24/05/20

Farallon Islands, par Abby Geni

Farallon IslandsUne jeune photographe s'installe pour un an sur les îles Farallon, au large de la Californie. Elle rejoint une équipe de biologistes passionnés mais peu expansifs. Après tout, chacun sa place, chacun son passé, chacun ses non-dits. Elle aussi vient de débarquer avec son désespoir en bandoulière et son chagrin trop lourd. Elle cherche à faire la paix avec son fantôme et s'accommode de cette distance émotionnelle.

Dans cette nature belle et sauvage, une ambiance austère prend place avec une violence omniprésente : les vents soufflent en rafale, l'océan lèche les parois rocheuses pour surprendre les promeneurs étourdis, les oiseaux lancent leur cri de guerre et la brume enveloppe l'archipel pour brouiller les pistes. Ça vibre d'une telle intensité... mine de rien, le suspense gronde !

Finalement, le voile se déchire quand la mort s'engouffre et fait peser le soupçon sur toute la communauté. Les événements survenant brutalement sont très perturbants. D'où cette sensation étrange de maudire ce qu'on aime lire : climat hostile et drames qui s'enchaînent, personnages en plein déni et autres zones d'ombre... Ouch !

Malgré tout, la lecture ne vous lâche pas. L'histoire est hypnotique et intriguante, le décor grandiose mais dangereux. Le ballet est un perpétuel va-et-vient de bon et moins bon. Par contre les goélands... c'est pas possible. Appelez Hitchcock !

Babel, 2019 - Traduit par Céline Leroy pour Actes Sud (2017)

⭐⭐⭐

 

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03/07/17

Bonheur fantôme, d'Anne Percin

Bonheur fantome

Pierre n'a pas trente ans et a tout quitté. Paris, son job, son amour. Il s'est enterré dans la Sarthe, a acheté une petite maison et s'est improvisé brocanteur. Il a créé autour de lui « un rempart fait de ruines, avec fortifications littéraires, fondations enfantines, tour de guet philosophique, meurtrières ironiques ». Il écrit également une biographie sur Rosa Bonheur, une peintre française excentrique et scandaleuse. En vrai, Pierre fuit un passé lancinant - un frère disparu, un amant perdu... même si cette idylle n'est pas complètement terminée, elle vient occuper tout l'espace et devient obsédante, telle une rengaine évoquant la rencontre, l'euphorie, l'insouciance, puis la déconfiture et la rupture. « Aimer, c'est sentir vivre en soi quelqu'un qui n'est pas soi. Et si je n'étais parti que pour savoir cela ? (...) La certitude que j'ai d'aimer est le seul bien qui me semble immortel. »

Par son caractère “enfermé dans le dix-neuvième siècle”, Pierre est un personnage fascinant. Il parle des objets anciens, partage son goût du passé, l'odeur des vieux livres, les photographies, les mélodies oubliées (Fantôme de bonheur de Mouloudji). À côté, la figure de R. n'est pas en reste et hante les pages du livre en apparaissant par petites doses, mais quelle présence ! On en oublie la morosité de la Sarthe, les petites campagnes tristes à pleurer, la vie recluse de Pierre, son ascétisme. Aux oubliettes, ses cauchemars, ses trouilles... Ce roman finalement nous parle d'une grande et belle histoire d'amour et laisse filer entre ses pages une déclaration sublime et bouleversante.

Babel, 2017

A noter aussi que la vie littéraire du narrateur de Bonheur fantôme a commencé en 2006 avec le roman Point de côté (éditions Thierry Magnier). 

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15/12/15

Une part de ciel, de Claudie Gallay

Une Part de Ciel Babel

Pour tout avouer, j'ai choisi d'écouter le livre audio (texte lu par Pauline Huruguen pour les éditions Thélème) mais j'ai d'abord grimacé en entendant la voix de la comédienne qui ne m'inspirait qu'un profond ennui. (En plus de constater qu'il y a une totale absence de réalisation sonore, avec un enregistrement trop bas pour ma station d'accueil, poussée à plein volume, la lecture est quasi inaudible en faisant le brushing du matin.) Cette déconvenue réglée, j'ai fini par m'habituer et j'ai réussi à trouver un certain confort dans cette histoire assez banale, mais qui dégage charme et quiétude, tout en collant pile poil à l'atmosphère de saison. 

Aux premiers jours de décembre, Carole regagne la vallée de la Maurienne où son père Curtil lui a fixé rendez-vous. Celui-ci étant en retard, Carole s'installe dans un gîte et décide de l'attendre. Une routine s'établit rapidement, elle traduit un bouquin sur Christo, prend ses repas chez Francky, papote avec son frère Philippe, donne un coup de main à sa sœur Gaby, qui survit dans un bungalow truffé de courants d'air, évoque Balzac avec la jolie Môme, flirte avec Jean de la scierie, ressasse le bon vieux temps avec Sam, récure les gamelles du chenil de la Baronne... Les jours passent, sans plus donner de nouvelles de Curtil. Le temps est gris, froid, hivernal. Ce retour aux sources évoque aussi pour Carole son enfance, la maison qui a pris feu et leur mère forcée de sauver ses enfants, pardon, de choisir lequel de ses enfants sortir en premier. Un geste qui a longtemps hanté Carole, qui ne cesse de se sentir coupable d'avoir été élue au détriment de sa sœur, aujourd'hui malade, affaiblie, traînant une vie de misère.

Malgré un style remarquable, la narration est lente, longue et s'enfonce dans la monotonie et la langueur. Sans oublier que le cadre dans lequel est plantée l'histoire est d'une tristesse à pleurer. C'est déconcertant de se dire que, même si j'ai dévoré ce bouquin, apprécié l'idée et le contexte, il n'a pas réussi à m'enchanter pleinement. 

Actes Sud, Août 2013 ♦ Babel, Octobre 2014 ♦ éditions Thélème, Janvier 2014

Une Part de Ciel Theleme

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01/06/15

En poche ! # 46

Encore une pleine récolte de nouveautés, ça sent bon les vacances ! 

♦♦♦♦♦♦

  

NUIT DE NOCES A IKONOS   De si jolies ruines, de Jess Walter   En cas de forte chaleur

Nuit de noces à Ikonos, de Sophie Kinsella

De si jolies ruines, de Jess Walter

En cas de forte chaleur, de Maggie O'Farrell

 

Passé imparfait   Ces lieux sont morts   Des enfants trop parfaits, de Peter James

Passé imparfait, de Julian Fellowes 

Ces lieux sont morts, de Patrick Graham

Des enfants trop parfaits, de Peter James  [LU]

 

La Ballade d'Hester Day de Mercedes Helnwein   C'est elle   Des vies en mieux

La Ballade d'Hester Day, de Mercedes Helnwein

C'est elle, de Danny Wallace  [LU]

Des vies en mieux, d'Anna Gavalda

 

LE BONHEUR CÔTÉ PILE   LES ARBRES VOYAGENT LA NUIT   L’ÉVEIL DE MADEMOISELLE PRIM

Le bonheur côté pile, de Seré Prince Halverson

Les Arbres voyagent la nuit, d'Aude Le Corff   

L'éveil de Mademoiselle Primde Natalia Sanmartin Fenollera

 

Le Testament des abeilles   LUMINEUSES   La Faute

Le testament des abeilles, de Natacha Calestreme

Les Lumineuses, de Lauren Beukes

 La Faute, de Paula Daly

 

Portrait d'une femme sous influence   L'invité du soi   Une Lettre de vous

Portrait d'une femme sous influence, de Louise Doughty 

L'invité du soir, de Fiona McFarlane   

Une lettre de vous, de Jessica Brockmole

 

Les brumes de l'apparence   Défense de tuer

Les brumes de l'apparence, de Frédérique Deghelt

Défense de tuer (Une enquête de l'inspecteur-chef Armand Gamache) de Louise Penny

 

La blouse roumaine   Expo 58

La blouse roumaine, de Catherine Cusset

Expo 58, de Jonathan Coe  [LU]

 

Amis et RIEN de plus

Amis et rien de plus, de Kristan Higgins

 

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10/05/15

En poche ! # 45

Une jolie moisson de nouveautés, pour de belles heures de lecture au parfum de vacances ! 

♦♦♦♦♦♦

 

Tombée du ciel   DIEU ME DÉTESTE   MISS ALABAMA ET SES PETITS SECRETS

Tombée du ciel, de Cecelia Ahern  [LU]

Dieu  me déteste, de Hollis Seamon

Miss Alabama et ses petits secrets, de Fannie Flagg

 

VACANCES À L’ANGLAISE   LES COULEURS DE L’ESPOIR   LE BEAU MONDE

Vacances à l'anglaise, de Mark Haddon

Les Couleurs de l'espoir, de Julie Kibler

Le beau monde, d'Harriet Lane  [LU]

 

 

Londres par hasard   Une dernière danse   Un si beau jour

Londres par hasard, d'Eva Rice

Une dernière danse, de Victoria Hislop  [LU]

Un si beau jour, d'Elin Hilderbrand

 

L'oubli, d'Emma Healey   Les Dieux sont vaches

L'oubli, d'Emma Healey

Les Dieux sont vaches, de Gwendoline Hamon  [LU]

 

N'oublier jamais   GUIDE À L’USAGE DES JEUNES FEMMES À BICYCLETTE SUR LA ROUTE DE LA SOIE   À la claire rivière, de Katherine Webb

N'oublier jamais, de Michel Bussi  [LU]

Guide à l'usage des jeunes filles à bicyclette sur la route de la soie, de Suzanne Joinson

À la claire rivière, de Katherine Webb

 

ABOMINATION   LA MORT S’HABILLE EN CRINOLINE   LA DERNIÈRE CARTE

Abomination, de Jonathan Holt

La mort s'habille en crinoline, de Jean-Christophe Duchon-Doris

La dernière carte, de Carin Gerhardsen

 

Le duel   Ce qui n'est pas écrit   Un assassinat de qualité

Le duel, d'Arnaldur Indridason  [LU]

Ce qui n'est pas écrit, de Rafael Reig  [LU]   

Un assassinat de qualité, d'Ann Granger

 

Les suprêmes   La petite communiste qui ne souriait jamais

Les Suprêmes, d'Edward Kelsey Moore  [LU] ♥

La Petite Communiste qui ne souriait jamais, de Lola Lafon  [LU]

 

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24/04/13

☠ L'Hypnotiseur, de Lars Kepler ☠

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Après le massacre d'une famille, dont seul le fils est sorti grièvement blessé, la police fait appel aux services du psychiatre Eric Maria Bark qui avait pourtant juré de ne plus jamais pratiqué l'hypnose. Mais c'est une question de vie ou de mort, car la sœur aînée est portée disparue. L'enquête ne peut plus attendre. En rencontrant son patient, Bark n'ignore pas qu'il vient de remettre les pieds en enfer, et effectivement, peu de temps après, les événements vont se précipiter, la tragédie enfler et le passé lui revenir en pleine face.

J'ai mis un temps fou pour entrer dans l'histoire, jusqu'au chapitre 11 (soit la piste 15) car je n'arrivais pas à me situer, à m'attacher aux personnages, à comprendre leurs gesticulations, à saisir ce qu'il se passait, j'avais aussi l'impression qu'on ressassait toujours la même chose, que ça n'avançait pas. Finalement, j'ai réussi à me faire une place, non sans difficulté, car l'histoire m'inspirait souvent du dégoût (à plusieurs reprises, je l'ai trouvée vulgaire, glauque et passablement déprimante).

Je sors donc un peu mitigée de cette découverte, à cause des longueurs, à cause des fausses pistes, à cause de la violence gratuite, à cause de la maladresse qui fait cohabiter les deux affaires avec une logique parfaitement alambiquée, à cause du flashback qui dure des plombes, à cause du malaise ressenti également. Enfin bref je suis plus que mitigée, dépitée, perplexe. Je pense, néanmoins, que je donnerai une deuxième chance à l'auteur, Lars Kepler, histoire de retrouver le sympathique inspecteur Joona Linna. Mais pitié, que le traitement des enquêtes soit moins sordide !

L'écoute aura été longue, un peu plus de 17 heures, pour une interprétation glaçante, troublante, bien en phase avec ce qu'on nous raconte. De quoi se ronger les sangs.

L'hypnotiseur, par Lars Kepler
Audiolib, 2011 / Actes Sud noir, 2010 - traduit par Hege Roel-Rousson et Pascale Rosier
Texte intégral lu par Thierry Janssen

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26/03/13

“Write about what disturbs you, particularly if it bothers no one else.”

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Quelle magnifique histoire ! J'avais vaguement suivi le buzz autour du roman au moment de sa parution, encore une fois j'avais préféré attendre avant de me faire ma propre opinion, et puis j'ai opté pour l'audio-livre, qui a fini de planter le clou dans mon appréciation plus qu'enthousiaste ! Les trois comédiennes nous transportent littéralement dans leur monde, dans leur histoire, c'est un délice pour les oreilles.

Nous plongeons donc dans le Sud des Etats-Unis, à Jackson, dans le Mississippi, dans les années 60, et nous découvrons la vie des bonnes noires, qui élèvent les enfants des familles blanches, lesquelles ne se conduisent pas toujours de façon charitable ou honorable avec elles. Nous sommes aux balbutiements des droits civils, de Martin Luther King et du président Kennedy, ça fourmille, ça grouille, ça songe mais ça n'ébranle pas cette petite société sudiste, rétrograde et endormie sur elle-même.

Alors, nous faisons connaissance avec plusieurs bonnes, dont Aibileen et Minny. La première a déjà une longue expérience derrière elle, c'est une femme sage, un peu usée, mais qui n'aime pas faire de vagues. Elle est folle de la petite Mae Mobley, la fillette rondouillette dont elle s'occupe, mais envers laquelle sa propre mère, Miss Leefolt, est souvent maladroite et exigeante. Minny, elle, est une tigresse, elle n'a pas sa langue dans sa poche, elle dit tout haut ce qu'elle pense, ce qui lui fait souvent perdre sa place. Elle a un sérieux contentieux avec Miss Hilly, une redoutable mégère qui mène tout le monde à la baguette et qui interdit quiconque de l'embaucher dans tout le Mississippi !

Heureusement, Minny va rencontrer Miss Célia, un clone de Marilyn Monroe, jeune femme douce, complètement à côté de ses pompes, qui ne sait rien faire de ses dix doigts et qui voudrait apprendre à cuisiner, sans que son mari en sache quelque chose. Alors Minny doit travailler en cachette. Quelle farce ! Le nombre de fois où la bonne se retrouvera dans des situations saugrenues est aussi l'occasion de bonnes séances de gloussements... Sans quoi, ce duo est foncièrement attachant. J'ai beaucoup aimé leurs séquences.

Bref, parmi les amies de Miss Leefolt et Miss Hilly, nous avons Miss Skeeter, qui est pourtant tout le contraire de ces dames. C'est une grande branche, à la coiffure rebelle, toujours célibataire, au grand dam de sa mère. Elle rêve de mener une carrière dans le journalisme ou l'édition. En attendant, elle rédige des conseils de ménagère pour la gazette locale (une blague !), avant de se lancer dans son grand projet qui va la réunir, elle et Aibileen, puis toutes les bonnes de la région, autour de leurs conditions de travail et du regard qu'elles posent sur leur situation.

Cette ébauche de livre est un futur brûlot. Et pourtant, toutes vont s'y consacrer, d'abord avec maladresse et la peur au ventre, puis animées d'une foi véritable, d'une envie d'en découdre, de parler, de raconter, de se libérer. Car elles ont toutes une histoire poignante, révoltante, attachante à partager. Et c'est fascinant avec quelle simplicité, quel amour et quelle passion nous adhérons à leur incroyable parcours. Ce sera comme une gestation dans la douleur, avec un voile de folie et d'insouciance, mais quel acte de courage aussi !

Sincèrement, je n'ai pas vu le temps passer. Tout de suite, j'ai été absorbée par cette formidable aventure humaine, parsemée d'anecdotes très drôles (le premier rendez-vous entre Miss Skeeter et Stuart, le moment où Minny se planque dans les toilettes, la pathétique collection de trônes éparpillés dans le jardin pour protester contre la loi sur les WC, sans oublier la fameuse tarte au chocolat ... un potin tout bonnement hilarant, même s'il est tout sauf appétissant !). Il y a donc matière à sourire, rire, soupirer aussi, face à tant de bêtises, d'injustice et de discrimination, mais globalement il en sort un message très positif et une sensation jubilatoire. Je recommande fortement !!!

La couleur des sentiments, par Kathryn Stockett
éditions Jacqueline Chambon, 2010 / en poche, Babel pour Actes Sud, 2012 / Audiolib, 2011
Traduit de l'anglais (USA) par Pierre Girard
Texte intégral lu par Nathalie Hons, Nathalie Hugo, Cachou Kirch et la participation de Valérie Lemaître
durée : 17 h 50