10/09/11

Pêle-mêle Clarabel #38

 

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Horrible Henri est une série drôle, qui a su cerner son public (dès 7 ans) en osant emprunter la voie du subversif avec gentillesse et sans prétention. Le but : partager les bêtises d'un chenapan sans paraître grossier et ne pas verser non plus dans le côté "c'est mal", "c'est pas bien"... Le lecteur aura assez de bon sens pour distinguer l'humour et l'insolence. Et puis Henri est un garçon fort sympathique, il mène une vie normale, il a un petit frère - Paul Parfait, quelle angoisse ! - et des parents qui ne saisissent jamais ses contrariétés (il déteste la danse et préfère le karaté, à qui la faute s'il décide de saboter le spectacle de Mlle Tutu ?). Il est parfois accompagné de son pendant féminin, l'incroyable Maudite Marguerite, et ça fuse, ça déglingue, ça gesticule. Non, les bêtises ne manquent pas. La source d'inspiration n'est jamais tarie, et c'est une idée judicieuse de suggérer que Horrible Henri est le cauchemar des enfants sages ! 

Horrible Henri par Francesca Simon
illustrations de Tony Ross - traduit par Vanessa Rubio-Barreau 
Gallimard jeunesse, coll. Folio cadet, 2011.

D'autres suggestions de lecture, dès 7 ans.

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Des fées, des paillettes, une école pour se faire des copines et des ennemies... il y en a pour 11 volumes à ce régime. (Ma fille a lâché l'affaire après le tome 4, trouvant que c'était trop répétitif.)  
L'Ecole des Fées, par Titania Woods (Gallimard jeunesse, coll. Folio cadet) 

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J'avais lu les deux premiers tomes avec ma fille, il y a trèèès longtemps. Je suis bien incapable de me rappeler les détails, mais je me souviens que j'avais trouvé ça très sympa. Deux prochains tomes doivent paraître à l'automne.
Les Pozzis, par Brigitte Smadja (Neuf pour L'Ecole des loisirs).  

Brigitte Smadja pense que nous sommes tous des Pozzis et des Lailleuriens. C’est que, depuis une balade en Corse, elle a changé d’univers pour créer un nouveau monde. Le sien.
D’ailleurs elle le dit elle-même : Les Pozzis est son premier récit vraiment autobiographique.
Elle raconte son histoire mais a pris un autre chemin qui grimpe, qui descend, et qui arrive à un paysage sous la forme d’un puzzle. (source : ecoledesloisirs.fr)


08/05/11

Mon royaume est un cheval

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Quatre auteurs se partagent l'affiche autour d'un même thème : le cheval. L'animal sert principalement à symboliser une envie, un rêve, l'enfance, l'espoir, l'acte de grandir, l'amitié, l'amour aussi... Yann Coridian évoque le premier amour, à travers un spectacle scolaire, où le jeune narrateur joue le rôle d'un cheval et n'a d'yeux que pour une petite copine qui interprète un arbre. Ils sont en CM2, la fin d'année approche, ils vont se séparer, ce sont les vacances et le garçon reçoit une carte postale avec un cheval, illustrant la réciprocité des sentiments. Et j'ai été attendrie par cette belle histoire, même si elle est bien trop courte aussi. C'est le souci du recueil de nouvelles, de toute façon. Les mondes s'enchaînent, les rencontres avec les personnages passent à toute vitesse, et le lecteur jongle avec l'immension frustration de dire adieu et bonjour à la fois.
Susie Morgenstern a le goût de la chute - un garçon est attaché à son cheval, c'est son trésor, le dernier cadeau de son grand-père, il n'en parle même pas à ses meilleurs potes, il se coupe du monde extérieur pour passer son temps avec, un peu aussi pour se réfugier des disputes incessantes de ses parents, lesquels divorcent puis se remarient avec un bébé à la clef. La nouvelle ne l'enchante guère, mais c'est sans se douter que cela l'aidera à grandir et à se détacher de son cheval. Pour un bien. Pour grandir, quoi.
Le texte de Christian Oster est celui qui m'a le moins emballée : un cheval (qui parle), vieux et traînant la patte, désormais sans maître ni cavalier, erre comme une âme en peine et rencontre un escargot. Ils font route ensemble, la bestiole sur la tête afin d'observer le paysage. Un lutin leur offrira un coup de bûche pour faire grossir l'escargot, qui bave de plus en plus, mais la proposition de la fée sera poliment déclinée, et même la promesse faite à la limace n'entravera pas cette jolie connivence qui s'est crée entre le cheval et l'escargot. Non, honnêtement je n'ai pas beaucoup apprécié.
Par contre, j'ai été fort sensible au joli récit de Brigitte Smadja où une jeune adolescente, rêveuse, passe deux semaines de vacances chez sa tante en soupirant d'ennui. Elle rencontrera sur la plage un cheval fou et sa cavalière et sera pleine d'admiration devant ce couple. Elle prendra conscience qu'elle a besoin de changement dans sa vie, elle aime le latin mais n'osait pas l'assumer devant sa bande de copains. A la place, elle suivait le mouvement en mettant le bazar et en se moquant de la prof. Elle en a soupé d'être un mouton, elle veut de nouveau ressentir ce que la rencontre du cheval et sa cavalière a éveillé en elle, et elle y arrivera à force de ténacité et d'indifférence. C'est un texte d'une telle force, laquelle se dégage tranquillement, j'ai beaucoup aimé ce doux paradoxe !
En bref, voilà un recueil à la qualité appréciable mais au plaisir parfois inégal. A la base, je voulais relire un texte de Yann Coridian, et je n'ai pas été déçue.

Neuf de l'Ecole des Loisirs (2011) - 100 pages - 8,00€
illustration de couverture : Sereg

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29/03/09

Il n'y a pas de petits lecteurs ! #3

(nous lisons bien et beaucoup en ce moment... pourquoi s'en priver ?)

La drôle de vie d'Archie - Agnès Laroche
illustrations de François Foyard

archieLa vie n'est pas drôle pour Archie, élève de 6ème. Ses parents se sont séparés, sa mère est rentrée dans son pays, en Angleterre, et a cru que son fils n'aurait pas supporté le choc d'un déménagement doublé d'une expatriation. C'était sans savoir que la situation à la maison allait virer en catastrophe : son père ne travaille plus (il est enquêteur de police), il dort toute la journée et il s'est mis à boire. Archie doit se débrouiller seul pour manger, faire ses devoirs etc. Ses résultats scolaires sont déplorables, le garçon n'a pas la tête à apprendre ses leçons, il préfère dessiner (et il est doué pour croquer de savoureuses caricatures des personnages et des situations qui l'entourent).
Au collège, il a un seul copain, Pierre-Louis, surnommé le P'tit. C'est un enfant précoce, il a neuf ans. Lui aussi a des soucis : sa mère le couve trop, depuis son veuvage. Elle s'est dernièrement mise en tête d'inscrire son fils dans une école spécialisée pour les enfants surdoués, mais Pierre-Louis n'en a pas du tout envie. Comme sa mère reste sourde à ses protestations, le P'tit a un super plan. Il est persuadé que cela va résoudre tous les problèmes, y compris ceux d'Archie.
Pierre-Louis explique que leurs parents ont besoin d'un électro-choc. Alors il décide de disparaître. Il met en scène sa fugue, sauf qu'Archie ignore où se cache son copain, même lorsque sa mère vient le supplier ou lorsque la police a ouvert son enquête. D'ailleurs cela devient de plus en plus inquiétant. Où est Pierre-Louis ?

Un super plan qui n'en est pas vraiment un, un papa qui prend conscience de sa déchéance, une mère qui étouffe son enfant, un prof d'arts plastiques bienveillant, une enquêtrice qui ressemble à un hamster, un copain qui n'a peur de rien, une recherche de repères, un besoin d'amour, un espoir d'être entendu, écouté, compris... enfin voilà de quoi parle ce roman !

Nous avons pris beaucoup de temps à lire ce roman, à voix haute. Contrairement à d'habitude, c'est un livre assez long, de 155 pages, et qui parle de sujets que nous n'avons pas coutume de lire (mais cela n'empêche pas de s'y intéresser) :  l'alcoolisme, la solitude, le désarroi. Très vite, l'histoire parle également d'espérance, d'entraide et laisse présager un horizon teinté d'amour, des retrouvailles avec la maman et des familles qui resserrent leurs liens. C'est un roman sensible, agréable à lire. Nous avons beaucoup aimé la personnalité d'Archie et ses dessins qui illustrent son état d'âme.   

le blog d'agnès laroche : http://agneslaroche.blogspot.com/

Rageot, coll. Famille, 2009 - 155 pages - 6,30€
A partir de 9 ans.

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Un week-end d'enfer - Brigitte Smadja

weedendMehdi et Baptiste sont meilleurs copains depuis toujours. Medhi garde pourtant secret son amour fou pour Angelica, la soeur de 17 ans de Baptiste. Il sent une profonde et inexplicable animosité chez le garçon envers son aînée, qui ne s'améliore pas lorsque les parents annoncent leur projet de week-end au Maroc et la charge à Angelica de garder son frère et son camarade. Medhi est fou de joie, ce qui contraste avec l'humeur bougonne de Baptiste. Il traite sa soeur de démone, et elle l'appelle Crapaud. L'ambiance s'annonce lourde et orageuse.
Mais dès le vendredi soir, tout se passe à merveille. Angelica bichonne les garçons, leur cuisine un gratin dauphinois (loupé) et gère sans sourciller la situation quand, en pleine nuit, ils sont tous tirés du lit en catastrophe car la chaudière manque de les asphyxier. Arrive le samedi et le climat idyllique est rompu. Angelica informe les plus jeunes qu'ils sont consignés dans la chambre de Baptiste car elle organise une fête (avec l'accord des parents) où ne sont invités que les 'vieux' de 17 ans, pas moins. Le petit coeur de Medhi se brise, il ressent la même rancune qu'éprouve son ami, meurtri et blessé d'être rejeté par sa grande soeur. Alors il choisit ses armes pour se venger : il passe la nuit à chatter sur le net avec une nana du nom de Dita, elle est plus âgée, ça le flatte. Aussi il accepte sans réfléchir un rendez-vous fixé au lundi.

Entre nuit d'enfer, nuit apocalyptique, climat polaire et climat enfiévré, le roman se balade... Angelica et ses amis sont des amateurs du gothique - un code comme un autre pour se prouver qu'ils existent en appartenant à un groupe. Le regard de Medhi, le narrateur de l'histoire, est intransigeant, parfois moqueur. Il sait aussi que son ami agit bêtement en discutant avec une inconnue, par simple esprit de vengeance et parce qu'il se sent incapable d'avouer à sa soeur qu'il l'aime très fort et qu'il attend d'elle de l'intérêt sincère.
La personnalité de Baptiste est vraiment troublante, très paradoxale, épuisante aussi car elle change tout le temps. On passe de l'euphorie au stade dépressif en un quart de tour. Une vraie crise d'adolescence, avec ses inépuisables complexités.
A lire en connaissance de cause, sinon ça use !

Ecole des Loisirs, coll. Neuf, 2009 - 93 pages - 8,00€
dès 10-11 ans

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Un oeuf dans la foule - Manuela Draeger

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Les Josette sont un groupe d'écolières qui s'appellent toutes Josette. Depuis un mois, elles ne vont plus à l'école mais sur les bords de l'estuaire manger des oeufs durs. Elles attendent la douze millième Josette. Bobby Potemkine, Lili Nebraska et Lili Iomelli essaient de savoir pourquoi.

Une brochette de personnages hors du commun, une histoire à se taper la tête contre un mur, une nuit qui ne tombe jamais, des écolières qui font l'école buissonnière, une Josette numéro 12000 est attendue... où, pourquoi, comment. Le narrateur - Bobby - mène une enquête qui échappe à toute logique. Le décor n'a pas de lieu, le temps n'est plus et le lecteur se sent vite perdu.
Ce livre correspondrait davantage aux goûts des amateurs d'intrigue tordue et innovante, aux amateurs d'onirisme.
S'assurer aussi que son cerveau est bien connecté. (Ce n'était pas mon cas, voilà pourquoi !)

Après recherche, j'ai trouvé ceci sur le site de Ricochet :

Derrière Manuela Draeger se cache Antoine Volodine, qui est peut-être lui-même un pseudonyme… On le connaît aussi sous le nom de Lutz Bassmann, Elli Kronauer. Les différents auteurs, qu’il appelle des « voix du post-exotisme », sont censés venir d’un ailleurs inventé, un monde de fiction politisé et dur. Ils racontent ces univers dans des livres pour en échapper. Cela donne des romans étranges, hypnotisants, et Manuela Draeger plonge dans le surréalisme le plus total. Son héros récurrent Bobby Potemkine lutte contre les difficultés de communication, la solitude engendrées par son environnement. Une expérience littéraire à ne pas manquer.

 

(Tout s'explique !)

 

Ecole des Loisirs, coll. Medium, 2009 - 63 pages - 7,00€

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rendez-vous le week-end prochain pour un nouveau tour d'horizon car... il n'y a pas de petits lecteurs ! ;o)

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28/01/09

Wiiiiiiiiissssss ! Titiiiiiiiiiii !

Nina Titi - Brigitte Smadja

9782211091558Nina est une Titi. Elle est haute comme une noix de coco. Elle a le don de l'imagination, du rêve et du chant. Comme tous les Titis. En fait, ce sont ses parents qui souhaiteraient la voir comme ça. Car Nina se sent plus l'âme d'une Wiss, comme son ami Arthur. Elle aime la voltige, grimper dans les arbres, faire des sauts. Au début ses parents ne comprennent pas, sa mère chipote, son père se gratte derrière l'oreille. Tous deux conspirent, préparent une surprise. De son côté, Nina veut s'entraîner pour accomplir l'exploit de grimper jusqu'à la cime du Géantissime et y planter son drapeau. Toute seule, ce ne sera pas facile. En plus Nina a le coeur qui palpite, prêt à exploser. Mais à deux, on est plus fort ? Arthur choisit de lui tendre la main pour aider son amie et devenir les héros de la forêt. 

C'est bien mignon, tout ça.
Sur le moment, avec l'histoire des petits peuples qui vivent dans la forêt, j'ai instinctivement pensé à Tobie Lolness. C'est fugace. Car l'histoire de Nina Titi fait plus appel à la solidarité, à l'amitié et à l'entraide. Le seul but pour l'héroïne est de démontrer à ses parents son courage et la possibilité d'être autre chose que ce qu'on attend d'elle.
Absolument charmant. Plein de fraîcheur. De belles illustrations, aussi (d'Alan Mets).
A conseiller pour vos enfants, qui lisent tout seuls. Ou pour la lecture orale.

Ecole des Loisirs, coll. Mouche, 2008 - 62 pages - 7€
Texte de Brigitte Smadja - Illustrations d'Alan Mets.

 

 

 

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Le grand voyage de Minusman - Nathalie Brisac

9782211093545Dommage pour nous, nous ne savions pas que Minusman était le jeune héros d'aventures à suivre. Nous ne le découvrons qu'avec Le Grand voyage de Minusman, avec le sentiment d'être passées à côté de quelque chose.

A la base, Isaac est un garçon qui rêve la nuit de se transformer en Minusman,  « le petit qui gagne contre les grands ». Il vit des histoires palpitantes, incroyables et pleines de rebondissements. Il est déjà venu en aide à Yapa Plujuste, sorcière très laide mais très gentille, et à Kouik Mériadec, l'un de ses camarades issu d'un pays en guerre qui vit en France sans papier. Cette fois-ci, il va partir sur une nouvelle planète, Mask 1, où la population a pour particularité de porter un masque. Les rencontres sur cette planète ne sont pas géniales, au début la princesse lui fait les yeux doux mais très vite les autres enfants se montrent vilains et blessants. Minusman, avec son masque de Zorro, perd de la prestance et l'admiration de sa belle. C'est décevant et triste.

Heureusement il rencontre Père Poubelle, un homme au masque très laid qui vit seul dans une maison isolée. Minusman va lui proposer de l'accompagner et de rentrer sur terre. L'homme hésite, mais l'enfant lui donne ce conseil : « Sur notre Terre, ceux qui s'aiment enlèvent leurs masques, c'est bien mieux comme ça ». Une petite phrase à méditer.

Nous ne connaissons pas bien la série, comme nous la découvrons par hasard, c'est ennuyeux. Mais elle promet monts et merveilles grâce à l'écriture charmeuse de Nathalie Brisac, aux illustrations de Magali Bonniol... mais surtout grâce à son petit héros attachant, fragile et rêveur. Un bon exemple pour les bambins. A conseiller.

Ecole des loisirs, coll. Mouche, 2008 - 48 pages - 6,50€
Texte de Nathalie Brisac - Illustrations de Magali Bonniol

Les autres titres :Minusman (2006) ; Minusman et les 100 papiers (2007)

Le site de l'auteur : http://www.nathaliebrisac.com/