Apprentie Princesse (The Rosewood Chronicle #2) par Connie Glynn
J'ai donc lu la suite de Princesse Incognito sur ma bonne lancée puisque j'étais déjà familière avec les lieux et les personnages. Pourquoi s'en priver, après tout ?
Lottie Pumpkin a fait du chemin depuis ses débuts à Rosewood Hall : elle se fait toujours passer pour une princesse, en accord avec la famille royale, et a même endossé le titre de Sénéchale pour les formalités. Par contre la menace a également éclaté au grand jour avec une tentative d'enlèvement et des révélations plus ou moins surprenantes quant aux rôles joués par ses proches. Au lendemain de cette zizanie, l'enquête se poursuit : qui sont les Léviathans ? sont-ils à l'origine des étranges empoisonnements qui visent les élèves ? comment pourraient-ils s'introduire dans l'enceinte de l'école ? encore des complices ?
Lottie est sur tous les fronts et finalement à côté de la plaque car trop accaparée par ses propres soucis : elle a soudain envie de connaître ses origines. Elle sent depuis peu une présence fantôme autour d'elle et pense avoir un lien avec une princesse disparue et le créateur de Rosewood. Pourtant, elle n'ose pas se confier auprès de son amie Ellie. Le désordre amoureux vient aussi semer le trouble. D'un côté, Jamie devient taciturne et prend ses distances. De l'autre, Lottie papillonne et ne veut décevoir personne. Quelle mouche a piqué tout ce petit monde ?
Cette série réussit encore à faire preuve de légèreté en créant une ambiance merveilleuse et pleine de charme. Toutefois cela manque de croquant et on ne ressort pas de Rosewood Hall avec le souffle coupé ou la sensation d'avoir vécu une expérience mémorable. Oui, c'est adorable mais un peu futile. Les personnages ne nous impressionnent pas davantage et semblent se contenter de suivre le mouvement. En clair, ils débarquent après le déluge et en subissent les conséquences... c'est assez frustrant. Et puis je ne comprends pas ce micmac des attirances - ça va ça vient, sans logique, sans émotion - j'étais complètement perdue.
Si j'ai passé un agréable moment de lecture, je garde en tête que celle-ci n'est pas encore à la hauteur des espérances. Pour moi, l'auteure ne fouille pas assez son intrigue ni ses personnages et se limite à un exercice élégant mais trop lisse. MOVE ON !
Casterman (2020) - Traduit par Anne Guitton
Le troisième tome est annoncé pour la fin d'année (ou début d'année prochaine).
#Scandale, de Sarah Ockler
MESSAGE SPÉCIAL À L'ATTENTION DES ESPADONS DE LAVENDER OAKS EN CETTE VEILLE DE BAL DE PROMO
Mes chers petits poissons, voici venu le week-end du bal de promo. Vous savez ce que ça signifie : sexe ! scandale ! Et paillettes !
Oui, paillettes, car la soirée de cette année aura pour thème : parade scintillante des créatures mythologiques. Je sais, c'est un peu flou, mais tout ce qui compte, c'est que ça fasse des étincelles. Alors levons nos verres pour féliciter les membres du comité d'organisation, grâce à qui notre lycée va briller de mille feux. Santé !
Casques en alu ou pas, n'oubliez pas de partager vos meilleurs clichés du week-end sur ma page Lady Blabla, #scandale, afin de participer au grand concours Scandale du mois. Après, ce sera terminé, les enfants. C'est le dernier #scandale avant le diplôme.
Ce roman ne révolutionnera pas le genre, et n'en a d'ailleurs pas la prétention, puisqu'il se lance en toute décontraction dans une histoire de déballage sur la planète Facebook de tous les petits secrets d'une bande de lycéens, et de leurs comportements peu avouables, au cours du sacro-saint bal de fin d'année. Le délit est signé d'une main anonyme, mais tout accuse vertement une pauvre victime innocente - en l'occurrence, Lucy Vacarro, notre héroïne davantage portée sur les massacres en ligne et les tournois de zombies à abattre. Tout a commencé sur un énorme malentendu. Lucy a voulu rendre service à sa meilleure amie Ellie, alitée pour cause de grippe, en acceptant d'accompagner son petit copain Cole pour la soirée, sauf que Lucy est secrètement amoureuse de Cole et se sent comme un chamallow tout mou dès que le garçon s'approche d'elle. Les festivités se poursuivent dans le chalet de Cole où leurs camarades se livrent à une débauche de plaisir et d'interdits à braver. Lucy prend des photos et des vidéos pour donner à Ellie l'illusion de participer à la fête... et puis la soirée dérape : un baiser échangé, une annonce surprenante, un téléphone égaré. Le lendemain matin, sur la page FB de Lucy Vacarro, défile l'étendue du carnage. Tout le lycée se retourne contre elle - Lucy est huée, vilipendée sur la place publique. Ses meilleures amies ne lui font plus confiance. Et Cole... fidèle soutien, à la rescousse. Ouf. Même si sa cote de popularité est au plus bas, Lucy se découvre une flopée de bons samaritains qui vont soutenir sa campagne de rédemption, tout en menant leur enquête pour démasquer l'instigateur du complot.
Ce roman traite avec décalage du pouvoir de la Bête engendrée par Mark Zuckerberg - le pouls de nos jeunes lycéens bat au rythme des ragots et autres publications décadentes publiées par une prétendue Gossip Girl (cette Lady Blabla fait grand bruit mais occupe finalement une place minime dans l'intrigue). L'histoire montre surtout qu'on ne trahit jamais un groupe soudé par un accord tacite de complicité dans le crime. On boit, on couche, on trompe... mais ça reste entre nous. C'est donc loin d'être une lecture guindée, qui cherche à dénoncer une problématique et apporter des solutions peace & love. L'histoire est davantage farfelue, mêlant un humour sarcastique à des situations peu crédibles (la directrice qui se connecte elle-même sur sa page pour “liker” des petits chats adorables et des bébés gazouillants), avec aussi des créatures improbables comme le mystérieux Prince-Moucheté (WTF) et des anti-geeks radicaux (dont le combat ne soulève pas les foules). La tourmente de Lucy est rapidement tournée en dérision, d'où une sensation de lecture légère et assez superficielle, qui préfère envoyer des paillettes et des réparties rigolotes. Ce n'est pas désagréable à lire, pour qui espère un rendez-vous distrayant et comique, mais ça reste également assez sommaire et longuet.
Nathan, Juin 2015 ♦ Traduit par Anne Guitton
Cool Sweet Hot Love, par Erin McCahan
Josie, 16 ans, est surdouée. Se rendant tour à tour au lycée, où ses parents tiennent absolument à ce qu'elle maintienne le lien pour être avec des jeunes gens de son âge, et à l'université, où elle suit des cours de sociolinguistique avec Stu, son voisin - ami d'enfance, Josie laisse très peu de place au hasard et à la spontanéité. Pourtant, lorsqu'elle croise le séduisant Ethan Glaser, ses sens sont en alerte, comme un ralenti de film romantique.
Assez naïve et inexpérimentée en la matière (l'amour et la confusion des sentiments), Josie y prête néanmoins un intérêt grandissant : toutes ses copines ont des béguins pour des camarades, même Stu est un Casanova en puissance, et plus terrible encore, sa sœur Kate vient de présenter officiellement son dernier petit copain en date - Geoffrey Stephen Brill - un type suffisant et casse-pied. Josie dit niet, mais Kate se fâche et lui réplique qu'elle n'y connaît rien en amour.
Pour lui prouver le contraire, la cadette décide d'explorer ce terrain inconnu à l'aide de fines observations, de pratiques balbutiantes et de nombreuses interrogations auprès de ses congénères. Qu'est-ce qui fait que ... qu'est-ce qui rend si ... enfin bref, vous l'aurez compris, l'amour n'est pas une science exacte, et Josie va s'en mordiller les doigts. Et c'est drôle, c'est tendre, c'est bougrement attachant.
Ce roman dresse un portrait pittoresque d'une jeune fille brillante, mais complètement immature sur le plan affectif (car terriblement cartésienne), qui se lance dans une croisade insensée sur les élans du cœur et ses petits tracas. Son parcours est raconté avec humour et sensibilité (pauvre Josie, tout de même, sa sœur aussi manque de tact !). J'avais des bouffées de compassion, vite chassées par cette ambiance bon enfant qui règne de bout en bout dans le livre.
En bref, j'ai souri et j'ai aimé, énormément. C'est farfelu, sans tomber dans le grotesque. Tout est analysé, décrypté, passé à la moulinette, avec un certain goût pour la dérision. J'ai aussi craqué pour cette famille exemplaire, habituée de vivre en harmonie, je me sentais tellement à mon aise que je n'avais pas envie que l'histoire se termine. Le cocktail est délicieux, sucré et piquant. Un pur régal.
Nathan, juillet 2014 ♦ traduit par Anne Guitton (Love and Other Foreign Words)