L'Accélérateur d'Amour, d'Arnaud Tiercelin
Avec un titre pareil, la curiosité est titillée à fond ! 💚
Clément est tombé raide dingue amoureux de Kenza, le 2 septembre au matin, dès qu'elle a franchi la porte de sa classe de CM2. Depuis, il plane sur son petit nuage... mais souffre aussi le martyr car il se sent transparent aux yeux de sa douce. Invisible. Inexistant. La fille ne le calcule pas, ignore même son prénom ! Clément est effondré. Il se confie alors à sa “nouvelle sœur” Solenn qui déclare détenir LA solution. Une formule magique, Amoradabra, quelques infusions à avaler, des poèmes à déclamer, un chat à sauver, du gingembre à ingurgiter... Nul doute qu'après tout ça, la femme de sa vie lui tombera dans les bras ! ;-)
Mais alors que tout semble se goupiller au mieux pour notre Roméo de dix ans, ses certitudes s'effritent et le plongent de nouveau dans un profond désarroi. Clément est fou amoureux de Kenza, mais pense de plus en plus à Solenn. Il ferme les yeux, et ce sont ses yeux, ses dents, son sourire qui s'impriment dans son esprit. Quelle confusion. Est-ce seulement envisageable de penser si fort à la fille de la nouvelle amoureuse de son papa ? Et peut-on tomber amoureux de deux filles à la fois ? Notre pauvre Clément est carrément paumé.
En voilà un chouette roman qui traite d'amour et des émotions avec légèreté, tendresse et humour ! Nos jeunes héros tourmentés ont à peine dix ans, mais connaissent déjà les cœurs qui palpitent, les affres de l'incertitude et la confusion des sentiments. L'histoire est naturellement racontée en toute simplicité, sans chichis, mais avec justesse et bienveillance. Les tergiversations romantiques de Clément se frottent aussi à des situations cocasses, dont le fameux accélérateur d'amour, et plantent un portrait de famille recomposée attachant, et celui d'un papa écrivain, doux-rêveur, résolument craquant !
Rouergue Jeunesse / Novembre 2015 ♦ Illustration de couverture : Thomas Rouzière / Olivier Douzou pour le graphisme
Mon frère est une sorcière d'Arnaud Tiercelin
« Viviane, c'est un prénom qui n'existe plus, je ne connais personne qui s'appelle comme ça. Viviane, on dirait une espèce de serpent. Viviane, ça ressemble à ovipare et jusqu'à preuve du contraire, les serpents sont des ovipares, non ? Je le sais, on a appris toute une leçon avec le maître.
Vraiment, Viviane, c'est un prénom qui ne me dit rien de bon. »
Ah, ah... ma belle-mère s'appelle Viviane ! ;o)
Sinon, il vous faut découvrir ce petit roman qui est absolument drôle. C'est l'histoire d'un garçon de 10 ans, qui stresse comme un malade parce que son maître part une semaine en formation et qu'il sera remplacé pour une nouvelle maîtresse. La fameuse Viviane. En plus, celle-ci est très belle, avec ses longs cheveux noirs, elle a un humour particulier, elle est sèche, sévère et coquine à la fois. Arnaud, lui, est mortifié.
Ajoutez que son grand frère lui donne des conseils bidons et lui met en tête que sa maîtresse porte le prénom d'une sorcière. Il lui file des tas de tuyaux pour la démasquer, comme porter du rose en classe pour que ça lui pique aux yeux (loupé, bien entendu !). Notre jeune héros est complètement paumé, mais sur un tout autre sujet, un sujet ô combien doucereux. Oui, oui, il s'agit d'amour. Pas manquer, son grand frère lui sort encore sa science :
« – Bon, en fait, y a trois signes quand tu es amoureux :
1. Quand la fille est là, t’as mal au ventre.
2. Quand elle est pas là, t’as encore plus mal au ventre.
3. Quand t’es près d’elle, tu parles de la météo, sans savoir pourquoi, juste pour pas qu’il y ait de silence.
(...)
Je n’ai pas mal au ventre, enfin, ça pique juste un peu et je n’ai pas d’amoureuse. Mais il me fait peur avec ses signes. J’ai dit Lucie parce qu’elle est toujours collée à moi. Et elle veut toujours être à côté de moi dans le rang et me demande toujours si je l’aime.
Mais ce n’est plus mon amoureuse.
Bon, il y a eu le voyage en Dordogne mais notre histoire n’a duré que sept heures vingt-deux minutes et trois secondes.
Ça compte comme histoire d’amour, ça ? »
Cela vous donne une idée globale de ce que vous réserve cette petite lecture ! Ce sont 100 pages de bonne rigolade, d'imagination débordante, de relation entre frères complètement délirante, de trouille pas bien méchante et de personnages très attachants ! Que de chouettes trouvailles et de sympathiques anecdotes au programme, vraiment ça mérite bien un petit coup d'oeil.
Mon frère est une sorcière d'Arnaud Tiercelin (Rouergue jeunesse, coll. Dacodac, octobre 2013 - ill. de couverture : Anouk Ricard)
Teaser Tuesday #9
- Ils ont remis ça. On n'a rien de mieux à faire maintenant que d'aller se coucher. En tout cas, moi, j'y vais, me dit Matthieu en traversant le couloir.
Il a raison, ils n'ont même pas allumé de feu dans la cheminée comme ils nous l'avaient promis, et comme ils le font souvent, le vendredi soir.
Je suis au bout du couloir, devant la glace accrochée contre la porte des toilettes. J'y reconnais le clown que notre père a fabriqué et qui trône sur la petite table verte, et, suspendu au mur, le tableau que notre mère aime bien, il s'appelle L'attente et m'a toujours plu. Il montre une femme accoudée à sa fenêtre donnant sur un canal à Venise.
Matthieu est parti se coucher sans se laver, je ne me laverai pas non plus. Dans la glace, j'aperçois maman qui avale ses comprimés. Oui, il y a encore eu de l'eau dans le gaz avec papa.
On n'est pas des oiseaux - Gisèle Bienne
Vous vous souvenez de ce que vous faisiez, vous, pas plus tard que lundi dernier, vers sept heures trente-deux du matin ?
Eh bien moi, oui. Sans imaginer une seconde dans quoi je m'engageais (pauvre andouille que j'étais), je venais tout simplement d'ouvrir les yeux sur le premier jour de la semaine du paon.
A la recherche du paon perdu - Angélique Villeneuve
Je vais vous raconter ce qui m'est arrivé quand j'avais treize ans. C'est une chose que je n'oublierai jamais, à croire que cette histoire m'a pris au collet. Cela peut paraître étrange, mais je sens encore ses mains sur moi, et cette impression est si précise que je suis même capable de dire qu'elles sont gantées.
Tant que cette histoire restera secrète, elle me retiendra prisonnier. Aujourd'hui, en écrivant, je commence à éprouver un léger soulagement. Les "mains" de l'histoire sont toujours sur moi, mais un "doigt" a relâché sa pression, comme pour me promettre que, lorsque j'aurai terminé, je serai libre.
Tout a commencé par une odeur de purée de pommes de terre.
Le livre sauvage - Juan Villoro
Sur l'écran, comme dans ma tête, les images sont mélangées. Depuis la surface du volcan, s'écoule un long magma incandescent. J'ouvre un oeil et défilent tous azimuts des cargos assommés de marchandises, des manchots empereurs et des astronautes.
Je tends l'oreille mais les mots n'ont pas de sens.
C'est une bouillie ininterrompue.
Je change de chaîne, et déjà ils en parlent.
Ils n'ont qu'un mot à la bouche : l'accident.
Entre deux rafales - Arnaud Tiercelin
Il m'a dit : "Tu vas aller faire un tour chez les fous, ça va t'apprendre à vivre !"
Parce que les spécialistes sont là pour ça. Ils ont la formation pour formater, en douceur et en cachets aussi. La chimie des molécules pour rétablir les connexions, le droit chemin des sentiments. Alors il m'a dit : "Va chez le psy !" En consultation pour ado en perdition. Ado paumé, à la ramasse, ado en panne, panne de sourire et panne d'amour. Ado cliché, ado fourre-tout.
Contre courants - Richard Couaillet