C'est pas du polar... mais ça craint quand même ! de Bruno Heitz
Jean-Paul reçoit la visite d'un journaliste qui cherche par tous les moyens à guérir la dépression de sa femme.
Cette dernière vit en effet un sevrage difficile car elle a dévoré tous les romans de son auteur fétiche (Gaston Sidérac) lequel vient d'annoncer qu'il arrêtait sa série des Enquêtes du commissaire Grosjules. Le couple a donc mis au point un plan tordu afin d'attirer l'homme dans un appartement où ils veulent le séquester, en tout bien tout honneur, pour l'inciter à écrire, écrire, écrire.
Mais que vient faire notre Jean-Paul dans cette affaire ? Rien, ou presque. En vérité, l'épouse du journaliste n'est autre que cette chère Jacotte, son ancienne dulcinée. Quoi de plus logique de faire appel à lui pour les soutenir dans leur croisade...
Comme toujours, chez Bruno Heitz, l'aventure va partir en sucette mais les séquences saugrenues ne vont pas manquer ! Les amateurs de Simenon y retrouveront aussi des clins d'œil et une ambiance proche des romans de Maigret dans ce vaudeville parodique et haut en couleur. Résultat, c'est truculent à souhait.
Ce quatrième volume des mésaventures de Jean-Paul, anti-héros par excellence, est fidèle aux attentes. Les personnages sont tous grotesques et un peu cinglés, sans méchanceté pure et dure. Cette fois, même notre Jean-Paul est aussi le dindon de la farce.
Verdict final, c'est réussi. On rit et on passe un vrai bon moment. À la prochaine !
Gallimard BD (2018)
À l'école de Louisette (Compilation), de Bruno Heitz
Ce volume contient : Et un raton laveur ! / Mouton Circus / L'heure du Grimm
Demandez le programme ! ;-)
Louisette la Taupe a passé son enfance dans le terrier familial, sous une école. Elle adorait se faufiler dans la salle de classe pour apprendre à lire ou écouter de la poésie. Et puis, les aléas de la vie ont conduit notre héroïne vers d'autres sentiers. Seulement, aujourd'hui, l'occasion de retourner à ses racines se présente à elle : pour sauver son ami le raton laveur, piégé lors de son escapade vers l'extérieur, elle enfile son casque de mineur et sa pioche pour une opération de sauvetage insolite !
Louisette est tombée malade et doit faire un cure d'air pur des montagnes pour guérir. Les petits lapins s'inspirent alors de l'Odyssée d'Ulysse pour lui concocter un moyen de locomotion pratique, et pas cher : sous un mouton. Mais son périple va devenir du grand n'importe quoi, quand des bergers l'entendent éternuer, puis parler, et pensent avoir trouvé la poule aux œufs d'or avec ce mouton exceptionnel. Ils partent alors en tournée, font des spectacles de rue et connaissent un gros succès. Louisette n'est pas prête de rentrer chez elle ! ...
Pour satisfaire la curiosité des petits lapins, Louisette leur lit tous les soirs une nouvelle histoire mais l'histoire d'Hansel & Gretel va fortement les impressionner. Pourtant, en se promenant dans la forêt, eux aussi tombent dans le panneau en découvrant une maison en pain d'épice et n'imagine même pas que la redoutable belette a épié sa voisine et s'inspire du conte de Grimm pour capturer les petiots (dans le but de les engraisser pour ensuite s'en délecter, en civet ou en brochette). Heureusement, Louisette veille.
Les aventures de cette chère Louisette sont donc pétillantes, pleines d'humour et truffées de références culturelles, qui font de cette lecture un rendez-vous savoureux et enchanteur.
Casterman / Juin 2015
J'ai pas volé Pétain (mais presque...), de Bruno Heitz
Troisième rendez-vous avec notre cher Jean-Paul, grand amateur de combines foireuses et toujours au cœur de situations délicieusement louches. Comme on se marre bien, on ferme les yeux sur ses petites escroqueries aux méthodes peu orthodoxes. Cette fois, notre bougre hérite de sa vieille tante lorraine une série de garages, dont la location lui rapporte un beau petit pactole. Et puis, un box se libère, son pote Gérard, l'ancien flic, lui présente un riche client, un avocat, qui a juste besoin de stocker des meubles. De fil en aiguille, notre Jean-Paul fait la causette avec sa secrétaire, la très gironde Jacotte, et le voilà embarqué dans une véritable fumisterie : déterrer le cercueil de Pétain, où il repose dans un cimetière de l'île d'Yeu, pour le ramener à Verdun, au milieu des Poilus. Mais quelle embrouille ! Il s'agit pourtant d'un fait-divers véridique, peu connu, que Bruno Heitz a exhumé avec panache et qui fait sourire de consternation. L'histoire se laisse lire sans déplaisir et fait état d'une arnaque incroyable, racontée avec humour et ironie. Ce sont surtout les personnages qui valent leur pesant de cacahuètes, grotesques, bêtes, acharnés, malhonnêtes, animés par la rage, la folie, le désespoir... bref, c'est décidément une péripétie ébouriffante, qui s'inscrit comme un épisode attachant dans la biographie de notre Jean-Paul, l'anti-héros par excellence.
Gallimard ♦ coll. Bayou ♦ mai 2014
# Pêle-mêle Clarabel #
dernièrement, ont été lus sans être commentés :
Le pays incroyable, exploré et décrit par Norman Messenger (Seuil jeunesse, octobre 2012)
Débarqué sur une île étrange, Norman Messenger va croiser des habitants pas plus hauts que des poupées, des arbres à voile qui ne poussent que sur de petites barques en bois ou encore des oiseaux qui portent d'immenses cuissardes pour ne pas se mouiller les pieds. Détournant avec humour les planches des naturalistes du XVIIIe siècle, il dépeint un univers fantasque et merveilleux. Les inventions graphiques sont encore plus délirantes que les inventions verbales, au service d'une imagination débordante.
Monsieur Buvard de Bruno Heitz (Rouergue jeunesse, avril 2013)
Monsieur Buvard buvait tant qu'il en devenait tout noir. C'est pour ça qu'il avait perdu son travail. Un jour qu'il cherchait un emploi, il rencontra Papier Photo. Et Papier Photo (très sensible aux problèmes d'argent) lui fit une proposition malhonnête. C'est là que ses ennuis commencèrent. Monsieur Buvard eut bien du mal à se racheter une conduite, bref à se blanchir.
Monsieur Buvard a été publié initialement dans les années 90 aux éditions Mango. Il fait ici l'objet d'une réédition actualisée et notamment mise à la page côté numérique.
Lola de Olivier Douzou (Rouergue jeunesse, octobre 2013)
Lola, c'est une vache de lait, l'héritière d'une certaine Jojo qui dans sa métamorphose fit un jour apparaître une constellation.
Lola est là pour un hommage à ce livre point de départ - en 1993 - de la collection jeunesse du Rouergue.
L'histoire du soir #31 : Le petit Cépou, par Pépito Matéo & Bruno Heitz
Saint-Denis, banlieue Nord. Le petit Cépou, un gamin du quartier, passe son temps à regarder ses baskets, en traînant dans le tram pour échapper au contrôleur, qui a un visage d'ogre. Chez lui, ce n'est pas la fête non plus, tous les soirs à la même heure, les Perrault regardent les jeux à la télé et rêvent de gagner au loto. Il faut dire que, avec sept gosses à nourrir, le père sans boulot et la grand-mère qui s'est cassé le fémur, c'est un peu dur !
Un matin, les Perrault ont un plan et envisagent de semer les mômes dans la jungle des Halles. Entre les multiples stations de métro, les panneaux publicitaires, le monde partout, les visages faussement souriants, viennent aussi les grimaces et les pleurs lorsque les enfants réalisent qu'ils sont perdus. Le petit Cépou, le plus rusé de la bande, calme le jeu et entend ramener ses "ginfrans" à la maison grâce à des chewing-gums semés en chemin.
Dans cette version urbaine et moderne, le Petit Poucet trouve une seconde jeunesse. L'humour y est grinçant, le style enlevé, pour une lecture agréable et humoristique. L'histoire était déjà parue dans la collection "Mini Syros, Paroles de Conteurs" en 2009, mais il fait aujourd'hui peu neuve grâce aux illustrations de Bruno Heitz, un format plus grand et un cd où l'auteur, Pépito Matéo, laisse éclater sa gouaille avec brio. C'est drôle, impertinent et décalé.
Le petit Cépou, par Pépito Matéo et Bruno Heitz (Syros, éd. 2012)
L'histoire du soir #22 : Monsieur 2D, par Bruno Heitz
Un bonhomme, découpé dans du papier, se plaignait de sa triste condition.
- Je ne suis qu'en deux dimensions ; rien qu'un pauvre 2D. Je me sens tout raplaplat.
Cet album est génial ! De prime abord, il est tout gris, la mine un peu tristoune, il ne fait pas spontanément envie, et pourtant ... l'histoire est étonnante, faite de photographies en noir et blanc, elle raconte l'aventure d'un bonhomme découpé dans une feuille de papier qui se plaint de sa condition en deux dimensions, et qui voudrait plonger dans l'univers inconnu, mais tellement palpitant, du 3D !
C'est ainsi qu'un accordéon se transforme en escalier, notre bon monsieur découvre un nouveau monde, se glisse dans un livre pour plonger au coeur d'une péripétie, il est bientôt mis k-o par un livre pop-up, puis rencontre une grenouille faite d'une ticket de métro et même une vache snobinarde (non, elle ne sort pas d'un trou de papier), qui rue dans les brancards.
La fin elle-même est désopilante (il est fort ce Monsieur 2D pour faire du plat !). En somme, cet album est une merveille d'ingéniosité, de découpages et de jeux de mots. Bruno Heitz montre qu'avec un peu d'imagination et un bout de papier, on peut inventer de folles histoires qui ont du volume sans la haute technologie. Cocasse et grisant, j'adore !
Monsieur 2D, par Bruno Heitz (Rouergue jeunesse, 2012)
C'est pas du Van Gogh (mais ça aurait pu...)
Encore une BD dévorée avec bonheur, j'en lis beaucoup en ce moment, ça et puis des histoires sur les zombies... j'y reviens toujours ! Bref, je ne pouvais louper ce titre de Bruno Heitz, un auteur qui me fait à chaque fois éclater de rire. (Ma fille est fan de sa série Louisette la taupe.)
C'est pas du Van Gogh, mais ça aurait pu... reprend l'histoire de Jean-Paul, déjà croisé dans J'ai pas tué De Gaulle. Il est en planque chez sa tante Ninine lorsque celle-ci lui parle d'un secret de famille qui pousse notre bonhomme à partir sur les routes de France à bicyclette. Direction : Arles. Jean-Paul doit tenter de comprendre ce qu'aurait pu découvrir son oncle défunt en se rendant sur la tombe de sa mère. L'enquête piétine, notre héros est mauvais et goguenard, il méprise tous ceux qu'il rencontre... jusqu'à ce qu'il mette les pieds dans le plat et se retrouve dans de sales draps. En vrac, on trouve des hollandais, une mère supérieure, un professeur qui écrit des livres, un héritage mirobolant, une nymphomane, une lettre mystérieuse, un marché de dupes... pfiou !
C'est une aventure cocasse dans un décor de la France des années 50, avec pour personnage central, l'ombre de Van Gogh, mais surtout le très débonnaire Jean-Paul. Quelle farce, celui-là ! Certes, le scénario est farfelu et simple, mais il tient la route, on est tenu en haleine, on sourit, on mord à l'hameçon, on s'interroge... Bruno Heitz affiche une vraie tendresse pour l'époque, les anti-héros et les séries policières à la Maigret. Une belle réussite !
C'est pas du Van Gogh, mais ça aurait pu... par Bruno Heitz (Gallimard, coll. Bayou, 2011)
pour feuilleter : clic
Je bulle...
Sortez les cotillons, les serpentins, les confettis et les bouteilles de champomy, c'est le baptême de la nouvelle collection de l'école des loisirs : mille bulles. Comme son nom l'indique, cette collection va accueillir les bandes dessinées, pour tous les goûts, pour les lecteurs qui sont à peine sortis des jupes de leur mère et pour ceux qui se disent qu'on n'est jamais trop vieux ni trop jeune pour se faire plaisir... Pour ouvrir cette collection, six premiers titres sont proposés, j'en présente une partie ! ;o)
Louisette la taupe : Rapidissimo de Bruno Heitz
Louisette la taupe se fait du souci pour son ami Fernand. Depuis qu'il est parti en vacances en Camargue, il n'a plus donné signe de vie. Avec ses amis les lapins, elle scrute le passage du facteur et passe au peigne fin le contenu de sa boîte aux lettres pour espérer une carte postale. Hélas, triple hélas. Des factures, des courriers inutiles, jamais rien pour elle. Ce silence la mine, aussi décide-t-elle de le rejoindre en personne. Pour cela, elle se cache dans un colis fait maison ! Et tout a été pensé dans les moindres détails... La suite de l'histoire est vraiment drôle, le voyage en rapidissimo va tourner court mais notre amie la taupe ne sera pas au bout de ses surprises ! Qui a dit qu'on ne pouvait se dépayser près de chez soi ? Il suffit d'un soupçon d'imagination, la magie fera le reste... fermez les yeux, pardi !
Bruno Heitz, également l'auteur des aventures de Kiki le hamster, possède ce talent, qui me plaît, de raconter des histoires drôles, sans se prendre au sérieux, avec cette touche un brin facétieuse, des personnages toujours bien brossés, très attachants, et qui vivent des histoires incroyables, riches en surprise et qui ne cessent de m'étonner. C'est du plaisir, simple mais efficace.
(casterman, 2005 - collection mille bulles de l'école des loisirs, 2010)
Monsieur Blaireau et Madame Renarde, Tome 1 : La rencontre de Brigitte Luciani et Eve Tharlet
D'un côté, il y a la famille Blaireau : le père, seul, avec ses deux fils. De l'autre côté, nous avons la famille Renard : la mère et sa fille unique. Ces dernières ont été obligées de fuir leur terrier à cause des chasseurs, elles trouvent un refuge chez les Blaireaux, et le charme semble opérer entre monsieur et madame... Mais les enfants ne sont pas de cet avis, les renards et les blaireaux sont trop différents et ne peuvent vivre ensemble dans le même terrier.
Voilà une jolie histoire qui prouve que les contraires s'attirent, et qu'il est préférable de faire la somme de nos différences, au lieu de continuer à les stocker dans des cases distinctes. Les illustrations sont aussi douces que le propos de l'histoire, je crois qu'elle plaira davantage à une cible jeune (dès 6-7 ans).
(dargaud, 2006 - collection mille bulles de l'école des loisirs, 2010)
Ludo : Tranches de quartier de Bailly, Mathy, Lapière
Il me semble que je connaissais déjà Ludo, ou alors c'est ma fille qui m'en a probablement déjà parlé. Je ne sais plus. Bref. Ceci n'a pas d'importance, cette bd est remise au goût du jour et proposée aux lecteurs (cible jeune, selon moi, dès 7-8 ans). Ce sont des tranches de vie, non pas une histoire qu'on nous raconte de la première à la dernière page, mais plutôt une succession de chapitres courts (en fait, ce format me frustre un peu). Ludo est un enfant de 8 ans, passionné de bd, fasciné par le personnage de l'inspecteur Castar, qui lui rappelle quelque part son papa policier. Mais le métier de celui-ci n'est pas aussi exaltant. Aussi le garçon, à l'imagination débordante, mélange très vite les situations du quotidien avec les récits lus dans sa bd préférée. L'ensemble est sympathique et plaira vraiment aux plus jeunes.
(dupuis, 2008 - mille bulles de l'école des loisirs, 2010)
Max et Zoé : La grosse bêtise de Etienne Davodeau et Joub
Max et Zoé rendent visite à leur maman qui travaille dans un village du Jura plombé par la neige. Leur père doit les rejoindre, quelques jours plus tard, avec son camion. Les deux enfants ne loupent jamais une bêtise, ils aiment courir dans la forêt, font des glissades sur le lac gelé et rencontrent un vieux monsieur avec son cheval. Il s'agit de Matthias et Jean-Charles, les derniers à pratiquer le débardage. Dans le village, on se moque grassement de lui et on le pousse à la retraite avec l'arrivée du nouvel engin qui remplacera les bras et les jambes de Matthias et son fidèle compagnon. Les enfants sont sensibles à la détresse de l'homme et proposent de lui amener ses courses tous les jours. En chemin, ils ne sont pas avares de quelques bêtises, qu'importe... le cacao chaud de Matthias sera toujours le remède pour vous remonter le moral, panser les bobos et consoler les bleus. Sauf que Max et Zoé vont commettre la bêtise en trop, avec des conséquences fâcheuses pour Matthias, lequel pourrait se laver les mains en se disculpant, mais cela signifierait aussi trahir une amitié toute neuve.
J'ai beaucoup aimé cette histoire, l'atmosphère du village et ses habitants qui s'emportent et accusent en deux temps, trois mouvements, et puis le froid, l'isolement, le choc des cultures... C'est un univers qui me séduit instantanément. L'histoire de Max et Zoé est captivante et ne manque pas de rebondissements, les enfants sont ingénieux, les jeunes lecteurs se sentiront proches d'eux parce qu'ils font les quatre cent coups et, dans le même temps, ils ont conscience de leurs erreurs et tentent de les réparer. C'est maladroit mais charmant. Avec, en bonus, des animaux ou des camions qui parlent, et se lancent des noms d'oiseaux du style : salut, usine à crottin... - content de te revoir, vieux tas de tôle.
(delcourt, 2002 - mille lunes de l'école des loisirs, 2010)
Si j'avais un ordre de préférence à donner, je placerai donc en tête Louisette la taupe : Rapidissimo de Bruno Heitz, suivi de Max et Zoé : La grosse bêtise de Etienne Davodeau et Joub.
Avec une mention spéciale tendresse pour Monsieur Blaireau et Madame Renarde, Tome 1 : La rencontre de Brigitte Luciani et Eve Tharlet.
Les deux autres titres de la collection mille bulles sont : Etoile : Le Petit cirque de Rascal et Peter Elliot ; Le vieil homme ou le serpent ? de Toni & Slade Morrison, et Pascal Lemaître.
Dernière précision, chaque volume de la collection coûte 5,90€ !
Il n'y a pas de petits lecteurs !
Ça va valser - Guillaume Guéraud
Le grand-père Léonine est un phénomène : il a soixante-dix neuf ans, c'est un ancien révolutionnaire, il a connu le Mexique, l'Argentine, la Chine et il a braqué des banques pour aider la guerilla du Che. Aujourd'hui, rangé et veuf, il vit auprès de sa famille qu'il pousse à partager sa passion de la danse. En fait, grand-père Léonine est champion de valse. Chaque année, il se rend au concours national, avec son beau smoking et sa partenaire de danse, qu'il juge trop bourgeoise. Cette fois-ci, un problème se pose : le rendez-vous a lieu à Vesoul, ce n'est pas la porte à côté et sa famille chipote. Trop long voyage, un peu barbant, etc. Le grand-père râle, menace, insiste. Ses proches cèdent et le voyage se prépare. Mais le trajet tourne vite en cauchemar, car grand-père Léonine a une attaque. La fin du rêve ? On se retrouve dans un service de soins intensifs, les nerfs à vif et on partage les sentiments de la famille. C'est qu'on a fini par l'aimer, Léonine ! Il est bourru, il a du caractère et il est vif, mais à soixante-dix-neuf ans c'est trop jeune pour partir. Ce ne serait pas juste, du moins. En quelques 40 pages, Guillaume Guéraud est parvenu à nous dessiner un portrait attachant d'un bonhomme extraordinaire, ancien révolutionnaire, gangster, pilleur de banque, grand-père Léonine a vécu mille vies dont il régale son petit-fils (et le lecteur par la même occasion !). C'est un petit texte drôle et enlevé comme un pas de danse, nous avons également trouvé que les mots compliqués étaient bien expliqués (goulag, nazi, le Che...). D'ailleurs les figures révolutionnaires ne manquent pas !
Très accessible pour les 6-9 ans.
Thierry Magnier, coll. Petite poche, 2009 - 48 pages - 5€
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Le baiser à moustaches, de Jean-Michel Payet
illustrations de Nicolas Ryser
Le baiser à moustaches est un petit texte audacieux et original, car le narrateur - qui se dévoile à la fin du premier chapitre - n'est pas commun. Gregor fréquente le même collège que Coraline dont il est éperdument amoureux. Mais il n'ose pas se déclarer. Son meilleur ami Apo va lui donner des conseils pour obtenir un baiser, qui pourrait rompre le charme.
En fait, Gregor est un rat. Il pense que sa famille et lui étaient des humains auparavant et qu'ils ont été transformés par un sort, il ne s'en rappelle plus très bien. Autour de lui on pense qu'il est un peu fou car ses propos sonnent plus comme des divagations. Mais Apo le soutient, il a cru comprendre qu'un baiser pouvait transformer l'animal en être humain, pourquoi ne pas tenter sa chance ? Apo et Gregor se rendent donc chez Coraline, l'aventure est périlleuse, notre narrateur est pataud et timoré. Chez sa dulcinée, le plan d'Apo tombe à l'eau lorsque les deux amis découvrent le gros matou de la jeune fille !
L'amour donne vraiment des ailes, car Gregor va accomplir des miracles, comme prendre sur lui et se rendre dans le Grand Cloaque où se nichent les horribles rats noirs. Il espère retrouver la précieuse bague en améthyste qui appartenait à la grand-mère de Coraline et qui est tombée dans les égouts. Peut-être sera-t-il récompensé pour ses efforts et sa témérité !
La fin est mignonne, car elle est inattendue. L'histoire aussi ne manque pas de rebondissements, et les ratons ont un capital sympathie qui les rendent presque craquants ! (Le baiser, à la fin... brrr !)
Un texte assez dense, abordable pour les lecteurs confirmés dès 7-8 ans.
Une première version de cet ouvrage a paru en 2007 dans le magazine DLire.
Milan poche, cadet +, coll. tranche de vie, 2009 - 62 pages - 5,90€
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Pas de vacances pour Kiki ! - Bruno Heitz
Le lecteur retrouve la famille de Kiki le hamster. Cette fois-ci, sa jeune maîtresse et ses abominables parents cherchent à partir en vacances pour pas cher. Une idée germe dans les pauvres cerveaux de ces géniteurs bêtes et méchants : profiter de l'hospitalité du correspondant de leur fille.
De l'art de confondre Dol en Bretagne et Dole dans le Jura.
De l'impertinence avec un hamster qui ronge tout ce qu'il trouve, qui vit caché dans un tiroir et qui envoie des mails codés en pleine nuit.
Des illustrations simples, en noir et blanc, très épurées.
De l'humour, surtout, pour croquer des personnages râleurs et glandeurs, et une petite fille qui prend la poudre d'escampette pour se réconcilier avec son "corresse".
A glisser dans une poche, cette BD a un format microscopique, et c'est sympa comme petite histoire ! A lire sous plusieurs degrés, petits et grands vont apprécier.
Thierry Magnier, Petite Poche BD, 2009 - 5€