers, décident de mener l'enquête.
Sans surprise, le premier point fort du livre réside dans son esthétisme et les illustrations de Benjamin Lacombe. Un choix indiscutable et pertinent. Le résultat est fabuleux et rend compte d'une ambiance sombre, inquiétante, vraiment captivante. Puis, vient l'histoire se déroulant dans un cadre mythique, celui du musée des monstres, lequel est plongé dans la tourmente et doit se défendre des calomnies qui accablent son intégrité. Même si ce sont quatre mômes qui vont conduire le bal, c'est loin d'être une petite promenade de santé parsemée de quelques séquences saisissantes. Il y a bel et bien de l'action, des meurtres à répétition, des rebondissements et du suspense au menu. De quoi surprendre et piquer la curiosité à bon escient. Le succès récent des séries comme Miss Peregrine ou Lemony Snicket a permis d'autres lectures du genre de pulluler, dès lors qu'elles combinent l'étrange et le merveilleux, la production se multiplie. Je n'imaginais pas m'immerger aussi pleinement dans cet univers a priori farfelu car je ne supposais pas découvrir une histoire aussi élaborée et astucieuse. Mais la lecture se révèle réellement stupéfiante, capable à la fois de faire rêver, frissonner et tenir en haleine. Un roman riche et bon.
Hachette Romans - Octobre 2016
Traduction d'Alice Delarbre / Illustrations de Benjamin Lacombe
Titre VO : The Shrunken Head (The Curiosity House #1)
Cette Obscure Clarté, par Estelle Laure
L'été touche à sa fin, mais n'annonce pas pour Lucille un retour à la normalité. Sa mère est partie de la maison, en prétextant reprendre contact avec leur père, interné de force pour un état dépressif sévère, sauf que cela fait maintenant quinze jours qu'elle ne donne plus de nouvelles. Lucille doit gérer seule le quotidien et veiller sur Wren, sa sœur de neuf ans. Pour ne pas alerter les services sociaux, elle masque la vérité et raconte des mensonges à ses voisins, se met à chercher un petit boulot et convient avec son amie Eden, au courant de sa situation, de garder sa sœur pendant son service le soir.
Mais Lucille perd les pédales en découvrant son frigo rempli par des anges gardiens anonymes et visiblement soucieux du bien-être des frangines. Qui, quoi, comment ? Eden et son frère Digby sont témoins de la scène et assistent avec impuissance à sa détresse. Après quoi, le navire prend l'eau. Les deux amies se fâchent, le garçon devient sa nouvelle bouée de secours, même si elle a conscience de rêver éveillée car il a déjà une petite amie, mais c'est plus fort qu'elle, elle se sent chamallow tout mou, les neurones court-circuités en sa présence. Pour sa défense, avec sa vie qui part dans tous les sens, Lucille a aussi le droit de s'éparpiller dans ses sentiments et ses émotions. Que le ciel lui vienne en aide !
Allergique aux drames populaires, j'ai légitimement craint de basculer dans une lecture trop larmoyante, mais l'histoire évite le piège du pathos en usant d'une écriture pleine de finesse et empreinte d'humour. J'ai été à la fois émue et séduite par tant de poésie pour évoquer l'amour, l'amitié, la famille et la résilience, en admirant d'autant plus la personnalité de Lucille qui refuse de s'apesantir sur son sort mais cherche à dégainer ses armes selon ses petits moyens.
Dans le fond, l'histoire est attachante mais absolument improbable. Entre les problèmes survolés, la fin idyllique et l'avenir incertain, l'auteur ne s'embarrasse pas avec les détails. J'ai comme l'impression d'avoir lu un bouquin bourré de charme, de tendresse, de fulgurances sentimentales (pas mièvres). C'est adorable, ça ne fait pas de mal mais ça ne va pas bouleverser la face du monde non plus. Et c'est tant mieux aussi. Il est bon de lire des romans sans prétention et qui vous touchent par leur naïveté.
Traduit par Alice Delarbre [This Raging Light] pour les éditions Hachette
Septembre 2016 - 322 pages
La Ville orpheline, de Victoria Hislop
Tristesse et mélancolie composent l'essentiel de cette histoire, mais sa puissance romanesque demeure remarquable. J'ai été enveloppée par les descriptions de ce décor de rêve (le soleil, les plages dorées, les complexes hôteliers et les boîtes de nuit). C'était magique, franchement dépaysant ! Quand la situation tourne au vinaigre, j'ai été autant tenue en haleine par la tension dramatique et le destin des familles croisées. Ce titre ne possède peut-être pas les mêmes atouts que L'île des oubliés, mais cette escapade sur l'île chypriote n'en demeure pas moins captivante.
L'enregistrement audio est également un succès et un choix judicieux pour les vacances. Maia Baran, la lectrice pour Audiolib, parvient à nous charmer par son intonation calme et envoûtante. Elle s'accompagne aussi d'une réalisation sonore de grande qualité, qui prolonge à merveille la sensation de dépaysement.
Audiolib / Juillet 2015 ♦ Texte lu par Maia Baran (durée : 12h 26) ♦ Traduit par Alice Delarbre pour les éditions Les Escales (The Sunrise)