31/03/15

Bilan du mois : Mars 2015 ♪♫•*¨*•...•*¨*•♫♪

Coffee

 Ce mois-ci, il y a eu de la guimauve, de la douceur, de la tendresse, des sourires et des échappées belles...

♣ Les dix plus beaux jours de ma vie, d'Adena Halpern

♣ La fille qui avait deux ombres, de Sigrid Baffert

 

Puis, une vague de lectures historiques (parmi lesquelles :)

♣ La guerre de Catherine, de Julia Billet

♣ Tout ce que je suis, d'Anna Funder

♣ Suite Française, d'Irène Némirovsky

♣ Gravé dans le sable, de Michel Bussi

 

Des lectures fortement influencées par ce que j'ai pu voir, entendre, écouter...

Comme l'excellente série Génération War 

Generation-War

Réalisée par Philipp Kadelbach pour la chaîne allemande ZDF

 

Et l'intégrale (3 saisons) de la série Borgen

BORGEN

Créée par Adam Price pour la chaîne danoise DR1

 

... qui incite à découvrir ce livre en particulier,  

Héritière Hanne-Vibeke Holst  L'Héritière de Hanne-Vibeke Holst

Un roman passionnant sur les coulisses du pouvoir à Copenhague.

Parution antérieure à la création de la série, aucune influence revendiquée.

☺ 

Posté par clarabel76 à 17:45:00 - - Commentaires [2] - Permalien [#]
Tags : , , , , ,


26/03/15

Tout ce que je suis, d'Anna Funder

TOUT CE QUE JE SUIS

Ruth a toujours vénéré sa cousine Dora qui, par son tempérament enflammé, prend tous les risques pour défendre les causes auxquelles elle croit. Toutes deux juives, vivant en Allemagne, elles sentent enfler la menace du nazisme et assistent attérées à la montée en puissance de Hitler. Elles décident alors de se réfugier à Londres, où elles vont poursuivre leur lutte contre le totalitarisme, pensant alerter l'opinion publique internationale.

Ce roman raconte non seulement une histoire politique auprès d'activistes gauchistes mais mêle aussi leurs tourments sentimentaux. Ruth est folle amoureuse d'un journaliste, Hans, qui brillait par son arrogance dans la société berlinoise mais qui ne va pas supporter l'anonymat dans lequel il sombre en s'installant à Londres. Dora multiplie les liaisons, sans parvenir à se détacher de l'écrivain, Toller, dont les troubles psychologiques le rendent difficile à cerner.

Derrière le romanesque, se cache aussi une grand part de vérité en s'inspirant de personnages réels, Ernst Toller, Hans Wesemann, Dora Fabian, Ruth Becker, Berthold Jacob etc. ayant tous existé ! L'auteur a donc réussi à confondre le fictif à l'historique avec beaucoup de brio. De fait, l'histoire de ces militants est franchement passionnante, digne d'un véritable roman d'amour et d'espionnage. Lecture captivante, poignante, un peu longuette à démarrer, mais lecture intelligente, nous plongeant illico dans les rouages de la résistance, entre suspicion, trahison et refus d'abdiquer.

On suit quatre destinées éclaboussées par le désordre qui règne en Allemagne, d'où surgira l'obscurantisme, qui déploiera ses tentacules par-delà les frontières. Cette force de frappe est stupéfiante, on le découvre dans ce roman brillant et imprégné d'authenticité. Plus d'une fois, on se sentira le cœur pris en étau, éprouvant de l'admiration, de la pitié, de la tristesse et de l'effroi. L'intrigue est complexe, parfois lourde, parfois lente, mais elle est riche de parcours étonnants, courageux et bouleversants. 

10/18 ♦ janvier 2015 ♦ Traduit par Julie Marcot & Caroline Mathieu

pour les éditions Héloïse d'Ormesson (All That I Am)

TOUT CE QUE JE SUIS Broche

14/03/15

Une femme à Berlin: Journal 20 avril-22 juin 1945

Une femme à Berlin Journal

En avril 45, la guerre tourne en défaveur des allemands. Les berlinois vivent dans la terreur de l'arrivée imminentes des « Igor ». L'auteur de ce journal est une jeune femme d'une trentaine d'années, qui squatte les logements de fortune, au gré des bombardements, avant de s'abriter dans une cave, avec d'autres désespérés. Plus que la peur, la faim aussi les tenaille et les pousse à piller tout et n'importe quoi, comme des bouteilles de vin français planquées dans les placards !

Puis arrivent en ville les premiers convois soviétiques, fouillant les décombres où se terrent les rescapés affolés, la tension devient vite insoutenable. Les femmes aux courbes appétissantes suscitent la convoitise, la narratrice, qui possède quelques notions de la langue, tente de s'interposer, avant de subir elle-même agression sur agression. Dès lors, les scènes ne vont cesser de se répéter : défilé de soldats, soirées arrosées, pitances, viols, honte incommensurable.

Cette banalisation de l'horreur fait froid dans le dos. Les berlinoises courbent l'échine, deviennent le défouloir des soviets enragés par des années de conflit. Elles paient pour les atrocités dont leur peuple est accusé. Leur corps devient aussi leur monnaie d'échange, pour manger et survivre. Cette vérité crue, déversée sans la moindre émotion, va heurter l'opinion publique lorsque le livre sera édité dans les années 50. Personne ne voulait plaindre les allemands, ni entendre la litanie de leurs souffrances.

Le temps va apaiser les esprits et c'est seulement dans les années 2000 qu'on accordera enfin à ce journal une valeur humaine à juste titre. (Les chiffres estiment entre 100,000 et 2 millions de femmes violées durant la période d'occupation par l'Armée Rouge.) Le témoignage est certes bouleversant, dur et oppressant. L'auteur ne fait pas dans la dentelle, se montre tantôt sarcastique, dépitée, malheureuse ou désespérée. Son récit rend compte d'un autre versant de l'horreur de la guerre et n'est pas prêt de s'effacer de votre mémoire après l'avoir lu.

Première parution en 2006 ♦ Trad. de l'allemand par Françoise Wuilmart (Ein Frau In Berlin) ♦ Présentation de Hans Magnus Enzensberger

En 2003, deux ans après la mort de l'auteur, son identité a été dévoilée - il s'agissait de Marta Hillers, elle était journaliste.

Posté par clarabel76 à 10:45:00 - - Commentaires [0] - Permalien [#]
Tags : , , , ,

13/03/14

Cet instant-là, par Douglas Kennedy

IMG_0735

Je poursuis ma découverte des romans de Douglas Kennedy, avec ce titre qui n'a pas su soulever un enthousiasme débordant. L'histoire de Thomas Nesbitt, écrivain à succès, soudainement confronté à son divorce après vingt ans de vie commune, est aussi l'occasion de le renvoyer à un passé pas très lointain, celui de sa folle jeunesse, dans les années 80, où il a débarqué dans la ville de Berlin, alors coupée en deux par un mur.

Thomas replonge ainsi dans les souvenirs de sa passion amoureuse pour une jeune femme exilée de l'Est, Petra. Belle, mystérieuse, fascinante. Son histoire personnelle l'avait également rendue mélancolique et à fleur de peau, mais elle avait su trouver auprès de Thomas un réconfort et la promesse de lendemains meilleurs. Elle lui avait aussi confessé son parcours, avec son lot de drames et de déchirures. Bref, tout allait pour le mieux entre eux deux. Et puis, il y a eu « cet instant-là », le fameux...

Alors je ne vous cache pas que la lecture est longue, très longue, surtout le début, mais la partie rétrospective n'apporte pas non plus de regain ni de souffle nouveau. Encore des longueurs, en plus des clichés, et l'histoire d'amour qui se révèle mélodramatique, mais surtout sirupeuse et larmoyante. Pff, quoi. Sans compter que j'ai toujours beaucoup de mal à m'attacher aux personnages de D. Kennedy, j'ignore pourquoi mais ça ne prend pas.

J'ai alterné ma lecture papier avec la version audio, presque irréprochable comme d'habitude, par contre j'ai un problème, dès qu'une voix masculine aborde les dialogues ou les personnages féminins, ça coince. Les interventions de Marcha Van Boven sont trop rares, dommage, cela aurait pu compléter l'interprétation, sincère et poignante, de Philippe Résimont et rendre l'ensemble plus crédible.

Audiolib ♦ novembre 2011 ♦ texte intégral lu par Philippe Résimont et Marcha Van Boven (durée d'écoute : 17h 41) ♦ traduit par Bernard Cohen pour les éditions Belfond ♦ en format poche chez Pocket (janvier 2013)

26/08/09

Mon enfant de Berlin ~ Anne Wiazemsky

Gallimard, 2009 - 250 pages - 17,50€

J'ai aimé d'amour ce roman, impossible à expliquer pourquoi, comment, c'est arrivé comme ça, un amour immense qui a gonflé, gonflé... Bonheur absolu. 

mon_enfant_de_berlin

Ce livre raconte l'histoire de Claire Mauriac, ambulancière à la Croix-Rouge française durant la 2nde guerre mondiale. Elle a vingt-sept ans, c'est une très belle femme, issue de la classe bourgeoise et catholique, fille de l'illustre écrivain.

Elle a pourtant le souci de faire oublier son pedigree et voudrait qu'on l'apprécie pour elle. Nous sommes en septembre 44 et depuis quelques mois la jeune femme a le blues. Son boulot à la Croix-Rouge lui plaît, elle n'entend plus rentrer à Paris mais ses fiançailles avec Patrice, prisonnier en Allemagne, l'étouffent.

Entre les lettres qu'elle envoie à ses parents et les extraits de son journal intime, se dessine un portrait en finesse d'une jeune femme en plein épanouissement, elle qui était une petite fille gâtée, choyée, dorlottée, se découvre délivrée des convenances depuis sa récente émancipation.

C'est seulement en partant pour Berlin qu'elle prendra la pleine mesure de son envol, lorsqu'elle fera la rencontre du prince russe, Yvan Wiazemsky, réfugié politique et expulsé de son pays depuis la révolution. Wia est un homme charmant, plein d'entrain, extraverti et drôle, il affiche très rapidement son amour pour Claire. Un tel empressement ferait fuir la plus prude des jeunes filles, mais Claire n'est plus cette jouvencelle parisienne, ou juste un peu. Très attachée à sa famille, elle continue d'écrire des lettres nunuches pour s'attacher le consentement de ses parents, qui jugent sévèrement sa récente toquade.

Le temps file, on parle d'amour, mais pas seulement. Car dans la foulée on suit les activités de la fière équipe du 96 Kurfürstendamm (Rolanne, Mistou, Plumette, Olga, Leon de Rosen...). Ils sont jeunes, ils vivent à Berlin les plus belles années de leur vie, les plus intenses. Ils ont le désir fou d'oublier les souffrances de la guerre, d'aider les autres. Rechercher les personnes disparues, les retrouver, les sauver devient un idéal à la hauteur de leurs exigences. D'office, le lecteur les adopte. Il les aime d'une amitié forte et indéfectible.

Et puis il y a cet amour entre Claire et Wia. « Un amour qui nous éblouissait, qui rejaillissait sur nous et qui nous soudait tous ensemble. Quelque chose qui nous rendait incroyablement heureux et solidaires de leur bonheur. ». Cette romance au coeur d'un quotidien plus morose devient la touche qui illumine le texte. Tout ce qui a trait à la guerre et ses conséquences ne s'avère pas barbant ou rédhibitoire. Bien loin de là. C'est un ensemble. Le lecteur se sent immédiatement intégré à l'histoire, et particulièrement à l'équipe du 96 Kurfürstendamm, comme s'il partageait leur routine, leur mission, leurs heures de gloire, de faiblesse. C'est totalement prenant.

Mon enfant de Berlin est une parenthèse enchantée, l'histoire d'un amour fou vécu à un moment incrusté dans le temps, la solidarité d'un groupe et leur amitié soudée dans la communion d'une même vocation - aider les autres, oublier les heures sombres. C'est un très, très beau roman, le cadeau d'une fille pour ses parents, car c'est elle, Anne, l'enfant de Berlin. Livre après livre, elle nous raconte son incroyable destin romanesque, sans déballage impudique, et c'est tout bonnement admirable.
J'aime infiniment.

Ce billet est dédié à Alice.

Nota Bene :

Comme une ombre bienveillante, on retrouve bien évidemment la figure paternelle. Oui, celle de François Mauriac. J'ai notamment aimé cette petite phrase, chuchotée avec tendresse, débordante de complicité : « Je suis content que tu l'épouses, lui saura te rendre heureuse. C'est que tu es difficile, ma petite fille, très difficile... »   

 

 

Posté par clarabel76 à 08:15:00 - - Commentaires [32] - Permalien [#]
Tags : , , , ,