18/09/09

Je ne suis pas un panda ~ Ariel Kenig

Mouche de l'école des loisirs, 2008 - 54 pages - 6,50€
illustrations de Pascal Lemaître

je_ne_suis_pas_un_pandaLe jeune Ariel se sent défiguré par la faute d'une tache de naissance qu'il a sous l'oeil. C'est trop laid, il ne la supporte plus du tout. Ses parents ne le comprennent pas et s'attendrissent sur cette marque de fabrique, c'est si mignon et atypique. Mais le garçon rugit de colère, s'emporte et se cogne la tête contre les murs. Résultat, un bel oeil au beurre noir. Que dire à Clémentine, la fille dont il est presque amoureux, et qui s'inquiète et s'esclaffe de rire lorsqu'elle apprend qu'Ariel fait de la boxe. C'est du n'importe quoi, et ne lui parlez pas de panda ou il se fâche tout rouge.

«Les pandas, c'est tout mou. Ça marche pas vite et c'est gros du bide. Ça s'ennuie et ça mange des bambous parce que dans leur forêt, il n'y a rien d'autre à manger. C'est triste à mourir, les pandas. Ça vit tout seul, ça ne fait jamais l'amour, ça ne prend jamais de plaisir et ça fait très peu d'enfants. Franchement, il suffit d'en regarder un pour comprendre que les pandas, ça ne fait rien de sa vie.
Pour le reste, si vous vous renseignez un peu, vous apprendrez que les pandas, ça n'arrête pas de mourir. Soit parce que les humains détruisent la forêt. Soit parce qu'on les tue. Et quand on ne les tue pas, on les met en cage.
»

Et voilà, chose promise, chose faite. J'ai lu le titre qui  précédait Je ne suis pas une lumière, lequel m'avait laissée bien perplexe. En fait, il ne s'agit pas d'une série avec suite etc., on peut très bien lire l'un sans l'autre. C'est juste la personnalité du jeune Ariel que je souhaitais découvrir davantage, car une fois goûtée, on a du mal à s'en passer. Ce jeune garçon se pose énormément de questions, il a du mal à s'accepter, cette fois c'est son physique qui l'indispose à cause d'une tache sous l'oeil, cela lui donne des bouffées de colère incontrôlables (le coup de la piscine, mes aïeux, ce n'est vraiment pas sympa !). Mais le message à la fin, cette fois, m'est apparue plus clairement et c'est même très, très mignon. Bien entendu, j'ai moyennement apprécié le cheminement du garçon pour en arriver à cette conclusion, non mais franchement, pauvre Clémentine !  ;o)

Le style d'Ariel Kenig colle à merveille avec cette collection pour jeunes lecteurs. C'est frais, drôle, actuel et ça pose des questions essentielles sans jamais être consensuelles ni prises de tête. Vraiment pas désagréable à parcourir !

> Un texte qui nous touche au plus profond de l’intime, même s’il y a de la légèreté dans ce texte. Un petit malheur d’enfant est souvent traité à la légère par les adultes. Et pourtant un malheur c’est un malheur. Il y a les mots et les regards qui font mal. (dit Pascale Pineau sur Ricochet

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11/09/09

Je ne suis pas une lumière ~ Ariel Kenig

Mouche de l'Ecole des Loisirs, 2009 - 60 pages - 8€
illustrations de Gabriel Gay

je_ne_suis_pas_une_lumiereMais c'est quoi, ce livre ? C'est ce que je me suis franchement demandée en tournant la dernière page, les nerfs à vif et le coeur au bord des lèvres. Argh, c'est horrible.
En fait, le début est un pur régal. On suit l'histoire d'Ariel qui est un garçon phosphorescent. La nuit, dans son lit, lorsque les lumières s'éteignent, son corps émet de la lumière. Ses parents sont au courant, mais ça ne les inquiète pas. De même, dans cette famille, il y a le chat Balthazar qui est capable de parler, mais seulement en présence des enfants. La Loi des Chats interdit de s'exprimer autrement que par les miaulements face aux adultes.
Oui, oui, c'est vous dire l'ambiance dans ce livre. Dé-so-pi-lan-te !
Bref, ce chat est une plaie ambulante car tous les soirs il vient gratter à la porte de la chambre du garçon pour se nicher au pied du lit et dormir le restant de la nuit avec Ariel. Ce dernier est épuisé d'être réveillé en plein sommeil, de plus il pense que Balthazar le fait exprès, c'est un trouillard qui craint le froid et le noir, du coup il s'imagine que ce n'est qu'un vilain opportuniste, juste bon à réclamer la chaleur de la couette. Point barre.
L'histoire, alors, est drôle. Ariel Kenig y met le ton, l'humour, l'originalité et la fantaisie. Le lecteur est tout acquis et a le sourire jusqu'aux oreilles.
Et c'est là qu'arrive le chapitre 12 page 55... Catastrophe. Je n'ai rien vu venir, je n'ai rien compris à ce truc, je suis dégoûtée et j'ai même eu honte de n'avoir rien dit à ma fille qui s'est sentie, également, l'humeur chagrine avec gros point d'interrogation au-dessus de sa tête. Désolée, la Miss, moi ne pas avoir tout compris non plus.
Qui connaît ? Qui en pense quoi ?

Ariel Kenig est également l'auteur de Camping Atlantic et New Wave (qui vient de sortir en poche).

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18/09/08

New Wave - Ariel Kenig & Gaël Morel

 

 

Ce livre est né d'un projet cinématographique : New Wave, téléfilm écrit et réalisé par Gaël Morel pour Arte. L'idée était simple : partir du scénario pour en faire un roman, une forme d'adaptation à l'envers. Et c'est Ariel Kenig qui fut approché pour participer à ce projet et rendre "une copie" singulière, personnelle et aussi indépendante du film. - A lire en préface, pour s'en convaincre.

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L'histoire est celle d'une adolescence en province, dans les années 80. Eric entre en 3ème au collège, il n'est plus dans la classe de son ami Thomas mais fait la rencontre de Romain, un garçon hors du commun. Indépendant, sûr de lui, il affiche un look punk, c'est également un passionné de musique, il compose et chante dans son coin, bref cette amitié nouvelle pourrait donner des ailes à Eric. Lui-même a une histoire familiale assez lourde, il n'est pas heureux chez lui, et seul son frère aîné trouve grâce à ses yeux. C'est ce qui le lie à Romain, cette vénération pour le grand frère, qui est, dans les deux cas, engagé dans l'armée.

L'ambiance du roman est assez morose, proche du spleen. Cette histoire aboutira d'ailleurs à une tragédie, laquelle se révélera retentissante à la toute dernière ligne du roman. En refermant ce livre, on reste coi. Aussitôt on reprend les bonnes feuilles en mettant le doigt sur les détails qui nous avaient échappés. Et là, plus de doute possible.

On ne traite plus en surface d'une énième chronique d'amitié entre adolescents désespérés mais on aborde un vrai récit dramatique, avec son lot de cache-misère et ses malheurs en sourdine. C'est absolument flippant, et notamment spectaculaire dans les portraits des familles. Anna, la mère de Romain, est grandiose. Elle aime d'amour fou son rejeton, elle est entière, envahissante, curieuse et menaçante...

"Les mains dans l'évier, elle reconnut l'énormité du temps qu'elle consacrait, aveugle, à ce que d'autres mères appelaient effort, mais qui ne représentait à ses yeux qu'un moyen de prouver la totalité de son amour, de résister à l'ennui ainsi qu'à la déchéance qu'implique dans de nombreux cas l'inactivité, ou encore de prolonger cette jeunesse qui ne lui appartenait plus, cet heureux sentiment d'une maternité pleine que l'ambition de Romain, forcément, blesserait un jour." 

 

New Wave reste un projet écrit à quatre mains, un peu trop cerclé sans doute. A l'instant où le lecteur décolle, le soufflé retombe aussitôt car la dernière page se tourne. C'est juste un peu dommage, il aurait fallu étirer ce climat éthéré avant de nous lâcher brutalement dans le vide. Cela participe au choc et à la fascination mais ça provoque implicitement une légère frustration, ce sentiment agaçant qu'il manque un petit quelque chose...

A noter : une play-list est disponible en fin de roman si vous souhaitez rembobiner la musique du film (que de la new wave, bien sûr !) ...

Achetez New Wave !

Flammarion, août 2008 - 190 pages - 16€

Diffusion du téléfilm le 19 septembre sur Arte :

http://www.leblogtvnews.com/article-22100152.html

Posté par clarabel76 à 08:00:00 - - Commentaires [13] - Permalien [#]
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