Le Musée des Monstres, Tome 1 : La tête réduite, de Lauren Oliver & H.C. Chester
Le Musée des Horreurs et Autres Curiosités de Dumfrey est le lieu des plus incroyables excentricités, imaginez l'homme-éléphant, la plus grosse dame du monde, la femme à barbe, le garçon contorsionniste, les jumelles albinos, le garçon-crocodile, la mentaliste, le magicien, la lanceuse de couteaux... et la tête réduite, tous réunis pour épater la galerie. Ce phénomène de la tête est d'ailleurs le clou du spectacle. Mais lorsque celui-ci vire au chaos - une vieille dame assise au premier rang tombe dans les pommes - le journaliste présent dans la salle s'empare du sujet pour en faire une mauvaise publicité. L'affaire prend un tour sérieux lorsqu'on retrouve le corps de cette vieille dame au pied de son immeuble et qu'on accuse la tête réduite d'être responsable de sa mort. Les affaires de Dumfrey coulent à pic. Pour sauver leur gagne-pain, Sam, Philippa, Thomas et Max, quatre enfants particuliers, décident de mener l'enquête.
Sans surprise, le premier point fort du livre réside dans son esthétisme et les illustrations de Benjamin Lacombe. Un choix indiscutable et pertinent. Le résultat est fabuleux et rend compte d'une ambiance sombre, inquiétante, vraiment captivante. Puis, vient l'histoire se déroulant dans un cadre mythique, celui du musée des monstres, lequel est plongé dans la tourmente et doit se défendre des calomnies qui accablent son intégrité. Même si ce sont quatre mômes qui vont conduire le bal, c'est loin d'être une petite promenade de santé parsemée de quelques séquences saisissantes. Il y a bel et bien de l'action, des meurtres à répétition, des rebondissements et du suspense au menu. De quoi surprendre et piquer la curiosité à bon escient. Le succès récent des séries comme Miss Peregrine ou Lemony Snicket a permis d'autres lectures du genre de pulluler, dès lors qu'elles combinent l'étrange et le merveilleux, la production se multiplie. Je n'imaginais pas m'immerger aussi pleinement dans cet univers a priori farfelu car je ne supposais pas découvrir une histoire aussi élaborée et astucieuse. Mais la lecture se révèle réellement stupéfiante, capable à la fois de faire rêver, frissonner et tenir en haleine. Un roman riche et bon.
Hachette Romans - Octobre 2016
Traduction d'Alice Delarbre / Illustrations de Benjamin Lacombe
Titre VO : The Shrunken Head (The Curiosity House #1)
Les Super-héros détestent les artichauts, de Sébastien Perez & Benjamin Lacombe
Vous avez la vocation d'un super-héros mais hésitez à enfiler vos collants pour embrasser cette carrière passionnante, et pourtant cernée d'embûches ? Découvrez ce livre détonnant, qui lève le voile sur la face cachée du super-héros, en s'affichant à la fois comme un catalogue excentrique et un mode d'emploi loufoque.
On y trouve de tout : des tests, des bribes d'histoires vécues, des extraits d'articles de journaux, des publicités, des galeries de personnages, des bons et des vilains, des animaux aussi, un rappel historique des hauts faits de nos idoles... et la mise en garde contre l'artichaut, qui a des effets néfastes sur un super-héros !
Le duo Sébastien Perez & Benjamin Lacombe s'est fait plaisir en concoctant cet ouvrage remarquable par son humour et sa désinvolture, à travers une mise en page facétieuse mais très pointilleuse. B. Lacombe alterne les techniques et les références pour épater son lecteur, en glissant même quelques pages à découvrir avec des lunettes 3d (un phénomène dont raffolent les enfants !).
C'est un album qui touchera un large public, tant par sa richesse que par sa découverte, il multiplie les pistes de lecture et propose à toute la famille de belles heures à partager ensemble !
Albin Michel jeunesse, octobre 2014
L'histoire du soir #15 : Swinging Christmas, un conte musical de Benjamin Lacombe (d'après une nouvelle d'Olivia Ruiz)
Il faut que je vous avoue une chose : j'avais cru que l'histoire de Swinging Christmas serait lue par Olivia Ruiz. Aussi, en glissant le CD dans le mange-disque, quelle surprise ! Pas d'histoire lue, mais une floppée de notes musicales... Olivia & The Red Star Orchestra en bande sonore, c'est tout de même un bel accompagnement !
Dans un paysage hivernal et enneigé, nous faisons connaissance avec Robin, qui n'aime ni l'école, ni les livres. Un jour, sa mère le charge de porter des provisions chez le pauvre ermite qui vit seul dans son manoir. La perspective fiche la trouille au garçon, mais il n'a pas le choix.
A l'approche de la maison, il sera toutefois accueilli par une musique qui lui fait l'effet d'une caresse ! L'enfant est sous le charme, à tel point qu'il oublie d'avoir peur au moment de rencontrer monsieur Bernard, engoncé dans son manteau de fourrure. L'homme ne se vexe pas du tout d'impressionner le jeune Robin, il lui parle aussitôt de Gargantua et propose de lui faire un peu de lecture puisqu'il ne connaît pas.
Aussitôt, la magie des mots associée au pouvoir de la musique transporte le garçon. Robin est conquis, il tente de poser quelques questions sur la belle chanteuse qui s'affiche partout, sur les murs de la maison, mais monsieur Bernard ne dit pas un mot. Ce sera pour un autre jour. Et le temps va passer, ces deux-là vont tisser une relation tendre et complice. Robin va apprendre à ne plus craindre les livres, car les mots sont comme la musique, il faut trouver le bon tempo.
J'ai refermé le livre, et pratiquement au même instant la musique d'Olivia Ruiz avait fini son tour de piste. Un court moment, je suis restée songeuse. J'étais tellement imprégnée par l'ambiance musicale et poétique, j'étais comme troublée d'en sortir. A vrai dire, l'histoire de monsieur Bernard m'a bouleversée, c'est triste comme secret, j'étais émue à la fin. Aussi, je me suis sentie sincèrement nostalgique d'avoir terminé de lire ce joli conte. L'espace de quelques précieuses minutes, j'avais été enfermée dans une petite bulle, complètement sous le charme, avec les belles illustrations de Benjamin Lacombe, et cette mélodie d'un autre temps... c'était très agréable !
Swinging Christmas, un conte musical de Benjamin Lacombe, d'après une nouvelle d'Olivia Ruiz
avec un Cd de 5 chansons d'Olivia Ruiz & The Red Star Orchestra
Albin Michel jeunesse, 2012
@ ILLUSTRATIONS : BENJAMIN LACOMBE
★☆ Ce soir ! ★☆
Passez un beau weekend de fêtes, en compagnie de Benjamin Lacombe et Sébastien Perez,
ABSOLUMENT SUPERBE ! L'album est de toute beauté, autant par son histoire que par les illustrations. On suit un botaniste russe, détaché du cabinet des sciences occultes de Raspoustine, dans la forêt de Brocéliande. Il est à la recherche de plantes médicinales mais va découvrir d'autres légendes...L'Herbier des Fées se compose d'observations, de croquis, de brochures de journaux, de lettres échangées, mais aussi d'états d'âme, de doutes, d'émerveillement et d'incrédulité. Les deux auteurs nous font un magnifique cadeau, avec cet album tout en dentelle, mijoté aux petits oignons.
Une promenade poétique et onirique, tout simplement.
L'Herbier des Fées, par Benjamin Lacombe & Sébastien Perez
Albin Michel, 2011 - illustrations de B. Lacombe
Gaëlle aussi est totalement sous le charme.
A l'école des pages du Roy Soleil, Tome 2 : Le manuscrit volé
(lu par ma fille, 11 ans)
Voilà un tome avec pas mal de suspense, où jusqu'au bout le secret est bien gardé. La mise en scène est théâtrale, Jean joue beaucoup la comédie, avec des scènes cocasses (comme lorsqu'il prétend être malade et se maquille à outrance). Prunelle est fidèle au poste, toujours charmante et attentive, très réfléchie, indispensable pour aider Jean et son enquête à avancer, même si elle ignore l'objet de leurs recherches (Jean doit effectivement tenir au secret la disparition du manuscrit du Roy). On fait connaissance avec un nouveau personnage, pour constituer le trio qui mènera l'enquête, il s'agit donc du marquis de VilleMandais. C'est un jeune homme avenant et qui cultive un certain humour. C'est aussi un roman qui introduit des faits historiques véridiques, ici on apprend l'existence de Louis Auguste, autrement dit le duc de Maine, le fils "préféré" de Louis XIV. Pour la première fois, on quitte Versailles pour se rendre à Paris (de nuit). De toute façon, le rythme de l'histoire n'offre pas le temps de souffler, Jean n'a que trois jours pour trouver le manuscrit volé. On n'a vraiment pas le temps de s'ennuyer ! En gros, ce tome 2 confirme tout le bien pensé après la lecture du premier (du mystère, de l'action et un peu d'amour, tout ce que j'aime !).
Résumé de l'histoire (pas par nous) :
Le page Jean de Courçon assiste à un événement inouï à la cour de France : un courtisan mauvais joueur se lève d'une table de jeu et dans sa colère bouscule Louis XIV.
Cet incident aura pour logique conséquence de mettre fin à la présence de ce marquis à Versailles. Le lendemain, le secrétaire particulier du roi, Toussaint Rose, se rend en grand émoi chez M le Grand Ecuyer de France, pour lui confier un grave souci qui ne doit pas être éventé : il a perdu le manuscrit du souverain, intitulé « Manière de montrer les jardins de Versailles ». A moins qu'on ne le lui ait volé.
M le Grand Ecuyer charge le page Jean de Courçon de mener une discrète enquête. L'apprenti détective dispose de trois jours pour aboutir. Aidé de la jolie et subtile Prunelle, fille d'un des maîtres jardiniers de Versailles, et duc de Maine, fils du roi, Jean va partir sur les traces du manuscrit, jusque dans les coins les plus malfamés de Paris, là où tente de se reconstituer une cour des Miracles et où se déroule une meurtrière guerre des chefs.
Le danger devient pressant lorsque le fils du roi se retrouve mêlé à cette guerre entre clans de truands. Et le manuscrit ? Il sera retrouvé, certes, mais de la plus singulière manière et restitué de manière encore plus incroyable… et pourtant historiquement vraie.
A l'école des pages du Roy Soleil, Tome 2 : Le manuscrit volé par Arthur Ténor
Seuil jeunesse, 2011. Illustrations de Benjamin Lacombe.
Pêle-mêle Clarabel #23
Ou comment dénicher de bons romans historiques pour les petites lectrices (la mienne, surtout)...
Eulalie de Potimaron est une charmante héroïne, délurée et intrépide, qui ignore tout des règles et qui doit donc se rendre à la Cour de Versailles pour y remédier et devenir une demoiselle accomplie. Mais chassez le naturel, il revient au galop. Eulalie jure comme un charretier (Morbleu ou Ventre-Saint-Gris fleurissent régulièrement dans sa bouche), n'hésite pas à revêtir des habits de garçon pour parcourir librement les couloirs du château, se réfugie sous les combles et s'entraîne à l'épée (quitte à accepter un duel après s'être sentie insultée par un malotru), de plus elle ne se sépare jamais de son lapin, Ti-Tancrède.
On ne s'ennuie pas à ses côtés ! Accessoirement, elle deviendra également l'intermédiaire des amours secrètes entre Marie-Louise et le Dauphin, cherchera à découvrir le secret d'un tableau qui parle ... et j'en passe.
Certes, le contenu est léger, mais l'intrigue est bien rythmée.
De même, bien qu'une telle personnalité soit peu probable pour l'époque, Eulalie de Potimaron est une héroïne pétillante qu'il est bien difficile de snober. D'autres aventures sont d'ailleurs prévues, toutes plus divertissantes et impensables. Toutefois, il est bon de souligner le travail apporté quant à la véracité historique, au-delà des fioritures romanesques, et qu'on croise sans moufter des figures aussi symboliques que Madame de Montespan, Mademoiselle, fille de Monsieur (frère du Roi), et le Dauphin en brossant une description habile et succincte à chaque fois.
Voilà une manière astucieuse d'apporter des données instructives tout en distrayant.
Les folles aventures d'Eulalie de Potimaron : A nous deux, Versailles ! - par Anne Sophie Silvestre
Illustrations d'Amélie Dufour
Flammarion (2010) - 150 pages - 12€
dès 10 ans !
Le succès des romans historiques pour jeunes lecteurs n'est pas à démentir, et le règne de Louis XIV et du faste versaillais ne cesse de nourrir les esprits et d'attiser les appétits jamais rassasiés !
Cette nouvelle série signée d'Arthur Ténor conjugue avec intelligence les faits véridiques et la part romanesque. Jean de Courçon est page à la Cour de Versailles (il est encore élève, plus précisément), il s'est entiché de Prunelle, la fille du jardinier, et ensemble ils vont tenter de mettre un terme aux actes de malveillance qui sévissent autour des fontaines du roi.
L'intrigue est enlevée, et de plus le ton est drôle, ce qui n'est pas pour me déplaire. On trouve des situations cocasses et d'autres qui tiennent en haleine - le suspense est entier, il y a pas mal de rebondissements et l'action ne faiblit jamais. La jolie romance entre Jean et Prunelle apporte également beaucoup de douceur et de sourire. Tout m'est franchement très sympathique. J'ai été séduite par l'intrigue, alors même que la couverture illustrée par Benjamin Lacombe me touchait déjà en plein coeur. ♥
A L'Ecole des Pages du Roy Soleil : Sabotages en série à Versailles - Arthur Ténor
Seuil jeunesse (2011) - 206 pages - 10€
illustration et conception graphique de couverture : Benjamin Lacombe
Il était une fois ...
La beauté du jour :
véritable objet d'art et/ou de collection !
C'est sublime ! Chaque page vous en met plein la vue.
Et c'est lui - Benjamin Lacombe - le coupable !!!
Il était une fois ... est un album qui ne se raconte pas, qui ne se décrit pas non plus. C'est beau, tout simplement. C'est un voyage à travers le pays des contes, l'extraordinaire Pays des Merveilles, comme il est coutume de le nommer. Je me sens toute chamallow devant ce travail, c'est sublime.
A la fin de l'ouvrage, se trouve la lecture par Jean Perrot. Il a des mots étonnants et vrais sur cet album (lui, au moins, a su les trouver, pff, moi je sèche !). Et bien évidemment, il a su épingler le génie de ce projet, Benjamin L., autrement dit : un romantique de notre temps et dandy à ses heures ...
Tout est vrai : Le conte, dans la vie, est une parole, mais dans l'illustration, c'est un regard tendu vers le lecteur. (...) On voit comment l'architecture de l'album construit avec vivacité le sens de la lecture. Eveilleur des fantasmes qu'il met en branle, le pop-up est un appel à l'inconscient. (...) L'album, c'est un fait, est un grand spectacle.
Laissez, je suis amoureuse ...
Il était une fois...
Un pop-up imaginé et illustré par Benjamin Lacombe
Design et réalisation des volumes : José Pons
Postface de Jean Perrot
Seuil jeunesse (2010) - 25 euros.
Personne ne revient des Enfers.
Ne serait-ce point une couverture illustrée par Benjamin Lacombe ? Si, si.
Est-ce sa faute si j'ai voulu découvrir ce roman ? Oui, un peu. Beaucoup.
Et j'aime quand le hasard se révèle si profitable car j'ai beaucoup apprécié Jack Perdu et le royaume des ombres.
C'est l'histoire d'un garçon de quatorze ans, Jack, qui vit avec son père à New Haven sur le site de l'université de Yale, où son père enseigne l'archéologie. Sa mère est décédée huit ans plus tôt, alors qu'elle était à New York et qu'un échafaudage s'est écroulé sur elle. Son absence pèse beaucoup à la maison, d'autant plus que c'est un sujet inabordable. Son père est trop triste d'y repenser et ne veut plus en entendre parler. Soit.
Un jour qu'il se promène le nez plongé dans Ovide, car Jack est un passionné de lettres classiques, il ne voit pas la voiture au moment de traverser et se fait renverser avec un beau vol plané. Le garçon s'en sort sans un bleu, mais son père préfère l'envoyer chez un médecin à New York pour plus de sécurité.
Le docteur Lyons le trouve en pleine forme, se contente de le prendre en photo avec un vieux Polaroid, merci, au revoir. Retour à la case Grand Central où son train l'attend. C'est alors que Jack fait la connaissance d'une écolière qui se prénomme Euri. Elle l'invite à le suivre, lui proposant de visiter les sous-sols de la gare. Jack accepte.
A ce stade, cinquante pages ont déjà été lues. C'est le feu vert pour aller encore plus loin, pour découvrir ce qui attend Jack au-delà du quai soixante et un. Le royaume des ombres, on s'en doute. Mais quel est-il ? J'ai envie de laisser le doute flotter. Envie de vous livrer à la totale inconnue - comme moi, au départ. Envie de vous inviter à prendre la corde et de suivre le chemin. N'ayez aucune crainte, la plongée sera sans douleur, juste excitante et pleine d'enchantement. Car au bout du tunnel, la découverte est riche, vraiment étonnante, avec ses théâtres, ses bars, ses bibliothèques et ses clubs des poètes disparus. Règne aussi un soupçon d'interdit et de menace - Cerbère, le chien à trois têtes, et son Gourdin de maître sont toujours dans les parages pour mettre la main sur les resquilleurs. Car, Jack a pénétré un monde censé être invisible aux yeux des mortels. Ce sont les Enfers de New-York. Pourquoi, comment. C'est énorme à expliquer. Une seule chose compte : Jack a enfreint les lois du royaume souterrain dans le seul but de retrouver sa mère, Anastasia.
C'est un roman vraiment passionnant, qui revisite l'histoire d'Orphée et Eurydice, en s'appuyant sur d'autres anecdotes issues de la mythologie grecque, en plus de quelques emprunts à la poésie (John Donne, Emily Dickinson, Dylan Thomas et même Tennessee Williams). Ce fut une plaisante et enthousiasmante découverte, qu'illustre à merveille la couverture de Benjamin Lacombe.
Une suite a été publiée en 2009 (sortie USA) : The Twilight Prisoner. Une traduction française est-elle envisagée ?
Jack Perdu et le royaume des ombres ~ Katherine Marsh
Albin Michel, coll. Wiz (2008) - 250 pages - 12€
traduit de l'anglais (USA) par Luc Rigoureau
A partir de 14-15 ans.
La mélodie des tuyaux ~ Benjamin Lacombe
Un conte musical écrit et illustré par Benjamin Lacombe
raconté par Olivia Ruiz
mis en musique par Alexis Vallois, Jean-Baptiste Marino et Xavier Pourcher
Seuil jeunesse, 2009 - 40 pages - 25€
C'est toujours un événement d'accueillir un album signé de Benjamin Lacombe ! J'ai volontairement squizzé tous les billets qui ont créé le buzz ces dernières semaines, en ne retenant que de maigres détails : c'est un conte musical et Olivia Ruiz figure au casting (cela a suffi pour tripler notre excitation car c'est une artiste que nous apprécions beaucoup).
Le reste, c'était motus. Je voulais la SURPRISE.
La Mélodie des Tuyaux est (sans surprise) un très, très bel album.
Les couleurs sont extraordinaires, le contraste entre la ville triste et terne où vit Alexandre, treize ans, et les couleurs chatoyantes du camp des gitans est flagrant.
Au début de l'histoire, Alexandre a le regard vide et le sourire éteint. Il sait qu'il n'aura pas d'autres choix, dans sa vie, que de travailler dans une usine minable, comme ses parents. Cette perspective ne l'enchante guère.
Mais l'arrivée des roulottes gitanes lui fait l'effet d'un électrochoc. Ce sont des cris, des rires, des physiques impressionnants qui sont autant de claques dans la figure. Alexandre est curieux, admiratif et peureux...
Jusqu'au jour où il va croiser la ravissante Elena.
« Elle avait le plus beau regard qu'il ait jamais croisé. Si beau qu'il ne put s'empêcher de baisser les yeux. Quand il les releva, elle avait disparu. Il la chercha du regard, en vain. »
La petite gitane va introduire Alexandre dans sa famille hors du commun, Frieda la femme à barbe, Mary et Anny les soeurs siamoises, Pipo, Juan et Esteban les lilliputiens, Félicie une pauvre petite qui n'avait ni bras ni jambes et circulait sur une crinoline à roulettes.
Et aussi, les musiciens...
« Derrière un rideau, un groupe d'hommes en noir aux longs cheveux chantaient dans une autre langue en grattant des guitares. Certains avaient de drôles de petits tambours entre les jambes. Deux vieilles dames avec de grandes robes à volants frappaient en rythme dans leurs mains. Une jeune femme dansait au milieu de l'assemblée. Grave et fière, elle tapait des pieds et tournait sur elle-même en levant les bras au ciel. »
Qui ne serait pas fasciné par un tel spectacle ? C'est une invitation pour s'échapper de sa grisaille ! Alexandre comprend qu'il était en train de s'effacer, sa vie ordinaire ne lui convient plus, il est attiré par ce monde de couleurs, d'odeurs, de sons et de chants... Et inversement, la musique s'impose à lui. La guitare épouse ses doigts, la mélodie devient sa maîtresse, le garçon se révèle doué et époustouflant. Sûr qu'il vient de trouver sa place !
L'histoire ne se termine pas là, puisque les parents d'Alexandre sont frileux et mettent des barrières pour emprisonner leur fils. Les gitans sont des voleurs de poules, il faut à tout prix les fuir pour empêcher qu'une mauvaise influence plante sa graine dans le corps et la tête du garçon. Serait-ce trop tard ? Alexandre sait qu'Elena doit bientôt repartir avec les siens, il lui a promis une chanson pour le soir de la dernière représentation.
Mais l'amour, l'amouuuuuur est plus fort que tout ! ... Simplement, l'histoire ne se résume pas à une bluette sentimentale. C'est avant tout un hymne à la liberté, à la création artistique, à l'émotion et l'éclosion des sentiments. A la tolérance, à l'écoute, à l'ouverture et au refus de la peur de l'autre (l'inconnu) et des préjugés.
Le format du livre est grand (27 x 39 cm), chaque page est soignée aux petits oignons, avec comme bonheur suprême des doubles pages pleines d'illustrations d'une beauté à couper le souffle. Un dernier petit mot concernant le cd, il dure approximativement 37 minutes, la voix d'Olivia Ruiz est calme et posée, l'ambiance au début est tristounette pour finalement éclater dans un festival de flamenco. La chanson d'Alexandre est même très émouvante !
A signaler, une exposition rétrospective à l'oeuvre de Benjamin Lacombe du 7 au 24 Octobre à la galerie Daniel Maghen (47 quai des grands augustins, paris 6°).
bientôt, La Mélodie des Tuyaux...
en librairie le 8 octobre 2009
NB : Photos personnelles - illustrations à ne pas reproduire. Merci.