Teaser Tuesday #38
Bec-en-l'Air avait percé deux trous dans la nuit noire.
« Mais derrière la nuit on y voit clair ! » s’écria-t-il.
« Ohé ! Y a quelqu'un ? »
De l’autre côté de la nuit, là où l’on voit clair,
il n’y avait pas le moindre petit bec en l’air.
De l'autre côté, dans la nuit noire, Bec-en-l'Air s'était endormi.
Mais par les deux petits trous, ça faisait des courants d'air,
ça sifflait,
ça soufflait
à lui ébouriffer les plumes.
Où il est question de la création du monde et de l'univers si poétique et distingué de Betty Bone.
Très chic.
Bec-en-l'Air, par Martine Laffon et Betty Bone (éd. Thierry Magnier, 2011)
Pêle-Mêle Clarabel #19
Parce qu'il est écrit en dédicace ... à Eddy Mitchell (et la dernière séance), mon coeur fait boum ! Je suis une enfant de la télé du mardi soir avec l'ami Eddy. Je suis une enfant qui a grandi en savourant les westerns (et qui, plus tard, a appris en long, en large et en travers tous les secrets des guerres indiennes et ce n'était pas beau et elle en aurait presque eu honte de son ignorance de petite fille). Mais en attendant c'est encore l'enfant nostalgique, avec le coeur qui bat fort, qui ouvre avec ravissement l'album de Françoise de Guibert et Ronan Badel.
Billy le môme, par Françoise de Guibert & illustrations de Ronan Badel (éd. thierry magnier, 2011)
Laissez place à Billy le môme sur son cheval au triple galop ! Ce ne sont pas les indiens, les éleveurs et leurs troupeaux, le taureau en furie, les joueurs mal léchés, les bandits des grands chemins ou même la délicieuse miss Carter éperdue d'amour qui mettront un terme à sa chevauchée sauvage. Pourquoi un tel empressement ?! La réponse est tout simplement gourmande et exquise ! J'ai adoré. Adoré aussi cette ambiance fidèle au western, pour laquelle je suis totalement sous le charme, sans compter que l'histoire est vraiment très drôle, les illustrations ne manquent pas de ces petits détails croustillants et qui font pousser des soupirs. Enfin bref, je suis conquise !
De haut en bas, par Betty Bone (éd. thierry magnier, 2010)
Une fillette et son chien se promènent dans la rue et se rendent au parc où les attend leur copain Nino. En fait cet album est un véritable exercice de haute-voltige : ce n'est pas une histoire qui est racontée, non ce sont trois versions d'une même promenade en automne, selon ce que l'on souhaite découvrir, le haut ou le bas, et même le milieu (chaque image est découpée en trois parties horizontales, l'effet est saisissant !). Ajoutez la palette de couleurs de Betty Bone et vous serez comblés !
Je lis aussi des Albums !
Sur l'initiative de Sophie (Herisson08), Je lis aussi des albums se présente comme un challenge facile, sympathique, avec un logo ravissant, comment résister, il offre de plus la place à de nouvelles découvertes, que j'ai bien souvent du mal à mettre en mots, tant le plaisir des yeux est indescriptible !
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La preuve, avec L'heure du facteur de Betty Bone (rouergue, 2010) : c'est l'histoire d'un personnage solitaire qui habite une maison isolée, cernée par la neige. Ali était déjà présent dans l'album « La nuit » (album qui est désormais indisponible, hélas), cette fois on le découvre dans sa maison en train de songer à la lettre qu'il va écrire pour Johnny Picasso.
Dans cet album, il y a très peu de texte. Par contre, les illustrations sont de toute beauté : d'une simplicité apparente, des lignes parfaites, une tonalité sobre et un contraste intéressant entre le noir, le blanc, les couleurs vives. Dans la maison d'Ali, par exemple, les meubles sont noirs. Les murs et le sol sont blancs. Par petites touches, les couleurs font leur entrée : des vêtements chamarrés, des chats qui ronronnent, le feu qui crépite, le café qui glougloute, et son odeur chaude, délicieuse... on a l'impression d'y être !
C'est dire s'il y règne une grande quiétude dans cet album. Je le trouve admirable, avec du charme et une beauté troublante. Je suis vraiment fascinée ! N'hésitez pas à visiter le site de Betty Bone : http://www.bettybone.com/
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Gaëtan Dorémus est un auteur / illustrateur que j'apprécie de plus en plus ! Et la maison du Rouergue, aussi ! Voilà deux bonnes raisons pour me pencher sur Chat-nouille !
C'est l'histoire d'un chat qui aime les pâtes et qui passe son temps avachi dans son fauteuil. Son programme : pâtes-dodo-télé-internet-jeux vidéo. A la longue, il devient tout mou et tout blanc. Terriblement accro à ses journées immobiles. Manon lui sert alors des platées de légumes, l'entraîne dans le parc pour partager les plaisirs simples de la vie. Sauf que le chat s'ennuie comme un rat mort ! Il a besoin de se sentir dans la peau d'un héros, d'un sauveur... C'est du propre de préférer la vie sur grand écran, servie sur un plateau, mais heureusement, le chat se rend compte aussi que, dans la vie, l'amitié et le sentiment d'être utile sont deux notions qui ne comptent pas pour des prunes !
Message caché tu trouveras dans cet album, ami lecteur, mais pas seulement ; ce n'est pas qu'une morale à la manger-bouger.com non plus (ouf). Ici, on trouve des petites perles, du genre : C'est ainsi que Nounouille vécut une existence de chat aussi délicieuse qu'une bonne assiette de pâtes (avec du beurre dessus et même du gruyère râpé !). J'en suis fort aise !
Cette histoire de chat-nouille, en plus d'être drôle, donne envie de croquer la vie à pleines dents. J'adore ! Je suis de plus en plus fan de Gaëtan Dorémus ! ! !