L'Après-midi d'une fée, d'André Bouchard
Margot est fière de monter à son amie Hortense son nouveau costume de fée qui brille de partout. Ni une ni deux elle lui fait aussi quelques tours de baguette magique : une chaise transformée en citrouille, qui devient à son tour un carrosse, avec des pigeons en guise d'attelage... Mais flûte et crotte de bique à ressort ! Rien ne se passe comme prévu. Margot s'agace et ne supporte plus les ricanements de son amie. Elle s'emporte et agit sur un coup de tête en la transformant en crapaud. Mais comprend trop tard qu'elle vient de commettre une terrible erreur... Que va dire la maman d'Hortense ?
Les histoires d'André Bouchard sont toujours pleines d'humour et de surprises, ce qui ne manque pas d'inspirer un méli-mélo de sentiments (excitation, doute, angoisse, peur & soulagement). La suite de la mésaventure de Margot et sa petite copine Hortense est en effet absolument jubilatoire et source de grands éclats de rires. Et j'aime naturellement ce gros bouledogue à la mine patibulaire qui se promène dans le parc et s'affiche en gros plan sur plusieurs pages... ;-)
Seuil Jeunesse / Octobre 2015
Ernest Maître du Monde, d'André Bouchard
Ce livre contient une terrifiante histoire de microbe, avec risque d'une grave contagion ! Méfiez-vous, amis lecteurs.
Tout commence lorsque l'éminent professeur Plöck découvre un nouveau microbe - Ernest - un affreux parasite, très dangereux. Celui-ci refuse d'être le sujet de son étude et décide de prendre les rênes de son destin. Aussitôt dit, aussitôt fait.
Il se glisse dans le corps du scientifique, s'installe dans son cerveau et prend possession du bonhomme, lui faisant accomplir toutes sortes d'inepties les plus farfelues (se déguiser en Petit chaperon rouge dans une corrida, provoquer les supporters d'une équipe de foot, affronter les Parigosenautos, décrocher la lune ou repeindre en rouge les Martiens).
Plus c'est horrible, plus c'est cruel, plus c'est affreux, plus c'est moche, et plus Ernest jubile. Il a depuis abandonné sa victime sur Mars et est revenu sur Terre. Alors, gare à vous ! Si jamais vous voyez un chat bleu en train de prendre son bain dans une baignoire qui marche sur le dos d'un banquier volant... consultez le plus vite possible ! ;-)
Un livre complètement dingue, où il vaut mieux faut être sensible à l'humour dévastateur d'André Bouchard, pour s'assurer une bonne partie de rigolade.
Seuil jeunesse / Avril 2015
Y a un louuuuhouu ! par André Bouchard
Sacré André Bouchard ! Le voici de retour avec cette terrifiante, mais non moins hilarante, histoire de loup venu effrayer une petite fille en train de dormir, mais l'animal va en perdre son latin, car l'enfant dort profondément (il a beau hurler à la mort, la fillette roupille de bon cœur). Le loup est agacé. Tant d'efforts... en pure perte. De plus, la chambre ressemble à un hall de gare où se croisent tous les monstres de la nuit.
Le loup, dépité mais belliqueux, n'est pas sorti de l'auberge. Il en a assez des plus prétentieux qui veulent la première place, mais s'en trouve fort aise de recevoir une aide providentielle. Il ne bouderait pas, non plus, contre un petit croquage de mère-grand en guise de digestif. C'est bien connu que la frustration met en appétit. Hélas pour lui, RIEN ne se passera comme prévu !
Et d'ailleurs, cette histoire est pas mal tourbillante dans ses diverses propositions et les chemins empruntés pour mieux égarer son lecteur. Un vrai album avec une intrigue à tiroirs ! Il faudra attendre la toute dernière page pour tirer au clair ce qu'il adviendra du loup, de la fillette et des autres créatures abominaffreuses. Vous n'avez qu'à bien vous accrocher à votre couette ! C'est vilain, tordu mais complètement désopilant. Cela dédramatise les peurs nocturnes, avec un formidable sens de la dérision. Mordant, mais génial !
Seuil jeunesse, octobre 2014
Le Chat botté de Charles Perrault et André Bouchard
À sa mort, un vieux meunier lègue la totalité de ses biens à ses trois fils. L'aîné hérite du moulin, le cadet de l'âne et le benjamin... du chat ! Seulement ce chat se révèle bien plus malin qu il n'y paraît...
Plusieurs écoles s'affrontent autour de l'adaptation du Chat botté, le conte classique de Ch. Perrault. Voyons ici le cas André Bouchard.
Une vraie partie de rigolade !
André Bouchard s'éclate à fond, il trace un trait délicat et élégant sur la page, rend son chat plus fringant que jamais avec sa petite moustache et son oeil pétillant. Il glisse aussi des anachronismes truculents et de nombreux détails pleins d'humour. En somme, A. Bouchard impose sa marque de fabrique : une délicieuse impertinence et son amie la divine hardiesse.
J'ai pris un grand plaisir à redécouvrir ce conte sous cet aspect ! On notera aussi un passage éclair du fameux lion qui ne mange pas de croquettes, nan, nan...
Le Chat botté de Charles Perrault et André Bouchard (Belin jeunesse, coll. Contes des mille et un lieux, octobre 2012)
L'abominable sac à main d'André Bouchard
Vous l'ignorez peut-être, mais les sacs des mamans sont des créatures voraces et dangereuses !
La bête passe son temps à tout avaler : portefeuille, peigne, bâtons de rouge à lèvres, chéquier, liste de courses, stylos, paquet de mouchoirs, agenda, parapluie pliant, maquillage, bonnet de laine, brosse à dents, dentifrice, foulard, cure-dents, etc. C'est un puits sans fond ! L'animal absorbe, absorde... Un jour, le sac a même avalé les clés de la maison !
Mais maman est courageuse, maman est téméraire, elle plonge la main dans la gueule de la bête, inconsciente du danger. Seule la fillette reste sur ses gardes, elle se méfie du monstre qui sommeille, un jour il arrivera un malheur ! C'est un sac gobetout, impossible à dompter, mais maman refuse de s'en séparer. C'est pire qu'un animal de compagnie, c'est une partie d'elle-même.
La fillette persiste et signe : il faut se méfier de l'animal, un jour il en aura assez des vieux jouets et des chaussettes qui traînent, il aura besoin de chair fraîche !
Humour grinçant ? Check. Histoire criblée de stéréotypes ? Check. Tout ça dans un but pour se moquer gentiment ? Check. Décidément, André Bouchard ne cesse de délirer dans son coin avec ses albums qui font glousser dans les chaumières. Ce nouveau livre ne déroge pas à la règle, il est sympa et rigolo à parcourir, même si je l'ai trouvé un peu moins pertinent que d'habitude.
L'abominable sac à main d'André Bouchard (Seuil jeunesse, octobre 2013)
L'histoire du soir #3 : Les lions ne mangent pas de croquettes, par André Bouchard
Peut-être cet album sera-t-il davantage apprécié par les parents, car son humour parfaitement irrévérencieux saura leur arracher un sourire espiègle et un gloussement de rire incontrôlable.
Si, si, je vous jure.
Une fillette rêvait d'avoir un animal de compagnie, mais ses parents ne voulaient pas de chien ni de chat. Alors elle a amené un lion à la maison. Eh oui. Le roi de la jungle en chair et en os. Attention, ça va déménager dans le quartier.
Le lion, en effet, s'apprivoise comme un chaton, un peu d'exercice dans le parc, on s'écarte sur son passage, et puis il se nourrit tout seul, franchement quel est le problème ? Même les copains de Clémence ont adopté ce lion et jouent avec lui à cache-cache. Dommage qu'on finisse toujours par perdre un pote, à chaque fin de partie.
Alors, vous l'ignorez peut-être, mais le lion est fin psychologue, grand mélomane, il a aussi de lourdes responsabilités et fait souvent preuve de grande clémence face aux turpitudes des humains. Il est comme ça, le lion, c'est un grand seigneur !
Il faut à tout prix découvrir les illustrations d'André Bouchard pour appuyer son histoire : c'est à mourir de rire ! Que de finesse dans cet album qui fait preuve d'un humour mordant. C'est à souhaiter que les enfants en apprécient tout autant la cocasserie. En tout cas, moi j'adore !
Les lions ne mangent pas de croquettes, par André Bouchard (Seuil jeunesse, 2012)
Quand papa était petit, c'était il y a très très longtemps, au temps des hommes des cavernes...
Edition collector de l'album de Vincent Malone et André Bouchard à tirage limité et accompagnée d'un tiré à part : la couverture toilée est superbe !
Le contenu ne change pas : on retrouve une succession de gags à travers des scènes anachroniques. Ton papa, à force de raconter son jeune temps, passe aux yeux de ses enfants pour un homme de la préhistoire. A ce petit jeu-là, l'auteur a recensé des idées loufoques, comme la distribution des cadeaux de Noël absolument hasardeuse, ou les transports en commun à dos de dinosaure, ou l'invention du feu et du barbecue pour le même prix, l'absence d'antibiotiques, de montre ou de bureau (en gros, si tu attrapes la grippe, ben tu meurs ! En plus, tu n'as pas l'heure, tu es en retard au bureau... mais les bureaux n'existent pas !). Bref, il y a toute une série d'exemples ainsi repris et mis en scène. C'est très, TRES drôle. Si vous ne connaissiez pas encore, c'est l'occasion !
Ou encore : Quand papa était petit, Batman, Superman et l'homme-araignée n'avaient pas encore les bons costumes. Comme musique, il n'y avait que le roc. Etc, etc.
Quand papa était petit, y'avait des dinosaures - par Vincent Malone et André Bouchard (illustrations)
Seuil jeunesse, rééd. 2012. Collector.
Pêle-mêle Clarabel #32
C'était notre découverte d'un soir, Le bébé tombé du train par Jo Hoestlandt & illustré par Andrée Prigent.
J'ai été ravie par cette lecture, en fait ! C'est l'histoire d'un vieil homme seul, Anatole, dont la maison se situe près d'une voie ferrée. Il est coutume qu'il retrouve toutes sortes de choses dans son jardin, comme des lettres ou une brosse à cheveux, le genre de détails auxquels il a fini par ne plus prêter attention... jusqu'au jour où il découvre avec étonnement un bébé, un vrai bébé qui rampait dans les herbes. Aussitôt Anatole décide de l'adopter et prend soin de l'enfant ; commence alors une belle relation entre le vieil homme et le petit Virgile. Le temps passe, on toque à sa porte mais Anatole rembarre les gendarmes, mais pas cette jeune femme qui se présente à lui. Je me suis laissée porter par l'histoire, n'ayant rien deviner malgré les indices, et la fin a été un beau cadeau que j'ai déballé avec ravissement. J'aime définitivement cette collection (Trimestre, chez Oskar jeunesse) où la voix d'un auteur devient complice du talent d'un illustrateur pour un plaisir de lecture garanti.
Nous avons également lu le dernier roman d'Agnès de Lestrade, Le jour où j'ai abandonné mes parents.
Karla-Madeleine n'a pas seulement un prénom impossible à porter, elle a aussi des parents insupportables, tellement différents l'un de l'autre qu'ils passent leur temps à se chamailler. Et quand arrive un gros souci domestique dans la maison, pendant les vacances, et qu'il leur faut donc plier bagages pour aller au camping, Karla-Madeleine ne va plus vouloir supporter les querelles entre ses parents et va choisir de vagabonder entre les allées. Elle y fera une bien étrange rencontre ! Ceci l'amènera à mettre son grain de sel dans les relations conflictuelles de ses parents, en réalisant qu'il existe bel et bien de la tendresse et un amour fou entre eux, puis elle voudra raccomoder ses parents avec leurs familles respectives à l'occasion d'un évènement inattendu. L'histoire doit son rythme enjoué et agréable à son héroïne pétillante, car c'est drôle et facile à lire, même si j'ai trouvé la première partie plus avenante (les situations finales me semblaient trop téléphonées). Très sympa et idéal pour les vacances ! (Rouergue, coll. Dacodac, 2011).
Lu aussi La mensongite galopante d'André Bouchard.
Voilà une lecture particulièrement loufoque ! Adrien a besoin d'attirer l'attention de ses copains et s'invente donc un oncle imaginaire, Honoré Aubenard, milliardaire après avoir déterré un poireau, soldat de Napoléon et portant désormais un oeil de verre en diamant. Aussi, quelle surprise pour lui lorsqu'il croise dans la rue cet homme pour de vrai et lorsque celui-ci prétend que Adrien est en toc ! L'oncle fait alors tout pour prouver qu'il a raison, convoque même Napoléon pour une partie de cartes avec les parents d'Adrien, fait des merveilles auprès des copains en les invitant à bord de son hélicoptère personnel. Bref, c'est un cas grave de mensongite galopante (une maladie contagieuse qui fait qu'on ne peut pas s'arrêter de mentir) ! C'est d'ailleurs une surenchère perpétuelle entre Adrien et cet oncle imaginaire-qui-existerait-pour-de-vrai, car tous deux, en fin de compte, apprécient d'être la vedette et n'aiment pas qu'on la leur prenne ! Chaque nouvelle page tournée promet un mensonge encore plus dingue et délirant, c'est un texte rigolo, qui montre surtout le bon côté du mensonge (et ses conséquences démentielles) parce que cela ouvre la porte à la folle du logis, et le jeune lecteur appréciera probablement. (Gallimard jeunesse, 2011)