19/11/14

Le Royaume des cercueils suspendus, de Florence Aubry

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Quatre amis d'enfance se déchirent, au nom de l'amour, la jalousie et la haine. L'histoire ne donne aucune indication pour cerner le contexte et nous plonge aussitôt dans le bain. Sensation étourdissante de pénétrer un domaine inconnu, qui exerce pourtant une attraction irrésistible...

Huang a été condamné à être suspendu dans les montagnes, cloîtré dans un cercueil. Son crime ? Il n'a pas le Don et a été exclu de la communauté. Lui qui se voyait déjà couler des jours heureux auprès de son amoureuse, Leï, il ressasse son amertume, la sachant seule et désespérée. Il songe aussi à son ami Xiong, handicapé par le tranchant de sa lame. Sa faute, encore une fois. La culpabilité le ronge, et pourtant il préfère s'isoler dans sa bulle, en vue d'une libération divine. Mais Xiong ne cesse de ruminer sa vengeance. Lui aussi vouait un amour fou pour Leï et s'est senti trahi lorsqu'il a surpris le couple enlacé dans les herbes. Son sort, aujourd'hui, n'est pas enviable. Du fait de sa blessure mal guérie, il a rejoint une sous-classe de la communauté. Il est pétri de rancœur, au point de bafouer la jeune Lou-Ki et sa folle passion. Celle-ci, toutefois, ne perd pas l'espoir de le conquérir à jamais. Et pour le détourner de son obsession, elle est prête à tout. 

Ce récit, à l'intensité dramatique saisissante, se révèle une lecture passionnante de bout en bout. Plus on avance dans l'histoire, et plus on a le sentiment de basculer vers une issue tragique et inéluctable. J'ai beaucoup aimé découvrir cet univers original, servi par la belle écriture de Florence Aubry. C'est un roman captivant, plein de promesses et chargé en émotions. J'ai été envoûtée !

Rouergue, coll. Epik, octobre 2014

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22/04/14

Muchachas (1) de Katherine Pancol

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Dans Muchachas, on retrouve Hortense et Gary à New York... puis Joséphine à Londres, et Zoé qui n'en peut plus de vivre loin de son amoureux, obligeant sa mère à un énième sacrifice qui nous fait lever les yeux au ciel. Puis, on découvre Stella, au volant de son camion, et sa maman Léonie, hospitalisée, complètement démolie par son homme, Ray Valenti, la coqueluche de la ville.

Froncements de sourcils, perplexité, je n'étais pas sûre d'adhérer au nouveau programme. Puis, au fil des pages et des chapitres, l'histoire s'est envolée, a continué de livrer ses secrets, ses drames, ses peines. Impossible de demeurer insensible, j'étais au cœur du récit, parmi les personnages, partageant la même histoire. Sensation rare et grisante.

C'est, de plus, amené en douceur, avec tendresse et habileté. Katherine Pancol est réellement douée pour créer ce lien invisible. Certes, le sujet de fond (les violences faites aux femmes) me faisait peur, je redoutais du pathos et trop de misérabilisme. Et finalement, non. On découvre un récit prenant et poignant, traité avec beaucoup de pudeur, sans désinvolture, au contraire, on ressent une sincère empathie. Cela m'a plu, tout simplement.


Pour bien faire, Audiolib a accordé sa confiance à Marie-Eve Dufresne pour l'interprétation, un excellent choix qui a déjà fait ses preuves (cf. la précédente trilogie), on passe ainsi un très bon moment, grâce à une écoute agréable et apaisante, qui nous berce dans ce nouvel univers, désormais familier... J'ai hâte de découvrir la suite.

Audiolib, avril 2014 ♦ texte intégral lu par Marie-Eve Dufresne (durée : 9h 23) ♦ Albin Michel, février 2014

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14/03/14

Une vie entre deux océans, de M.L. Stedman

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Quelle histoire bouleversante ! Tom et Isabel vivent heureux sur l'île de Janus Rock, au large de Point Partageuse, au sud de Perth, en Australie. Tom est gardien de phare. Leur couple vit un bonheur parfait, teinté toutefois par le besoin pressant d'Isabel d'avoir des enfants. Mais hélas, elle multiplie les fausses couches et plonge dans un profond désarroi. Aussi, le jour où une barque échoue sur leurs côtes, avec à son bord un homme - mort - et un bébé, Isabel supplie son mari de le garder et de n'en parler à personne.

Tom va agir par amour pour sa femme, il va masquer la vérité et truquer les faits. Il le fait, parce qu'il sent Isabel au bord du gouffre. Pour elle, l'arrivée de ce bébé est un cadeau du ciel, elle refuse d'envisager une autre solution. C'est son bébé, ou rien. La suite ne cessera de se révéler poignante et débordante d'émotions. Cela expliquera, aussi, pourquoi on passe tant de temps à ressasser le passé, à introduire d'autres personnages, à raconter leur histoire... on comprend mieux leur importance dans la dernière ligne droite.

C'est un livre d'une sensibilité rare, qui évoque l'amour, l'isolement, le bonheur et la plénitude, mais surtout la maternité et tout ce qu'elle implique en folie et sacrifice. C'est énorme. Terrible. Un véritable déchirement. Au départ je trouvais le roman surestimé, c'était très bien mais les lecteurs s'étaient peut-être un peu trop emballés à son sujet. Et puis soudainement, je me suis sentie aspirée par le récit, en pleine communion avec les personnages et leurs émotions. J'étais, moi aussi, partagée, sous le choc, me posant cette question : mais qu'aurais-je fait ?

Cette lecture n'aura donc pas usurpé son concert de louanges et de critiques dithyrambiques, à commencer par celle d'Olivia de Lamberterie. C'est un roman bouleversant, très beau, qui nous interroge et nous met la tête à l'envers. Martin Spinhayer livre une interprétation poignante du récit, mais une fois encore j'ai eu du mal avec les voix féminines, sinon la réalisation sonore est impeccable, c'est une version envoûtante et carrément dépaysante.

Audiolib, Février 2014 ♦ Texte intégral lu par Martin Spinhayer (durée d'écoute : 12h 27) ♦ Traduit par Anne Wicke pour les éditions Stock

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10/10/13

“Il y avait tant de choses que je ne comprenais pas dans ce monde étrange (...), j'avais débarqué sur une autre planète.”

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Suite des Malheurs de Millie Plume, cette nouvelle vie s'ouvre bravement sur une scène de cris, de larmes et de séparation. Il n'est nullement écrit que la félicité serait un droit chez notre petite Millie. Elle voit donc sa mère partir de l'Hôpital des Enfants Trouvés, malheureuse et désespérée. A 14 ans, elle doit aussi se prendre en charge et accepter un poste de servante chez un écrivain de livres pour enfants. Millie Plume est à moitié consolée, car sa rencontre avec l'homme ne lui laisse qu'une amère impression.

Et puis elle est convaincue de ne pas être faite pour ce job, elle s'insurge même contre le système de classes mais l'époque n'est pas à la révolution. Pour l'instant il lui faut se taire, plier l'échine et frotter le plancher au risque de s'user les mains. Le soir, seule dans sa petite chambre, avec son bout de chandelle, elle écrit des lettres pour sa maman ou son frère Jem, elle espère toujours trouver une solution et croit en un avenir meilleur.

Elle vient aussi de rencontrer Bertie, un garçon boucher drôlement sympathique. Leur relation est croquignolette, ponctuée de rendez-vous dominicaux où ils butinent joyeusement. C'est vraiment mignon, même si cela place Millie dans une situation inconfortable, car Jem occupe toujours une place très importante dans son cœur. Elle pense qu'en le revoyant, cela pourrait lui éclaircir les idées ! En attendant, les choses se compliquent lorsqu'elle confie ses Mémoires à son employeur, qui va pomper toutes ses idées comme un mufle, après quoi Millie éclate de colère.

Ce deuxième tome réserve à notre héroïne rousse et flamboyante son lot d'épreuves qui rendent compte des duretés de l'époque (victorienne), avec la condition des femmes, des malades et des enfants contraints au travail ingrat. Heureusement Millie fait montre d'un aplomb et d'un optimisme à tout crin. Elle est même prête à jouer les sirènes pour ne pas mourir de faim, ou refuse d'être arnaquée par une pseudo experte en spiritisme qui abuse de la détresse des gens pour se remplir les poches.

Bref, Millie est une jeune fille épatante. Ses aventures sont souvent remplies de belles rencontres, de coups durs et de rebondissements. Un troisième tome va conclure cette fabuleuse histoire, qui nous captive dès les premières pages.

Une nouvelle vie pour Millie Plume, par Jacqueline Wilson
Gallimard jeunesse, février 2013 - traduit par Alice Marchand - illustrations de Nick Sharratt
Illustration de couverture : Anne Simon - Le 1er tome est disponible en format poche, Folio junior.

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03/10/13

“Ermengarde, aimerais-tu qu'on te signale que tu as la bouche grande ouverte ou préfères-tu tout bonnement rester bouche bée ?”

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les petites pensionnaires

Pensionnat Miss Minchin, institution distinguée pour jeunes filles de bonne famille, Londres. C'est à cette adresse qu'est arrivée la Princesse Sarah, couverte d'or et de bijoux, avant de dégringoler dans l'échelle sociale, suite à la mort de son père, qui s'était ruiné en Inde. Sarah a finalement découvert qu'elle était l'héritière de mines de diamants, longuement recherchée, et avait obtenu son sésame pour s'échapper des griffes de Miss Minchin et vivre sereinement, en compagnie de Becky et de leur bienfaiteur.

Cette suite a donc imaginé la vie après le départ de Sarah, dans une atmosphère toujours aussi austère, savamment entretenue par une Miss Minchin plus revêche que jamais, mais quelque peu éteinte aussi. Un mystère plane autour de sa personne, depuis qu'elle passe ses journées cloîtrée dans sa chambre. Les filles en profitent pour se la couler douce, au salon ou en salle d'études. L'humeur est morose, mais les esprits vifs et guillerets des demoiselles remettent vite un peu de vie et d'éclat au décor.

Lottie est toujours aussi espiègle et incontrôlable, Ermengarde renonce à lui inculquer un soupçon de retenue ou de discipline, malgré les chaleureuses recommandations de son amie Sarah, elle qui avait longtemps imaginé que leur amitié était brisée a finalement surmonté sa timidité pour lui écrire de longues lettres et lui confier leur quotidien. Les détails insolites ne manquent pas, surtout depuis l'arrivée d'Alice, la nouvelle servante qui mène son monde à la baguette et n'entend pas dormir sous les toits, dans les courants d'air et en compagnie des souris. Même Lavinia est métamorphosée, depuis sa rencontre avec leur nouveau voisin, un jeune garçon aux cheveux rouges.

Celui-ci a trouvé leur école ‘loufoque’. A travers cette réflexion, Lavinia réalise qu'elle n'est pas à la hauteur des futures étudiantes d'Oxford. Certes, on lui enseigne le latin et la littérature anglaise, mais quid des mathématiques, du français, de l'économie, la philosophie etc. ? Elle a du pain sur la planche pour se mettre à niveau. Oui, Lavinia considère que le rôle de la femme n'est pas seulement de se marier, de procréer et de parader en société. Alors, elle dévalise les rayons de la bibliothèque et s'échine à prendre des leçons de piano, avec la complicité de ses camarades.

Tout ça se déroule sur un ton joyeux et alerte, dans une ambiance délicieusement guindée et typiquement anglaise. En un mot, c'est délectable ! On retrouve les histoires d'amitiés, de rivalités, de leçons à apprendre, de fous rires et de secrets à partager, avec un dénouement proche du conte de fées... encore une fois. Sincèrement, la magie est intacte !

Les petites pensionnaires, par Hilary McKay (Gallimard jeunesse, juillet 2010 - traduction de Bee Formentelli - illustrations de Nick Maland)

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02/10/13

Un lieu incertain: Audiolib lu par Thierry Janssen

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Encore un fidèle rendez-vous avec le commissaire Adamsberg, dans une enquête criminelle nous baladant entre Londres, Paris et un petit village en Serbie ... Quelle atmosphère particulièrement excitante (mais glauque aussi) ! On croise des cadavres découpés en petits morceaux, des pieds chaussés abandonnés près d'un cimetière, des mythes vampiriques, des vieilles histoires de famille ... Et on assiste aussi à des retours en fanfare de cadavres planqués dans les placards ! Je dis ça, je ne dis rien. Disons que, tout de même, on tombe sur les fesses en apprenant que les anges déchus existent. Ou qu'ils sont tombés directement de l'Enfer.

Adamsberg, dans ce roman, est dépassé par les évènements. Il en voit de toutes les couleurs, de la trahison à la mélancolie, en passant par l'impuissance et le doute. C'est un spectacle assez déprimant, ou plutôt pathétique. Notre homme mériterait parfois qu'on le secoue vertement, car son petit manège nous épuise ! Il est lent, apathique, déboussolé, déconfit. Bouh, quel triste sire ! A côté de ça, l'histoire oscille entre le désenchantement, certes, mais surtout l'angoisse et le suspense. Tant mieux, ça tient en haleine. J'ai d'ailleurs pas mal mordu à l'hameçon, saisissant toutes les perches tendues, avec la conviction intime que je me faisais bêtement berner, mais c'est de bonne guerre.

C'est la quatrième fois, il me semble, que Thierry Janssen accompagne les romans de Fred Vargas en version audio. Franchement, ne changez rien ! C'est la voix parfaite, l'interprétation idéale pour situer et cerner des personnages et lieux aussi flippants que ceux dont l'auteur a le talent de nous concocter. Pour moi, ce rendez-vous a donc été une totale et pleine réussite.

Un lieu incertain, par Fred Vargas (Audiolib, février 2013 / J'ai Lu, septembre 2010 - Texte intégral lu par Thierry Janssen,  durée d'écoute : 11 heures)

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09/09/13

Sous un vernis impeccable, des drames, des mensonges, de la folie. Une pure tension psychologique !

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C'est un très court roman qui réussit habilement à nous plonger dans un foyer familial, bien sous tous rapports, mais qui révèle ses fêlures sitôt que le fils annonce ses fiançailles avec une demoiselle débarquée de nulle part. Sans expliquer son malaise, la mère entend protéger son fils et cherche à convaincre son époux de rompre les fiançailles. Pourtant, la jeune fille semble si parfaite, issue d'une famille bourgeoise et argentée, qui a même vécu dans leur quartier des années auparavant.

Mais je préfère m'en tenir aux explications les plus minces, parce qu'on ne cesse d'aller au-devant de découvertes qui font voler en éclats la belle image de ces gens si beaux, si parfaits, si sûrs d'eux. Dominique Dyens a scrupuleusement aiguisé sa plume pour tailler dans le décor, lacérer le tableau, écorcher les figurants, les laisser en lambeaux. Effet prodigieux ! Le format court permet aussi de ne pas s'appesantir, de se balader en toute quiétude, avant de tomber sur un os, paf, de s'étaler de tout son long et de tourner les pages pour en savoir plus.

Impression d'avoir lu un roman qui se la joue sainte-nitouche, ça me plaît !

Intuitions, par Dominique Dyens  (Pocket, mai 2013)

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09/07/13

“L'espoir porte un costume de plumes.”

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Frances est correctrice à la rubrique Livres d'un magazine en pleine tourmente économique. Autour d'elle, les têtes tombent, les postes vacillent, mais Frances tient bon la barre. Elle vient de décrocher la protection de sa supérieure, un miracle qui s'explique depuis la tragédie dont elle a été témoin, un soir, sur une route de campagne. En rentrant de chez ses parents, Frances est arrivée la première sur les lieux d'un accident de voiture. Une femme, blessée, mourante, lui a confié ses derniers mots. Peu de temps après, la famille a cherché à la contacter pour en discuter. Et cette famille, c'est celle de l'écrivain célèbre, Laurence Kyte... Sans calcul, sans rouerie, Frances va glisser une ballerine dans ce cercle réservé aux privilégiés.

Et c'est comme ça, de fil en aiguille, qu'elle réussit à se fondre une place parmi les Kyte, à se rendre indispensable sans devenir envahissante, à demeurer discrète mais attentive, observatrice, toujours à l'écoute, mystérieuse et intrigante... C'est un portrait de femme comme on a rarement l'occasion de lire, Frances est une jeune femme quelconque, même si sa famille pense qu'elle est excentrique. Elle mène une existence insipide, qui trouve du piquant suite à un drame dont elle va exploiter toutes les trames, toutes les failles avec une intelligence remarquable.

Paradoxalement, à aucun moment on a envie de la détester, de la rabrouer. On suit son petit bonhomme de chemin, on s'interroge sur ses motivations, on n'a pas envie de la prendre pour une arriviste, on estime même son ascension menée sans panache, mais avec brio. Pas de manichéisme dans l'histoire, du moins pas de façon apparente, ni selon ma propre interprétation, c'est aussi pour cette raison que j'ai été captivée par ma lecture, tant la personnalité de Frances demeure trouble et insaisissable. Un roman où règne une véritable tension psychologique, à découvrir !

Le beau monde, par Harriet Lane
Plon, coll. Feux Croisés, 2012 - traduit par Amélie de Maupeou

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19/06/13

“Rien ne peut rivaliser avec la musique ! Elle te tiendra lieu de tout ! Parce que la musique console de tout !”

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Quentin doit prendre seul le train pour se rendre à Paris et passer son audition de piano pour l'entrée au conservatoire. Sa mère est absente, coincée par la maladie de la grand-mère, chez laquelle le garçon va séjourner. Tout ceci ne l'enchante guère, à vrai dire il a une peur bleue de l'inconnu, de son épreuve, de la séparation, de la solitude... Il est aussi en pétard contre sa mère, qu'il accuse de délaisser sa famille pour une femme qui n'en a rien eu à faire de sa pomme, ces quatre dernières années.

Dans le train, Quentin croise son professeur de français, Sylvain Authier, il doit donner une conférence à la Sorbonne et vient de se disputer avec sa petite copine, qui lui reproche de ne faire aucun effort. Sans comprendre pourquoi, Quentin va déballer à son prof tout ce qu'il a sur le cœur : d'abord il a oublié sa partition chez lui, puis il n'est pas sûr d'avoir envie de passer son audition, et enfin il pense que c'est surtout pour faire plaisir à sa mère qu'il se donne autant de mal. Lui, par contre, ne sait plus trop où il en est...

Autre jolie coïncidence, Quentin fait la connaissance d'une jeune fille de son âge, Sylvia. Ça, plus ça, plus ça... soudain, tout semble plus léger au garçon, moins contraignant. Un professeur qui vous remet d'aplomb et vous sauve du marasme émotionnel, une demoiselle qui vit le même calvaire, bref le livre se termine aussi vite qu'il a commencé, en un battement de cils, une douce mélopée au piano, le temps d'éponger le cœur tout comprimé de notre grand adolescent, qui avait juste besoin d'écoute et d'attention.

C'est un livre doux, alerte, mélodique et spontané. Il ne fait que 90 pages et peut convenir aux plus jeunes, sans problème.

Quentin sur le quai, par Françoise Grard (Actes Sud junior, 2008)

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12/12/12

“There had been a secret planted under my bedroom window all my life.”

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L'histoire se passe quelques années après Blood magic et concerne la fille de la maléfique Joséphine Darly, mais rassurons-nous, Mab Prowd est une jeune fille délicate, sensible, qui oeuvre pour le bien. Depuis la mort d'Arthur, son mentor, elle est devenue le nouveau Diacre et doit réaliser un sort pour chasser une malédiction, mais l'expérience dérape et va frapper Will, un garçon qui se promenait au même moment dans la forêt, avec ses deux chiens.

C'est seulement quelques jours après qu'il réalise qu'il ne se sent pas bien et doit revoir Mab dans sa ferme. La jeune fille promet de lui venir en aide, comme elle a juré de sauver un petit garçon qu'elle héberge et qui a subi l'ascendance mauvaise de son père. Nous renouons ainsi avec la magie du sang, les incantations et les sacrifices, mais ce n'est pas bien méchant, beaucoup moins que dans le précédent livre, qui était plus saisissant. C'est même le reproche que je ferai à BLOOD LOVERS : c'est une lecture moins forte, moins percutante, peut-être parce qu'elle n'a plus le privilège de la nouveauté non plus. L'histoire est ici assez simple et évidente sur toute la ligne, pas de grandes surprises à prévoir, peut-être dans la dernière partie, et encore...

J'ai toutefois apprécié suivre l'histoire d'une certaine Evelyn Sonnenschein à travers sa confession, ou sa déclaration d'amour, qui remonte à quelques années. Le reste du roman est raconté alternativement par Will et Mab, avec un bémol pour les passages concernant le garçon dont les soucis familiaux ne m'ont pas particulièrement emballée. Je préfère largement me plonger dans l'univers plus sombre, plus grisant, plus poisseux de la magie, c'est d'ailleurs le point fort de Tessa Gratton qui dresse un décor fantastique et fascinant. Il serait néanmoins temps de se renouveler, car la recette a eu un goût de réchauffé avec ce roman.

Blood lovers, par Tessa Gratton
La Martinière J. (2012)  -  traduit par Anne-Judith Descombey

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