05/10/10

Pêle-Mêle Clarabel #8

Nous avons lu et aimé :

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Cet album est tellement silencieux et beau à admirer qu'il est assez difficile d'en parler, de trouver des mots qui colleraient à son talent. Donc, je vous conseille de suivre votre instinct, de rencontrer cette petite fille qui recueille des bouts de vie dans le creux de sa main et en observe les transformations possibles : un flocon de neige, il a fondu ; un oiseau blessé, je l'ai soigné ; un petit têtard, il est devenu grenouille ; une luciole, puis je l'ai relâchée ... et ainsi de suite jusqu'à la page finale qui annonce la naissance d'un petit frère ou d'une petite soeur. C'est très, très beau ! Beaucoup de douceur et de poésie s'en dégagent. Comme une berceuse.

Dans le creux de ma main, Laëtitia Bourget / Alice Gravier (Sarbacane, 2010)

 

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J'ai mis du sable dans mon cartable
Comme d'autres en mettent dans leurs chaussures.

La fin de l'été et des vacances rend toujours un enfant nostalgique, le petit narrateur ne veut pas rentrer, ne veut pas s'encombrer d'un cartable trop lourd, se noyer dans des histoires avec des dates, des rois et des guerres. Il fait durer le souvenir de la plage, du château de sable, des bons moments passés avec sa grand-mère. Et ainsi, chaque jour, il lui écrit un petit mot ...

Et le temps passe plus vite ainsi, me semble plus doux
En attendant les prochaines vacances

Cet album met du baume au coeur, grâce à lui la nostalgie nous paraît plus douce et le retour au quotidien nous semble moins amer. La sensibilité de Christine Beigel s'associe merveilleusement avec la fantaisie des illustrations de Clotilde Perrin !

J'ai mis du sable dans mon cartable, Christine Beigel / Clotilde Perrin (Sarbacane, 2010)

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Dans la vie, on nous apprend à suivre la ligne, à regarder droit devant, à filer doux. Mais un jour, Léa a eu envie de regarder à côté. De s'échapper, de s'envoler. Et ce qu'elle découvre ne cesse de la surprendre et la séduire. Il y a notamment le nouvel élève qui vient s'asseoir à ses côtés, qui lui glisse un sourire et un regard très complice. Un fil invisible s'est tissé entre eux. Sans un mot. Le maître peut lui seriner, C'est devant que ça se passe ...

Non, monsieur, la vie, c'est pas droit devant
... c'est juste à côté !

C'est un formidable hymne à la liberté, au rêve et à l'imagination. C'est une petite révolution de sortir du rang, de laisser son regard s'échapper, ses esprits divaguer, de lever son nez et de moins regarder son nombril, de s'extasier sur ce qui nous entoure, d'aimer ça et d'en redemander ! Cet album ravira petits et grands lecteurs.

La vie juste à côté, Anne Mulpas / Marjorie Pourchet (Sarbacane, 2010) 


24/04/08

La fille du papillon - Anne Mulpas

fille_du_papillon2Solveig, seize ans, a horreur des journaux intimes mais ce n'est pas sa faute si elle est aujourd'hui surprise à mettre des mots sur sa vie, c'est à cause du Monde. Il s'agit d'un garçon aperçu en pleine nuit, sous la fenêtre de sa chambre. La rencontre n'est pas anodine, ce joli coeur lui récite du Pessoa puis disparaît. Solveig a le palpitomètre dans le rouge passion.

A la maison, les choses ne se passent pas si mal. Elle vit seule avec son père, qui papillonne d'aventures d'un soir à d'autres, et la Belle Absente arbore un sourire éclatant dans les albums photos. Solveig a aussi une excellente-meilleure-fusionnelle amie, la Ni, avec laquelle le quotidien tout gris se pare des couleurs de l'arc-en-ciel. Or, l'audace des demoiselles ne connaît pas de limites et nos deux filles vont déraper. Petit à petit, tout va s'écrouler :  le monde sans heurts, sans maman, va soudain plonger dans une sournoise noirceur. Solveig pète un câble et n'arrive plus à retenir ce qu'elle possède entre les mains.

Son amitié avec la Ni, son amour pour le Monde, sa connivence avec papa, sa douleur de n'avoir pas connu sa maman, son attitude au lycée, son exigence, son intempérance, ses colères, ses caprices, bref le journal de Solveig devient un récipient fragile, prêt à fissurer de toutes parts. On oublie comme on peut être bête et ridicule, excessif et insubordonné à 16 ans ! L'histoire de Solveig, capricieuse et butée, nous rappelle ô combien cet âge ingrat est un cap difficile, insupportable et irritant ! (Parfois j'ai frôlé la saturation...) Mais ce portrait ne pourra qu'interpeller les lectrices du même âge, qui reconnaîtront dans Solveig cette Voix Sacrée qui sait admirablement faire état de leur effroyable solitude et sempiternelle incompréhension du monde qui ne tourne pas autour d'elles... (Un livre qui leur ressemble, quoi !) A conseiller à toutes les filles qui ont des papillons dans la tête et le coeur !

La fille du papillon, Anne Mulpas

Editions Sarbacane, 2006. Coll. Exprim, 218 pages. 9€

A été lu par Gawou ; Laure ; Marie ...

Posté par clarabel76 à 08:00:00 - - Commentaires [8] - Permalien [#]
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