Sacha Yolka,Tome 1 : Le labyrinthe d'Ormonde, de Régine Joséphine
L'histoire de la série de Régine Joséphine est à elle seule une aventure exceptionnelle : préalablement éditée chez Gecko en 2008, elle n'avait pu produire son point final en raison de la cessation d'activité de la maison, laissant des lecteurs éplorés de ne pas connaître la suite de leur saga préférée. En 2015, c'est au tour des éditions Balivernes de relancer ce beau projet en compactant les deux premiers épisodes en un gros bouquin de 390 pages - dont la couverture illustrée par Pascal Casolari file un peu la trouille - et avec la promesse de publier le dénouement inédit courant 2016 ! Youpi.
Car cette lecture est à couper le souffle. Absolument stupéfiante, dès les premières pages lues. Prompte à nous embarquer dans un univers fabuleusement génial. N'ayons pas peur des qualificatifs ni des adverbes. ^-^
Sacha Yolka est une lycéenne farouche et bohème, qui vit seule avec sa grand-mère dans une roulotte. Son look négligé et sa morgue sont loin de la rendre populaire, mais la jeune fille s'en moque royalement. Depuis quelques temps, pourtant, un détail la chiffonne : la vieille Meïré n'a plus donné signe de vie. Coutumière des agissements excentriques de son aïeule, Sacha entend mettre sa disparition sur le compte d'une nouvelle lubie passagère mais ressasse avec amertume les secrets de celle-ci durant un trajet en bus. Et soudain, l'accident. La chute dans le fleuve. Sacha vole au secours du chauffeur et s'extirpe in extremis du véhicule. Tout ça par la faute d'une bulle de lumière et du visage d'un garçon surgis de nulle part.
Après quoi, sa vie soudain bascule dans un univers teinté de magie et de musique qu'on appelle l'Elurzen. Elle y fait la rencontre de Lexter le S'Ombre et de Gabriel le Luzien, l'un est terne et envieux, l'autre a une voix d'ange et un physique de chevalier servant. Ces deux-là se détestent et ne s'en cachent pas. Lexter jalouse la fameuse Luze qui donne à Gabriel ses pouvoirs et son statut de privilégié, alors que lui croupit dans des cavernes et subit la loi du plus fort. Mais le Luzien se montre particulièrement dédaigneux et refuse d'accorder sa confiance à Lexter, qu'il soupçonne être un voleur de luze.
Au milieu, Sacha n'est pas en reste, puisqu'elle se découvre un destin de “Veilleur”, hérité de sa grand-mère, qui a failli à sa mission et entraîné le déséquilibre des quatre piliers du labyrinthe d'Ormonde. Depuis, le chaos est en marche et les peuples sont en danger.
Pfiou, cette lecture est une véritable tornade ! Action, rebondissements et suspense se bousculent à toute pompe, ne nous laissant aucun instant de répit, pour une sensation franchement exaltante. J'ai tout de suite accroché et j'ai adoré me plonger dans ce monde inconnu, mais fourmillant de détails et riche d'un imaginaire peaufiné. La découverte va de pair avec une aventure fantastique auprès de jeunes compagnons de route pour le moins impétueux. Que ce soit Sacha, Lexter ou Gabriel, tous trois possèdent un tempérament colérique et fougueux, qui déborde fréquemment du cadre et les amène à faire des choix souvent contestables. Rien n'est lisse, rien n'est acquis. Et les retournements de situation ne manquent pas. De plus, c'est extrêmement drôle, d'un humour fin et sarcastique, qui colle au mieux à nos intrigants. Les répliques font mouche, les filles affirment leur caractère et ne s'en laissent pas conter. Les rapports entre les deux sexes révèlent une véritable équité, on se chamaille, on se tape dessus, on s'entraide, on a des papillons dans le ventre, et pourtant l'aventure prédomine, sans perte de temps inutile. J'ai beaucoup apprécié cette avalanche d'émotions et les péripéties en nombre qui font de cette lecture un rapt saisissant et pleinement consenti ! Comme promis, le tome qui clôt la série, soit « Les héritiers d’Ormonde », va bien paraître début 2017. Et j'en suis fort aise. ☺
Balivernes éditions, novembre 2015 - illus. de couverture : Pascal Casolari
Une île sous la pluie, de Morgane de Cadier & Florian Pigé
Il était une fois deux îles que tout séparait : l'une vivait dans la grisaille, sous un ciel constamment pluvieux, tandis que l'autre est baignée de soleil, de chaleur et de cocotiers. Les habitants sur la première île étaient aussi des chats drôlement guindés, engoncés dans leurs costumes sombres, planqués sous un parapluie, la mine renfrognée. Ils sont d'ailleurs offusqués dès lors que débarque un sauvage de l'île opposée. Ce chat est sans manières : il bondit dans les flaques, pêche son propre poisson, se nourrit à même le sol et s'esclaffe de bonheur.
Les citadins tentent alors de lui inculquer du savoir-vivre, mais le sauvageon se sent trop à l'étroit et tient à sa liberté. Il est finalement poussé vers la sortie, incité à rentrer chez lui. On ne veut pas d'un individu frustre et différent d'eux. Mais une forte averse commence à s'abattre sur l'île, inondant les rues et les maisons. Les chats sont désemparés, ils ne savent pas nager, et appellent à l'aide. Notre sauvageon revient aussitôt à leur rescousse.
Quelle ironie ! Cet album sur la tolérance et le droit à la différence décline efficacement des thèmes tristement d'actualité, qui peuvent toucher les enfants, sans forcément pouvoir comprendre le monde qui les entoure. Cette histoire d'îles voisines que tout sépare et d'un étranger qui émigre de l'une à l'autre donne matière à discussion, en classe, à la maison... Le sujet traite non sans humour la méfiance qui se cache sous la peur de l'inconnu, et offre une lecture pleine de finesse et d'élégance.
Balivernes éditions / Octobre 2015
Le père Noël des escargots, de Pierre Crooks & Nicolas Lacombe
“En route, je ne dois pas arriver en retard pour ma mission”, déclare un escargot au lendemain de Noël, sans plus donner d'explication. Il se lance donc dans une quête mystérieuse, lente et longue, qui lui fait voir du pays et des saisons. Eh oui, le temps passe rapidement quand on est un petit escargot... on n'avance pas bien vite ! Heureusement, il peut toujours compter sur ses amis les animaux pour booster sa progression. Et déjà, c'est la nuit de Noël qui est de retour !
Cette fabuleuse histoire est charmante, intelligente et cocasse (quel trait d'humour à la fin !). Elle ne manquera pas d'interpeller les enfants grâce à ses illustrations colorées et au graphisme original. C'est aussi une lecture qui rappelle les saisons et ses rendez-vous incontournables (le renouveau du printemps, la chaleur de l'été, la pluie de l'automne, les frimas de l'hiver) en plus de cultiver la patience. Un an, encore... mais cette attente fait aussi toute l'excitation de Noël ! La roue tourne... ;-)
Balivernes éditions / Octobre 2015
Pour le prince Emil ! Pour les Maudits ! Pour la Dame Grenouille !
Suite et fin des aventures d'Eva, adolescente du XXIe siècle qui, au cours d'un voyage scolaire, a fait une mauvaise chute et s'est réveillée au Moyen-Âge. Au lieu de s'apitoyer sur son sort, Eva a pris le parti de venir en aide au jeune prince Emil, dont le fief venait d'être volé par un tyran sanguinaire.
Nous avions laissé notre couple au terme d'une échappée folle, le moral dans les chaussettes, mais en compagnie de la troupe des Maudits, désormais les nouveaux sujets du prince déchu. Ensemble, ils vont devoir affronter des troupes de soldats surentraînés et suréquipés, qu'à cela ne tienne ! Eva est convaincue de la réussite de ses projets (elle a intérêt, de là dépend son retour auprès de sa famille).
Accessoirement, elle s'est bigrement attachée à Emil, son prince charmant, qui le lui rend bien. Le couple est adorable, pas trop démonstratif, mais juste ce qu'il faut pour scotcher un sourire béat au visage.
Mais nous avons un royaume à sauver ! La bagatelle viendra plus tard (ou entre les lignes, c'est bien aussi). L'arrivée soudaine de Mikusch - que seuls les lecteurs du 1er tome reconnaîtront - plonge Eva dans un désarroi profond. Les aiguilles de l'horloge ont entamé leur ronde infernale, le temps est compté et les ennuis ne font que s'accumuler (entre autres, le fléau de la suette...).
Dans ce deuxième tome, Eva va également chercher à comprendre ses liens avec l'Araignée (pourquoi a-t-elle été choisie, à quoi se limite son rôle, que se passe-t-il si elle décide de ne pas l'écouter), elle continuera aussi à comptabiliser ses erreurs (une vingtaine !) mais à chaque jour suffit sa peine.
L'aventure se poursuit donc, entre les rires et les larmes, et plonge le lecteur dans un ravissement perpétuel. Il y a à peu près tout ce qu'il faut pour enchanter tout le monde dans ce livre : des personnages de divers horizons, des personnalités fortes et attachantes, une nouvelle famille qui se construit et des liens indestructibles que l'héroïne aura bien du mal à défaire le moment venu, des batailles et des chevauchées éprouvantes, des défis et des plans, des actes de bravoure, des éclats de voix, des répliques sarcastiques, des battements de coeur, des déclarations virevoltantes... sans compter le final de l'histoire qui m'est apparu tout à fait satisfaisant. Je remercie l'auteur, Lenia Major, d'avoir su teinter d'espoir et d'angoisse mes heures de lecture ! Définitivement, Le Prince des Maudits aura été une fantastique découverte (en deux tomes, le compte est bon !).
Le Prince des Maudits, tome 2 : Emil le Clairvoyant, par Lenia Major
Editions Balivernes, 2011 - 335 pages - 17€
illustration de couverture : Marc Simonetti
« Tisse sa toile, fille de l'Araignée... »
Quelle très, très bonne surprise ! Ce roman a su me prendre au dépourvu, moi qui pensais qu'il s'agissait d'une énième lecture tout simplement sympathique et divertissante, j'ai été étonnée de la rapidité avec laquelle j'enfilais les chapitres sans vouloir reposer le livre ! Tant mieux.
Cela commence à notre époque, par la visite scolaire d'un vieux château en Allemagne, quand tout à coup Eva, l'intello de la classe, est bousculée par un camarade et fait une chute en se cognant la tête. En revenant à elle, c'est la stupéfaction : la voilà au coeur d'un conflit armé et se voit confier la garde d'un jeune prince dont le père vient d'être assassiné.
Gloups. J'en connais d'autres qui auraient déjà recouru à leurs sels pour moins que ça. Eva, elle, se débat et sauve sa peau. Elle prend sous son aile le dénommé Emil, l'héritier, qui souffre de cécité mais qui n'est pas empoté pour autant. Tous les deux doivent fuir le plus vite possible le pays pour se réfugier outre-Rhin avant de reconquérir les terres volées par l'ennemi. Mais en attendant, le chemin est long, mouvementé et périlleux.
Pour précision, nous sommes en 1490. Heureusement Eva s'adapte vite et bien au changement, elle n'a pas trop le choix non plus. Une mission plus importante l'attend, de même qu'elle doit rester saine et sauve et protéger le prince Emil. Ces deux-là forment une équipe épatante. Ils ont de la répartie, font preuve d'humour, se comprennent instinctivement et ne se jugent pas. On sent bien qu'une attirance est en train de se créer, mais c'est dosé juste ce qu'il faut pour que ça ne paraisse pas mielleux et gonflant, juste cocasse et ravissant.
Avant tout, place à l'action ! L'intrigue repose sur un rythme qui ne s'essouffle jamais et qui transporte le lecteur. Des révélations sont encore à venir, d'autres mystères aussi seront à percer, comme cette prophétie sur la fille de l'Araignée, et de belles rencontres viennent compléter le décor. Et puis, c'est très drôle aussi ! Franchement, tous les ingrédients ont été réunis pour satisfaire le jeune amateur d'heroic fantasy. D'ailleurs ce livre figure désormais en bonne place sur les étagères de ma fille.
Au passage, je n'ai pas un avis très favorable sur la couverture, mais c'est une affaire de goût.
Le Prince des Maudits, tome 1 : La fille de l'Araignée par Lenia Major
Balivernes Editions, 2010 - 255 pages - 17€
illustration de couverture : Marc Simonetti

Des caramels fondent dans le sable Leur goût de miel est un peu diable *
* Paroles de Daphné / Théo Soleil
Des chocolats, rappelle moi
D'éviter ça pour la prochaine fois...
A moins que ta peau, Théo, tout l'été dans l'eau
J'la parfume au sirop d'érable de Toronto
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C'est l'histoire d'une légende. A Paea, sur les terres de Tahiti, on raconte qu'une enfant plus brillante que l'aurore vit le jour. On l'appela Anani. Elle était très belle, avec de longs cheveux roux et une peau étonnamment claire. Mais Anani le savait et avait ainsi développé un amour-propre disproportionné. Tous les hommes souhaitaient l'épouser, mais elle refusait de se marier.
Un jeune voisin, Hangaroa, tomba fou amoureux d'elle lorsqu'il la vit la première fois, la belle déclina sa demande en mariage car il n'était qu'un simple cultivateur.
Le chef du village, qui était d'une grande beauté, demanda lui aussi sa main mais elle refusa encore. Elle voulait être reine, sans jamais se plier devant un roi.
Le roi, piqué de curiosité, décida d'envoyer des messagers pour rendre compte de cette beauté légendaire, mais Anani s'offusqua. Cette attitude provoqua la colère du roi qui dépêcha son grand prêtre, le Tahua, pour punir l'insolente. C'était un vieillard, philosophe et un peu sorcier. Il fit la leçon à Anani, lui déclara qu'elle ne savait pas aimer et qu'elle était sèche comme le bois que l'on met dans le feu.
Anani éclata de rire et le Tahua, agacé, transforma la prétentieuse en un arbre majestueux au tronc pâle comme sa peau.
" Si un homme est encore amoureux de toi à présent, sans ta voix veloutée et ton doux sourire, s'il te choisit pour épouse, alors dans toute ta beauté tu réapparaîtras. "
L'ancien soupirant d'Anani, Hangaroa, n'avait pas oublié sa belle et priait en regardant les étoiles pour être aimé en retour. Ses longues promenades dans les hauts plateaux de l'île le mirent sur le chemin de l'arbre auprès duquel il trouva de l'ombre, de la fraîcheur et un délicieux parfum qui lui rappelait son amour perdu.
L'arbre avait fleuri et Hangaroa fut fou de joie de trouver du réconfort grâce à cet arbre. Il décida de le bichonner. Quelques temps après, les fleurs blanches avaient disparu à la place de gros fruits ronds et oranges. La peau était dure et amère, il fallait l'enlever car à l'intérieur se trouvait une chair délicieuse, juteuse et sucrée.
Tant d'émotions avaient réveillé les désirs de l'homme,
" je suis fait pour la vie, je suis fait pour aimer. Je rêve d'une épouse que je laisserai libre comme le vent pour qu'elle ne soit pas comme mon bel oranger, prisonnier de ses racines. "
A ses mots, l'arbre dans lequel le corps de la jeune fille habitait frissonna. Et Anani apprit l'amour.
Elle sera libérée de sa prison, et Hangaroa obtiendra son amour éternel. Et c'est ainsi que les orangers de Tahiti - appelés Tamu Anani - devinrent les symboles de l'amour profond et sincère. Chaque année, les hommes descendent les bras chargés d'oranges pour partager leur parfum sucré et le plaisir des amoureux.
Un magnifique album, plein de poésie, de senteurs, de goûts et de sensations.
C'est aussi une histoire sensuelle, assez magique et porteuse d'espoir.
De Roxane Marie Galliez
Illustrations de Marie Diaz
Balivernes, 2008 - 14,50€
(sueurs froides et boules de coton)
Tu es un grand lecteur, essentiellement un amateur de livres qui procurent des sensations fortes, des histoires qui font peur, celles qui nouent l'estomac et donnent des sueurs froides ? Mais tu commences à être blasé, lassé de toutes ces histoires que tu ingurgites et qui te t'arrachent plus le moindre haussement de sourcils ? Je te conseille donc de suivre l'histoire de Monstro, un garçon qui est dans le même cas que toi. Mais en réalité, Monstro se prénomme Julien.
Tous les mercredis, Julien se rend à la bibliothèque municipale où il confie son désarroi à madame Pages. Elle choisit alors de lui parler d'un livre interdit, jugé un peu spécial, mais on dit que... et il paraît que... Impossible d'en savoir plus, la bibliothécaire est toute pâle. Elle l'invite dans les coulisses de l'immense bibliothèque auprès du spécialiste des livres rares, monsieur Codex, puis auprès de l'archiviste, monsieur Crypto. Pour mettre la main sur le fameux livre d'en bas, il faut traverser un lac et rencontrer le gardien Monstro (lui aussi !) qui a une drôle de tête... Finalement toutes ces curieuses péripéties ont éreinté l'excitation de notre jeune lecteur, Julien n'a plus trop envie d'en savoir plus. Et quand il se trouve devant LE livre d'En Bas, il ne sait plus ce qu'il veut, sauf que les lecteurs sont libres de leur choix !
Le Livre d'En Bas est un livre qui raconte une vraie histoire, captivante et assez frissonnante, du genre à bien titiller la curiosité du lecteur. C'est un livre qui permet aussi d'enfoncer les portes souvent closes des bibliothèques et de percer l'envers du décor ! L'histoire en elle-même ne fait pas la morale, surtout sur le choix du jeune lecteur qui ne lit que des histoires à faire peur (chacun ses goûts, je pense ?) car elle se termine sur une note positive : la lecture est un bienfait, nécessaire. Petit bémol dans ce livre : les illustrations ne me transportent pas, mais elles n'en sont pas moins fournies en détails qui font des clins d'oeil ! (Tintin et le chien Milou, par exemple)
Le Livre d'En Bas - Pierre Touron
Balivernes Editions, 2008. 13 €
Dans une banlieue toute grise, le narrateur se morfond dans son appartement, car tout est triste dehors, pas un éclair de couleur, pas âme qui vive. Tout change avec l'arrivée dans sa vie d'une tourterelle... L'oiseau vient chaque jour toquer à sa fenêtre, se nourrit des mets préparés par le garçon puis vient pondre ses oeufs, dans la jardinière, d'où vont éclore deux petits duvets gris et blancs. Au début, ses copains se moquent de lui, puis la classe est épatée. La tourterelle et ses petits vont finir par s'envoler et ne plus revenir, mais ils laissent place à une envie contagieuse de remplir les jardinières des balcons. Les murs gris de la cité vont se colorer et le bitume va laisser place à un square avec des arbres, des fleurs, de la pelouse.
Cette histoire est vraie ! Sandrine Lhomme raconte la genèse avec quelques clichés suivis de légendes, la rapportera à Lenia Major qui s'en inspirera pour écrire Devant chez moi. C'est un album qui respire le printemps, le renouveau, l'envie d'air frais, les couleurs. Les illustrations de Sandrine Lhomme savent très bien apporter cette touche lumineuse.
Devant chez moi, Lenia Major (à la plume) & Sandrine Lhomme (peintre en ciel bleu)
Balivernes éditions, 2008. 13€
Contes et légendes
Poeata, le poisson, est la fille du roi des profondeurs, Temoana. Elle est amoureuse de Manuiti, un oiseau. Pour le royaume, cet amour est scandaleux et impossible. Et pour les deux protagonistes aussi, l'histoire s'annonce difficile. Leurs efforts pour se fondre dans l'élément de l'autre se solde d'échec en échec.
« Différents. Il leur arrivait pourtant d'être suffisamment ensemble pour prolonger les instants, et nul ne sait vraiment ce à quoi ils s'entraînaient silencieusement. »
Et puis, au coeur de la mer, vit une créature que personne n'a vue et qui chante. « Et son chant, que seuls les coeurs purs entendent, guide les désespérés, les amoureux, les mal-aimés. » Meherio, ainsi s'appelle-t-elle, est la fille d'une anguille et d'une jeune fille. Ce n'est pas un monstre, c'est un être exceptionnel, doué d'une grande lucidité et qui va rassurer Poeata par ses chansons et ses paroles.
« La terre, la mer et les cieux sont peuplés d'êtres différents. C'est le mélange entre eux, les amours clandestines qui ont permis cette force. Si tu t'allies à quelqu'un qui te ressemble, tu seras heureuse. Mais si tu choisis un partenaire différent, tu seras obligée de t'enrichir en ouvrant les yeux plus grands pour le comprendre. »
Des amours d'un poisson et d'un oiseau va naître un enfant ... Marara. Celui qui réunit les peuples de la mer et des cieux, « un nouvel être, une nouvelle histoire qui commence et peut s'appuyer sur deux cultures pour créer la tienne. »
Cette histoire est une légende tahitienne racontée avec poésie et sensibilité par Roxane Marie Galliez, en souvenir de ses voyages dans les îles du Pacifique. C'est en quelque sorte l'apanage de la tolérance, du métissage et des amours extraordinaires, de celles qui s'échappent des cases et des définitions. L'histoire a une résonnance « conte philosophique » adoucie par les illustrations de Sandrine Lhomme (ambiance maritime, couleurs qui en rappellent les nuances, et beaucoup d'imagination pour tracer le royaume des fonds marins...).
Cette plongée au fond des océans saura bercer les plus rêveurs d'entre nous !
Marara, un amour de plumes et d'eau - écrit par Roxane Marie Galliez - illustrations Sandrine Lhomme. Editions Balivernes - 32 pages. 12,00 €
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Retrouvons à la plume Roxane Marie Galliez pour ce sublime album « Le murmure des Dieux » où Cathy Delanssay exerce à nouveau et avec une incroyable virtuosité son art du pinceau (déjà beaucoup admiré dans « A l'orée des fées » par exemple).
Cette lecture continuera de vous enchanter et conviera petits et grands à visiter d'autres contes et légendes à travers le temps et à travers le monde. Ce sont des dieux et déesses du monde entier dont les histoires, les cultures et les mythologies expliquent à leur façon l'origine du monde.
On y croise donc Thor le Nordique, Huitzilopochtli ou Marishi-Ten, la protectrice des samouraïs. Les Divinités de l'amour comme Parvati et Shiva, les âmes soeurs de l'Inde, Vénus la belle ou Oshun l'africaine. Quelques simples mortels devenus légendaires et l'égal des dieux eux-mêmes...
Le livre s'ouvre sur la prière aux Muses, puis se décompose en quatre parties : La création du monde, La guerre, L'amour et les Héros. Cela commence par Waagal, le temps du rêve aborigène, et cela s'évanouira par Héraclès, le chevalier grec - avant la prière à Ganesh, l'hindou.
La lecture est complète, éblouissante et irradie de beauté, de poésie et d'intelligence.
Pour ceux qui ne jurent que par Rebecca Dautremer (au talent incontestable) n'hésitez pas désormais à vous pencher vers la virtuose Cathy Delanssay. Ses illustrations sont importantes pour peaufiner le charme de ce livre, tant elles sont en parfaite harmonie avec le texte. Le mélange est jubilatoire !
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J'avais parlé du livre A l'orée des fées là .
Et ces dames ont chacune un blog ! Celui de Roxane Marie : http://roxanemariegalliez.over-blog.com/ & celui de Cathy « la goutte de rosée » : http://lagouttederosee.blogspot.com/
(Le lien direct pour ce livre est ici !)
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Et je vous livre un extrait (délicieux) parmi tant d'autres !!!!
« Cette histoire-là vient de l'Irlande, elle est parfumée du souffle des trèfles, elle concerne le mystère des elfes, de ceux que l'on ne voit pas. Vous connaissez les fées et les magies, mais vous a-t-on déjà parlé des Bansidhs ? Peu d'hommes peuvent se vanter d'en avoir rencontré.
Femme, sorcière, messagère ou guérisseuse, la Bansidh est une divinité dont il faut se méfier. Bran, fils de Feoal pourrait en témoigner. Il était à la noce avec ses compagnons : chants, danses, rires et ripailles... Il percevait un son au milieu de la joie, quelque chose de faible et pourtant si pur, une mélopée, un frisson d'éternité.
Bran se lève et cherche ce qui caresse son oreille. Est-ce le Vent ? Dis, est-ce le vent, Bran, que tu entends ? Le chant vient de l'Océan. Alors Bran s'en va et ses hommes le suivent car il est de ces rois qui découvrent le monde et ne s'en satisfont pas. Bran s'en va et son bateau chargé de guerriers se laisse guider par une voix que seul Bran perçoit. Oui, seul Bran entend cette voix... » (à suivre !)
Bon, encore un tout petit peu pour les plus sages qui lisent ces lignes ...
« Connais-tu l'Egypte et ses hautes pyramides ? Connais-tu le Nil, Thèbes et Memphis ? Et parmi toutes les divinités, connais-tu Isis ?
C'est une magicienne capable de se métamorphoser. Son mari Osiris était le roi d'Egypte mais son frère Seth, jaloux, préparait son crime. Pour prendre le pouvoir et perdre Osiris, Seth l'enferma dans un coffre et le jeta dans le Nil. Isis le cherche, Isis court. Où est Osiris ? Où est l'époux d'Isis ? » ...
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« Regardez-la, née de l'écume, regardez-la, Belle Divine. Fermez les yeux un instant et laissez-vous bercer par le ressac et le vent.
Vénus porte à ses cheveux des coquillages pour parures, ses pieds délicats glissent sur l'onde pure et ses cheveux si longs couvrent un corps nu que les alizés osent à peine caresser.
Regardez-la, née de l'écume, elle porte l'amour dans ses yeux, le printemps dans son rire chaleureux.
Les sirènes et les tritons arrêtent de jouer pour la laisser passer, et Poseidon lui-même oublie un instant la mer et ses baisers.
Belle Vénus, Amour et Beauté, est-ce ton sourire, les plis de ton cou ? Belle Vénus, est-ce ta cambrure ou tes gestes si doux ? Aucune déesse n'est plus belle que toi et Pâris ne s'y trompera pas. Quand le joli berger devra choisir une divinité, c'est à toi qu'il remettra la pomme dédicacée : A la plus belle... »
Le reste se cache dans le livre ! ... La chasse aux pépites est ouverte !
Le Murmure des Dieux - Roxane Marie Galliez (texte) & Cathy Delanssay (illustrations) - Balivernes. 72 pages. 15,00 €
Deux nouveautés chez Balivernes
Pour le printemps, les jolis livres bourgeonnent et nos enfants ont encore l'embarras du choix parmi des stands fort appétissants ! Dans ce billet du jour, Miss C. vous présente deux livres récemment publiés chez Balivernes Editions (à qui nous devons, par exemple, la découverte de l'excellentissime A l'orée des fées) :
L'histoire du Petit Homme dans l'ascenseur est drôlement bien présentée, écrite, proposée, pensée, amenée, etc. Cela commence un Lundi dans un ascenseur qui emporte un chien, un petit garçon anxieux, une dame énervée, un grand monsieur soucieux et un petit homme.
Mais ce petit homme pas si ordinaire va révéler des pouvoirs bien spectaculaires. Pour lui, le voyage en ascenceur est une horreur. Personne ne parle, personne ne se regarde. Alors il va décider de décrisper l'assistance avec des éléments gentils, anodins mais coquins. Chaque jour, le petit homme se pare d'une nouvelle extravagance, et chaque jour un visage crispé se déride. Quel bonheur ! Ce petit homme a des dons miraculeux, passez le message à votre voisin. Rires et sourires en cascade, avec une jolie conclusion fort surprenante et qui renvoie à une nouvelle lecture de ce livre. Finalement l'histoire de ce petit homme dans l'ascenseur n'est pas une quelconque aventure pour redonner l'opportunité aux uns et aux autres d'avoir la pêche et la foi. On peut aussi considérer ce livre comme un placebo pour petits et grands qui souffrent, sont malades ou doivent être hospitalisés, pour tous ceux qui ont peur d'aller chez le médecin. C'est un baume pour les bobos, écrit par Lenia Major et illustré par Sandrine Lhomme. Poésie et imagination font assurément bon ménage ! Grimpez vite dans cet ascenseur, qui est une vraie grotte aux merveilles.
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Au coeur de la jungle est une diversion étonnante. Ce livre propose aux enfants de tout âge de partir à l'aventure dans une épaisse forêt peuplée d'animaux sauvages, comme cette terrible panthère qui jaillit de nulle part et pourchasse nos trois jeunes explorateurs, Mélissa, Martin et Paco. Vite ! aux abris dans les arbres. Mais la bête féroce est toujours aux aguets, il faut donc s'esquiver par les branches. Attention à ne pas tomber ! Et prenez garde aussi au boa qui rôde ... pas loin de là !
Au début, reconnaissons que l'histoire paraît confuse. Je me demandais même s'il s'agissait d'une suite d'un autre album ! Et puis, progressivement une petite idée a fait son chemin dans mon esprit et j'ai lu ce livre avec recul. Lisons entre les lignes, voulez-vous ? Mais laissez à votre enfant l'incroyable surprise de la fin ! Ensuite, n'hésitez pas à rebrousser chemin pour lire à nouveau cette histoire en relevant ces petits détails bien camouflés !!! L'idée est judicieuse, proposée par Pierre Touron, un bricoleur astucieux à l'univers tout en couleurs et riche en interprétations. Il part avec l'idée que le jardin de votre maison est une invitation à l'imaginaire - aux enfants, ensuite, de faire actionner leurs petites cellules grises !
Sous le masque du chien noir, se cache une bête féroce ... nul doute !