Pêle-mêle : La Cité sans nom - Le fils de l'Ursari - La Romance de l'ogre Yosipovitch
La Cité sans nom est une série palpitante et riche en émotions !
L'histoire se déroule dans une cité déchirée par des années de guerre, de convoitise et de conquête. Désormais, tout semble assez paisible et stable sous la coupe de l'Empire des Lames sauf que le calme n'est qu'apparent. Encore des complots, encore des trahisons, encore des vengeances... Au cœur de l'action, nous découvrons Kaidu et son amie Rat qui parcourent les ruelles et les toits de la ville loin des regards indiscrets. Ils ont noué une relation de confiance à force de se lancer des défis et sont maintenant inséparables. C'est ensemble qu'ils ont aussi décroché le respect de leurs aînés en déjouant un attentat même si le chaos n'a pas dit son dernier mot et entend déchaîner sa puissance pour renverser la politique en place.
Cette lecture est animée par un souffle d'aventure et d'émotion qui nous embarque tout de go. On ne voit plus les pages défiler, on est pris dans le rythme et on a envie de connaître la suite sans plus tarder. C'est aussi une belle aventure humaine, avec une amitié forte entre Kaidu et Rat, dont on connaît les racines et les souffrances intimes, les secrets de famille et les sacrifices. Faith Erin Hicks a donc réussi à combiner les genres pour une immersion spectaculaire dans son univers : rebondissements, suspense, action, tendresse, émotion et humour sont du nombre. Elle ne déçoit pas non plus sur la durée (contrairement à 5 Mondes) et nous offre un divertissement de haut vol qui fait toujours plaisir à découvrir. C'est fort !
La Cité Sans Nom, par Faith Erin Hicks
-SÉRIE EN 3 TOMES-
Rue de Sèvres (2018, 2019)
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Cette adaptation du roman de Xavier-Laurent Petit exploite toujours et encore des sujets sensibles et d'actualité (sur la situation des réfugiés et leurs conditions d'accueil). On suit donc le destin d'une famille de Roms qui doit son voyage en France à une crapule et qui va vivre de misère et de galères pour le rembourser. On comprend de suite que la lecture ne sera pas légère et insouciante. Et on plonge dans une ambiance sombre et poignante. La famille partage un cabanon insalubre, aux abords de Paris. Pas de papier, pas d'argent. C'est système D pour survivre.
Au milieu, le jeune Ciprian porte un regard candide sur son entourage (on devient mendiant professionnel ou emprunteur de portefeuilles) mais le môme n'est pas non plus ignorant de la précarité qui les entoure. Outre le chantage, la police est présente. Il faut souvent louvoyer ou se planquer. Aucun détour possible. Une journée sans travail, c'est un lendemain qui déchante. Enfin, la spirale est infernale : à lire, c'est dur. Heureusement l'histoire laisse poindre une lueur d'espoir quand Ciprian surprend des joueurs d'échecs au Luxembourg. Et le garçon analphabète perçoit plus qu'il ne comprend ce qui se trame sous ses yeux. En plus, l'enfant pensait être discret mais c'est loupé ! ... De là, commence donc un autre apprentissage pour Ciprian. Celui de la confiance, du respect, du cadre et de l'avenir.
Mis en scène par Cyrille Pomès et Isabelle Merlet, ce parcours est sans fard, sans glamour. C'est assez rude aussi même si ça raconte la vie réelle et hélas actuelle. Une BD instructive et efficace pour sensibiliser les plus jeunes.
Le Fils de l'Ursari, de Cyrille Pomès & Isabelle Merlet
D'après le roman de Xavier-Laurent Petit
Rue de Sèvres, 2019
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Dans les Noires Forêts de l'Oural, vit un ogre solitaire et à l'appétit particulièrement vorace. Mais lorsqu'il croise la douce et ravissante Bella, cyclope de son état, son cœur s'emballe, ses yeux voient trouble, sa langue devient bête et ses mains baladeuses. Vlan, la Bella ne s'en laisse pas conter et lui colle une torgnole en pleine poire. Ce malatru doit apprendre les bonnes manières s'il souhaite lui conter fleurette. Devenir un vrai gentleman, pour un ogre rustaud, le challenge est de taille. Et le rendez-vous posé : s'il ne montre pas patte blanche d'ici vingt-quatre heures, notre Édouard sera dévoré tout cru par sa dulcinée !
Dans cette fable, on croise aussi un blaireau et deux jeunes loups en sortie botanique - pris en otages par notre ogre aux abois. Commence ainsi une leçon de vie loufoque et saugrenue... avec des acteurs pour le moins effrayants. Ici, on ne badine pas avec l'amour. On le tartine comme Cyrano sous les yeux exorbités de trolls en délire. C'est complètement dingue - un peu rebutant aussi car les illustrations n'adoucissent pas les traits des personnages. Qu'importe, c'est une lecture rapide et juvénile qui aura tout loisir d'égayer l'heure du coucher !
La Romance de l'Ogre Yosipovitch, de Matthieu Sylvander & Anaïs Vaugelade (illustrations)
Neuf de l'école des loisirs, 2019
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Mes animaux, par Agnès Desarthe & Anaïs Vaugelade
Ce livre rassemble quatre histoires déjà parues dans la collection Mouche : C'est qui le plus beau ?, Yankel le Teckel, Je veux être un cheval et Igor le Labrador.
Quartet gagnant avec ce recueil nous invitant à découvrir des histoires d'animaux assez extraordinaires !
Ben Bouboule est un âne qui s'ennuie dans son carré de pré et rêve d'Ailleurs, à chevaucher les plaines et sentir sa crinière voler dans les airs, tout comme le cheval qu'il admire et rêve de ressembler... Milos, un gnou ravissant, persuadé d'être le plus beau depuis que sa mère le lui serine chaque matin, décide de participer à un concours de beauté où il fait la rencontre d'un pingouin. Celui-ci veut remporter le gros lot pour retrouver sa douce qui vit à Paris. Gnou, beaucoup trop sentimental, laisse sa place et fait l'admiration de ses proches en se montrant le plus brave de toute l'assistance.
Igor le labrador a réussi dans les affaires mais s'ennuie de plus en plus dans sa petite vie. Il envie presque Félicien le vieux dalmatien, qui affiche constamment un air de ravi de la crèche, même si on raconte qu'il a vendu son âme au diable. Qu'importe, Igor veut aussi goûter au bonheur et part à la recherche du diable en personne. Yankel le teckel a lui aussi connu la gloire et les honneurs grâce à son flair hors du commun, puis un drame a bouleversé sa vie et Yankel s'est replié dans une grotte, loin de tout. Mais l'histoire réserve une fin joyeuse, car tout le monde a décidément droit au bonheur !
Pour le trouver, il faut parfois savoir « se perdre et se perdre encore, et partir très loin pour le dénicher... juste sous ses pattes. »
Cette lecture est truculente, avec des illustrations au poil, preuve que le duo Agnès Desarthe et Anaïs Vaugelade fait toujours des merveilles. C'est simple et charmant, et puis les histoires avec des animaux ont toujours la cote auprès des enfants.
École des Loisirs, Grand format, octobre 2014 pour la présente édition
Te voilà ! d' Anaïs Vaugelade
Où l'on découvre la formidable épopée du bébé qui flotte dans le ventre de la maman et qui s'apprête à faire son grand voyage vers la sortie. Une libération sous forme d'explosion de couleurs, de poésie, de fantasmagorie... Effet prodigieusement magique et éblouissant !
Où l'on s'inspire aussi d'une la légende disant que les bébés avant la naissance ont la connaissance universelle mais qu'un ange la leur fait oublier en posant un doigt sur leurs lèvres (d'où le petit creux de la lèvre supérieure)...
Où l'on se dit que cet album se lit de façon libre et légère, libre de toute interprétation, complètement éthéré dans son esthétisme.
Et moi, j'ai beaucoup aimé les couleurs et les illustrations de cet album psychédélique...
Petite description théorique
Pourquoi avons-nous tous un petit creux entre la base du nez et les lèvres ? Un récit talmudique célèbre nous l'explique : à la naissance de chaque enfant, un ange arrive pour lui interdire de révéler tout ce qu'il a appris dans les limbes. Il pose son doigt sur la bouche du bébé puis le retire en laissant cette empreinte, et c'est alors que le nouveau-né peut crier. Anaïs Vaugelade a choisi de réécrire une version malicieuse et laïque de cette légende. Voici révélés quelques secrets de la vie antérieure du bébé !
Alors qu'il avait un an tout juste, le petit garçon d'Anaïs Vaugelade s'est trouvé nez à nez avec un téléphone, modèle 1960. Quand, avec le plus grand naturel, il a porté le combiné à son oreille, Anaïs est restée perplexe : «D'où sait-il que cette chose est un téléphone, alors qu'au cours de la seule année de sa vie il n'a vu que des modèles rectangulaires et à boutons ?» Puis, c'est en lisant un livre de morphogenèse, qui compare le tout premier instant du foetus à un big bang, qu'Anaïs a trouvé le point de départ de son histoire.
Cet album contient aussi un hommage appuyé aux sages-femmes, qui portent bien leur nom (surtout celles de la maternité des Lilas).
Ecole des Loisirs, novembre 2013
Le Poulet fermier, d'Agnès Desarthe
Chez les Dumordu, on est fermier de père en fils. C'est ce qu'Archibald Dumordu a déclaré à son fils Douglas, juste avant de mourir. Malheureusement, le garçon se sent bien en peine quand il se retrouve seul avec cette nouvelle charge sur les bras. Il tente alors quelques expériences, en plantant les carottes à l'envers, en arrosant son champ de betteraves avec un petit arrosoir qu'il remplit au robinet de la cuisine, il conduit le tracteur en marche arrière et donne des tartes aux fraises à ses lapins... Le garçon devient la risée des villageois, même son voisin commence à voir rouge car il lui a promis la main de sa fille Miranda mais pourrait revenir sur sa décision !
Pensant lui venir en aide, Miranda lui suggère de se lancer dans le phénomène à la mode : le poulet fermier. C'est sa seule chance, son sésame pour la réussite. Douglas, notre gentil benêt, prend tout au pied de la lettre et toque à la porte du poulailler pour proposer le job. Oui, oui, je vous jure. C'est impayable ! Mais ce dont on ne s'imagine pas, c'est que Douglas sait parler aux animaux et devient pote avec Ernest, un poulet merveilleux, qui peut transformer sa vie.
Ce petit roman est drôle, déjanté, absurde mais délicieusement jubilatoire. Il offre non seulement un aperçu de la vie à la ferme, du travail que cela demande et qui ne s'improvise pas du jour au lendemain, avec en vedette un garçon empoté et nigaud qu'il est impossible de détester ! À vrai dire, on sourit plutôt qu'on ne se moque en découvrant ses nombreuses frasques. De plus, c'est aussi une histoire sur les animaux qui nous sont proches et qu'on nous présente avec des émotions (et la faculté de parler !). Les humains, eux, apparaissent méfiants et conventionnels. À chacun, donc, de s'accepter et de se respecter. Respect aussi pour la décision de ne pas manger de viande (« Aucune chance, je n'aime que les tartines ! »).
Succès tout plein pour ce livre, agrémenté des illustrations tendres et espiègles d'Anaïs Vaugelade.
Le poulet fermier, d'Agnès Desarthe (Mouche de l'Ecole des Loisirs, avril 2013)
Et maintenant, un petit récit tendre et mélancolique, mais qui se termine sur une note de tristesse (où il est question de mort et de deuil). Bizarremment ce n'est pas déprimant non plus, juste solennel et très sage dans son approche. Pendant toute l'histoire, on a suivi la croisade de Sara qui ne veut plus manger d'animaux et qui découvre, grâce à sa grand-mère, une légende à propos des légumes. Il y a très longtemps, les légumes auraient été des animaux, mais étant donné qu'ils étaient sacrément paresseux, ils ont fini par prendre racine et devenir des légumes ! C'est une interprétation fantaisiste du rapport à entretenir avec la nature et notre alimentation, en gros. Mais c'est plus joliment exprimé dans le texte, je vous rassure, Martin Page est un doux-dingue qui nous transporte dans son univers déjanté avec une facilité déconcertante. Il est aidé, pour l'occasion, de Sandrine Bonini dont les dessins apportent de la douceur et de la luminosité à la lecture. C'est mignon, c'est charmant, ça fait un peu réfléchir aussi... et on se dit, à la fin, que « si on devenait tous un peu plus aubergine (ou courgette) alors le monde irait mieux ».
Le zoo des légumes, de Martin Page (Mouche de l'Ecole des Loisirs, avril 2013)
Finalement, il avait tout son temps pour découvrir le sens de la vie.
Le roman se divise en trois parties. Il s'agit d'abord d'un bébé linotte, Dingo, qui tombe du nid et s'écrase au pied de l'arbre, ce qui provoque une amnésie passagère. Dingo, alors parfaitement inconscient, picore à droite et à gauche à la recherche de nourriture. Le voilà sur le coussinet d'une patte de chat ! Le gros Pacha se réveille et découvre la bestiole en se pourléchant les babines.
La suite de l'aventure nous entraînera dans le vaste monde, en fait un pré qui se situe à l'arrière de la grange de la ferme. Pacha y fait la rencontre de Vénus la vache. Parce qu'elle est aussi ronde, molle, avec de belles taches sur son pelage, le chat pense aussitôt qu'ils appartiennent à la même famille. Meuh non, voyons, lui rétorque-t-elle en lui expliquant le sens de la vie.
Les chats sont des créatures souples, les oiseaux aident à combattre les mouches et la vache leur rend service avec ses bouses où ils aiment venir se réchauffer ! C'est aussi simple que ça. La vision de ce petit monde des animaux qui se croisent et s'entraident à leur façon est rafraîchissante. De toute manière, j'aime tout ce qui sort de l'imagination d'Agnès Desarthe et d'Anaïs Vaugelade ! Donc là, c'est double plaisir assuré.
Dingo et le sens de la vie, par Agnès Desarthe, illustrations d'Anaïs Vaugelade
Mouche de l'Ecole des Loisirs, 2012
L'histoire du soir #30 : Le chevalier et la forêt, par Anaïs Vaugelade
Un jour, comme c'est le jour de son anniversaire, le petit chevalier reçoit une boîte avec, dedans, un pistolet. Youpi, tralala, il est fou de joie et se sent ragaillardi. Pour la peine, il brave l'interdiction de traverser la forêt. Même pas peur ! Son pistolet viendra à bout de tous les dangers.
En chemin, il croise une coccinelle, qui lui offre trois points pour exaucer ses voeux. Il poursuit son épopée mais les ennuis commencent très tôt. La forêt grouille de plantes grimpantes, rampantes, de lianes vengeresses, qui cherchent à vous entortiller entre ses filets. Le garçon résiste, mais flûte il est prisonnier ! Son pistolet ne peut rien pour lui. Alors il fait appel à ses trois voeux.
Les armes, la force, la puissance, peuh ! ça ne vaut pas un clou quand il suffit d'une étincelle de génie. Une petite goutte d'eau, le miracle de la nature, ses lois ancestrales, vitales et le voici, le voilà, notre petit chevalier a trouvé la sortie.
Une lecture qui prête à sourire, terriblement espiègle, elle nous plonge dans un enfer vert, avec une Mère Nature qui joue aux marionnettes en se moquant allègrement des sabres et des lasers. Plus qu'un chevalier, notre petit bonhomme est rusé comme un Sioux ! Un album parfaitement cocasse et adorable.
Le chevalier et la forêt, par Anaïs Vaugelade (Ecole des Loisirs, 2012)
Pêle-mêle Clarabel #25
Un petit tour d'horizon au joli pays des albums - des albums piochés au gré des envies et des surprises.
Place aux images et au blabla.
Il n'y a pas de chats dans ce livre - album facétieux et original. Où les pages s'ouvrent sur des personnages qui ne pensent qu'à s'échapper pour visiter le monde. Complices, ils interpellent directement le lecteur et entretiennent un mini suspense qui rend le lecteur impatient et curieux de tourner la page, car une surprise attend à chaque fois. Aussitôt lu, aussitôt conquise. J'ai immédiatement pensé à mes amoureuses des chats ! Voilà un album fantastique et fantasque, qui réussit le tour de force de séduire une lectrice pas forcément sensible au charme félin, comme quoi c'est un album qui vaut le coup d'oeil. Par Viviane Schwarz (Pastel, 2011)
Le mariage de Simon, ou comment j'ai souri du début à la fin en me demandant combien de temps le jeune Simon allait résister face aux insistances de sa mère qui veut le marier à tout prix ! Elle a même fait appel à une marieuse, imaginez... Or, Simon ne veut pas se marier. C'est catégorique. Et il n'en peut plus de cette pression que lui met sa mère. Agnès Desarthe est brillante, son histoire est drôle et simple, quant aux illustrations d'Anaïs Vaugelade, c'est également un régal de sobriété sans niaiserie, j'ai aimé les expressions des cochons en plus de leurs répliques rigolotes. Une belle rencontre ! (l'école des loisirs, 2011)
Décidément, le cochon a la cote ! Ici, Ptit Cochon est mécontent car sa mère n'a pas le temps de jouer avec lui. Il s'isole dans le jardin, en tapant du pied et en râlant. Il est tout seul, ce n'est pas marrant. Et là, il rencontre un escargot. Un escargot qui suit son bonhomme de chemin. Tranquillement. Ptit Cochon est intrigué. Il court récupérer sa loupe, observe la bestiole ... ce n'est sans doute pas l'activité la plus palpitante car Ptit Cochon finit par s'endormir. Mais dès qu'il se réveille, il reprend aussitôt son enquête. Il faut voir cette scène de la sieste - j'ai adoré ! C'est un petit album chic et craquant, où l'on réalise que tous les enfants sont les mêmes, boudeurs mais pas rancuniers, instables et puis soudainement hors-service, passionnés, impatients, virevoltants et enthousiastes, et toujours avec le chiffon à la main (lui, on ne l'oublie pas !). Un Escargot à la porte, par Lo Gruhier (L'école des loisirs, 2011)
Magnifique album que voilà ! Adrien Albert, à chaque fois, me surprend, m'étonne, me ravit. Beaucoup de pureté, un total dépaysement, ici, avec Cousa, une petite fille en vacances chez sa grand-mère. Comme les garçons ne veulent pas jouer avec elle, elle se réfugie dans le jardin, se rend jusqu'à la rivière et là ... quelle rencontre ! Un ours sort des buissons et vient coller son museau sur la fillette au bord de l'apoplexie. Cousa n'aime pas trop raconter, ce qui me fait doucement sourire, parce que Waouh ! comme elle dit. (L'école des loisirs, 2011)
Le dîner, par Michel Van Zeveren, c'est tout de même quelque chose ! Le lapin désobéissant tombe dans la gueule du loup, Petit Loup trépigne d'impatience car son estomac crie famine et n'écoute pas plus les consignes de l'adulte, et ainsi de suite... La preuve qu'il faut toujours écouter les plus grands et leurs sages conseils (ahem) et toujours tirer des leçons de ses erreurs. Yalla. Tout ça pour dire que c'était une lecture croustillante et au ton farceur, avec un petit Lapin qui friserait presque l'insolence et qui pourrait avoir le don de m'exaspérer ! Mais je lui pardonne. (Pastel, 2011)
Et un petit dernier pour la route : Coulico dont l'univers m'a étrangement fait penser aux Pozzis de Brigitte Smadja. Coulico est un drôle de petit oiseau. Il est né avec un chapeau sur la tête. Mais son chapeau ne s’ouvre pas comme celui de ses frères. Alors Coulico préfère dormir. Pendant ce temps les autres oiseaux sont partis. Il se retrouve tout seul, cherchant sa route, et c’est là que son chapeau se remplit de rencontres, d’émotions et de rêves. Il m'est difficile de décrire ce que cet album m'a fait ressentir, mais j'ai beaucoup aimé. On y découvre un univers imaginaire et poétique, à travers un magnifique voyage empreint de couleurs et qui invite aux découvertes enchanteresses. C'est un vrai jeu de séduction, sensible et délicat. Par Marie Assénat (Pastel, 2011)
Mission impossible ~ Agnès Desarthe
Mouche de l'école des loisirs, 2009 - 80 pages - 8,50€
illustrations d'Anaïs Vaugelade
Gisèle possède un très joli prénom, hérité d'un ballet de danse classique, mais elle ne se trouve pas à la hauteur ; ses cheveux en pétard la complexent. Sa petite soeur Fiona, au contraire, est gracieuse, jolie, appliquée. Une vraie petite ballerine, la comparaison n'est pas égale et Gisèle se sent vraiment pataude.
A l'école, la demoiselle est amoureuse d'un garçon (Maurice) qui l'ignore jusqu'au jour où il fait part de son souci : pendant les vacances, il ne trouve personne digne de confiance pour garder son poisson rouge (Jacques). Gisèle saute sur l'occasion (pour mieux briller aux yeux de son amoureux).
Elle découvre alors un poisson rouge qui est plutôt orange, elle se promet de veiller sur lui, sa petite soeur la titille, qu'importe, les jours passent, Gisèle est un modèle de responsabilité.
Et puis, c'est le drame.
Mais de ce pépin, va naître d'autres constatations... Gisèle n'est pas si moche ni quelconque, Maurice n'est pas si extraordinaire ni unique, Fiona n'est pas si peste ni prétentieuse, etc.
Mission impossible est un petit roman sympathique, qui vaut le coup d'oeil pour les illustrations rondes et enjouées d'Anaïs Vaugelade. La jeune narratrice (Gisèle, dix ans) est mignonne et attachante à sa façon, elle nous montre qu'on peut être basique et platement ordinaire sans pour autant être transparente. Ce n'est pas une tare non plus, et cela ne vaut pas toujours la peine de se lancer dans des missions impossibles pour prouver son importance...
Un livre sur la beauté intérieure ? Qui sait...
Punie ! ~ Nathalie Kuperman
Mouche de l'Ecole des Loisirs, 2009 - 80 pages - 8,50€
illustrations d'Anaïs Vaugelade
Après avoir lu ce livre (toute seule), j'ai aussitôt pensé à ma fille et j'ai failli la sortir de son lit pour qu'elle se lance de suite dans cette lecture. Je savais intimement que cette histoire allait la toucher ou l'interpeller. A neuf ans, on est plus sensible au regard des autres, plus vulnérable et plus influençable face à une autorité en surnombre.
Je m'explique.
Dans le livre de Nathalie Kuperman, on découvre une jeune héroïne - Olivia - sous l'emprise d'un groupe de trois filles de sa classe. Ces dernières se moquent d'elle, elles l'obligent à rester près des poubelles durant la récréation et elles lui ordonnent de se taire et de ne répéter à personne ce qu'elles lui font subir, ou alors elles avoueront à tous le secret d'Olivia.
La petite se sent terrorisée, incomprise, malheureuse et trahie. Parmi ces trois filles, se trouve Coralie. C'était sa meilleure amie depuis la rentrée, et soudainement elle vient de lui déclarer une guerre sans explication. Ok, Olivia a un secret mais elle jure qu'elle n'est pas folle. Sa trouille du noir et des ombres dans sa chambre n'est pas le produit de son imagination, ni la conséquence de son chagrin depuis la séparation de ses parents.
Cela commence à peser lourd dans la balance, mais heureusement la fillette va taper du poing sur la table. Et j'ai aimé cette façon de procéder, les questions qu'elle se pose, le flot de paroles et l'attitude du père et de la mère, tout est mis en balance, entre le bien et le mal, agir ou se taire, intervenir ou laisser faire.
Ce livre dégage un sentiment de force et de puissance qui fait un bien fou. C'est ce genre de livre que j'aime avoir entre les mains, il véhicule un message intelligent pour les jeunes lecteurs, je ne sais pas, j'ai su à l'instant que c'était le livre à partager avec mon enfant. Elle seule y trouvera les réponses à ses interrogations, et surtout le sursaut nécessaire pour ne plus se faire marcher sur les pieds.
La lecture est une amitié (Marcel Proust)
Merci Bellesahi, généreuse donatrice de ce livre d'Agnès Desarthe : Les frères chats qui a su nous enchanter, Miss C. et moi !
C'est l'histoire de Tony et Mario, deux frères chats. L'un était blanc, l'autre était noir. Tous deux aimaient beaucoup chasser et manger la souris, mais le problème, c'est qu'à force il n'y en avait plus. Les souris avaient quitté le quartier. Un jour, Tony eut l'idée de s'inscrire au golf, persuadé de dénicher des souris dans les trous. Mais il y a un pépin : le club de golf est réservé aux chiens ! Mince, il faut ruser et Tony décide d'acheter un masque de caniche ! (la tronche, oooh !)
Et patati et patata. Tony est un roublard qui opte pour les remèdes peu honnêtes, mais peut-on le blâmer ? Parce que, reconnaissons-le, il est drôle, ce Tony ! Dix fois plus que son frère Mario !!! C'est simple : le texte est truffé d'humour cocasse, de rebondissements inattendus et qui forcent à s'esclaffer. Après un hâtif jugement sur la couverture que je ne trouvais pas terrible, j'ai bien vite admis que les illustrations d'Anaïs Vaugelade, au coeur de l'histoire, sont absolument délirantes et contribuent aux éclats de rire. Honnêtement, une belle lecture pour coller nos têtes, de mère à fille. Je signale aussi que c'est très, très accessible pour les lecteurs débutants (à l'image de la collection Animax de L'école des Loisirs, d'ailleurs.)
Les frères chats - par Agnès Desarthe & Anaïs Vaugelade
L'école des Loisirs