L’explorateur, de Katherine Rundell
Quatre enfants survivent au crash de leur avion qui survolait la forêt d'Amazonie... Désormais seuls au monde, dans un milieu inconnu et hostile (avec des caïmans, des mygales, des serpents), Fred, Connie, Lila et Max vont vivre l'Aventure de leur vie !
La couverture aux couleurs chatoyantes laissait déjà entrevoir la perspective d'un voyage incroyable, avec toutes sortes de découvertes et de rencontres étonnantes. Attendez-vous à une expédition hors du commun ! Car nos mômes vont prendre leur courage à deux mains pour se sortir de cette impasse, après avoir compris que ça ne sert à rien d'attendre les secours. S'organisant d'abord pour trouver un abri et de la nourriture, ils vont ensuite avancer dans la jungle pour explorer les environs. Ils vont tomber sur un campement abandonné et imaginer qu'ils ne sont plus seuls. Après tout, il existe de nombreux explorateurs égarés qui nourrissent les légendes...
En tout cas, l'histoire est surprenante avec quatre jeunes héros qui vont tout déchirer. Loin de rester en mode fœtus, tout en geignant sur leur triste sort, ils se comportent comme des enfants qui ont certes la trouille mais qui se débrouillent. Ils observent les singes, se tartinent de fourmis écrasées pour chiper le miel des abeilles, bravent des vautours pour sauver un bébé paresseux. Ils construisent aussi un radeau, décryptent des cartes et voguent au péril de leur vie.
Parfois je me demandais si ce n'était pas un conte que je lisais, et puis non. C'est un vrai roman d'aventures. Pur et dur. Avec une forêt tropicale comme terrain de jeux, des espèces sauvages et une nature pleine de mystères. C'est exaltant. Nos jeunes baroudeurs n'étaient sans doute pas préparés à vivre une telle galère mais vont surmonter les obstacles avec brio. Grâce à leur sens de l'entraide et leur instinct de survie, ils vont ainsi se tirer de situations dangereuses.
Quel roman ! C'est prodigieusement bluffant. On croit rêver tout du long. Bravo Katherine Rundell !
Gallimard Jeunesse (2019) - Traduit par Alice Marchand
Couverture et illustrations par Hannah Horn
Ma vie en listes, de Kristin Mahoney
Anna est accro aux listes. Elle en rédige tout le temps pour évoquer sa vie, ses envies, ses drames ou ses déboires. Comme de quitter Brooklyn pour vivre dans une petite ville paumée. Clover Gap, 8432 habitants. Capitale du trèfle. Carte postale idéale de la vie en communauté où apprendre à se faire de nouveaux amis ne devrait poser aucun problème. À condition de ne plus commettre d'impairs. Pour Anna, cela implique de ne pas raconter qu'elle possède une mémoire phénoménale. Pour chasser le souvenir d'avoir trahi ses parents en avouant au directeur de son école qu'ils ont menti pour la carte scolaire. Et vogue la galère.
C'est donc l'histoire d'un nouveau départ auquel se confronte une fillette de 11 ans avec des questions de son âge. Il ne faut pas s'attendre à un grain de folie car le contenu est assez sage et sans surprise. Le seul point original, c'est que le roman est entièrement façonné de listes. Ce que papa préfère dans la nouvelle maison, ce que maman préfère, six choses qu'ils aimeraient changer, dix choses que peut faire un enfant qui vient d'emménager... Vous voyez le topo.
Au départ c'est sympa mais sur 300 pages ça devient enquiquinant. En plus, ça n'aide pas à se fondre dans le décor, ni à suivre le fil ou à apprécier les personnages. C'est assez plat et simpliste. En bref, ce n'est pas un style auquel j'ai accroché. Ni un roman qui me laissera un souvenir impérissable. Je n'ai pas été embarquée dans cette aventure - tristesse - mais les plus jeunes n'y verront que du feu. Dès 10-11 ans.
Casterman (2019) - Traduit par Alice Marchand
Titre VO : Annie's Life in Lists
Les secrets de Temple College, de Cathryn Constable
Après une année difficile, marquée par la maladie de sa meilleure amie, Livy Burgess accepte de s'inscrire dans une nouvelle école, le Temple College, où son père vient de décrocher le poste de bibliothécaire. La famille s'installe rapidement dans leur logement de fonction. Livy trouve refuge dans la chambre sous les combles, d'où elle peut se faufiler discrètement et ainsi gambader sur les toits. Depuis quelques temps, la jeune fille se sent attirée par les statues de sentinelles qui encadrent la cour. Livy s'imagine même pouvoir converser avec l'une d'elles. Réalité ou hallucination ? Une nuit, elle croise un garçon qui lui fait comprendre qu'elle n'est pas à sa place et qu'elle doit s'en aller.
Prenez place à bord d'une histoire envoûtante, portée par une héroïne à mi-chemin entre Lyra Belacqua et Harry Potter. Livy est une élève réservée, chahutée par ses camarades, préférant se replier sur elle-même, loin du réel. Logique qu'elle trouve autant de réconfort dans ses rêves ou ses échappées nocturnes. Pourtant, le danger est réel : la directrice de l'école cache son jeu, le vieil homme dans le parc insiste pour lui donner des livres, vu que la bibliothèque est sens dessus dessous, interdite d'accès.
Un mystère plane entre les murs du Temple College, probablement dans le patrimoine génétique de Livy, qui vient d'apprendre que son aïeul en était le créateur. Dès lors, l'histoire nous entraîne dans une aventure passionnante, encore un coup de génie de Cathryn Constable (il faut lire Sophie et la Princesse des loups, un véritable enchantement). J'ai retrouvé dans cette fable la même atmosphère extraordinaire et merveilleuse qu'on prend plaisir à parcourir. Suis définitivement conquise !
Gallimard jeunesse (2018) - traduit par Alice Marchand
titre VO : The White Tower
Couverture illustrée par Helen Crawford-White
Robot sauvage, de Peter Brown.
Un cargo fait naufrage au large d'une île, crachant dans l'océan sa cargaison de caisses en bois. Toutes vont voler en éclats contre les rochers, à l'exception d'une seule. À l'intérieur, se trouve un robot indemne que des loutres curieuses vont initialiser en appuyant sur le bouton derrière la bête. Rozzoum unité 7134, alias Roz, prend vie, étincelante sous le soleil. Et les loutres prennent la poudre d'escampette en poussant des cris d'horreur.
La rumeur court aussitôt dans toute l'île qu'un monstre vient de faire son apparition ! Deux jeunes ours vont la pourchasser, un rouge-gorge va la bombarder de fientes et la sève de pin va achever d'éteindre son lustre. Roz demeure stoïque et comprend qu'elle doit se fondre dans le décor pour sa survie. Elle se met ainsi à observer les autres animaux, copie leurs habitudes, apprend leur langage et apporte timidement son aide - quand ils daigneront enfin lui accorder sa confiance.
Consécration ultime, Roz va s'initier au rôle de maman en adoptant un oison orphelin !
J'étais loin de m'imaginer à quel point les aventures de Roz allaient m'enchanter. D'où le bonheur de plonger dans cette lecture merveilleuse et captivante.
Roz est une héroïne hors du commun - un robot, pensez donc. Avec son esprit pragmatique et son absence d'émotion, elle se révèle bien plus attachante et inspire une réelle empathie à travers ses efforts et ses tentatives d'adaptation dans un monde hostile. C'est sa simplicité et sa sincérité qui la feront gravir les échelons, c'est aussi son don inné à aider les autres qui rendront son apprentissage de vie aussi émouvant.
J'ai été clairement enchantée par cette histoire, qui parle d'amitié, d'entraide et de nature sauvage à préserver parmi le chaos général. Une vraie bonne surprise et une très belle rencontre.
Je recommande ! ♥
Gallimard Jeunesse, 2017 - Trad. Alice Marchand - Illus. Peter Brown
Journal d'une ado vraiment déjantée, de Candy Harper
À l'approche du deuxième trimestre, Victoire rayonne de bonheur : son béguin de toujours, Finn, le beau surfeur, la considère enfin comme une petite copine potentielle. Mais la réalité semble dépasser ses illusions d'une idylle parfaite. Car l'adonis se révèle assez creux, banal et rasoir. Au lieu de reconnaître son échec, Victoire s'accroche à ses folles espérances et se préoccupe des amours de ses copines - Meg, Angharad et Lily. Car la vie de ces jeunes anglaises dépend entièrement de leurs élans du cœur ! Seulement, quand on fréquente une école pour filles, les opportunités pour trouver l'âme sœur ne sont pas courantes. En début d'année, les filles avaient tiré profit de la chorale pour rencontrer Ethan et ses potes. Cette fois, à force de se creuser la cervelle, elles ont décidé de lancer un club de débats.
Il règne ainsi une impression de fourmillement perpétuel dans ce livre. Victoire est le point de concentration de cette effervescence et nous emmène dans sa ronde pour tout ce qui implique ses amies, sa famille et ses copains. Il y a notamment sa relation avec Ethan, pas seulement amicale, mais la demoiselle est obsédée par Finn et refuse de voir les signaux d'alerte. Elle choisit délibérément d'être aveugle et se montre parfois insupportable avec ce garçon adorable. Quelle plaie. Sa famille est toujours aussi folle, sa grand-mère est devenue une accro au portable, son frère lui fait honte constamment et ses parents manquent sérieusement de compassion envers ses drames de collégienne.
Bref. Il y a de la dérision, de l'humour et du superflu dans cette lecture, riche en crises et autres délires du même bord. C'est léger et distrayant, certes un cran en-dessous du premier volume, cf. Journal d'une ado déjantée. Le ton s'essouffle et manque de mordant, avec une intrigue qui ne casse pas trois pattes à un canard. Je reste toutefois friande des romans de cet acabit et vais de ce pas lire la suite du Grand roman de ma petite vie de l'excellente Susie Morgenstern.
Albin Michel Jeunesse - Traduction d'Alice Marchand (Septembre 2016)
illustration de couv. : Astrid M
Comparatif des couvertures VO plus déjantées :
Les Effroyables Missions de Margo Maloo, de Drew Weing
Halloween approche. Alors, pour se mettre dans le bain, plongez dans cette lecture pleine de monstres dans le placard, qui donnent des frissons pour de vrai, et qui se proposent aussi de nous lancer dans des enquêtes excitantes en compagnie d'une experte ès phénomènes fantastiques & effrayants ! ☺
Charles Thompson, jeune blogueur chevronné, n'adhère pas du tout à la nouvelle lubie de ses parents - à savoir, emménager dans un vieil immeuble Art Déco dans la grande ville d'Écho City. Le gamin trouve leur nouvel appartement lugubre et délabré, la nuit il fait des cauchemars et pousse des cris de terreur en découvrant un monstre sortir de son placard...
Charles n'en peut plus et se sent incompris, jusqu'à ce qu'il rencontre la spécialiste Margo Maloo, une fillette capable de mater les créatures de l'ombre par sa parfaite connaissance de leur pédigrée. Fantômes, gobelins, ogres ou trolls n'ont aucun secret pour elle. Et inversement, ces monstres se montrent tous extrêmement obligeants à son égard. Pourquoi, comment ? Charles est estomaqué.
D'abord, la découverte de cet univers parallèle le sidère et l'émoustille en même temps. Or, Margo refuse d'accorder la moindre interview au jeune chroniqueur et lui impose même le silence. Son activité doit demeurer confidentielle, par respect pour les monstres aussi. Sic. Charles en a une frousse bleue. Et les monstres le lui rendent bien. Ils l'accusent même d'avoir kidnappé un bébé ogre et ont mis sa tête à prix. Ses jours sont comptés, seule Margo Maloo peut le tirer de ce vilain guêpier !
Que d'émotion, que d'action au programme ! Cette bd est terriblement pertinente à jouer des peurs des enfants et à mettre en scène des monstres dans des situations insolites et saisissantes. Cette lecture fait flipper pour de vrai... tout en collant le sourire aux lèvres. Car il y a de l'humour dans l'histoire, du mystère à travers les enquêtes de Margo et son personnage surgi de nulle part, mais aussi de l'inconnu dans les intentions des monstres, cette communauté fermée et revêche, qui adore terrifier les enfants pas sages et qui se plaint du non-respect des humains en leur arrachant tous leurs biens. Assistant l'intrépide détective, Charles Thompson s"impose aussi en tant que jeune héros froussard et attachant, tout en se familiarisant peu à peu à cet univers foisonnant et original. Suivez le guide ! Cette lecture laisse autant place à l'imaginaire qu'aux vieilles terreurs nocturnes... brrr, frissonnez !
Gallimard Bande Dessinée - septembre 2016 - trad. d'Alice Marchand
Journal d'une ado déjantée, de Candy Harper
Accrochez-vous, amis lecteurs, la tornade rousse, Victoire, qui nous arrive d'Angleterre, est dans la place, remontée à bloc pour une nouvelle année scolaire, explosive et déjantée !
Or, ses plans sur la comète se crashent lamentablement en apprenant qu'elle ne sera plus dans la même classe que sa meilleure amie Meg. Le drame. Victoire fulmine, ressassant amèrement que c'est un sale coup de la surveillante générale, l'horrible Miss Fortescu, qui la déteste depuis des années. Il faut dire que notre charmante héroïne est une peste finie, précédée de sa réputation - en gros, une gamine insupportable, à l'humour vachard et adepte du sarcasme. Ça fouette jusqu'au sang dès qu'elle ouvre la bouche ! Ouch. Également spécialiste des mauvais coups, elle n'en loupe pas une dès qu'il est question de méfait à accomplir. (« Je jure solennellement que mes intentions sont mauvaises. » Ha, ha !)
Les deux copines vont donc trouver un terrain d'entente en s'inscrivant à la chorale de l'école, pas parce qu'elles sont douées et ont la fibre artistique, mais simplement car elles ont appris que les répétitions seraient mixtes et qu'elles kiffent trop de rencontrer des garçons ! ^-^ Et bingo, Victoire tombe en pâmoison devant la sexytude de Finn Ryland, un beau gosse au look de surfeur californien. N'en jetez plus, la coupe est pleine. Malgré tout, notre Miss garde la tête sur les épaules et ne perd pas ses objectifs en échafaudant les meilleurs plans pour empoisonner l'existence du personnel enseignant, de sa rivale Aurore Horreur Blundell, de son frère Sam, de sa grand-mère qui dévalise les placards de toutes ses sucreries, du type aux cheveux frisés, Ethan, à l'humour mordant et aux blagues douteuses...
Voilà de quoi remplir trois mois d'une vie d'ado particulièrement déjantée.
J'avoue être particulièrement friande de ce type de lectures légères et insolentes (et vous invite à lire des auteurs comme Carol Midgley, Echo Freer, E. Lockhart, Hayley Long, Sue Limb & Louise Rennison pour le top du top). Cette Victoire a cependant bien failli me rendre chèvre, du fait de son insolence et ses manières pas toujours correctes. Au début, je lui aurais volontiers fait avaler du savon, mais j'ai fini par m'habituer et j'ai même pris goût à ses canulars, ses répliques cinglantes et son ton railleur. Cela donne des dialogues poilants, qui fusent comme des éclairs, la lecture n'en est que plus drôle et assez inattendue, même si l'intrigue tient sur un fil et ne bouleverse pas la stabilité des écosystèmes non plus. ;-) La fin se termine en queue de poisson, car il existe deux autres livres de la même série en VO, quant à savoir s'ils seront traduits en VF, c'est un pari à prendre... (Il est devenu trop courant de publier des livres sans respecter les séries, d'où la gronde grossissante des lecteurs trop frustrés !).
Si l'on recherche un simple rendez-vous décalé et extravagant, c'est tout bon.
Albin Michel Jeunesse - Janvier 2016 ♦ ill. de couv : Astrid M
Traduit par Alice Marchand (Have a Little Faith)
Couverture version originale
Stone Rider, de David Hofmeyr
Cette nouvelle série dystopique nous embarque dans une course de motos palpitante, en plein désert, où tous les coups sont permis. ☺
Adam Stone est déterminé à fuir la misère qui règne à Blackwater. Pour remporter cette liberté, il lui faut participer à une course sans foi ni loi, à dos de puissants bolides. Il n'a plus rien à perdre, depuis que toute sa famille a disparu dans des circonstances tragiques, et nourrit une certaine rancune envers Levi Blood, le fils du gouverneur de la ville, chef de gang redoutable. De par son tempérament sensible et solitaire, Adam s'est forgé une carapace et a du mal à accorder sa confiance, mais entend atteindre son but sans y perdre son âme. C'est donc par la force des choses qu'il se forge des alliances inattendues, d'abord avec Kane, un taiseux débarqué de nulle part, trouble-fête mystérieux et violent, puis avec Sadie, la jolie mécanicienne dont il est secrètement amoureux. Ensemble ils vont se lancer dans une compétition réputée déloyale et conduite dans des conditions extrêmes (chaleur intense, piste dangereuse, esprits fantômes et loups enragés). La concurrence sera rude et acharnée, sur un rythme intrépide et souvent démoniaque.
J'ai très vite pensé aux films Mad Max pour son ambiance western au cœur d'une société post-apocalyptique, où cherche à percer une histoire d'amour et de vengeance. J'ai eu quelques craintes de base, car je n'ai jamais aimé les films en question, et pourtant j'ai été rapidement emballée par l'histoire. Il est vrai qu'elle est imprégnée de désolation, pas franchement glamour, mais elle dégage aussi fougue et fureur, si bien qu'on s'accroche aux fameuses “békanes” avec exaltation. Adam et ses acolytes ne sont en rien épargnés par les coups du sort. Cela cogne dur et fort, c'est sans pitié, sans remords. Les émotions n'ont aucun droit de cité, sans sombrer dans des abîmes de désespoir non plus. Il y a d'ailleurs une histoire d'amour florissante, mais maladroite. Je redoutais aussi un univers trop marqué masculin (les motos, les guerres de clan et la baston) avant de réellement découvrir un récit au rythme entraînant et où l'on y trouve sa place sans difficulté. Un début prometteur et engageant.
Gallimard jeunesse / Août 2015 ♦ Traduit par Alice Marchand
Sophie et la Princesse des Loups, de Cathryn Constable
❅❅“C'était l'hiver. Il neigeait. Une petite fille était perdue dans les bois. Et il y avait... un loup.”❅❅
Orpheline, sans le sou, Sophie Smith vit en pension dans une école privée à Londres. A l'approche des vacances, ses amies et elle sont invitées à se rendre en Russie pour rencontrer la princesse Volkonski. Cette dernière occupe un palais d'hiver, en rase campagne, dans la région de St-Petersburg. L'endroit est féerique, même s'il porte encore les stigmates des vieilles querelles politiques et des tragédies familiales. Qu'importe. Sophie est avide d'aventures merveilleuses et tombe sous le charme de cette princesse au charisme ravageur, qui lui semble à la fois énigmatique et envoûtante. Mais d'autres mystères entourent les lieux, dont la forêt qui sert de refuge à une meute de loups. Chaque nuit, leurs hurlements hantent les rêves de Sophie qui se sent de plus en plus perdue, mélangeant la réalité et la fiction. Elle se surprend aussi à ressasser des souvenirs de son père, qui avait coutume de lui chanter la même berceuse ou aimait lui raconter des légendes lointaines. Comment expliquer ces soudaines réminiscences, sinon qu'elles sont ravivées par le décor qui l'entoure et lui fait tourner la tête ?
Son histoire s'éclairera à l'aube de révélations éclatantes, qui surviendront dans les derniers chapitres. N'allez pas imaginer pas que celles-ci vous surprendront plus que de raison, car la trame romanesque demeure assez simple et évidente. C'est surtout pour son fantastique décor que cette lecture est étonnante. On baigne dans un cadre idyllique, au cœur de la Russie, en plein hiver, on vit et partage des activités toutes plus extraordinaires les unes que les autres (pique-nique de minuit sur un lac gelé, balades en vozok, patin à glace au coucher du soleil...), en compagnie d'une héroïne auréolée d'un passé mystérieux et à la destinée émouvante. C'est tout bonnement fascinant. L'intrigue dévoile un joli conte enchanteur, qui séduit pour sa simplicité, son élégance et sa tenue. Et c'est ravissant, sans prétention. Parfait pour les longues soirées d'hiver. Cette lecture a, de plus, eu le bon goût de me rappeler la série d'Anne Bouin, Petite feuille nénètse, Un été sibérissime et La vie est une flèche, qui possède les mêmes qualités magiques et ensorcelantes.
Folio Junior / avril 2015 ♦ Traduit par Alice Marchand (The Wolf Princess)
« Sophie tira la couverture jusque sous son menton et s'assit dans son lit pour regarder la lune. Peut-être qu'en se concentrant sur cette lumière blafarde, elle arriverait à comprendre ce qui venait de se passer, pourquoi elle était ici, dans ce palais oublié, perdue au milieu d'un immense pays désert, avec ces gens qui se comportaient d'une façon si étrange. Elle était déconcertée, déracinée, comme un petit bateau partant à la dérive sans espoir de retrouver la côte, livré aux marées, aux vents et aux courants. »
Deux soeurs, un destin tome 2 : Le guet-apens, de Maya Snow
Suite des aventures de Kimi et Hana, après un début de série mouvementé (cf. La Trahison).
Après avoir trouvé refuge dans une école de samouraïs, où elles se font passer pour des garçons, recrutés en tant que serviteurs, Kimi et Hana ont bénéficié en douce de l'enseignement de Maître Goku et acquis une confiance nouvelle. Las, la tragédie frappe encore à la porte et les pousse à poursuivre leur périple, en compagnie de leur ami Tatsuya, les forçant à traverser le Mont Fuji et ses dangers.
Action, aventure, amitié, famille, loyauté et courage sont au cœur du récit. La lecture n'en est que plus palpitante, tant le rythme ne faiblit pas et réserve son lot de surprises : de nouvelles alliances voient le jour, mais les ennemis ne manquent pas non plus. De plus, les filles ont appris que leur mère et leur jeune frère avaient survécu au massacre de leur famille et sont dans l'attente de connaître le lieu de leur cachette pour pouvoir les rejoindre.
Le suspense est parfaitement maîtrisé ! On a aussi beaucoup de plaisir à plonger dans cette ambiance nipponne dont le folklore et la culture féodale sont reproduits dans un souci d'authenticité toujours très appréciable. Déclinée en quatre tomes, cette série plaira aux pré-ados, en attendant de se lancer dans la fabuleuse saga de Lian Hearn (Le Clan des Otori).
Flammarion jeunesse, coll. Castor Poche, avril 2015 ♦ traduit par Alice Marchand (Chasing the Secret)