Wild Girl, d'Audren
Milly Burnett a dix-neuf ans lorsqu'elle choisit de partir à la Conquête de l'Ouest pour enseigner dans une petite école à Tolstoy, dans le Montana. Nous sommes en 1867. Elle quitte le Massachusetts et sa famille pour entreprendre un voyage long et éprouvant, mais Milly déborde d'enthousiasme pour cette nouvelle aventure. La jeune femme a soif de liberté et de découverte, elle ne doute pas qu'une existence fabuleuse l'attend au-delà de son horizon familier.
Et déjà les paysages l'étourdissent, les coutumes locales, les villes plantées au beau milieu de nulle part, avec son lot de bons et de méchants, les pionniers en quête d'impossible, les colts qu'on dégaine sans trop réfléchir, mais aussi les cowboys et les indiens, le confort rudimentaire, le fameux « esprit de l'ouest », des mentalités différentes, même si les commérages et la bienséance continuent de gouverner le monde !
C'est donc avec la même exaltation qu'on partage cette aventure. Milly est jeune, fraîche, ravissante. Elle conquiert les habitants de Tolstoy, enchante les enfants, sa pédagogie fait parler d'elle et les parents accourent avec leur progéniture pour remplir les bancs de l'école. Quel succès. De plus, Milly s'épanouit au fil de ses rencontres, entre Sam le forgeron au sourire ravageur, Josh le jeune bandit au cœur tendre et Elwood le grand rouquin qui multiplie les prévenances... La farandole sentimentale est complète.
Il faut dire aussi que la communauté du Montana est attachante, et Milly y trouve rapidement sa place. Il y a sa voisine Marceline, une femme indépendante et si secrète, le débonnaire Phil, patron du grocery store, sa femme insupportable, Belvadara Johanson, le shérif Tim Clyne et son épouse Meg, et tout un décor authentique, de la poussière, de la boue, des saloons, le club de tricot et le salon de thé. L'évasion est totale. De plus, l'histoire a su me rappeler des séries ou des lectures comme “Dr. Quinn, Medicine Woman”, “La Petite Maison dans la prairie” et aussi “Les Filles de Caleb” d'Arlette Cousture qui confortent ce sentiment d'appartenance et de cocon.
C'était génial ! J'ai adoré ma lecture, pour son ambiance, ses personnages, ses petites histoires d'amour, son sens du romanesque, sa flamme, son souffle, sa terre promise. L'auteur a enrichi son propos de références culturelles qui renvoient à des chapitres de l'histoire américaine (pas toujours glorieuse, cf. le massacre des “native americans”). C'est une vision du Far West avec ses rêves et sa dure réalité, au milieu de laquelle embellit la personnalité farouche d'une héroïne extraordinaire. J'ignore si l'auteur donnera suite aux aventures de Milly Burnett - car il y a matière à nous transporter toujours plus loin - mais je reste attentive à toute proposition ! ☺♥
Albin Michel / coll. Litt' - Septembre 2015
Tout cela ressemble à une grande farce, dit-il. Mais l'histoire est jolie.
L'orphelinat d'Abbey Road est loin d'être un lieu rempli d'amour et de tendresse, les fillettes en manquent cruellement, aussi tentent-elles de se serrer les coudes, de s'évader dans la lecture, de visiter des coins cachés et de porter aux nues lady Bartropp, leur bienfaitrice. C'est ainsi que Joy et Margarita font la découverte de tunnels, sous l'abbatiale, et tentent de s'y glisser pour explorer cet univers inconnu.
L'aventure connaîtra un revers étonnant, qui confortera le charme de cette lecture à l'ambiance délicieusement mystérieuse. On s'attache aux personnages, des jeunes filles curieuses et rêveuses, certaines ont des dons qui sortent de l'ordinaire, de quoi accentuer l'étrangeté de l'intrigue, au pouvoir tellement fascinant ! Et puis le cadre est beau, un peu gothique, comme coupé de la réalité, plongé dans un autre temps. Les orphelines sont des petites demoiselles accablées par le doute et les questions, tyrannisées par la mesquinerie de certaines bonnes soeurs (j'ai adoré les détester !)... Comment vous dire ? Cette lecture bénéficie d'un halo de charme, de mystère et d'élégance qui constitue un véritable atout de séduction. Je recommande ce roman à la jolie couverture illustrée par Christel Espié !
Les orphelines d'Abbey Road, tome 1 : Le Diable Vert, par Audren
Ecole des Loisirs, 2012 - illustration de couverture : Christel Espié
Zarra
Je garde tout ça pour moi bien sûr, ou pour mon journal, je ne veux pas qu'on me prenne pour une timbrée. C'est quand même pas moi la timbrée ici...
Il fait beau, on en profite à l'ombre des pommiers en fleurs en bouquinant quelques-uns des romans de la collection Neuf de l'Ecole des Loisirs. Nous ne tombons pas toujours sur la perle rare, mais nous rencontrons de chouettes personnages, comme la petite Zarra. (Nous avons également lu le dernier roman d'Audren, Les zinzins de l'assiette, mais nous en attendions plus. C'est un texte qui commence par décrire le bonheur de bien manger et de se faire plaisir autour d'une table, l'ambiance à la maison gagne en euphorie et le bonheur coule à flots. Ils sont quatre garçons à la maison, tous nés de pères différents et qu'ils ne connaissent pas, la mère se dit féministe et refuse de partager son toit, car elle ne veut pas faire la bobonne. Elle est très mauvaise en cuisine et n'a pas envie d'apprendre, même pour faire plaisir à ses fils. Ces derniers décident d'apprendre et testent des recettes faciles en cumulant les gentilles bévues. Puis, l'histoire bascule avec la rencontre d'un nouvel amoureux qui dépose ses valises chez eux et qui se révèle également un très bon cuisinier. Les enfants l'adoptent, puis reprochent à leur mère de saboter sa relation à cause de principes ridicules. C'est à partir de là que nous avons commencé à nous désintéresser de l'histoire qui cumulait les clichés et les principes de précaution. De plus, je n'ai pas trouvé le texte abouti. D'ailleurs cela commence à faire plusieurs romans d'Audren où je commence de moins en moins à m'enflammer. C'est dommage.) L'illustration de couverture est de Gabriel Gay.
Refermons cette parenthèse pour revenir à notre petite Zarra. En fait, il s'agit d'Axelle. Elle a une maman maniaco-dépressive, dont les crises se manifestent soudainement et de façon violente. Ce n'est pas rigolo tous les jours, soit sa mère passe son temps à dormir, soit elle hurle et prétend qu'elle n'aime pas sa fille, qu'elle en a marre de sa vie et qu'elle veut partir, à la rigueur avec son fils, mais pas avec sa fille. Axelle n'a personne à qui se confier, elle n'ose pas en parler à sa meilleure amie et son père est trop souvent absent à cause de son boulot. Alors, Axelle se réfugie dans les rêves et se prend d'admiration pour Fantômette. Comme elle, Axelle devient une justicière de la nuit et propose ses services pour sauver la planète.
Au début, alors que je lisais les premiers chapitres, j'avais un peu de mal à visualiser cette histoire aux mains de jeunes lecteurs de 9-12 ans. Le sujet n'est pas facile, pas courant non plus, les accès de folie de la mère peuvent dérouter, je ne sais pas, j'étais moyennement convaincue. Et puis, il s'est passé une petite étincelle et je n'ai pas pu m'empêcher de sourire et de trouver Axelle forcément sympathique et attachante. Tout n'est pas très crédible, comme les escapades nocturnes d'une gamine de douze ans dans une ville où le crime rôde, et le sujet reste malgré tout survolé, mais il n'empêche... La fin montre aussi que la dépression est une maladie grave et longue à guérir, que personne n'est responsable et qu'il ne faut pas croire les méchancetés entendues ni celles qu'on se chuchote à soi-même (Axelle a souhaité plus d'une fois la mort de sa mère afin de retrouver un équilibre familial). Alors voilà, c'est un portrait de petite fille qui souffre et s'accuse d'être coupable du mal dont souffre sa mère, qui préfère se réfugier dans le rêve et l'imaginaire, et qui va peu à peu prendre confiance en elle et faire face à tout ce qui la ronge. L'humour, heureusement, sauve la mise... car le sujet n'est pas très évident à suggérer aux enfants. (Je ne suis pas sûre non plus qu'ils connaissent tous Fantômette, d'où mon envie de conseiller davantage ce roman aux adultes.)
Neuf de l'Ecole des Loisirs, 2010. Illustration de couverture : Dorothée de Monfreid.
Pêle-Mêle Clarabel #3
Coup de coeur ! Ce petit roman réussit à combiner le charme, l'humour, le burlesque et le talent ; c'est l'histoire des trois Gazzi qui veulent voler la boulangère avant de kidnapper la couturière pour confectionner des déguisements, et qui tombent nez à nez avec une demoiselle intelligente et futée. La rencontre est drôle, facétieuse, les illustrations de l'auteur s'en donnent à coeur joie et ne sont pas sans éveiller une petite pointe de nostalgie, avec son petit côté rétro et décalé. C'est un régal ! Ce n'est pas vraiment un roman, pas non plus une bande dessinée, c'est un mélange des genres et ça cartonne ! Ce fut une formidable découverte, nous avons beaucoup aimé. Et puis les idées de déguisements valent le coup d'oeil...
* Zélie et les Gazzi, par Adrien Albert
Mouche de l'école des loisirs (2010) - 7,00€
en librairie le 26 août
Encore un petit bijou, signé Emile Jadoul. SUR MA TÊTE suit l'étonnante aventure de Gaston, un petit garçon, qui s'est découvert un jour un moineau sur la tête. Et le volatile s'est installé ! Les jours ont passé, il est toujours là, même pour dormir, manger, se laver ou aller à l'école. Le plus incroyable, c'est que personne ne semble s'en rendre compte. Comment l'expliquez-vous ?
En fait, cet album intelligent s'emploie à expliquer une expression courante et qui concerne souvent les enfants, lorsqu'un adulte leur serine, "mais tu as une cervelle de moineau"... La tournure est habile et se révèle particulièrement cocasse dans les dernières pages, avec un certain parallèle qui prête à sourire.
Nous sommes tombés sous le charme de cet album mignon et craquant, pour la bouille de Gaston et pour son moineau sur la tête.
* Sur ma tête, Emile Jadoul
Pastel de l'Ecole des Loisirs (2010) - 9,00€
en librairie le 23 septembre
du même auteur : (Gros pipi)
C'est l'histoire d'un petit pingouin qui réveille toutes les nuits ses parents, parce qu'il a envie de faire pipi. Les grands en ont assez et lui font comprendre qu'il doit se débrouiller tout seul, que ça aide à grandir, etc. Pas de problème, se dit le pingouin, et la nuit arrive. Avec son alerte pipi, bien entendu. Mais il va gérer la crise sans ses parents, quelle fierté ! Aussi, ne s'en va-t-il pas comme un bolide avertir ses parents, héhéhé ! Vraiment cette fin, elle est tordante ! Et ça sent le vécu...
Un autre coup de coeur : Colas Gutman est un auteur qu'il faut absolument découvrir, ses livres sont drôles et fantaisistes, ils racontent des histoires sincères et qui tiennent la route, les lecteurs s'y sentent à l'aise car ils s'y retrouvent facilement, et puis c'est exprimé de façon simple et délirante, je pense qu'il n'y pas d'âge pour savourer ce type de lecture !
La Vie avant moi veut décomplexer la question cruciale : dis papa, dis maman, comment on fait les bébés ? ! Léonard a sept ans, c'est son anniversaire et ses parents ont choisi de lui expliquer les choses de la vie. Et ça part dans tous les sens, d'une potion Brigitte, des femmes à barbe, des borgnes, des bébés envoyés comme des colis et reçus par la poste, de la soupe de potiron aussi et des voyages à dos de mammouth. C'est du grand n'importe quoi, mais l'imagination du petit bonhomme est un vrai régal à suivre !
Delphine Perret s'est également beaucoup amusée à illustrer cette histoire ! Nous conseillons ce livre fortement !
* La vie avant moi - Colas Gutman
Mouche de l'école des loisirs (2010) - 38 pages - 7,00€
illustrations de Delphine Perret
en librairie le 9 septembre
J'ai bien aimé Docteur Fred et Coco Dubuffet de Catharina Valckx, mais en fait je m'attendais à une histoire plus rigolote. Elle se destine à merveille aux plus jeunes lecteurs, qui vont apprécier la rencontre de Fred, un éléphant très mince, qui s'ennuie chez lui et qui va proposer à une petite fourmi rouge de partager son toit, mais en rentrant de l'école Coco Dubuffet fait une mauvaise rencontre, et surtout une mauvaise chute, et ça a bien failli virer à la catastrophe. La journée passe et Docteur Fred n'a plus de nouvelles de Coco, il commence à s'inquiéter. Heureusement, tout est affaire de rencontres, surtout dans cette histoire, car le docteur Fred va croiser Ouzi l'araignée, Olga la cane et Yoyo l'escargot avant de savoir où est passée Coco, et ainsi tout va rentrer dans l'ordre.
Les illustrations sont jolies, l'esprit est bon enfant, la lecture est sympathique, mais surtout destinée aux enfants (car personnellement je n'ai pas été touchée). ^.^
Encore un coup de coeur pour ce Merveilleux petit champignon atomique de Sabrina Mullor, illustré par Catharina Valckx ! C'est une histoire incroyable qui débute sur une montagne alors que le champignon n'était qu'un spore. Il a grossi et est devenu un beau champignon, sauf qu'il était bourré de plutonium et qu'il se sentait prêt à exploser. Il s'est lié d'amitié avec la montagne, laquelle est boudeuse et grincheuse, elle en a assez qu'on lui marche dessus et voudrait qu'on en finisse grâce à un feu d'artifices. Mourir, pour elle, ça veut dire : confondre l'Amérique avec une chasse d'eau ! Hihihi.
Notre champignon est donc prêt à fissionner lorsqu'une demoiselle se pointe sur la montagne, ce n'est pas une inconnue, il s'agit de la petite Affabulatrice, et la montagne, cette cachotière, n'ignore pas qui elle est. Selon elle, c'est une raconteuse d'histoires. Car elle parle d'amour, donne des bisous et invente aussi des noms d'amour. La montagne et le champignon trouvent qu'elle est dingue, mais dans le fond, ils se sont attachés à l'Affabulatrice et attendent sa venue, chaque jour, avec impatience.
Ont-ils toujours envie de confondre l'Amérique avec une chasse d'eau ? Non, plus vraiment.
J'ai trouvé que derrière la tendresse et l'humour de ce texte se trouvaient aussi des messages sur le monde qui nous entourait : la terre, le soleil, la montagne, etc, des extraits de monde qu'on n'imagine pas, ou auxquels on ne prête plus attention, plus autant qu'on ne le devrait. Et même la fin de l'histoire m'est apparue philosophique, et d'une grande sagesse !
* Le merveilleux petit champignon atomique - Sabrina Mullor
illustrations de Catharina Valckx
Mouche de l'école des loisirs (2010) - 75 pages - 8,50€
en librairie le 14 octobre (un peu de patience, je sais)
J'ai lu aussi l'un des derniers écrits de Jean-François Chabas, un auteur que j'admire beaucoup. Ce sont des Contes de très grandes plaines, qui s'adressent aussi bien aux enfants et à ceux qui ont été bercés par La dernière séance d'Eddy Mitchell et qui raffolent des ambiances de westerns, avec les indiens. Dans ce livre, deux histoires nous plongent dans des ambiances proches de la nature, des légendes sur le roitelet ou sur un indien qui ne voulait pas tuer. C'est propre, classieux, intelligent. Du bon Chabas !
* Contes de très grandes plaines ~ Jean-François Chabas
illustrations de Philippe Dumas
Mouche de l'école des loisirs (2010) - 52 pages - 8,00€
en librairie le 9 septembre
D'autres auteurs réputés et qui font les beaux jours de l'Ecole des Loisirs :
La rédaction de Soleman d'Audren : un petit texte agréable où les élèves doivent raconter leur meilleur souvenir. Soleman, le petit nouveau, est bien en peine, car il prétend qu'il n'en a aucun et se met à pleurer silencieusement dans son coin. Toute la classe va donc s'employer à lui en créer un, et c'est réussi. Audren est un auteur que j'apprécie beaucoup, mais ce titre ne m'a pas fait tomber à la renverse. Les illustrations non plus ne m'ont pas séduite.
illustrations de Gabriel Gay - en librairie le 26 août
La bande à Tristan de Marie-Aude Murail : dans l'école de Tristan, il y a des bandes qui font la loi dans la cour de récréation et cela mine un peu tout le monde. Tristan n'appartient à aucun clan, il aime plutôt passer du temps avec sa petite soeur, un copain du CP et d'autres petits de la maternelle. Mais le jour où il découvre qu'il figure sur la liste de guerre, il doit trouver une solution. Créer sa propre bande ?
Cependant, Tristan veut à tout prix se distinguer et déclare sa bande ouverte à tous. Il n'y a pas de test à passer, juste un mot de passe à recevoir et un secret à garder jalousement. Le problème, c'est que Tristan n'a pas encore de secret. Et puis, un drame a marqué sa petite vie : son timbre préféré, celui qui vient de Chine, a été chapardé par le plus grand de l'école. Plus fort, d'accord, mais Olivier n'est pas un bon élève et le maître ne cesse de le répéter, tandis que Tristan brille par ses résultats, et grâce à sa très belle poésie qui a récolté l'admiration de tous.
Et ça continue, l'histoire n'en finit pas. Ce roman, qui compte 100 pages et figure dans la collection Mouche, pourrait rebuter les enfants qui aiment déjà lire tout seuls et n'osent pas s'aventurer dans des livres plus épais, mais ce serait dommage, pour eux, de passer à côté. Le livre raconte avec beaucoup de délicatesse les histoires qui se passent durant la récréation. En grandissant, on comprend qu'il s'agit de l'école de la vie mais on se rappelle aussi que ce n'est pas toujours tout rose. Aussi, Marie-Aude Murail nous propose sa version où le monde n'est ni tout beau ni tout bon mais où tout se finit bien, avec quelques larmes et beaucoup de rire aussi.
A conseiller aux enfants !
* La bande à Tristan ~ Marie-Aude Murail
Mouche de l'école des loisirs (2010) - 100 pages - 9,50€
illustrations de Gabriel Gay
Mon sorcier bien-aimé ~ Audren
Neuf de l'Ecole des Loisirs, 2009 - 78 pages - 8,00€
Couverture de Stephanie Blake
Amazir Casablanquette a neuf ans, c'est un sorcier, avec un balai qui vole et une baguette magique, il est fils et petit-fils de sorciers, et mène une vie très, très normale : il va à l'école, même s'il doit taire ses pouvoirs, et il est amoureux de la jolie Leslie Cocovino. Hélas, Amazir s'ennuie. Il trouve qu'être sorcier n'est pas un cadeau du ciel, c'est barbant car tout est attendu, aucune place à l'imprévisible, pas besoin non plus de se casser la tête pour réussir, une formule magique et ça roule comme sur des roulettes. Alors Amazir choisit de renoncer à être sorcier et c'est le drame !
J'attendais plus d'Audren à travers ce petit roman, agréable mais pas renversant. Cette histoire de sorcier ne sert finalement qu'à détourner un message plus lisse : être fier de ses origines, accepter ses différences. Je suis vaguement déçue de l'absence de fantaisie dans son traitement, et même l'humour est beaucoup trop en retrait. Toutefois, cela reste du Audren donc c'est tout de même bon. Et j'aime bien la couverture de Stephanie Blake.
Celle que j'aime ~ Audren
tout commence à la cantine, avec un rêve qui se brise par la faute de saucisses...
Petit à petit, les bruits autour de moi se sont assourdis. Je n'entendais plus rien qu'un grondement semblable à celui de la soufflerie d'un parking. Je me noyais dans la panique, je respirais à peine, j'étouffais même. La nouvelle m'avait démolli, déboussolé, pétrifié. Mon pauvre cerveau, dur comme un fossile, ne fonctionnait plus du tout.
le drame de paul est d'apprendre que son amoureuse lison est végétarienne, son drame s'explique parce qu'il est fils de charcutiers et les deux données, ensemble, sont parfaitement incompatibles...
Mais elle, en quelques mots, venait de démolir mon rêve. Maintenant je devais choisir : Lison ou la charcuterie. Un choix douloureux, impossible.
Lison était intelligente et si jolie ! Mais la charcuterie, c'était ma vie, mon bonheur, mon envie !
comment résoudre ce problème insoluble ? paul est effondré, il décide de rayer la belle lison de sa vie, du jour au lendemain il l'ignore et ne lui parle plus, bien évidemment la petite copine a beaucoup de peine car elle ne comprend pas ce brusque changement de comportement. la solution viendrait-elle sur ce constat, simple et efficace :
Je venais de réaliser que s'aimer ne signifiait pas forcément se ressembler.
ce n'est pas grave si lison ne deviendra pas une charcutière, paul sait qu'à deux ils réinventeront le monde... sans viande ! ;o)
Un délicieux petit roman servi par la plume facétieuse d'Audren et par les illustrations "chatoyantes" de Stephanie Blake, à apprécier pour les plus jeunes, dès 6 ans.
Mouche de l'école des loisirs, 2009 - 47 pages - 6,50€
Petites bulles de bonheur
J'aime quand tout se remet en place dans ma vie, en douceur et avec efficacité. Peut-être l'année 2008 va enfin m'accorder un peu de répit pour les quelques jours qui restent ? Qui sait. Je l'espère de tout coeur. Mes soucis matériels se règlent, mes bleus à l'âme ont trouvé leur pansement et mes pannes de lecture sont maintenant écartées. Ou bien je vais franchement mieux, ou bien je ne tombe que sur des livres qui sont divins et me rendent un grand service !
I feel light, c'est sûr !!!
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Milana, 14 ans, s'est longtemps considérée heureuse et fière d'être indépendante et de pouvoir se débrouiller seule comme une grande. Toutefois, une semaine de vacances va tout bousculer car elle s'aperçoit soudain du bonheur procuré d'être cajolée, dorlottée, couvée... comme un poussin. Alors elle se questionne, non sa mère n'est pas une mère poule, elle a pour discours qu'il faut être prêt pour la guerre de la vie, drôle d'idée quand on a 14 ans et pas le sentiment d'avoir connu de galère, juste faire son lit, vider le lave-vaisselle, prendre ses rendez-vous chez le médecin. Être blindée pour le reste à venir n'est finalement pas si confortable, et Milana choisit d'entrer en grève et de retourner en enfance. Mais sa meilleure amie lui rappelle qu'elle fait fausse route : être poussin ne signifie pas régresser et virer paresseuse. C'est compliqué de grandir !
Milana invente alors un terme tout nouveau tout beau, et qui correspond à sa démarche : elle plonge directement dans l'adultance. En numéro 1 de sa liste, elle inscrit de partir visiter les soixante-seize châteaux au Luxembourg. C'est plus qu'une initiation qui l'attend, c'est la rencontre avec elle-même, et d'autres surprises au tournant ! Toutefois, Milana pourra l'affirmer tout de go : « je comprends alors que je serai toujours là pour moi », c'est une certitude. Ce roman sur la quête d'identité peut être lu comme la remise en question d'une adolescente en pleine crise, mais c'est terriblement plus drôle, facétieux et intelligent. On oublie d'être agacée, on s'amuse davantage et on goûte avec bonheur au style virevoltant d'Audren. C'est farci de petites phrases qui font mouche, on s'en gave sans hésiter. Un régal.
« Ma mère ne me protège pas. Elle m'élève. Elle m'aide à bien grandir. C'est le propre des mères, n'est-ce pas ? »
Puisque nous sommes toi, Audren
Ecole des loisirs, coll. Medium - 164 pages - 9€
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« Allongé dans le pré encore tout vibrant au soleil du jeune printemps, Paul regarde la cime du peuplier et les nuages, édredons frangés d'or, qui traversent un ciel d'un bleu à croire en ses rêves. »
Apprendre à grandir, apprendre à accepter de laisser partir ce qu'on aime, apprendre tout court, toujours... L'amour en cage est ce petit roman qui vous dit tout, avec justesse, poésie, délicatesse et tendresse. Paul a onze ans, c'est un garçon de la terre, il vit à la ferme et il est fier de la tradition familiale. Au collège, pourtant, il comprend qu'être paysan passe pour une insulte. Il se renferme, puis se lie d'amitié avec Aïssatou qui arrive de Guinée. Elle est différente des autres, sa voix, son sourire, sa peau et ses baisers au goût de gingembre... C'est doux et velouté, comme un duvet d'oiseau.
Un jour, dans les champs, il trouve une petite pie qu'il décide d'apprivoiser. Mais plus le temps passe et plus Faranah manifeste le désir de voler toujours plus loin. Est-ce une preuve d'amour de retenir ce à quoi on tient, parce qu'on a peur, parce qu'on ne veut pas souffrir, parce qu'on prétend aimer, donc protéger ? Mais empêcher, ça n'est pas de l'amour. « Tu la perdras encore plus si tu l'empêches d'être libre... » C'est un avertissement, un signal qu'il ne faut pas mélanger l'amour et la liberté. Aimer, c'est aider. C'est pousser. C'est faire quitter le nid. C'est donner des ailes. L'amour ne se met pas en cage.
Voici l'exemple concret qu'un roman peut simplement, en 90 pages, raconter une histoire capable de déclencher un grand impact émotionnel. Absolument magnifique.
« Dès ta naissance, je savais que tu partirais, toutes les mères le savent. Elles l'acceptent, elles s'y préparent, c'est dans l'ordre des choses que les enfants ouvrent leurs ailes... »
L'amour en cage, Maryvonne Rippert
Seuil jeunesse, coll. Chapitre - 90 pages - 7,50€
A partir de 10 ans.
Illustration couverture : Olivier Tallec
Lend me yours wings and teach me how to fly.
Show me when it rains, the place you go to hide.
And the curtains draw again and bow - another day ends.
The leaves applaud the wind.
Audren, petite mouche... ?
Et je continue sur ma lancée, à vous parler d'un auteur remarquable : Audren. C'est une plume extraordinaire, pleine de fantaisie et d'originalité. Et il y en a pour tous les goûts, tous les âges... comme le prouve cette mini sélection du jour, qui vise les jeunes lecteurs dès 6-7 ans (la collection mouche, pour les enfants qui aiment déjà lire tout seuls) :
Le maître de Félix est un anglais jugé excentrique et loufoque par son papa, qui ne comprend pas l'utilité des leçons enseignées. Dernier exemple : Taylor a demandé aux élèves de rapporter une bizarrerie. Félix est bien embêté, car tout est normal chez lui. Il se pose des tas de questions, auxquelles sa maman répond en rétorquant qu'il est un garçon bizarre. Cela fait tilt dans sa caboche, et Félix a maintenant sa petite idée pour le projet scolaire.
Est-ce que bizarre veut dire anormal, ou pas dans la norme ? Ce qui sort de l'ordinaire pour l'un signifie-t-il que c'est perçu de même par un autre ? Est-ce qu'une différence est aussi une bizarrerie ? Et d'autres questions sans fin découlent de ce petit texte, où Félix conduit gentiment le lecteur à comprendre le sens de l'identité et la richesse de l'exception. Pas si ordinaire, tout ça !
Illustrations d'Isabelle Bonameau
Mouche de l'école des loisirs - 6,50€
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C'est l'histoire de Mateo qui décide de bannir tous les mots commençant par "ma" car cela lui rappelle des choses douloureuses (sa maman est tombée malade un mardi matin du mois de mars). Il change de prénom, bannit de son alimentation les macaronis et les marshmallows et rencontre une petite fée, nouvelle élève dans sa classe, qui se prénomme Marie-Maëlle ! Cette dernière va l'aider à trouver les mots magiques pour chasser les mots maléfiques.
Ce texte parle de la maladie et du chagrin, surtout vécu d'après l'enfant déboussolé. Ce n'est jamais pathétique ou triste à pleurer, au contraire ! Et cela permet aussi de jouer avec les mots et leurs sonorités... Très bon. Et le sujet passe comme une lettre à la poste.
Illustrations de Laurie Karp
Mouche de l'école des loisirs, 6,50€
^ J'ai un coeur de midinette ! ^
La question des Mughdis raconte l'éveil amoureux entre Coline, quinze ans, et son meilleur ami Amogh. Ce dernier est le rejeton d'un père anglais et d'une mère indienne ; la famille Tweedy est hyper guindée et vit dans un manoir au coeur de la forêt de Sherwood, où Coline et les siens sont conviés pour les vacances de Pâques. Premier choc des cultures : les Tweedy veulent afficher une image de façade irréprochable et un rien prout-prout (toutefois, sous la couche, se cachent des secrets de famille assez surprenants !). Coline, ses parents et ses deux soeurs sont plutôt expansifs et exubérants, ils disent tout haut ce qu'ils pensent tout bas, ce qui n'est pas du goût du sacro-saint flegme britannique !
A l'écart de ces joyeuses ripailles, on suit aussi Coline et Amogh qui se rendent tous les soirs, avant le coucher du soleil, chez le jardinier Atmajyoti. Magicien ou mystificateur, ce dernier se livre à d'étranges cérémonies secrètes pour apercevoir les fameux ... Mughdis. L'adolescente rêverait de percer ce mystère, mais elle découvre à la place les premiers symptômes du sentiment amoureux : palpitations folles, troubles et rougissements, bouffées de chaleur, crises de jalousie, doutes perpétuels... C'est tout nouveau pour elle et ça l'embrouille. D'ailleurs, elle décrypte ce qui lui arrive par l'expression "J'ai l'amitié qui déraille".
Pas facile de franchir ce cap fragile qui sépare l'amitié et l'amour...
Ce roman sait joliment décrire cette confusion des sentiments et c'est rondement bien tourné sous la plume d'Audren, qui est pleine de fraîcheur, d'humour et de désinvolture. J'ai beaucoup aimé.
Jamais, jusqu'à ce voyage à Touchstone, Amogh n'a déclenché en moi autre chose qu'une belle amitié. J'avais l'impression d'évoluer sur un terrain paisible, loin des frontières de l'amour. Mais plus les heures passent en Angleterre et plus ces frontières me paraissent floues et proches de nous. Le terrain paisible est un terrain miné, et, au risque de constater de navrantes banalités, l'amour et l'amitié d'une fille pour un garçon sont étroitement intriqués. Il faut une importante dose de raison et d'interdits pour se convaincre du contraire. Malheureusement, Amogh, probablement freiné par ses principes, ou ses peurs, n'a pas l'intention d'évoluer ailleurs que sur l'aire tranquille d'amitié qu'il s'est créée. Si je le pouvais, je lui ouvrirais les yeux de ces frontières imprécises qui traversent régulièrement notre paysage et nos coeurs. Mais il partirait alors en courant, retrouver ses vrais copains, ceux qui se rasent et qui n'ont pas de seins.
La question des Mughdis - Audren
Ecole des Loisirs, mars 2006 - 180 pages - 9,50€
D'autres romans sont à venir, de cet auteur que j'apprécie beaucoup...
C'est pas que pour les enfants !
La bonne confiture du jour, c'est un mélange de lectures publiées sous l'étiquette jeunesse mais, comme je m'escrime à le dire, ce n'est pas réservé qu'aux enfants ! ... Tout adulte pourra y passer un bel instant, savourant la générosité et la facétie des styles divers.
Alizé apprend un jour par sa mère que son père, qui avait besoin de souffler un peu, était sorti prendre l'air. La petite fille en conclut alors que son père n'est autre que le Vent. Au cours de vacances au bord de la mer, elle tombe amoureuse du moniteur de windsurf et pense ainsi que son destin s'accomplit : la fille du Vent ne peut s'unir qu'à un sublime sportif qui ne manque pas d'air.
C'est MA découverte et un enchantement profond. Audren aime butiner la planète, découvrir des lieux, comparer des cultures, voyager. Elle aime rompre le train-train quotidien en chantant et en écrivant des romans, des poèmes, des chansons. On l'apprécie pour son univers si particulier, son humour décapant et ses personnages peu ordinaires.
Une bombe terroriste dans un hôtel, une maladie éprouvante, la mort et le danger l’ont quelquefois frôlée. Depuis, elle vit chaque instant comme un bonus de bonheur. (présentation de l'éditeur l'Ecole des Loisirs)
Son site : http://audrenofficialweb.free.fr/
Dans ce livre, j'ai été enthousiasmée par la petite narratrice de 9 ans qui souffre de l'absence de son papa courant d'air. L'expression est jolie, mais l'enfant a opté de la prendre au pied de la lettre. Peu avant sa naissance, le géniteur a pris la poudre d'escampette, et c'est devenu ainsi Papa Le Vent. Alizé est la fille d'un courant d'air. La fille du vent. C'est ce qu'a dit sa maman. Pour mieux communiquer avec lui, Alizé est convaincue de sentir sa caresse dans le souffle d'une brise, ou de subir sa colère à chaque bourrasque ou rafale de vent.
L'histoire joue beaucoup sur les images, la poésie et les expressions et donnent lieu à des chapitres savoureux. Il y a aussi énormément de tendresse, de l'humour et il me semble impossible de ne pas s'attacher à cette Alizé, qui se décrit volontairement comme « poète et super-chieuse. A défaut d'être encore la fille du vent, je restais la fille d'avant. »
Extrait : « Il avait dit à Maman qu'il sortait prendre l'air et qu'il avait besoin de souffler. Ce qui, venant du vent, ne m'étonnait guère. Depuis ce départ, Maman craignait exagérément les courants d'air. Elle se plaignait d'avoir froid à la moindre brise et refusait d'aérer la maison dès que les feuilles des marronniers de notre avenue frémissaient, trahissant ainsi quelques doux zéphyrs. Une épaisse couche de laque fixait en permanence ses cheveux mi-longs, car aucune bourrasque ne devait avoir emprise sur elle. »
Collection Neuf - 53 pages - 7,50 € * Illustration de couverture : Soledad Bravi *
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Etienne a toujours detesté lire. Mais voilà que ses parents divorcent. Le soir de l'annonce, seul, perdu, enfermé dans le bureau de sa mère, Etienne attrape un livre. Un recueil de nouvelles de Salinger. Etienne plonge dans l'histoire. Il se distrait de la sienne. Il devient curieux des livres, au point d'avoir envie d'en écrire un.
La narration est étonnante puisqu'elle implique que c'est l'adolescent de 16 ans qui livre son manuscrit entre les mains du lecteur. Se présente alors un mélange d'histoire à raconter et d'apartés à livrer sur la complexité d'écrire un livre, d'inventer et de délivrer des pans de sa vie personnelle.
Le garçon qui ne pouvait pas voir les livres en peinture a une réputation à tenir : celui d'être non lecteur, de détester les livres. « Que tous ceux qui rabâchent que, pour faire aimer la lecture aux enfants, il suffit de les faire vivre entourés de livres, arrêtent de se raconter des histoires. Moi, j'ai toujours baigné dedans, au point qu'ils ont fini par me noyer. » C'est un peu la faute de son père, lecteur assidu de Dumas qu'il aime à lire et relire une à deux fois par an, et qui a harcelé le garçon pour s'y mettre un jour ou l'autre. Viendra ensuite le divorce de ses parents, et sans relation aucune, la rencontre avec Salinger (puis avec une certaine Cindy).
« J'ai eu envie de lire. Le titre m'avait tiré un sourire : c'était peut-être ma façon de lui être reconnaissant. A la cinquième ligne, il y avait le mot sexe, c'est aussi une raison que je peux avancer pour tenter d'expliquer mon soudain intérêt. »
J'hésite à parler de miraculé de la lecture car ce livre n'en fait pas systématiquement l'apologie. Lisez des livres, vous sauverez votre peau ! Non, c'est une parenthèse ouverte dans la vie d'un adolescent de 16 ans, fils de parents divorcés, qui connaît un réel défoulement dans l'écriture et les mots (petit étalage d'auteurs et de lectures pour dessiner ce parcours du combattant, on y croise aussi bien Dan Brown, Christine Angot, Jane Austen et Shakespeare). Ces observations servent aussi à tracer de balbutiants rapports amoureux, la relation sexuelle et c'est franchement drôle !
Jamais pathétique, ce portrait d'un adolescent d'aujourd'hui est tout sauf celui de l'étendard au nom d'une génération. C'est fin, bien déduit et captivant. On passe joyeusement de la réflexion de l'apprenti écrivain au lecteur malgré lui, au fils manipulé et à l'amoureux dupé. Ce portrait est une bouffée d'oxygène, servi par une écriture originale et qui ne pourra que plaire aux jeunes lecteurs !
Collection Medium - 94 pages - 8 €.
A lire : l'article de Blandine Longre
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Madeleine Delande est le seul écrivain au monde qui n’écrit qu’avec des gants. Elle enfile une paire de gants en dentelle, de golf, avec un trou, rouges et très longs, et les mots, comme par enchantement, surgissent, grondent, s’emportent, n’en font qu’à leur tête.
Sur ses mains, l’habit fait l’histoire.Il suffit qu’elle porte des gants en dentelle et la jeune Annaig, apprentie dentellière sur son île bretonne au début du xxe siècle, apparaît à sa table d’écriture. Si elle décide d’habiller ses doigts de mitaines en cuir, la passion se déchaîne et un étrange visiteur susurre des phrases brûlantes d’amour à une belle Emma. D’où viennent les mots de cet écrivain ? Quel est son « truc » pour inventer la vie des autres ? Pourquoi les langoustines sont-elles la clé de cette énigme ?
Ce qui est certain, c’est que les costumes de Madeleine n’ont de cesse de la conduire de plus en plus loin...
Autour de Madeleine Delande, l'écrivain qui porte des gants, s'inscrivent des histoires toutes plus différentes les unes des autres, et qui prennent leur essence dans la nature du gant ; que ce soit de cuir, en dentelle, de soie ou en nylon, la paire de gants est génératrice d'une magie surprenante. Parfois, l'opération est caduque - mais en règle générale, la productivité est charmante, voir même intriguante.
Ce livre peut se considérer tel un recueil de nouvelles. C'est un ensemble, un filet de courses où on croise des histoires d'amour, l'élixir d'eau sauvage et tout le mystère sur sa fragance incomparable, la lettre de René sur l'exercice de « que des mots en e, é, è, ê », la pomme de terre d'Irlande et la dentelle qui arrive en Bretagne grâce à Mlle Arabella Hand, la disparition d'Antonio qui désappointe Mlle Zita, et de l'entre-deux au sujet des gants dans l'existence de Madeleine Delande.
« Depuis quelque temps, je n'écris qu'avec des gants ou des mitaines, j'ai inventé un personnage d'écrivain comme ça (pour Autobiographie d'un fantôme), puis ça m'est resté, je choisis les gants qui vont avec l'humeur du moment, je mets aussi des bagues, des bracelets, achetés pour quelques euros, jamais d'or, pas de diamants, mais j'aime que la bague cogne sur la souris, la grosse souris sans fil "Time", ce temps à pile, ou bien ma petite souris qui s'illumine de 7 couleurs sur la mezzanine quand j'écris devant la grande fenêtre. » sur http://almassyeva.blogspot.com/
Ce livre pourra très facilement séduire les plus grands lecteurs, ceux et celles qui picorent les bons mots, les histoires étranges, le trouble des recueils aux allures chics et folles d'élégance. Ce petit monde d'Eva Almassy a un goût d'extraordinaire, qui casse le lisse et l'attendu, et où se croisent la fantaisie et l'humour. A adopter ! « Adam, gant... et Eve, dentelle. »
Collection Medium - 107 pages - 8,50 €
A lire : l'article d'Angèle Paoli