La Poésie est un jeu d'enfant, de Maurice Carême & illustrations de Bruno Gibert
Les poésies de Maurice Carême font toujours le bonheur des enseignants et de leurs élèves ;-) en figurant chaque année au programme scolaire.
Cet ouvrage a choisi de rassembler trente textes (parmi lesquels : Pour dessiner un bonhomme, Le hérisson, Au cirque, Trois escargots, Le Hibou, L'enfant et le tilleul, Joie de vivre, Les Oiseaux perdus...). Tous offrent à leur façon une vision joyeuse et drôle de la poésie (L'heure du crime... de l'artichaut !).
Cette lecture est illuminée par les illustrations facétieuses de Bruno Gibert, dont la fantaisie et la force permettent de redécouvrir l'œuvre de ce fabuleux poète. Cet album plaira autant aux grands et aux enfants (et pourrait aussi être un fantastique cadeau pour l'instit de vos enfants pour les fêtes de fin d'année !).
« Le poème, qu'est-ce que c'est ?
M'a demandé une fillette :
Des pluies lissant leurs longues tresses,
Le ciel frappant à mes volets,
Un pommier tout seul dans un champ
Comme une cage de plein vent,
Le visage triste et lassé
D'une lune blanche et glacée,
Un vol d'oiseaux en liberté,
Une odeur, un cri, une clé ? »
Et je ne savais que répondre
- Jeu de soleil ou ruse d'ombre ? -
Comment aurais-je su mieux qu'elle
Si la poésie a des ailes
Ou court à pied les champs du monde ?
Seuil jeunesse / Septembre 2015
L'Inconvénient d'être un lapin, de Bruno Gibert
Connaissez-vous le drame du lapin qui souhaite se rendre au bal costumé et remporter le prix du meilleur costume ? Hélas, à chaque fois ses oreilles le trahissent, le lapin a beau multiplier toutes les ruses, toutes les astuces, bouder ce nigaud d'âne et virer rouge de colère. Impossible de passer incognito, il est sans cesse démasqué. Mais il n'a pas dit son dernier mot ! Et comme pour les 4 petites histoires composant ce livre, la chute est drôle, inattendue, cocasse et désopilante. Le lecteur craquera aussi pour Grenouillette et Têtard, partis en escapade à Paris pour trouver un violon, ou du renard « qui se croyait l'égal d'un lion et dont l'indécision a eu raison de sa superbe en lui mettant l'estomac dans les talons », sans oublier les trois lérots et leur chalet cacao... comme un dernier carré de chocolat à croquer avant de tourner la dernière page. C'était adorable, court mais attachant et très bon ! J'aime infiniment la finesse de Bruno Gibert, son trait d'esprit et son humour.
Mouche de l'École des Loisirs ♦ avril 2015
Pêle-mêle Clarabel #49
Paris, à travers les yeux de cinq peluches devenues touristes pour l'occasion, c'est tout simplement génial ! Le ton est drôle, les petites aventures que vivent Poussin, Papi Toutou, Madame Trompette, Tonton Mouton et Miss Titi sont naïves et rigolotes. Tous les grands monuments parisiens sont passés à la loupe, ça fait très cliché mais c'est ce qui fait la beauté de la capitale aussi : la Tour Eiffel et sa dentelle de fer, l'Arc de Triomphe ou le grand parapluie de pierre, le petit déj au café de Flore, l'église de la Madeleine toute noire et toute moche (parce que Papi Toutou a marché dans une crotte de chien !)... Et le texte, souvent, vient ponctuer les jolies scènes ou les illustrations avec bon goût. Exemple : Il faut avoir bien peur du noir pour éclairer une ville comme ça. A croire que les habitants sont restés des enfants.
Un album facétieux et enchanteur !
Peluches à Paris, par Bruno Gibert (Autrement, 2011)
Je vous invite également à découvrir l'album d'Akiko Miyakoshi parce qu'il saura à tous les coups vous surprendre ! D'abord c'est beau, gourmand, généreux, alléchant et simple. L'histoire est classique (une petite fille rejoint son père chez la grand-mère avec le gâteau qu'il a oublié). Il y a juste quelques petites touches de couleur, comme le rouge, pour rappeler le conte du Chaperon rouge... Cette fois, la petite fille va rencontrer des animaux qui vont la convier à partager un goûter. Et là j'ai fondu, le partage autour de la table est (comme je le soulignais) généreux et gourmand, c'est superbe, les dessins sont magnifiques, le réalisme est frappant... impossible de ne pas tomber sous le charme ! Un album à découvrir en toute confiance.
Un goûter en forêt, par Akiko Miyakoshi (Syros, 2011)
Et pour finir, un album mis en scène par 16 illustrateurs haut de gamme. POUR LES AMOUREUX DES LIVRES A IMAGES (et les amateurs du shopping avec une liste de courses à rallonge) ... Excellent !
L’asso Articho : A l’initiative de ce projet, cette association dédiée aux images tache de promouvoir des illustrateurs contemporains de différents horizons et univers en créant des évènements vivants : expos, parutions, soirées, marché, rencontres… Et publie une revue bimestrielle sur le street art, le graphisme et l’illustration : les cahiers de l’Articho. Illustrateurs participants à l’album: Benjamin Chaud, Nathalie Lété, Estocafish, Espen Friberg, Lili Scratchy, Florie Saint-Val, Arnaud Boutin, Vincent Mathy, Delphine Durand, Christian Aubun, Anouk Ricard, Yassine, Vincent Pianina, Postics, Chamo.
en savoir plus : http://asso-articho.blogspot.com/2011/11/rue-de-larticho-est-sorti.html
Rue de l'Articho (aux éditions Thierry Magnier, 2011)
Teaser Tuesday #33
Des lectures en pagaille, pour cette journée du mardi (avant-dernier jour du mois de novembre, youhou !). Donc, des lectures pour en savoir plus sur les araignées et pour combattre les clichés, mais c'est plus fort que moi, je n'aime pas les araignées, même si Marc Boutavant y met tout son coeur et son talent, c'est comme ça, l'arachnophobie !
Des lectures sur des chats si petits, si minis, qu'il faut bien être trois pour porter une longue canne à pêche, pour remplir d'eau un grand lavabo et conduire une vraie voiture. Des livres au petit format, bien sûr, dans un coffret tellement beau qu'on ne veut le prêter à personne ! Non, même pas à sa propre fille.
Des lectures qui donnent la possibilité de créer ses propres histoires, avec ses propres héros. Alors, pour bien faire, on trouve des tonnes d'idées et des ingrédients pour tous les goûts, on jette tout ça dans une marmite et on fait mitonner à feu doux. Il y a possibilité de cuisiner des recettes à n'en plus finir. Franchement le principe est rigolo et permet de casser la routine (ça suffit de lire toujours la même histoire, trop longue parfois, c'est bien aussi d'en faire à son idée !).
Des lectures qui font encore et toujours rigoler - c'est obligé ! Tu veux aller au petit coin ? Fais confiance à tes proches, ils trouveront tout ce qu'il faut pour te tenir compagnie afin d'accomplir cette délicate mission. Oui, oui. Cela se passe de commentaire, c'est juste fait pour rigoler, je vous dis.
Des lectures qui sont AUSSI des objets à admirer. A contempler sous toutes les coutures. A ouvrir comme un accordéon. Ensuite il faut suivre le fil (invisible) et parcourir le voyage imaginé par l'auteur avant de retourner à la case départ, et tiens, pourquoi pas retourner faire un petit tour pour vérifier qu'on n'a rien oublié, qu'on n'est pas passé à côté de petits détails. Et puis le bleu pastel, c'est beau, c'est doux, c'est apaisant. C'est comme la couleur du ciel qu'on n'a pas vu depuis des mois. C'est définitivement un objet de collection. Et moi, j'aime rêver...
Toutes les références des lectures à parcourir, emprunter, picorer, chaparder, les voici donc :
Au fil des Araignées, par Delphine Godard & illustrations de Marc Boutavant (Seuil jeunesse, 2011)
Les Minichats (Coffret 4 volumes) par Bruno Gibert (Albin Michel jeunesse, 2011)
Le Grand Numéro des Héros, tome 2 : La marmite à histoires, par Gwendoline Raisson (illustrations de Amélie Dufour, Didier Balicevic & Gwen Keraval) Flammarion, 2011
J'y Vais ! par Matthieu Maudet (Ecole des Loisirs, coll. Loulou et compagnie, 2011)
L'Horizon Facétieux, par Juliette Binet (Gallimard jeunesse, coll. Giboulées, 2011)
=) Exposition AU FIL DES ARAIGNEES au Jardin des Plantes, à la Grande Galerie de l'Evolution, jusqu'au 2 juillet 2012 (en savoir plus : http://araignees.mnhn.fr/ )
Tu sais qu'il y a un bateau qui mène au pays des rêves Là-bas où il fait chaud, où le ciel n'a pas son pareil *
* Paroles de Libertad / Pep's
On m'avait dit p'tit gars
Là-bas on t'enlève tes chaînes
On te donne une vie
Sans t'jeter dans l'arène
Comme ici tout petit après neuf mois à peine
On te plonge dans une vie où tu perds vite haleine
(...)
Alors une petite fille aussi belle que nature
Me prit par la main et m'dit : "Suis cette aventure"
On disait même, oh oui que la mer l'enviait
Que la montagne se courbait pour la laisser passer
Elle m'emmena au loin avec une douceur sans fin
Et ses bouclettes dorées dégageaient ce parfum
Qui depuis des années guidait ce chemin
Ton chemin, mon chemin, le chemin
(...)
**********
Avis à toutes les mamans qui ont grandi devant Heidi la petite fille dans les Alpages... Voici un petit bouquin pour vos bambins qui peut-être leur donnera une petite idée du bonheur (le nôtre, celui de notre enfance !). Anna, héroïne de 11 ans, et ses parents quittent leur ville d'Aulnay-sous-Bois pour s'installer dans un village de montagne où ils vont ouvrir une boulangerie. Un vrai décor de carte postale s'offre à eux, avec en prime un climat différent, un rythme de vie plus lent et des relations assez frileuses. La communauté est réservée, elle jauge avant de souhaiter la bienvenue et de vous compter parmi elle. Anna et ses parents pensaient que les idiots ne vivaient qu'en ville et étaient éloignés de ce havre de paix. Erreur : leur venue n'est pas bien perçue par le boulanger itinérant, fâché de perdre sa clientèle. Intimidation, menaces, sentence élémentaire : vous n'êtes pas d'ici, retournez d'où vous venez... Le père d'Anna va perdre son sang-froid et commettre le geste de trop.
De son côté, Anna a le blues et souffre du mal du pays. Elle n'ose pas le dire à ses parents, qui ne comprendraient pas. Elle a tout pour être heureuse, n'a aucune raison d'être insatisfaite et pourtant l'isolement, la solitude, le déracinement s'associent férocement pour miner son moral. Ou est-ce aussi le manque de sa meilleure amie Lina qui cause son cafard ?
Un texte gentil, sensible et lucide sur le déménagement et les relations avec les autres (parents, voisins, amis). De jolis passages sur la nature, les paysages montagnards apportent la petite touche de couleur au tableau.
* 10 ans et plus *
J'habite en bas du ciel - Bruno Gibert
Syros, coll. tempo - août 2008 - 136 pages. 5,90€
Pour les nostalgiques ;o)
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En vacances chez sa grand-mère, Mathilde s'inquiète de ne pas avoir de nouvelles de son amie Jocelyne, restée à Paris. Elle parvient à rentrer chez elle en avance et se rend presque aussitôt chez Jocelyne, où le quartier a totalement perdu de sa vivacité et de sa couleur. C'est anormalement calme, les lieux sont vides et abandonnés. En s'introduisant par effraction dans l'immeuble de sa copine, elle découvre des appartements délabrés, où la vie de tous les jours a subitement pris fin, sans explication.
Sa mère lui suggère alors de se rendre au commissariat mais l'accueil est froid. La rentrée au collège s'effectue, aucune trace de Jocelyne, ce qui inquiète de plus en plus Mathilde. Elle retrouve Gretsch, un garçon qui vient de Tchéchénie, pays qu'il a fui à cause de la répression sanglante, et elle sera alors témoin d'une scène qui lui apportera la réponse qu'elle n'attendait plus.
C'est sur une intrigue policière que se base l'histoire de ce roman, dont le sujet concerne la clandestinité et les sans-papiers. Cela devient un thème de plus en plus exploité dans la littérature jeunesse, cf. L'ami l'iguane d'Alex Cousseau chez Le Rouergue. Ici, Christian Roux a mis l'accent sur le mystère autour de la disparition d'une jeune Malienne, la meilleure amie de l'héroïne, en créant une ambiance pesante (il parle de 'tristesse infinie' ou de 'catastrophe permante' pour planter son décor).
C'est bien vu, Mathilde s'improvise détective et c'est à travers elle qu'on passe au peigne fin les 'lieux du crime'. Le passage en revue est souligné par son innocence et son inquiétude (bien légitime), mais cela n'empêche pas le lecteur de vite décrypter les messages cachés. En fait, l'auteur nous donne assez facilement les bonnes pistes à suivre, mais il a l'habileté de faire travailler Mathilde, la forcer à fouiller et réfléchir pour arriver à ses propres conclusions.
Le récit s'entoure aussi de brillantes introspections pour rappeler l'amitié sincère entre les deux filles, ce que l'une avait su apporter à l'autre. Il met aussi en valeur la précarité des familles démunies, sans aucun misérabilisme. C'est juste, écrit sans fard, sans état d'âme. Et cela touchera davantage les lecteurs de niveau collège.
Les maisons aux paupières crevées - Christian Roux
Syros, coll. Souris Noire - 146 pages - 5,90€
11 ans et +