17/03/09

Embrasse-moi - Bart Moeyaert

embrasse_moiDans une atmosphère énigmatique et moite, Molly et la Fausse Blonde (oui, c'est comme ça qu'on l'appelle !) se rendent sur une colline au bord d'un lac pour échanger leurs secrets. Mais toutes confidences sont inenvisageables car ni l'une ni l'autre ne concèdent un petit bout de terrain et le tête-à-tête vire à l'empoignade. Depuis toujours, elles se détestent et, entre nous, cette histoire de secrets à partager est singulière, un peu bizarroïde à comprendre. Molly, sur qui notre intérêt s'attache plus particulièrement, est une jeune fille trop forte, et qui se juge trop moche. Elle se sent discriminée, toujours mise à l'écart, et pourtant elle porte en elle un secret bouleversant, qui fait battre son coeur.

Pour rendre ce roman captivant, il ne faut pas chercher à découvrir les secrets des adolescentes, ou alors il n'y a plus d'intérêt ! Certes, le talent narratif de Bart Moeyaert fait son effet, puisqu'il nous propose un texte troublant, presque envoûtant. Toutefois j'avoue m'être souvent perdue en chemin, avoir froncé les sourcils parce que je ne comprenais pas systématiquement les actes manqués des personnages. Et puis la portée des secrets n'est finalement pas si retentissante, c'est simplement la conséquence des révélations qui devient plus intriguante.

On découvre une Molly susceptible et à fleur de peau, ce n'est pas sorcier de comprendre l'origine du mal, mais c'est son antagonisme avec ladite Fausse Blonde qui va en prendre un coup, lorsque les voiles tombent. La fin pourrait paraître presque mielleuse, si j'étais intransigeante. (Mais je ne le suis pas ! Enfin, pas en littérature !) Un camarade de Molly - Bruno Goujon - est un peu la tête pensante du groupe, le sage de la bande. Il n'a pas un physique de tombeur, on le houspille un peu pour sa placidité, alors que sa sagacité devrait le rendre bougrement attirant. Il est le seul à expliquer que les secrets sont nombreux et différents, il y en a des beaux, des grands, des honteux, des précieux. Mais il ne faut pas tous les ranger à la même enseigne. Et plus ils sont importants, plus il faut les conserver pour soi.

On a tous quelque chose à cacher, nous dit Bart Moeyaert dans ce texte enivrant et ambigu. Et la force du secret est justement de le préserver, c'est un peu ce qu'on découvre. Le roman se présente ainsi : l'histoire s'étend sur une journée, il fait très chaud, les esprits sont enflammés, les sens aiguisés et les émotions multiples (on y trouve, pêle-mêle, mensonge, trahison, honte et désir). C'est un très bon livre, pas facile à aborder et pas évident non plus à partager, parce que l'ambiance est vraiment particulière, mais captivante.
A tenter.

Rouergue, coll. doAdo, 2009 - 128 pages - 7,50€
traduit du néerlandais par Daniel Cunin

Du même auteur : Frères

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29/06/08

Frères - Bart Moeyaert

Quatrième de couverture

Une famille de sept garçons, forcément, c'est pas triste. Mais quand on est le benjamin, c'est pas toujours drôle. Bien sûr, on peut se glisser plus facilement dans les cachettes, on a le droit d'aller dans les cabines des filles à la plage, on est toujours le plus mignon et le plus dorloté des enfants. Mais on est aussi celui qui se fait mener en bateau, celui qu'on envoie en éclaireur pour les bêtises et qu'on laisse de côté pour les aventures. On est trop petit pour ceci, pas assez grand pour cela, on ne court jamais assez vite et on ne connaît pas encore assez de choses. Mais on fait partie d'une bande de frères, et ça, c'est pas rien, surtout si on veut être à la hauteur.

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Lorsqu'on est soi-même issue d'une famille de sept enfants, on s'attache inexplicablement aux livres qui parle des fratries, j'ai en tête les livres de Jean-Philippe Arrou-Vignod (L'omelette au sucre, Le camembert volant & La soupe aux poissons rouges) et celui de Dominique-Louise Pélegrin (Le crocodile rouillé).

Frères ne fait pas exception à la règle, on trouve ici 42 courtes nouvelles (ou chapitres) d'inspiration autobiographique (l'auteur ne s'en cache pas, il est le dernier-né d'une famille de sept garçons). Il s'est souvenu de son enfance pour écrire ce roman plein d'humour, fait de tendresse et d'affection. C'est un clin d'oeil aux bons moments vécus au sein d'une couvée, sous le regard bienveillant de papa-à-nous et de maman-à-nous (cette dernière est une coquine, toujours prête à prendre au piège ses bambins qui dévorent à table et ne se rappellent plus du tout ce qu'ils ont ingurgité !).

Il n'y a pas d'intrigue, concrètement. Mais je pense qu'en ouvrant ce livre, ce n'est pas ce qu'on recherche, tant la lecture est reposante et renvoie une image sympathique et qui donne le sourire. De plus, la plume élégante de Bart Moeyaert a été pour moi une belle découverte.

Editions du Rouergue, mars 2008 pour la traduction française - Coll. doAdo - 223 pages, 10€

traduit du néerlandais par Daniel Cunin.

Le site de l'auteur : http://www.bartmoeyaert.com/

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