06/04/15

L'Élite, de Joelle Charbonneau

L’Elite

Meurtrie par les guerres successives et les catastrophes naturelles à répétition, la planète se reconstruit avec peine. La société a également remodelé ses repères en formant diverses colonies où chacun doit multiplier ses efforts pour assurer sa survie. Dès 16 ans, la jeune génération est jetée en pâture, soit pour travailler, soit pour aller à l'université et devenir l'élite de demain. Mais pour se montrer à la hauteur des attentes, il faut faire montre d'intelligence, de rouerie et d'acharnement.

Cia a grandi dans la colonie des Cinq Lacs et aspire à rejoindre la Capitale pour intégrer l'université de Tosu. Pour décrocher son ticket d'entrée, il faut être sélectionnée à passer le fameux Test (une série d'épreuves intellectuelles, physiques et morales). Son père en a fait l'expérience, mais n'en a plus aucun souvenir. Cette situation frustre la jeune fille, désireuse de se surpasser. De plus, cela fait dix ans que leur petite colonie n'a pas envoyé de candidats pour les représenter. Cia a donc hâte de chambouler la répartition, quand arrive enfin la remise des diplômes, avec l'annonce officielle de la précieuse sélection.

À l'annonce du cocktail : jeunes gens prêts à tout pour décrocher le Graal, écrémage drastique, selon des règles à l'éthique douteuse & zigouillages d'une rare violence (poison, arbalète, chasse à l'homme), vous vous dites “j'ai déjà lu ça”. Mais encore ? Eh bien figurez-vous que cette histoire au scénario rodé parviendra une fois encore à vous surprendre, en vous embarquant dans une aventure palpitante, et qui tient en haleine. Seule l'héroïne a pour principal défaut d'être une demoiselle trop parfaite (elle sait tout, capte très vite, semble revenue de tout). Même son histoire d'amour arrive comme un chien dans un jeu de quille. C'est passablement frustrant.

À part ça, on mord à l'hameçon et on ne le lâche plus. L'intrigue ancrée dans le milieu universitaire est une donne nouvelle et intéressante. On se sent vite à son aise, curieux de tout, angoissé par les épreuves et leurs enjeux. Même si la recette est parfaitement éculée, elle est toujours efficace et d'une intensité psychologique redoutable ! J'ai beaucoup aimé et n'ai pas traîné pour lire la suite !

éditions Milan, coll. Macadam, mai 2014 ♦ traduit par Amélie Sarn (The Testing)

Posté par clarabel76 à 08:45:00 - - Commentaires [1] - Permalien [#]
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05/10/10

Pêle-Mêle Clarabel #8

Nous avons lu et aimé :

le_creux_de_ma_main

Cet album est tellement silencieux et beau à admirer qu'il est assez difficile d'en parler, de trouver des mots qui colleraient à son talent. Donc, je vous conseille de suivre votre instinct, de rencontrer cette petite fille qui recueille des bouts de vie dans le creux de sa main et en observe les transformations possibles : un flocon de neige, il a fondu ; un oiseau blessé, je l'ai soigné ; un petit têtard, il est devenu grenouille ; une luciole, puis je l'ai relâchée ... et ainsi de suite jusqu'à la page finale qui annonce la naissance d'un petit frère ou d'une petite soeur. C'est très, très beau ! Beaucoup de douceur et de poésie s'en dégagent. Comme une berceuse.

Dans le creux de ma main, Laëtitia Bourget / Alice Gravier (Sarbacane, 2010)

 

jai_mis_du_sable

J'ai mis du sable dans mon cartable
Comme d'autres en mettent dans leurs chaussures.

La fin de l'été et des vacances rend toujours un enfant nostalgique, le petit narrateur ne veut pas rentrer, ne veut pas s'encombrer d'un cartable trop lourd, se noyer dans des histoires avec des dates, des rois et des guerres. Il fait durer le souvenir de la plage, du château de sable, des bons moments passés avec sa grand-mère. Et ainsi, chaque jour, il lui écrit un petit mot ...

Et le temps passe plus vite ainsi, me semble plus doux
En attendant les prochaines vacances

Cet album met du baume au coeur, grâce à lui la nostalgie nous paraît plus douce et le retour au quotidien nous semble moins amer. La sensibilité de Christine Beigel s'associe merveilleusement avec la fantaisie des illustrations de Clotilde Perrin !

J'ai mis du sable dans mon cartable, Christine Beigel / Clotilde Perrin (Sarbacane, 2010)

la_vie_juste___cot_

Dans la vie, on nous apprend à suivre la ligne, à regarder droit devant, à filer doux. Mais un jour, Léa a eu envie de regarder à côté. De s'échapper, de s'envoler. Et ce qu'elle découvre ne cesse de la surprendre et la séduire. Il y a notamment le nouvel élève qui vient s'asseoir à ses côtés, qui lui glisse un sourire et un regard très complice. Un fil invisible s'est tissé entre eux. Sans un mot. Le maître peut lui seriner, C'est devant que ça se passe ...

Non, monsieur, la vie, c'est pas droit devant
... c'est juste à côté !

C'est un formidable hymne à la liberté, au rêve et à l'imagination. C'est une petite révolution de sortir du rang, de laisser son regard s'échapper, ses esprits divaguer, de lever son nez et de moins regarder son nombril, de s'extasier sur ce qui nous entoure, d'aimer ça et d'en redemander ! Cet album ravira petits et grands lecteurs.

La vie juste à côté, Anne Mulpas / Marjorie Pourchet (Sarbacane, 2010)