Un Baiser pour la Nuit, d'Anna Godbersen
Le miracle n'aura finalement pas eu lieu, la série se termine sans avoir jamais réussi à regagner mon plein enthousiasme. Je me sens déçue, un peu flouée, d'avoir perdu l'étincelle à laquelle j'associais aveuglément les livres d'Anna Godbersen. Et pourtant, cette saga avait tout pour me plaire (les années 20, son ambiance glamour, stimulée par les interdits mais cernée par tous les dangers).
Bref, nos trois héroïnes ont su se construire un destin hors du commun : Cordelia dirige son propre night-club, Letty récolte les lauriers de la gloire et vient d'obtenir son premier grand rôle au cinéma, Astrid a enfin son gros diamant au doigt. Mais, mais, mais... tout n'est que poudre aux yeux ! Le revers de la médaille est terrible, vous imaginez bien, l'auteur n'est pas en reste pour nous renverser la tête et broyer notre petit coeur tendre.
Disons-le franchement, la fin est grandiose, avec un dénouement invraisemblable mais absolument imprévisible. De quoi vous affoler les sens et le palpitant. Cela part dans tous les sens, c'est follement romanesque, passionné, dramatique et bouleversant. Du grand Anna Godbersen, comme du temps de sa saga des Rebelles ! C'est regrettable qu'elle n'ait pas su tirer profit de la matière en or qu'elle avait entre les mains, car la série, de qualité inégale, n'a pas su se renouveler et a peut-être abusé de son identité futile et sensuelle.
« ... quand le monde me paraît un peu trop triste, trop misérable, alors je repense à nos beaux atours de cet été-là, et à tout ce dont nous rêvions avant l'automne. Voyez ? Je vous l'avais dit. Ces filles aux yeux brillants qui gravitaient autour de New York comme des papillons, à quelle vitesse elles se trouvèrent emportées dans le tourbillon de ses folles nuits ! Chacune réussit à fuir New York à sa manière - l'une est célèbre, l'autre est mariée, la troisième est morte. »
Albin Michel, coll. Wiz, novembre 2013 - traduit par Cécile Leclère
illustration de couverture (très belle) : Sophie Leblanc
Une saison à Long Island, d'Anna Godbersen
J'avais été sous le charme du début, avec Tout ce qui brille, mais la suite m'aura finalement déçue. Que de longueurs dans cette Saison à Long Island, même si les retrouvailles avec les trois héroïnes n'ont pas manqué de piquer ma curiosité, il m'a fallu admettre, avec tristesse, que leurs nouvelles aventures manquaient de peps et de passion.
Suite aux derniers événements tragiques, Cordelia n'en mène pas large et traîne sa misère dans ses beaux souliers. Son amie Astrid a la tête farcie des insinuations sournoises de sa mère, au sujet de ses fiançailles avec Charlie Grey. Letty vivote, prend des bains de soleil, rêve d'une carrière, saisit sa chance. Nouveau venu dans le paysage romanesque, l'aviateur Max Darby tient la dragée haute à la fille du bootlegger en ne cachant pas son mépris pour sa vie frivole et tapageuse. Ce soupçon de relation volcanique avait lieu de me chatouiller, et puis non, aucune intensité passionnelle entre eux, c'est plat.
Un constat s'impose : le champagne est éventé, les bulles se sont envolées, oubliez la légèreté gourmande et la promesse de scandales sulfureux, les années folles n'atteignent pas nos héroïnes, qui passent leur temps à se plaindre et pleurnicher ! Quelle déception. Moi qui me suis toujours enthousiasmée pour les romans d'Anna Godbersern, me voilà bien embêtée avec la tournure de cette série... mais j'enchaîne avec le 3ème tome, Un baiser pour la nuit, en croisant les doigts.
Albin Michel, coll. Wiz, novembre 2012 - traduit par Alice Seelow
illustration de couverture : Sophie Leblanc
The girls with their short skirts and bright eyes and big-city dreams. The girls of 1929.
Letty et Cordelia rêvent de New York, de folie, de paillettes, de nouvelles rencontres, d'évasion et d'espoir. Alors elles quittent tout, elles plaquent Junction, dans l'Ohio, pour la Grande Ville. Mais sur place, l'incertitude les gagne, les deux amies réalisent qu'elles n'ont pas les mêmes attentes, elles se fâchent et se tournent le dos.
Ainsi débute l'aventure new-yorkaise, sur un clash, et dans la solitude. Cordelia va retrouver son père, un bootlegger renommé, s'entendre à merveille avec Astrid, la fiancée de son demi-frère, et tomber amoureuse. Letty va tenter sa chance dans un club de musique, elle a de l'ambition et du talent, sauf qu'il existe déjà des milliers de prétendantes du même profil, des filles souvent plus effrontées qu'elle.
Pour nos trois héroïnes, New York représente vite le lieu de toutes les désillusions, après le temps de l'éblouissement. Même Astrid, dont la place n'est finalement pas si enviable, s'interroge sur son utilité et ses envies. Orpheline de père, elle a a observé sa volage de mère enchaîner les unions d'intérêt sans jamais cesser les liaisons superficielles. A son tour, désire-t-elle épouser un type en qui elle n'a nullement confiance, pour au moins assurer son ascension sociale ?
Grande amatrice de la première série d'Anna Godbersen (Rebelles) et de l'époque des années 20, avec en ce moment Boardwalk Empire ma série tv préférée, j'étais donc quasi certaine d'apprécier ce nouveau rendez-vous. Et je n'ai pas été déçue ! Pourtant, ça sent le début, les premiers pas tremblants, les héroïnes cruches, victimes de leur naïveté, plongées au coeur de la faune, mais fortes d'un avenir qu'elles vont saisir à bras le corps... L'histoire se dessine timidement, mais nous réserve déjà des retournements de situation dignes des grands feuilletons de divertissement. Je suis totalement friande de ce qui se dessine sous mes yeux : c'est facile, léger, habilement troussé, avec de la futilité et de la romance, en plus de mettre en lumière le faste des années 1920. Cette série possède tout le charme pétillant du champagne et du jazz !
Tout ce qui brille, par Anna Godbersen
Albin Michel, coll. Wiz, 2012 - traduit par Alice Seelow
illustration de couverture : Sophie Leblanc
A signaler : la série Vixen de Jillian Larkin s'inscrit en sérieuse concurrente, puisqu'elle sera traduite et publiée aux éditions Bayard en mai 2012.
Toute la splendeur flamboyante du mariage arrive quand finit l'amour.
Dernier tome de la série ! Je n'ai pas été déçue, même si je trouve que cela se termine sans esbroufe et avec trop de facilités. Henry est très loin du jeune homme séducteur sans scrupules de ses débuts, Penelope fait moins d'étincelles, Diana conserve son caractère indépendant et entier (c'est la seule qui sort grandie de la saga, à mes yeux), sa soeur Elizabeth se débat avec ses souvenirs et Carolina atteint le firmament ! Que d'aventures pour nos chers new-yorkais !
Il m'a cependant manqué un peu de peps au début du roman, alors que nous étions pourtant aux portes du tome final. Tant d'événements étaient survenus précédemment, il restait encore beaucoup de dossiers à régler, je me demandais quand l'action allait se mettre en branle (vers la moitié du livre, donc). Aussi, comme je le craignais, les solutions me sont apparues faciles, trop faciles (surtout pour Elizabeth aux prises avec de terribles révélations). L'issue n'en demeure pas moins flamboyante et romanesque, à ceci s'ajoute un doux parfum nostalgique. En effet, le vent tourne pour nos membres de cette société huppée et rétrograde, même Le Joyeux Dandy le souligne. Le tic-tac de l'horloge se fait plus fort, l'avènement de Caroline Broad ou l'émancipation de Diana Holland (sa coupe de cheveux, ses choix amoureux, son goût du risque) font notamment sonner le tocsin d'une ère nouvelle.
Et définitivement les couvertures auront été de toute beauté, elles ont su enrober de douceur et d'élégance cette saga aux rouages bien huilés et aux situations téléphonées, un peu comme les sitcoms à succès. On y retrouve tous les clichés et toutes les ficelles du métier, c'est prouvé, mais j'ai de loin trouvé que c'était un défaut car je me suis régalée du premier au dernier tome de cette série d'Anna Godbersen (ma préférence se porte à jamais sur le tome 2). L'auteur travaille actuellement sur une autre saga se passant pendant les années folles, Bright Young Things.
Vénéneuses (Rebelles #4) - Anna Godbersen
traduit de l'anglais (USA) par Alice Seelow
Albin Michel (2011) - 430 pages - 17€
Lu et adoré par Sophie & Fantasia
En poche ! #32
Rebelles, le premier tome de la série d'Anna Godbersen, est disponible en format poche (LdP) !
Dans le New York de la fin du XIXe siècle, Elizabeth Holland n'a aucune envie d'épouser Henry Schoonmaker, le riche fiancé choisi par ses parents, d'autant plus qu'elle aime Will, le domestique de la maison. Elles sont belles, riches, snobs, amoureuses et prêtes à tout pour trouver l'amour, l'argent et la gloire… Scandales, drames et complots sur fond d'humour et de passion : le roman d'une jeune fille libre en 1899 à Manhattan. (4° de couv)
La série collectionne les clichés, c'est mièvre et ça coule de partout, cela colle même aux doigts, c'est limite écoeurant, tant de visages en forme de coeur et les teints forcément d'albâtre laissent penser qu'on baigne dans du *harlequinisme* de haut vol. Et pourtant, on s'accroche, on en redemande, on aime ça et on suit avec délectation les péripéties amoureuses de la bonne société new-yorkaise, la même qu'affectionnait Edith Wharton. Du moins, Anna Godbersen manie autrement la plume, moins classieuse et plus cinématographique. L'effet fait illusion. Les personnalités sont stéréotypées, l'histoire repose sur les cancans, les scandales, les liaisons secrètes et les alliances arrangées. On y découvre aussi des êtres avides, opportunistes, sans état d'âme. Ce n'est pas de la grande littérature, mais la série se lit avec facilité et réussit à construire une intrigue habile, riche en suspense et assez bien fouillée pour nous émouvoir, nous atteindre et nous embarquer. La suite tient la route, la série se boucle en quatre tomes.
Pour une certaine catégorie de jeunes New-Yorkaises, toute chose doit toujours être à sa place.
Avant-dernier volume de la tétralogie d'Anna Godbersen !
Tricheuses nous promet encore de belles pages de descriptions pleines de glamour et de poncifs délicieux, les visages en forme de coeur, la peau d'albâtre, la beauté de l'éphèbe, les boucles sauvages, la bouche pulpeuse, le cou long et gracile comme celui d'un cygne, les toilettes vaporeuses, les mines jamais chiffonnées, des beautés innocentes ou volcaniques, je suis cliente et je n'ai pas honte !
Ce troisième tome est encore l'occasion de renouer avec nos mufles, nos garces et nos agnelles en détresse préférés. A l'instar des chroniques du Joyeux Dandy, richement alimentées par les péripéties de cette bonne société new-yorkaise, l'histoire se devait d'opérer un tournant à la hauteur de nos attentes (rappellons-nous la fin du précédent livre, Rumeurs, explosif et inattendu !).
Sur ce, et avec une petite pointe de frustration, nous nous voyons quitter les riches quartiers de New-York pour le clinquant de Palm Beach en Floride. L'intérêt, s'il en est, est de se demander si Diana et Henry ont encore une chance de renouer ensemble, ou si ce n'est pas trop demander à la pétillante Penelope de faire place à sa rivale. On se doute de la réponse. Entre en scène Grayson Hayes, le grand frère, qui est un joueur invétéré, dépense plus d'argent qu'il n'en possède, n'a aucun scrupule et séduit à tour de bras. Il a bien l'intention de ne faire qu'une bouchée de la cadette des Holland, frottons-nous les mains.
Dans ce tome 3, Henry Schoomaker m'est apparu un vulgaire pantin. Il est décevant, plat, sans bagou, sans volonté. Il n'est que la pâle copie de lui-même. Il pourrait tenir la main d'Elizabeth, laquelle devient un personnage qui n'a plus aucune utilité, à mon sens. Ce que l'auteur lui réserve m'a d'ailleurs fait sourire, un peu froncé les sourcils, j'ai des doutes, j'attends la suite... mon cerveau échafaude déjà des plans tordus !
J'ai été moins tenue en haleine par ce troisième tome de la série, peut-être parce que le précédent avait été absolument renversant (quel final, ohlala). Ceci dit, j'ai eu mon lot d'agacements et de palpitations, n'imaginez pas le contraire, je frétille de joie dès que j'apprends qu'un nouveau tome est disponible, le quatrième et dernier livre - Splendor - est même déjà sorti en anglais. Hmm, sourire tentateur. Regard songeur.
Une question pour ceux qui vont le lire : que pensez-vous du chapitre 47 ? En ce qui me concerne, il me fait penser à Autant en emporte le vent ! Cette fin, oh cette fin ! ...
Tricheuses ~ Anna Godbersen
Albin Michel, 2010 - 430 pages - 17€
traduit de l'anglais (USA) par Alice Seelow
titre vo : Envy
Psst, Mélanie es-tu au courant pour ceci :
Bright Young Things is the first in an epic four-book series about three teenage girls finding their way in the glittering metropolis of New York City and the glamorous mansions of Long Island.
It’s 1929 and Letty Larkspur and Cordelia Grey have escaped their small Midwestern town to chase big dreams and even bigger secrets. In New York, they meet Astrid Donal, a flapper who has everything she could ever want, except for the one thing Letty and Cordelia have to offer—true friendship.
Set in the dizzying summer before the market crash, against the vast lawns of the East End and on the blindingly lit stages of Broadway, the three girls will find romance, intrigue, and adventure.
Just as The Luxe books brought the Gilded Age to readers of Gossip Girl, Bright Young Things will bring the Jazz Age to bestselling author Anna Godbersen’s devoted fans and to new readers alike.26 October 2010
Rumeurs - Anna Godbersen
(version courte)
Deux mois ont passé depuis la mort accidentelle d'Elizabeth Holland, créant un choc et une vive émotion parmi ses proches et ses amis. Seules sa soeur cadette et son ancienne meilleure amie sont au courant de la supercherie - Lizzie s'est enfuie en Californie, rejoindre l'homme qu'elle aime. Penelope et Diana ne font pas que partager le même secret, elles sont toutes deux amoureuses de Henry Schoonmaker, le fiancé éploré. Hélas, celui-ci a choisi de retirer ses billes depuis la tragédie, se jugeant inconsolable. Les deux femmes sont à couteaux tirés, prêtes à tout pour reconquérir son coeur, quitte à dire toute la vérité.
Mais les rumeurs à New York vont bon train, les cancans deviennent une monnaie d'échange, il suffit d'un besoin d'argent ou d'une ambition dévorante pour basculer dans l'irréversible. Le retour de la disparue s'annonce prématuré et pourrait chambouler les jeux de l'amour et du hasard !
Même si cette lecture collectionne les clichés et le mauvais goût, elle n'en reste pas moins délectable et passionnante ! Personnellement j'aime beaucoup ! Cela se lit d'une traite, je trouve que l'intrigue, certes cousue de fil blanc, reste surprenante et très accrocheuse. Je suis impatiente de lire la suite !
Une suite est déjà parue aux USA : Envy.
Le quatrième et dernier volume paraît à l'automne : Splendor.
Albin Michel, 2009 - 460 pages - 17€
traduit de l'anglais (USA) par Alice Seelow
Rumeurs - Anna Godbersen
Le voilà !
... le roman qui annonce le retour des rebelles, cf. le premier roman d'Anna Godbersen, arborant encore une fois une couverture époustouflante... moi je rêve d'une robe pareille !!! ^__^
Plus sérieusement, reprenons les choses où nous les avions laissées.
L'histoire se passe donc dans la haute société de New York, nous sommes en 1899. L'annonce du décès accidentel de la très belle Lizzie Holland a créé émoi et choc chez ces jeunes gens de bonne famille. Deux mois ont passé et son fiancé Henry Schoonmaker affiche un deuil de circonstance - on murmure cependant que le jeune homme était épris d'une autre et avait plié à la demande de son père qui souhaitait s'allier à un grand nom new-yorkais pour sa carrière politique. Inversement, la famille Holland était en quête désespérée d'un bon parti pour compenser sa fortune envolée.
Le mariage n'a pas eu lieu, ce qui réjouit deux jeunes femmes en coulisses. On croise d'abord Penelope Hayes, délicieuse garce, ancienne meilleure amie de Lizzie et conquête parmi d'autres dans le tableau de chasse de Henry Schoonmaker. Puis on aperçoit Diana Holland, la soeur cadette de Lizzie. Effrontée, ravissante et complice, elle a senti son coeur battre la chamade lorsque le prétendant de sa soeur lui a déclaré n'aimer qu'elle et personne d'autre.
Mais les cartes ont été chamboulées, toutes les données inversées et nos trois pions sont mis échec et mat. Un détail a son importance, qui pourtant doit rester secret et confidentiel. Car Lizzie n'est pas morte. Elle a fui en Californie pour retrouver son grand amour, Will Keller, l'ancien cocher de la famille Holland. Une mésalliance, parfaitement inacceptable. Et nos deux ladies, Diana et Penelope, sont dans le secret des dieux. Elles pourraient jouer leur va-tout en révélant la précieuse information, afin de récupérer un Henry Schoonmaker qui se dérobe.
L'ancien coureur de jupons s'est effectivement racheté une conduite : mine mélancolique, regard éteint, ferme décision de renoncer à ses amours passées... Son coeur s'est fermé et il a annoncé clairement à Diana puis à Penelope qu'il fallait tirer un trait sur les jolies choses dites et promises. Mais nos deux tigresses ne l'acceptent pas. Car derrière les charmants minois, les coeurs se brisent ! Attention à la casse, méfiance avec les esprits jaloux et ambitieux !
L'intrigue dans ce deuxième opus s'annonce encore plus excitante. Un mélange de passion, de mensonges, de manipulations et j'en passe. Beaucoup de sentiments refoulés, aussi. Chacun doit se méfier du jugement des autres, lequel est impitoyable dans cette société, qui ne pardonne pas le moindre faux pas et qui n'oublie pas. On découvre une société portée sur les cancans, qui se monnaient d'ailleurs. Et que ne ferait pas une jeune écervelée contre quelques dollars pour sauver sa famille de la ruine ? Ajoutez que les rumeurs enflent et que les spéculations vont bon train, concernant la mystérieuse disparition d'Elizabeth. Diana ne supporte plus la pression et commet un acte de trop, en lançant un télégramme de détresse à sa soeur.
C'était à parier que Lizzie serait de retour à New York, sa petite vie plan-plan en Californie avait fini par la rendre nunuche et inintéressante (à mon goût). Cela va pimenter davantage les jeux de l'amour et du hasard !
>> Je n'ai aucune honte à aimer cette série ! Elle est pourtant truffée de balourdises, de clichés, de poncifs, écrite de façon gnan-gnan, du genre : « Dans la Cinquième Avenue, l'air était plus tiède qu'il ne l'avait imaginé, et les flocons étaient si fins et si doux qu'ils fondaient comme un brouillard sur son visage. » et je fais l'impasse sur les visages en forme de coeur, les teints d'albâtre et les tenues détaillées de la tête au pied. Cela pourrait être de mauvais goût et écoeurant à la longue. Que nenni. Je trouve l'histoire facile, prenante et bien ficelée. Le roman se lit à une vitesse incroyable, parce qu'on n'en démord pas une minute. Je me doute qu'au bout tout finira bien, mais en attendant je suis scotchée et je me demande ce que chaque page tournée peut nous réserver.
Une suite est déjà parue aux USA : Envy.
Le quatrième et dernier volume paraît à l'automne : Splendor.
Vivement !
Albin Michel, 2009 - 460 pages - 17€
traduit de l'anglais (USA) par Alice Seelow
Rebelles - Anna Godbersen
Voici le roman qu'on nous présente comme le nouveau phénomène littéraire qui connaît un gros succès à New York (normal, l'auteur est l'ancienne éditrice de la revue américaine Esquire, aujourd'hui critique littéraire pour le New York Times Book reviews) ; le roman arrive avec l'étiquette « insolent et glamour » en bandeau rose (glamour, je veux bien ! mais insolent ? ...), en plus d'être chargé d'une quatrième de couverture peu amène. Bref, ça sent à plein nez le merchandising facile et la bluette façon Harlequin. Détrompez-vous !
Nous sommes à New York, à l'automne 1899. Le roman s'ouvre sur les funérailles d'Elizabeth Holland, une beauté de vingt ans, promise à un riche parti et fauchée en pleine gloire. Toute la bonne société est réunie pour pleurer cette perte tragique, et déjà se dessine le décor d'un théâtre où se joue une comédie romantique, acerbe et faussement dramatique.
Pour comprendre ce qui se trame derrière cette belle mascarade, il faut remonter à quelques jours plus tôt. Elizabeth est informée par sa mère que la famille est sans le sou et qu'il est donc bienvenu pour l'aînée des Holland d'accepter avec emphase la demande en mariage du fils Schoonmaker. Ce dernier, prénommé Henry, fait la une de toutes les gazettes à scandales : c'est un coureur, un briseur de coeurs. Or, il est également sommé de se plier à cette union de raison pour servir l'ambition politique de son père. Henry sort d'une liaison tapageuse avec Penelope Hayes, la meilleure amie d'Elizabeth, et tombe sous le charme de la cadette des Holland, Diana, le jour de ses fiançailles. De même, Elizabeth vit une impossible histoire d'amour avec Will, le cocher de sa famille.
Tout ceci annonce un cafouillage monstrueux, bien évidemment propice à créer des situations romanesques bouillonnantes et palpitantes de rebondissements. La palette des personnages, bien portraiturée, sert également à placer l'histoire et son lot d'intrigues, il n'est pas excessif de citer que mensonges, secrets, vengeances et scandales sont de la partie. La peinture de cette société new-yorkaise, engoncée dans ses carcans, rend également l'histoire plus passionnante. On pense vaguement à Edith Wharton, citée en épigraphe, mais la comparaison n'ira pas plus loin. Le style d'Anna Godbersen est simple, agréable et facile à ingurgiter. Cela se lit d'une traite, pas la peine de chercher midi à quatorze heures ! Et c'est très distrayant, raconté de sorte qu'on s'y laisse totalement absorber.
Certes, l'auteur s'adonne à quelques clichés faciles, notamment dans la description des personnages (l'héroïne a un visage en forme de coeur, le teint d'albâtre), la moue s'affiche instantanément sur le visage du lecteur qui chipote. Il y a d'autres défauts mineurs (un début sur une pente glissante, une fin prévisible) mais ce serait se refuser un agréable moment de détente que résister davantage à la découverte de ce livre. Car en fait, l'aventure ne s'arrête pas là : Rebelles (titre vo : The Luxe) s'inscrit dans une saga romantique, la suite est prévue courant juin 2008 (titre annoncé : Rumors) et personnellement j'ai bien hâte de savoir la suite ! N'hésitez plus.
Albin Michel - 453 pages - 17 €
Traduit de l'anglais (américain) par Alice Seelow