Pêle-mêle: Fantomelette - Le grand voyage - Massamba - Capitaine Rosalie - Le Grand livre des licornes
Fantomelette a un problème : elle ne fait peur à personne. Sa famille se moque, son médecin lui conseille la patience mais le temps passe et ses nombreuses tentatives se soldent sur des échecs. Vexée. Dépitée. Inquiète. Finalement, Fantomelette est paumée. Son destin de fantôme est fichu. Alors elle part vivre dans un manoir abandonné, planqué sous un drap gris. Elle ignore que ses proches sont morts de trouille car ils sont sans nouvelles ! Bingo. Fantomelette jubile de bonheur. En plus de ça, elle est désormais capable de faire mourir de rire ! Et c'est un talent bien plus rare.
On craque pour cette adorable héroïne jaune - surtout, évitez les sobriquets... la demoiselle est farouche ! C'est plein d'humour et de tendresse. Ou comment apprendre à s'accepter avec ses qualités et ses défauts. S"assumer sans vouloir rentrer dans le moule à tout prix. Une lecture gaie et pimpante ! On adore.
Fantomelette, par Charlotte Erlich & Marjolaine Leroy
Gallimard Jeunesse, 2019
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Une petite fille ne quitte plus sa belle robe à fleurs que sa mère lui a confectionnée exprès pour elle. Ensemble, elles jouent, vont à l'école et rêvent d'une vraie aventure. Un jour, elles embarquent à bord d'un bateau en direction du nouveau continent. Mais dans la cohue générale, la fillette va perdre sa belle robe oubliée au fond d'une malle. Malheureusement, le temps va passer... La robe, pourtant, n'oubliera pas son amie et attendra patiemment son retour.
On applaudit fort cette lecture bouleversante, qui nous transporte dans un univers très loin du nôtre. L'histoire raconte comment la vie est un éternel recommencement avec ses promesses, ses rêves et ses espoirs. Il y a aussi une histoire de transmission familiale avec la robe offerte en cadeau entre mère et fille. C'est très doux, poétique et attendrissant. Un très bel album, au message précieux qu'on découvre avec émotion.
Le grand voyage, par Camille Andros & Julie Morstad
Gallimard Jeunesse, 2019
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Massamba a quitté son pays à bord d'une embarcation de fortune, bravé les dangers, la mer déchaînée, les tempêtes, et a échoué sur une plage avant d'être interné dans un camp entouré de barbelés. Le garçon rêve de Paris où l'attend une nouvelle vie. Pourtant la réalité aussi est plus amère : vendre sa marchandise à trois francs six sous sur le parvis de la Dame de Fer, éviter la police et les bandes. Bref. Le quotidien de Massamba n'est pas de tout repos. Jusqu'au jour où il voit un enfant traverser la rue alors qu'un bus roule droit sur lui. Massamba n'écoute que son courage et bondit pour sauver le bambin. De pauvre réfugié traqué et apeuré, il deviendra ange héroïque et admiré par tous. Comme quoi...
Amnesty International a salué cet album « magnifique et sensible » qui donne un nom et un visage aux exilés d'ici et d'ailleurs. Le travail d'Alexandra Huard est remarquable. Cf la vidéo : Massamba le marchand de tours Eiffel
Massamba le Marchand de tours Eiffel, par Béatrice Fontanel & Alexandra Huard
Gallimard Jeunesse, 2018
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Admirez cette beauté. Ceci est en fait un album riche et complet, pour découvrir l'univers fabuleux des licornes (grâce à la Confrérie des Licornes Magiques SVP).
Il est donc question de légendes, de guides, d'infos indispensables, de folklores et j'en oublie. On peut même passer des tests pour connaitre son licorne-totem. Pour les accros du genre, c'est du pain beurré. Les illustrations sont également magnifiques - c'est d'ailleurs son esthétisme qui a attiré mon œil. Le contenu m'a semblé plus compact et moins attrayant en y regardant de plus près.
Enfin bref. Tout sur les licornes ! Demandez LE livre incontournable des petits amateurs de licornes.
Le Grand Livre des Licornes (Manuel Officiel) Selwyn E. Phipps & Helen Dardik & Harry et Zanna Goldhawk
Gallimard Jeunesse, 2019
Vient de paraître : Le grand livre des licornes L’album à colorier
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Hiver 1917. Rosalie a cinq ans et vit seule avec sa maman. Tous les matins, Rosalie se rend à l'école tandis que sa mère va à l'usine. La fillette attend sagement, au fond de la salle, parmi les manteaux et dans l'indifférence générale. Elle ne parle pas et se contente de dessiner dans son cahier tandis que le maître fait cours aux garçons. Le soir, elle rentre dans leur petite maison et écoute les lettres écrites par son papa, envoyé au front, que sa mère lit à voix haute. Ce sont des lettres qui racontent le printemps, le ruisseau et les truites. Des lettres pleines d'espérance et qui font écho à un jour lointain. La fillette ne dit rien. En fait, elle est investie d'une mission secrète. Appelez-la Capitaine Rosalie. Courageuse et déterminée, elle prépare en silence son plan d'action. Rien, absolument rien, ne devra la détourner de son objectif.
Timothée de Fombelle évoque l'enfance et ses combats avec une grâce qui n'appartient qu'à lui. D'où ce petit album pudique, sensible et bouleversant. Comment ne pas succomber à son atmosphère ouatée ? à son silence pesant ? au drame annoncé ? aux larmes qui viennent éclater cette bulle fragile ? J'ai tout reçu en plein cœur. C'est incroyable. Les illustrations d'Isabelle Arsenault apportent naturellement force et délicatesse à cette histoire qui rappelle aussi le devoir de mémoire et le sacrifice des soldats. Magnifique ! Poignant ! Indispensable.
Capitaine Rosalie, par Timothée de Fombelle & Isabelle Arsenault
Gallimard Jeunesse, 2018
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Rébellion chez les poules, de Béatrice Fontanel & ill. par Adrien Albert
« Trois poules plutôt délurées en avaient leur claque du poulailler dans lequel elles vivaient avec un coq prétentieux qui les réveillait trop tôt le matin. »
Ainsi commence cette incroyable histoire de basse-cour, avec dans le rôle des rebelles : Coquette, Suzie et Rébecca. Ces dernières ne supportent plus l'ambiance “cour de Versailles” de leur poulailler - comprenez, le coq royal, dressé sur ses ergots, se pavanant devant ses fidèles suivantes, qui picorent dans son sillage en frétillant du postérieur. Nos poulettes décident donc de se tailler en douce. Seulement, à peine échappées de leur enclos, elles essuient une pluie diluvienne, manquent un arrêt cardiaque en découvrant le chemin de fer, montent à bord du train et évitent de justesse de finir dans la casserole. Que d'émotions au programme ! Nos trois intrépides cocottes en viendraient-elles à regretter leur échappée belle ? Doivent-elles se résigner à rentrer au bercail et ranger leur orgueil dans leur poche ? Clopin-clopant, elles errent donc sur les routes de cette Amérique profonde des années 30, avec leurs nombreuses vélléités en bandoulière.
Quelle folle aventure, aussi étonnante que drôle à lire ! Ce roman nous régale avec son casting de choc, ses illustrations vigoureuses et éloquentes, au service d'une fuite en avant délicieusement extravagante. Notez aussi un vocabulaire soigné, qui nécessite peut-être un accompagnement pour le jeune lecteur dès 7 ans, mais la lecture n'en est que plus savoureuse et distrayante.
Mouche de l'École des Loisirs, 2017
Bogueugueu : Les copains, l'école et moi, de Béatrice Fontanel & illustré par Marc Boutavant
Attention, ceci n'est pas un nouveau titre de la collection Bogueugueu ! Cet ouvrage réunit en fait les quatre histoires racontant l'amitié entre Ferdinand Pompon et Basile Tambour, surnommé Bogueugueu parce qu'il est bègue et bute sur les Bbba, les Ttta, les Ccca dès qu'il ouvre la bouche. Le garçon le vit comme un supplice de chaque instant, car il n'en peut plus d'être la risée de toute la classe. Seulement Ferdinand est touché par son histoire, et va naturellement devenir son pote et l'aider à s'intégrer dans leur école, quitte à devenir leur mascotte. On continuera de suivre notre tandem de choc pour leur entrée en sixième (tiens donc, Bogueugueu a une soudaine extinction de voix...) au sein d'un établissement en chantier, où les élèves sont confinés dans un préfabriqué, dans un boucan pas possible. Même leur professeur de français, Mme Rosmorduc, va jeter l'éponge et emmener sa petite troupe se prélasser sur l'herbe, les doigts de pied à l'air. Une journée tout simplement surréaliste, mais parfaite ! Nos deux amis ont hâte d'y retourner. L'aventure ne s'arrête pas là, puisqu'elle les entraîne dans un voyage mémorable à Londres, où Bogueugueu est oublié dans le bus et découvre qu'il peut baragouiner en anglais sans bégayer. Puis nos amis découvrent l'amour et Cyrano, dont ils vont s'inspirer pour clamer leur flamme à l'élue de leur cœur. C'est chou. Imaginez aussi une mise en page extraordinaire avec les illustrations de Marc Boutavant, dont le style naïf aux couleurs acidulées apporte cette touche de charme supplémentaire (notez aussi l'évolution de son style... c'est grandiose ! la double-page sous la mer, lors de la traversée dans le tunnel, est magique !).
En bref, cette série revient en force pour séduire une nouvelle génération de lecteurs - Bogueugueu a déjà dix ans, mine de rien. Ce nouveau format aussi ne manquera pas de taper dans l'œil en librairie, même s'il faut rappeler que les 166 pages du livre se lisent sans peine, largement compensées par des séquences illustrées, une dynamique espiègle et un découpage en quatre histoires distinctes. Ce sont, de plus, des histoires qui s'adressent à tous et qui parlent de différence et de tolérance sur une note d'humour. Ici l'amitié aide à grandir et ce message est formidable. Souhaitons à nos chers amis une seconde jeunesse aussi fringante que la précédente !
Gallimard Jeunesse, mai 2016 pour la présente édition
❥ Bogueugueu est amoureux
Qui dit nouvelle année scolaire, dit nouvelles activités à entreprendre ! Pour Ferdinand Pompon et son meilleur ami Basil Tambour, alias Bogueugueu, c'est l'atelier théâtre qui a retenu toute leur attention. Secrètement, ils sont amoureux ... de la même fille, Salomé Duchausson ! C'est Ferdinand qui le pense et ça lui noue l'estomac. Il ne voudrait pas se fâcher avec son pote, d'ailleurs Bogueugueu est méconnaissable. Il rougit, écrit des mots doux en cachette, s'enhardit à donner un rendez-vous nocturne, comme dans Cyrano, la pièce que la classe répète pour leur spectacle. Le garçon souffre toujours de son bégaiement et a peur du ridicule, alors il compte sur Ferdinand pour voler à son secours. Dans l'ombre, ce sera lui qui soufflera son discours d'amour à sa belle promise ! Encore faut-il que Ferdi mette sa jalousie dans sa poche.
C'est la troisième aventure de notre sympathique duo et c'est un rendez-vous incontournable ! En effet, c'est pour moi toujours un régal de découvrir les jolies pirouettes que nous réserve l'histoire et d'admirer sans jamais se lasser les illustrations de Marc Boutavant, au style reconnaissable entre mille. C'est à la fois adorable et espiègle, les personnages ont des expressions qui font indubitablement sourire, on vit davantage leurs émotions, leurs turpitudes et on se surprend à mordre à l'hameçon, on conspire à leurs côtés, on écoute, on a des doutes, on tremble dans le noir, on lâche un petit fou rire, on attend l'heure H et on a le coeur qui bat très, très fort. J'aime infiniment la finesse et la délicatesse de cette série ! C'est attendrissant sans être gnangnan. Du coup, j'en redemande.
Bogueugueu est amoureux, par Béatrice Fontanel et Marc Boutavant
Gallimard jeunesse, coll. Folio Cadet (2012)
Pêle-mêle Clarabel #50
Trois rendez-vous qui m'ont donné le sourire !
Parce que j'aimé la tronche des deux chiens, Scipion et Hannibal. Ils aiment leur confort et qu'on s'occupe d'eux, ils veulent des repas à des heures régulières, ils aiment les balades dans le parc en toute tranquillité, ils savourent le calme de la maison et les odeurs délicieuses de la cuisine. Alors pourquoi LA CHOSE viendrait-elle tout bouleverser ? Et le pire, c'est qu'ils n'ont rien vu venir. Pourtant, tous les indices étaient là, sous leur museau : soudain leur maîtresse est devenue plus gourmande et plus ronde, son amoureux ne cessait d'être prévenant, ensemble ils faisaient des achats à l'utilité douteuse ou se mettaient à repeindre les murs de la chambre en une couleur rosâtre qui soulevait le coeur et donnait mal à la tête. La vie avec LA CHOSE risque d'être bien perturbée, se disent-ils...
La Chose, par Béatrice Fontanel & Alexandra Huard (Sarbacane, 2011)
C'est avec grand plaisir que j'ai retrouvé la petite bande de l'Hôtel Etrange dans cette nouvelle aventure. Alors que Marietta et ses amis se préparent à célébrer le printemps, avec des chansons et une pièce de théâtre, trois brigands sèment la zizanie en kidnappant la jeune héroïne. En fait ils aimeraient qu'elle leur vienne en aide pour retrouver leur saphir qui a été dérobé. J'avais déjà beaucoup apprécié le premier volume, mais il me semble que j'ai préféré celui-ci. Il est léger et en même temps un peu dramatique dans le suspense, oh ce n'est pas méchant non plus, il me fait aussi penser à la fameuse histoire de Tomi Ungerer, Les trois brigands, et puis c'est drôle, le petit monstre Kaki est fainéant et a toujours le mot pour rire. Voilà qui confirme tout le charme et l'intelligence de cette série.
Hôtel Etrange, tome 2 : La mélodie du Grogouille par Katherine & Florian Ferrier (Sarbacane, 2011)
J'aime beaucoup Anouk Ricard, qui, sous un trait naïf et d'apparence enfantine, n'écrit pas que pour les enfants, la preuve avec son commissaire Toumi. C'est à glousser de bonheur. Nous avons là quatre histoires d'enquêtes criminelles menées avec flegme par notre commissaire et son assistant Stucky (plus débile, tu meurs !). Les deux font la paire, ils se rendent sur les lieux du crime, ils notent les indices et ils interrogent les suspects, ils passent généralement une bonne nuit de sommeil au cours de laquelle Toumi fait souvent des rêves bizarres, on ne sait pas trop avec quelle logique le commissaire parvient à ses fins mais toujours est-il qu'il convoque tous les protagonistes de l'affaire et désigne le coupable sans se tromper. C'est basique, mais tourné avec un sens de la dérision qui est absolument hilarant. Fondamentalement absurde, complètement déjanté, avec des références de seconde zone, comme le tueur en série qui est fan du chanteur Carlos, c'est un album sous forme de BD qu'il ne faut pas hésiter à découvrir.
A signaler que Coucous Bouzon figure dans la sélection 2012 du festival d'Angoulême dans la catégorie livre d'humour. ♥
Commissaire Toumi : Le crime était presque pas fait - Anouk Ricard (Sarbacane, 2008)
Pêle-mêle Clarabel #36
... pêle-mêle musical, plus précisément.
L'oeuvre de Camille Saint-Saëns prend un coup de jeune. Sur une histoire de Yann Walcker et les illustrations de Marion Billet, nous est contée l'aventure du roi Maxime qui a avalé une grosse mouche en bâillant. Cela la rend grognon, ronchon, bougon, soucieux et grincheux. Tous se amis se proposent de trouver le remède pour adoucir sa contrariété, mais rien n'y fait. Alors il décide de s'installer devant son piano et donne un beau concert qui lui fait oublier, un bref instant, la mouche. Mais celle-ci se manifeste aussitôt en applaudissant l'artiste. Le lion n'en peut plus, il pleure et se met à tousser de plus en plus fort. Quel remue-ménage pour la mouche !
Tout est rigolo, tendre et rafraichissant dans cette oeuvre ! Les illustrations de Marion Billet correspondent merveilleusement bien à la volonté de donner un coup de jeune à l'oeuvre, c'est enfantin sans être niais. Et le texte est très agréable à l'écoute, lu par la chanteuse Enzo Enzo, dont la voix est claire, pure et apporte les accents cocasses à chaque instant. Une belle découverte qui s'adresse aux plus petits, mais pas seulement.
Le Carnaval des animaux (Gallimard jeunesse, 2011)
musique de Camille Saint-Saëns, histoire de Yann Walcker, racontée par Enzo Enzo, illustrée par Marion Billet.
MON PREFERE. La musique brésilienne donne envie de bouger, de danser, de chanter, de sourire et de s'échapper. L'accent chantant du conteur est déjà une invitation au voyage, toutes les musiques et découvertes des instruments sont dépaysantes, et les illustrations de Charlotte Gastaut viennent parfaire le tout... bref, il est impossible de ne pas succomber. L'histoire parle des petits cireurs de chaussures de la favela, on comprend que la vie n'est pas facile et rude mais elle se termine sur une note positive qui fait honneur à la bonne humeur que dégage le livre.
Cette collection ne cesse de me plaire et de me séduire pour sa volonté de partage.
La Musique brésilienne : Les petits cireurs de chaussures (Gallimard jeunesse, 2011)
une histoire de Béatrice Fontanel, illustrée par Charlotte Gastaut, racontée par Luis Torreão, et mise en musique par Fernando Cavaco.
Pipo est un bichon qui mène une vie bien sage, mais qui l'ennuie au plus haut point. Il décide de prendre la poudre d'escampette pour connaître enfin la grande aventure. En chemin, il rencontre Super Sauvage, un matou qui ne craint rien ni personne. Il a les reins solides, connaît toutes les ruses, toutes les misères et accepte de prendre comme jeune apprenti le petit bichon. Bien entendu, à la maison, il y a Miss Smith qui pleure la disparition de son chien et qui placarde la ville avec ses affiches.
Super Sauvage est une histoire chantée qui se raconte en musique et en bande dessinée, autour de 13 chansons et de quelques dialogues. Le projet est original, il respire la gaité et la générosité, sur des rythmiques simples au ukulélé. Et puis, Pipo a une bonne bouille. Il n'en peut plus d'être le toutou qu'on bichonne dans les salons de toilettage, il a soif d'aventures, qu'on lui lâche la laisse, il veut être sauvage ! C'est très drôle, surtout la fin. Par contre, la musique m'a un peu moins séduite.
Super Sauvage, par Dorothée de Monfreid & Tony Truant (Gallimard jeunesse, 2011)
adresse du site : http://supersauvage.blogspot.com/
L'homme barbelé ~ Béatrice Fontanel
Ferdinand était un mari et un père. Ferdinand a connu deux guerres, il est sorti en héros de la première et a été résistant durant la seconde. Ferdinand a été dénoncé, arrêté et déporté. Ferdinand est mort à Mauthausen. La famille de Ferdinand a poussé un soupir de soulagement.
Car cet homme avait du Mr Hyde en lui, c'était un tyran domestique, un monstre familier. Il hurlait, il jetait le rôti par la fenêtre, il empochait le salaire des enfants, il ne souriait jamais, il ne parlait pas, il était cet inconnu qu'on retrouve après la mort, soudain auréolé de louanges et de marques d'affection qui laissent ses proches dans l'indifférence.
La narratrice, bien des années après, décide d'écrire un livre qui ressemblerait à un documentaire mais de façon romancée sur cet homme aux deux visages. Elle rencontre les enfants de Ferdinand. Ils ont maintenant plus de quatre-vingt ans mais ils n'ont rien oublié et font revivre ce passé, en traversant les rues, les quartiers, en roulant toujours plus à l'est, sur les pas de Ferdinand.
« Ferdinand, monstre familier, marchait en nous, de son pas rude, infatigable. »
Au bout de 100 pages de lecture, hélas, j'avais le sentiment d'avoir déjà tout lu. Les 200 pages suivantes m'ont paru une répétition de faits et d'anecdotes pour aboutir à une conclusion déjà entendue. Ferdinand et ses deux facettes, la terreur domestique et le camarade jovial, un héros de guerre. Et à côté, il y a la famille qui n'est même pas surprise, mais soulagée. Les enfants ne semblent plus étonnés, la mécaniques des catastrophes, dit-on.
La construction du roman semble avoir dérapé accidentellement : au début, on comprend que le livre traite d'un drame familial, puis finalement il ne parle plus que de guerre. A ce sujet, il est très bien documenté, il retrace bien l'horreur des camps et la guerre des tranchées, la campagne de Syrie, etc. En tant que lectrice, toutefois, je n'ai pas été emballée plus que ça.
De plus, je n'ai pas le sentiment d'avoir trouvé la réponse à ma question : pourquoi Ferdinand maltraite-t-il sa famille ? Je suis donc déçue, j'avais lu des critiques tellement positives au sujet de ce premier roman de Béatrice Fontanel, que j'apprécie pour sa série des Bogueugueu (ça n'a strictement rien à voir, je sais !), le résultat n'a vraisemblablement pas été à la hauteur de l'attente. Tant pis.
« C'était ça, son truc : nourrir les étrangers. Pas sa famille qui voyait s'envoler les rôtis par les fenêtres. Crever pour l'inconnu, incognito. Pas pour les siens. C'est la conclusion à laquelle ils sont arrivés. La privation et le don, il en connaissait un rayon, le grand maître d'oeuvre en méchanceté, qui dessinait si bien le tracé des voies ferrées, dans leur harmonie de rouille et de tristesse. »
Grasset, 2009 - 290 pages - 17,90€
Bogueugueu goes to London !
Bogueugueu va à Londres ~ Béatrice Fontanel
Illustrations Marc Boutavant
Troisième aventure avec Ferdinand Pompon et son copain bègue Basile Tambour, plus connu sous le nom de Bogueugueu ! (cf. Bogueugueu entre en sixième)
Toute la classe va passer une journée à Londres. C'est une grande nouvelle. Ferdinand et Bogueugueu s'y voient déjà, dans un bus rouge à deux étages, visitant le British Museum, Big Ben, le palais de Buckingham, Trafalgar Square, la Tour de Londres et la maison de Sherlock Holmes... A eux le plaisir du five o'clock tea, du plum pudding, du breakfast et des baked beans. On s'en pourlèche d'avance !
Manque de bol, au cours de la visite, Bogueugueu, distrait, oublie de descendre du bus. Ferdinand prévient la prof, Madame Rosmorduc, qui saute dans le premier taxi (noir) pour sauver la situation. C'est trop d'émotions pour elle, et elle s'évanouit. Les british policemen interviennent à temps et notre ami Bogueugueu est retrouvé sain et sauf, une bonne glace pleine de crème rose fluo entre les mains, et la bouche en coeur, pratiquant un very fluent english !
Chose curieuse, Bogueugueu s'exprime en anglais sans aucun bégaiement ! Cela lui donne une idée... plus tard, il viendra vivre en Angleterre. En attendant, retour en France via le tunnel sous la Manche (grosse rigolade à ce sujet, à imaginer des baleines ou des calamars géants autour du petit tunnel !!!). C'est encore mieux qu'un guide touristique, parce que ici c'est plus coloré, merveilleusement illustré et puis c'est drôle ! Cela reste une excellente façon de présenter Londres (dans toute sa superbe... image d'Epinal !), de donner envie aux enfants de traverser la Manche et de se fondre dans la masse, enfin moi je prendrais bien la poudre d'escampette !
Gallimard jeunesse, 2009 - 44 pages - 9€
Un ami qui vous veut (vraiment) du bien !
En 2006, apparaissait sur la "grande" scène littéraire le personnage de Bogueugueu. Je reprends ici l'avis du site Ricochet pour vous rappeler ou faire les présentations : Ce premier épisode d’une série qui voit une nouvelle collaboration entre Béatrice Fontanel et Marc Boutavant se présente sous la forme d'une chronique de la vie à l’école. Ferdinand Pompom y décrit l’arrivée de Basile Tambour, un nouveau élève qui se fait appeler par ses pairs « Bogueugueu » à cause de son défaut de prononciation. Subissant les moqueries de ses camarades et mis à l’épreuve dans les cours, ce petit homme devra trouver ses marques. Même s’il lâchera prise à un certain moment, Basile finira par y arriver et deviendra même l'ami de Ferdinand Pompon. Dans l’esprit du Petit Nicolas, un ouvrage bien mené où les enfants pourront s’y retrouver aisément.
Pourquoi tant ce cérémonie ? Mais parce que vient enfin de paraître le deuxième livre de cette série : Bogueugueu entre en sixième. Et croyez-moi, une rentrée comme celle que vont vivre nos deux compères, nombreux sont les collégiens à souhaiter la vivre !!!
Pour ce premier jour en sixième, Bogueugueu a décrété qu'il avait une laryngite et qu'il lui était donc im-po-ssi-ble d'ouvrir la bouche, de parler tout court. Un bon moyen pour faire l'anguille, suppose Ferdinand, un peu piqué que son meilleur copain ne joue pas franc jeu avec lui, plutôt que faire son cinéma. Qu'importe ! l'arrivée au collège va vite les prendre au dépourvu car, au lieu d'une salle de classe en bonne et due forme, nos collégiens sont accueillis dans un préfabriqué car l'école est en travaux. Et ça dure ! et ça fait un vrai chambard ! ... A tel point que le professeur de français, Madame Rosmorduc, va pousser sa classe vers la sortie et prendre ses aises dans un parc !
Etrange journée à l'horizon, pensent nos petits héros, bien heureux de la tournure des événements. Et ils se sentent tellement bien dans leurs baskets que Bogueugueu va se sentir l'envie de confier son handicap qu'est le bégaiement à travers une rédaction bien tournée, bien gentillette.
Les nouvelles aventures de Bogueugueu et son copain Ferdinand sont donc un condensé de jubilation, d'amitié et de solidarité, beaucoup d'humour et de légèreté. L'histoire montre qu'une rentrée au collège peut finalement être une journée atypique et merveilleuse, même si on a fort la trouille de franchir le cap (et c'est normal !).
Très belles illustrations de Marc Boutavant (qu'on retrouve aussi sur Ariol et Mouk par exemple) et qui accentuent l'impression de fraîcheur, de tendresse et de candeur.
A tenter !
Bogueugueu entre en sixième - par Béatrice Fontanel - illustrations de Marc Boutavant. Dès 6 ans.
Gallimard jeunesse. 48 pages. 9.00 €
Mon copain Bogueugueu.