Qui ment ? de Karen M. McManus
Cinq lycéens, partageant la même heure de colle, découvrent qu'ils ont été piégés exprès pour être réunis tous ensemble au même endroit. Un carambolage sur le parking détourne l'attention de leur surveillant, lequel s'absente un bref instant, les abandonnant à leur sort. L'un des jeunes va décéder. Que s'est-il passé ?
À première vue, la victime ne comptait plus ses détracteurs - colportant tous les potins possibles sur internet et n'inspirant guère une grande sympathie chez ses camarades, car tous redoutaient d'être un jour touchés par son fiel. Bronwyn, Addy, Nate et Cooper font partie du nombre. Eux aussi ont leurs petits secrets qu'ils ne voudraient pas étaler au grand jour. Or, la police va mettre le doigt dessus et s'en servir pour les livrer à la vindicte populaire... espérant ainsi faire tomber les masques. Étrange, très étrange.
Le scénario est pourtant redoutable et diablement rusé. Le suspense est constant et bien ficelé, le roman n'en est que plus haletant ! Entre faux-semblants et non-dits, l'intrigue trace sa route avec une apparente sagesse mais égraine ses petites révélations comme un lâcher de bombes. Cela peut surprendre, même si cela reste attendu dans ce domaine. Les personnages étant tous stéréotypés, ils incarnent au choix la bonne élève, le bad boy, la reine du bal ou le sportif top niveau. Mais leur image va souffrir et s'effriter au cours de l'enquête, laissant apparaître d'autres facettes de leurs caractères. Au final, l'histoire s'en sort sur une pirouette inattendue... je ne suis pas sûre d'en apprécier tous les rouages et regrette certains détails nunuches. Cependant, la lecture a offert de bonnes heures de tension et de stress, invitant souvent le lecteur à partager ses spéculations et échafauder toutes sortes de théories ! Pas mal du tout.
Bémol sur la narration faite par Leïlou Bellisa pour Audible Studios : une écoute crispante et agaçante, du fait d'avoir choisi d'accentuer les voix en les singeant au possible. Le rendu est niaiseux et parfois insupportable. C'est franchement dommage.
©2017 / 2018 Pour l'édition originale publiée sous le titre "One of Us Is Lying" / Pour la traduction française par Anne Delcourt pour les Éditions Nathan
(P)2018 Audible Studios. Texte lu par Leïlou Bellisa. Durée : 10h env. En exclu pour Audible Studios
Emmy & Oliver, de Robin Benway
Voisins et amis d'enfance, Emmy et Oliver sont inséparables... jusqu'au jour où, à l'âge de sept ans, le garçon est enlevé par son père et disparaît des radars. Dix ans plus tard, il resurgit sans crier gare. Pour Emmy, ce retour est celui d'un nouveau départ. Le petit garçon insouciant, qui se disait amoureux de son amie, est plus grand, plus large, plus mystérieux. Et étranger à leur vie. Sa mère, malgré l'indéfectible espoir de revoir son fils, se sent impuissante et désemparée. La disparition d'Oliver avait créé une faille et impacté la vie du quartier, d'où l'attitude surprotectrice des parents d'Emmy. Aussi, pour leur éviter des angoisses inutiles, elle leur ment depuis dix ans et dissimule qu'elle a appris le surf, se rend à des fêtes alcoolisées et s'est inscrite à l'université de San Diego, à deux heures de route de la maison. Vis-à-vis d'Oliver, Emmy se tient à distance tout en le scrutant. Résultat, elle se met à loucher et lui tire la langue la première fois qu'il pose les yeux sur elle ! Pétrifiée de honte, la jeune fille n'en mène pas large.
En fait, c'est très, très drôle. On imagine la scène et on sourit grandement. Car tout est incroyablement doux, tendre, attachant et amusant. C'est ce qui m'a immédiatement conquise. On perçoit une réelle connivence et une franche camaraderie autour d'Emmy - ses copains de toujours, Caro et Drew, sont impayables. Sa relation avec Oliver se construit sans mièvrerie et avec beaucoup de naturel. Tous les vieux réflexes se remettent en place. C'est adorable. En même temps, on suit l'évolution des uns et des autres, petits et grands, à travers des conflits de taille - comment trouver sa place dans un monde où l'on ne se retrouve pas, comment quitter le nid sans crainte du séïsme, comment lâcher la bride, comment évoquer le passé sans blesser ni accuser... C'est étonnant, en bien ! Suggéré sans prétention et avec tact. Au final, le roman possède un charme fou et fait la part belle à l'amitié comme étant un rayonnement essentiel pour s'épanouir dans l'existence. Une lecture qui réchauffe notre petit cœur tout mou. ☺
Nathan, 2017 - Trad. Anne Delcourt
Marquer les ombres, de Veronica Roth
C'est l'événement du mois ! La parution du nouveau roman par l'auteur de la trilogie à succès, Divergente. Veronica Roth nous propose cette fois un space opera audacieux, avec pour intrigue une lutte de pouvoir, de famille, de haine et d'amour.
Akos Kereseth grandit auprès des siens dans la pacifique nation de Thuvhé lorsqu'il est arraché brutalement de son foyer, avec son frère Eijeh, pour être conduit chez les Shotet. Le nouveau souverain, Ryzek Noavek, veut contrôler son destin depuis qu'une prophétie a annoncé sa chute par leur faute. Akos a juré de sauver son frère de leur triste sort, mais va endurer durant des années persécution, humiliation et maltraitance. On lui confie également le rôle de garde du corps de Cyra Noavek, la sœur du despote. Cette dernière possède le don de provoquer des douleurs atroces par un simple contact, seul Akos est insensible à son flux et lui prépare des infusions pour canaliser ce trop-plein de mauvaise ondes. À force de rester en contact rapproché et permanent, ces deux-là tissent une relation qui s'apparente à une complicité amoureuse pleine de pudeur, même si le contexte géopolitique les incite à être également sur leurs gardes car leurs ennemis ne manquent pas. Entre le cruel et tyrannique Ryzek, qui se sert des pouvoirs de sa sœur ou de la vulnérabilité de Eijeh, devenu le nouvel oracle, pour asseoir son autorité et contrôler Akos, sans oublier les renégats qui veulent renverser le système en place et qui nouent des alliances sans garantie de retourner leur veste un jour ou l'autre, l'ambiance est assez tendue et étouffante.
Au final, il y a très peu de place pour l'action. L'auteur privilégie la forme, en fignolant son univers et son écriture. C'est beaucoup plus structuré, plus soigné, mais au détriment des émotions et des sensations. Le fond est creux. L'histoire est lente à se mettre en place. Le rythme est inégal. En somme, j'ai trouvé ce roman beaucoup trop ambitieux, et donc fastidieux à lire. De plus, les personnages ne sont pas attachants. On ne se passionne pas non plus pour leur histoire. Leur relation est plate, elle ne renvoie aucune âme, aucune tendresse. C'est comme pour tout, sans saveur, sans excitation. J'ai rapidement fait le tour d'horizon de leur aventure, laquelle est très torturée, mais vraiment peu attendrissante. À aucun moment je n'ai été touchée ni n'ai ressenti de l'intérêt pour les rudiments de leur quête. C'est une grande frustration, une amère déception pour ce roman pourtant très attendu et autour duquel le mystère a été bien ficelé jusqu'à la date de sa sortie mondiale.
J'ai opté pour le livre audio, disponible en exclusivité sur Audible. On retrouve ainsi Marine Royer, également la narratrice de la série Divergente, qui réussit le tour de force de nous plonger dans cet univers intersidéral aux thèmes universels (la famille, la fratrie, les non-dits, le pouvoir) mais qui ne s'éloigne jamais totalement des sempiternels tourments (les marques corporelles, les choix discutables et les destins impossibles). Une lecture agréable à écouter, si ce n'est un contenu monotone et hélas lassant.
Texte lu par Marine Royer pour Audible Studios - Durée : 15h 19
>> Texte en version intégrale uniquement disponible en téléchargement sur le site Audible (exclusivité).
© L'édition originale de ce livre a été publiée pour la première fois en anglais aux États-Unis aux éditions Katherine Tegen Books, HarperCollins Publishers, sous le titre Carve the Mark Volume 1. © 2017 par Veronica Roth. Tous droits réservés.
Traduction française © 2016 Éditions Nathan (P)2017 Audible FR
Dis-moi si tu souris, par Eric Lindstrom
Aveugle suite à un accident de voiture, Parker a rapidement adapté son mode de vie en se comportant comme une adolescente ordinaire. Elle se rend au lycée, suit le cursus classique et arbore des bandeaux qu'elle plaque sur ses yeux, avec des messages équivoques pour brusquer les curieux. Parker refuse toute commisération et met volontairement mal à l'aise ceux qui l'approchent en débitant des répliques sarcastiques et caustiques. Sa défiance cache pourtant une grande vulnérabilité. Trois mois plus tôt, Parker a retrouvé son père mort dans des circonstances douteuses (suicide ou overdose médicamenteuse). Cette tragédie a chamboulé sa vie, désormais Parker partage son quotidien avec sa tante et ses deux enfants venus s'installer dans sa maison. L'entente est en dents de scie, essentiellement parce que la jeune fille se barricade derrière un principe de précaution éculé. Au lycée, tout va de travers également : changement de binôme pour faciliter sa prise de notes en classe, nouveaux élèves débarqués d'un établissement qui vient de fermer ses portes, retrouvailles avec son ex... Pour se préserver de toute hyperventilation, Parker dégaine plus vite que son ombre. Piquante, mordante, cassante, la jeune fille n'épargne rien ni personne. Mais les parois de sa tour d'ivoire ne sont pas indestructibles, et déjà apparaissent les premières fissures. L'existence routinière de Parker tombe en quenouille ! Et toute l'ingéniosité du roman vient dans la réussite du portrait de Parker, une adolescente à fleur de peau mais qui s'en défend, car elle refuse d'être résumée à son handicap et a choisi d'en faire une force, même si les apparences sont souvent trompeuses. Parker n'est pas à l'abri d'un contre-coup émotionnel ni de perdre le contrôle mais c'est un passage nécessaire pour décrisper son corps tendu à l'extrême. Autre chose appréciable dans cette lecture, c'est la belle symbiose qui se dégage entre les filles, Parker et ses amies. On sent une connivence sincère et chaleureuse qui prend d'ailleurs beaucoup de place dans l'histoire, au détriment des intrigues amoureuses, franchement secondaires, mais c'est tant mieux et cela démontre aussi que tout n'est pas à l'eau de rose dans la littérature adolescente de nos jours ! Une lecture agréablement surprenante, sans chichis, sans affect, juste une bonne histoire avec des personnages très attachants.
Traduit par Anne Delcourt (Not If I See You First) pour les éditions Nathan - Juin 2016
Divergente par Quatre - Edition augmentée, de Veronica Roth
La bonne blague. Il y a à peine un mois je lisais l'édition datant d'avril 2015 de Divergente raconté par Quatre avant d'apprendre qu'une “édition augmentée” verrait le jour en cette fin d'année 2016. Le but de cette opération ? Moi pas comprendre.
Je n'ai jamais caché combien les ouvrages dérivés ne m'attiraient pas du tout. Je les découvre par curiosité (ou parce qu'ils sont disponibles en format audio), mais sinon je ne suis pas en demande de telles lectures. Et encore moins lorsqu'il s'agit d'un livre déjà lu qu'on nous ressort avec des trucs en plus, des trucs anodins, du réchauffé sur toute la ligne. Mouiii... bon... non merci.
L'autre souci, c'est qu'on a déjà fait le tour de la série Divergente. Attention, la trilogie est une lecture excitante, avec un univers exceptionnel et assez complexe. Veronica Roth nous en explique d'ailleurs les rouages et son travail d'écriture en bonus dans ce livre. Elle nous confie également les premiers jets de la série et ce qu'elle nomme son “protobrouillon” pour expliquer son choix et sa difficulté de la narration à la 1ère personne, comment planter le monde des factions, distribuer les rôles de chacun et faire évoluer les personnages, notamment celui de Caleb, ou révéler des secrets sur la mère de Tris. Elle s'explique aussi sur la “mort” des personnages et assume pleinement ce parti pris (moi aussi), puis glisse en lot de consolation un autre chapitre du point de vue de Tobias (la scène des couteaux dans le tome 1).
Je pense que cette lecture aurait certainement eu plus d'impact si je l'avais découverte dans le feu de l'action. J'avoue qu'en novembre 2016 ce bouquin fait office de point d'interrogation. Pourquoi maintenant ? quelle motivation ? Cela me dépasse. Par contre, si vous devez préparer une soutenance sur le sujet, là d'accord... il y a matière à argumenter votre thèse. ;-)
Le livre s'ouvre, sans surprise, sur les quatre nouvelles qui renvoient au monde original de Divergente (transfert, novice etc.) et s'attachent à tracer un portrait sensible du jeune Tobias Eaton, un écorché vif sous une apparence de dur à cuire. On suit son parcours, sa formation, ses doutes et ses espoirs, en même temps qu'on le sent sensible à la politique environnante et soucieux des premiers frimas de sécession. Sa rencontre avec Tris, qui n'apparaît que dans la dernière histoire (Le traître), laisse apparaître une fragilité touchante et plus humaine du personnage. Très émouvant !
Après quoi, on découvre un entretien avec Veronica Roth, les premiers jets de la série, les coupes de la cérémonie du choix, l'évolution de Caleb, l'enceinte des Audacieux, des extraits du journal de Natalie Prior, deux scènes inédites du tome 3, une nouvelle du point de vue de Tobias, des tatouages, des playlists et une étude sur le cerveau et la peur par un docteur en psychologie... Un supplément de 100 pages & une jolie couverture qui justifieraient un nouvel investissement à 17.95€ ? :-/
Prochain rendez-vous à attendre : début 2017, pour son nouveau roman - Carve the Mark (premier tome d'une duologie).
Nathan / Novembre 2016 - Trad. d'Anne Delcourt
Divergente raconté par Quatre, de Veronica Roth
J'ai une nouvelle fois profité du format audio pour me lancer dans cette lecture, alors que j'étais peu motivée pour lire les épisodes additionnels d'une série déjà ingurgitée et depuis longtemps digérée. Je m'interroge toujours sur la nécessité d'ouvrages dérivés, question business sans doute, car personnellement cela m'attire moyennement.
Autre excuse, je traversais une phase de nostalgie au moment de procéder au téléchargement sur Audible. Et cela a été favorable à ma lecture car j'ai pris un plaisir fou à retrouver les personnages de Veronica Roth, ainsi que son univers original, avant que celui-ci ne sombre dans le chaos. Bref.
L'occasion nous est donnée de faire connaissance avec un jeune Tobias Eaton, un garçon âgé de seize ans, martyrisé par son père, endeuillé par la disparition tragique de sa mère, franchement mal dans sa peau et résolu à se tirer de son gouffre. La cérémonie du Choix de la faction lui offre enfin la possibilité de s'échapper de son destin d'Altruiste pour conquérir sa chance chez les Audacieux. Adolescent solitaire et meurtri, il peine à se sociabiliser et accorder sa confiance aux autres. Pourtant, deux jeunes novices, Zeke et Shauna, s'attachent à lui, de même que son instructeur Amar, tandis que Eric le prend aussitôt pour cible à abattre et va cultiver sa jalousie avec méticulosité.
Quatre va sortir de sa coquille et se familiariser avec de nouveaux acquis, on suit son parcours, sa formation, ses doutes et ses espoirs, en même temps qu'on le sent sensible à la politique environnante et soucieux des premiers frimas de sécession. Le personnage de Tris apparaît seulement dans la dernière histoire (Le traître) où l'on prend conscience, pour la première fois, d'émotions sincères et touchantes chez notre dur à cuire, de la possibilité d'une franche espérance chez cet éternel écorché vif et du tremplin pour la suite des aventures.
En somme, c'est une lecture agréable, qui vient approfondir notre perception de la série Divergente, et plus particulièrement des personnages de l'ombre (Amar, Evelyn ou Max), de la vie de faction et des changements survenus dans l'initiation des novices, mais elle n'en demeure pas moins totalement accessoire à mon humble avis.
Texte lu par Marine Royer pour Audible FR (durée : 6h 14) / Octobre 2015
>> Ce livre audio en version intégrale est proposé en exclusivité par Audible (uniquement disponible en téléchargement).
©2013 / 2014 / 2015 Veronica Roth. L'édition originale de ce livre a été publiée pour la première fois en anglais aux États-Unis aux éditions Katherine Tegen Books, HarperCollins Publishers, sous le titre Four: A Divergent Collection, Four: The Transfer: A Divergent Story, Four: The Initiate: A Divergent Story, Four: The Son: A Divergent Story, Four: The Traitor: A Divergent Story. Tous droits réservés.
Publié avec l'autorisation de HarperCollins Children's Books. / Éditions Nathan, pour la première édition. Traduction française par Anne Delcourt. (P)2015 Audible FR
Roi de Pique, de Kat Spears
Jesse Alderman, surnommé Sway, est le roi de la magouille. Au lycée, il est connu pour sa capacité à résoudre tous les dilemmes de ses petits camarades - cela peut varier des réponses aux prochains contrôles ou aux provisions (alcool, drogue) pour pimenter leurs sauteries. Jesse a toujours la solution. Aussi, lorsque le quaterback vedette lui demande de servir d'entremetteur pour décrocher un rendez-vous avec une certaine Bridget Smalley, le garçon dit banco avec cette fidèle nonchalance qui le caractérise. Seulement, en rencontrant la demoiselle, il est agréablement surpris par ce beau brin de fille, à mille lieues de la pintade écervelée qu'il s'imaginait. Bridget est cultivée, brillante et scout dans l'âme (elle rend visite à sa grand-mère qui perd la tête ou s'occupe de jeunes handicapés toutes les semaines). On croirait une sainte, si ce n'est que la demoiselle révèle vite un tempérament farouche et qu'elle va réussir à toucher notre solide gaillard pourtant rompu à la dérobade. Jesse cultive la distance et l'insouciance pour ne pas s'attacher, pour ne plus éprouver le chagrin de la perte, comme celui enduré après la mort de sa mère. Son attitude détachée masque donc une profonde blessure, mais n'allez pas imaginer un roman de pure cucuterie, à la sensiblerie exacerbée, c'est beaucoup mieux que ça, car tellement plus caustique et drôle, et franchement savoureux. J'ai adoré suivre ce rebelle de Jesse Alderman succomber à la douceur et à la tendresse de Bridget ! ^-^ On tombe fatalement sous le charme de cet improbable héros ♫♪ qui pique ton cœur ♪♫ et on adopte dans la foulée la ribambelle de satellites qui gravitent dans son espace vital (grand-père Hiram, frangin Pete, gothique Joey...). C'est très, très bon. L'humour est sarcastique, le cynisme brandi en étendard, et ça fuse à tous les coins de page, mais ça ne manque pas d'émotion ni de chabadabada... Bref. C'est tout bon. Une étonnante découverte, qui dépasse de loin la faible appréciation laissée par la couverture VF.
“ Si tu n'es pas trop exigeante, je pourrais passer le reste de ma vie à essayer de te mériter. ”
Nathan, Septembre 2015 - Traduit par Anne Delcourt (Sway)
Couverture originale
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Hollydays - Caroline (MC Solaar cover)
Poptropica, T.1 : Le Mystère de la carte magique, de Jack Chabert & Kory Merritt
Tout commence par un vol en montgolfière, à bord duquel Oliver, Mia et Jorge découvrent avec des yeux ébahis le paysage sous leurs pieds. Et puis, sans l'expliquer, tout dérape. Leur pilote à la mine patibulaire se saisit de sa montre et se lance dans une manœuvre insensée, tandis que la montgolfière ploie sous un ciel gris menaçant et affronte les éclairs d'un orage fracassant. Après quoi, l'accalmie s'abat sur eux mais le décor qui les entoure est méconnaissable : des îles paradisiaques, où grouille une jungle foisonnante. Les enfants sont éberlués et interrogent leur pilote. Seulement Octavien en a assez de ces mômes fouineurs et encombrants, il les pousse par-dessus bord. Hop, bon débarras ! Oliver, Mia et Jorge se retrouvent seuls sur une terre isolée et inhospitalière, peuplée d'espèces disparues, comme des dodos ou un tigre à dents de sable, une créature coriace et affamée, sans oublier une colonie de vikings sinistres et impitoyables.
Mais quelle est cette étrange dimension dans laquelle notre trio doit composer avec toute leur ingéniosité, leur énergie et leur courage ! ? C'est tout le plaisir que nous réserve cette lecture riche et palpitante, inspirée d'après la série Poptropica, véritable phénomène sur internet, qui propose sur son site une quête fabuleuse, également instructive et distrayante, et réunit de nombreux participants. Cette version BD s'éclate en couleurs et selon un graphisme simple, mais très réaliste, ponctué de séquences rigolotes. Le cocktail est goûteux, plein de charme et surtout débordant de pep's et d'aventure. C'est l'auteur du Journal d'un dégonflé, Jeff Kinney, qui est également le concepteur du jeu vidéo, et qui parraine avec fierté ce produit dérivé, annonçant le début d'une série très prometteuse !
Découvrez le book-trailer ici :
https://www.youtube.com/watch?v=mZKuFNsiOR0
Bayard éditions pour la traduction française (Anne Delcourt) ♦ BD Kids, Avril 2016
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Divergente 3 : L'allégeance, de Veronica Roth
Le monde de Beatrice Prior, alias Tris, ne cesse d'évoluer et l'entraîne toujours plus loin de ses acquis. Et l'histoire de nous rappeler qu'il y a une vie au-delà des murs de la ville de Chicago. (J'avais pratiquement zappé ce détail, j'ai failli être surprise.) En avant donc pour de nouvelles rencontres et d'autres découvertes sur les divergents, les factions et la politique élaborée pour sauver l'humanité. Le temps est à la réflexion, mais c'est assez lent à se mettre en place, très bavard et procédurier. Les discours fleuve dégoulinent des pages du livre et anesthésient notre esprit assoiffé d'action. On ingurgite ainsi énormément d'informations qui complètent notre vision de la série - et la chamboulent aussi sous toutes les coutures.
Est-ce que j'ai apprécié cette nouvelle étape ? Disons qu'elle demande un instant d'adaptation, mais il est vrai que j'ai été moins emballée, car on est à des années lumière du rythme trépidant des débuts. Cette série qui a démarré sur les chapeaux de roue a choisi d'opérer un virage à 180° pour intégrer son discours sur l'acceptation de l'autre et de ses différences, sur le refus de la «pureté des races», qui est une notion abjecte et rédhibitoire, mais que Veronica Roth traite avec tact, non sans maladresse, car ses lecteurs ont aussi eu le sentiment d'être baladés dans ce dernier tome.
Au cœur de cet imbroglio scientifico-politique, la relation entre Tris et Tobias tente péniblement d'exister et cherche coûte que coûte à s'épanouir ou à trouver une base solide. Elle connaît des hauts et des bas, fait planer le doute quant à sa survie après le énième coup dur de l'un contre l'autre. Alors que Tris prend de l'assurance et se relève après chaque chute, Tobias apparaît plus fragile et rongé par ses démons. Il n'en finit pas de ruminer de vieilles blessures mais a appris de ses erreurs et ne veut plus cacher la vérité à Tris. Et alors qu'on s'imagine que le couple joue sur la transparence et a acquis une complicité infaillible, paf, l'histoire de nouveau malmène leur amour et nous renvoie dans les cordes.
C'est une lecture aux émotions en dents de scie - après une lente, lente démonstration de la vie qui s'écoule hors des murs de la ville, l'histoire tente de se désembourber en cherchant un dénouement plausible et propose donc une solution bidouillée à la va-comme-je-te-pousse (je suis déçue par son côté expéditif, mais j'ai aimé l'option prise, les choix audacieux de l'auteur et ce semblant d'apothéose qui survient au chapitre 50). Ce final a su rattraper la sensation de lenteur et d'attente qui a accompagné une grande partie de ma lecture. Je garderai donc une profonde sympathie pour cette série, même si je comprends que d'autres lecteurs aient pu se sentir berner par son évolution après le tome 1. Maintenant je ne crains plus d'être spoilée .... ouf ! ☺
Nathan / mai 2014 ♦ Traduit par Anne Delcourt (Allegiant) ♦ Prochainement au cinéma.
Forte de son succès, la saga Divergente va suivre l'exemple de plusieurs de ses prédécesseurs, comme "Harry Potter", "Twilight" ou "Hunger Games", dont le dernier volet s'était décliné en deux films au lieu d'un. Allegiant fera ainsi l'objet de deux parties (Note de moi-même : mais y-a-t-il matière à en tirer deux films ? je reste dubitative quant au contenu qui s'annonce trèèès long !). Pour info, le calendrier est déjà calé aux Etats-Unis : le 16 mars 2016 pour "Allegiant Part. 1", et le 24 mars 2017 pour "Allegiant Part. 2".
Divergente 2 : L'insurrection, de Veronica Roth
Après une relecture au pas de course du tome 1 (Divergent), histoire de me rafraîchir la mémoire (Beatrice Prior, alias Tris, choisit de quitter sa faction des Altruistes, dont elle est native, pour rejoindre celle, plus excitante, des Audacieux, mais au cours de son initiation elle découvre qu'une guerre se prépare et qu'elle seule peut s'y opposer grâce à ses capacités de «divergente»), j'enchaîne -enfin- avec la suite des festivités. ;-)
C'est comme se réveiller le lendemain d'une beuverie, avec cette sensation confuse d'étourdissement, de remords et de culpabilité. Le monde de Tris est en train de sombrer dans le chaos et la jeune fille se morfond des crimes qu'elle a commis. Elle a perdu sa faction, mais aussi de nombreux proches lors des derniers événements, et n'a plus d'autre choix que de fuir pour échapper à la cabbale lancée par la leader des Érudites. Celle-ci a définitivement pris pour cible les Divergents, dont le secret a été mis à jour, et entend se servir d'eux pour atteindre ses objectifs.
Je n'ai certes pas retrouvé dans ma lecture l'excitation de la nouveauté, mais j'ai tout de même apprécié replonger dans l'univers créé par Veronica Roth, un monde désormais en pleine cohue, où la tactique politique est si prégnante qu'elle en éclipse tout le reste (avis aux amateurs de romance). D'office, Tris est une héroïne complexe, par sa jeunesse et son tempérament impulsif, elle agit constamment avec un poids sur la conscience, mais est capable de prendre ses décisions sur un coup de tête. Elle triche, elle ment, elle trahit. C'est un personnage assez ambivalent, à la fois sensible, attachant et agaçant. Tobias, lui... est toujours aussi insaisissable. On ne devine rien de ses pensées ou de ses motivations. C'est un garçon qui cultive ses secrets, ses silences et ses blessures avec beaucoup de pudeur, aussi semble-t-il exaspéré de veiller au grain pour protéger la petite Tris, et ces deux-là passent beaucoup de leur temps à se prendre la tête pour se réconcilier deux pages plus loin. J'ai trouvé dommage d'en passer par là, mais bon... L'histoire est globalement plus sombre et se déploie de façon nerveuse, mais également de manière éparpillée et plus lente, en alternant judicieusement l'émotion et l'action. Au final, j'ai gobé tout le bouquin avec les nerfs en pelote et j'ai aussitôt ouvert le troisième tome pour avoir ma dose.
Nathan / Novembre 2012 ♦ Traduit de l'anglais par Anne Delcourt (Insurgent)