Pêle-mêle : Quand Dehors t'appelle - Le Ciel - Voilà le printemps
Je ne vais pas épiloguer sur la situation actuelle et blablabla, on le sait, par contre voici quelques lectures qui viendront illustrer ce que nous ressentons et aspirons vivre. Trois nouveautés poétiques et magnifiquement illustrées. À découvrir !
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Un album pour renouer avec une nature indispensable, et qui parle à qui veut bien l'écouter !
Cet album cherche à rappeler qu'il faut renouer le dialogue avec la nature. Car celle-ci nous parle, nous interpelle, nous invite à la rejoindre. Elle nous entoure, elle est partout, dans le coton des vêtements, dans le bois des meubles, dans l'eau qui coule et qu'on boit... Il suffit d'écouter. De percevoir et de comprendre. Et pourquoi pas retourner à l'état sauvage pour renouer avec nos sens : sentir, regarder, écouter et toucher.
Les récentes privations ou autres frustrations trouveront donc un écho tout particulier auprès du lecteur : quand le Dehors t'appelle... Ou parfois, ça prend tout son sens, ou retrouve tout son caractère. J'ai beaucoup aimé cet album poétique et doux, aux illustrations lumineuses et fascinantes.
Quand Dehors t'appelle, de Deborah Underwood & Cindy Derby
Seuil Jeunesse, 2021
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Beaucoup de tendresse dans cette lecture, qui appartient à une nouvelle collection destinée aux plus jeunes. Format court, pages cartonnées, illustrations aux couleurs pastel, émotions et confort douillet. C'est très joli.
Au départ, il y a cette citation : « Au-dessus de moi et tout autour de moi, il y a le ciel. »
Il s'agit d'une invitation pour l'enfant à découvrir le monde qui l'entoure, à travers notamment les quatre éléments (le ciel, le feu, la terre et l'eau). J'ai surtout apprécié la petite touche de délicatesse au détour des pages, et ce clin d'œil à mon adorable Little J. qui se passionne pour des histoires de dragon lues chaque soir par son papa. ♥
C'était mignon de retrouver cette anecdote au fil de ma lecture.
Le Ciel, de Cécile Roumiguière & Manon Duval
Seuil jeunesse, 2021
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Un album tout-carton à toucher pour entrer joyeusement dans le printemps !
Pauline K. est une enchanteresse qui conte les saisons avec un talent rare. Voilà le printemps, ou le temps de sortir de chez soi, de pointer le nez au ciel, de respirer l'air sucré, de contempler la nature resplendissante, de peindre la nature de mille couleurs, de chanter, de danser et de s'aimer.
Ceci est donc une histoire de renouveau, de sens qui bouillonnent et d'envie de profiter de la vie qui continue (et réclame notre retour). Encore et toujours. Mais que ça fait du bien ! Oh oui.
Avec l'arrivée du printemps, c'est aussi la bougeotte qui nous saisit. Ce petit album, à sa façon ludique, donne envie de caresser les pages, de soulever les flaps, de suivre du bout des doigts les détails de l'histoire. Le travail est en effet minutieux et très élégant. N'hésitez pas. Pour les enfants et pour tous.
Voilà le printemps, de Pauline Kalioujny
seuil jeunesse, 2021
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Pêle-mêle Albums : Ööfrreut la chouette - La folle équipée - Himboo Humboo - Dans sa valise - Captain Lapin
Ööfrreut observe le monde du haut de sa branche. Elle observe plus particulièrement cette fillette qui se faufile chaque nuit dans la forêt. Elle n'a peur de rien et s'enfonce toujours plus loin pour scruter les trésors cachés de la nature environnante. De son côté, la chouette n'en perd pas une miette mais n'accepte pas (encore) d'être approchée.
Mais suite à une attaque de sanglier, elle se décide enfin à quitter sa tour de guet : toutes griffes dehors, elle bondit sur l'animal comme pour protéger ses petits. La chouette n'estime sans doute pas avoir été apprivoisée par l'humaine, toutefois un accord a été conclu. Un accord muet. Car une douce et tendre connivence vient d'être mise à jour après ces quelques minutes de frayeur pure.
Je ne peux que vous conseiller la lecture de cette belle histoire d'une amitié hors du commun, à travers cet album qui raconte si joliment la vie nocturne et la nature mystérieuse mais fascinante. Les illustrations complètent à merveille la poésie du texte de Cécile Roumiguière. Une ambiance automnale, si chaleureuse, s'en dégage... c'était très beau ! ♥
Ööfrreut la chouette, de Cécile Roumiguière & Clémence Monnet
seuil jeunesse, 2020
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Je vous invite maintenant à parcourir cette histoire complètement dingue ! A priori il s'agit d'un voyage farfelu embarquant trois compagnons (un coq, un chien et un chat) qui ont perdu leur cabane après le passage d'un ouragan. Ils ont bricolé une carriole avec le reste de leur maisonnée et en avant pour une aventure incroyable !
Oh oui, incroyable ! Accrochez-vous aux pages de cet album qui réclame un sens de l'observation aiguisé... On ne s'imagine pas au début, on suit les péripéties et les descriptions de leur épopée à travers les campagnes, les villages et les forêts. Le cœur palpite à la découverte des rebondissements et des révélations. Mais surtout, l'histoire vous cueille par surprise grâce à un formidable tour de passe-passe.
Que c'est ingénieux ! C'était sous mes yeux, et pourtant je n'avais rien vu venir. HA HA ! Sacrée prouesse. Et donc, ami lecteurs, à votre tour d'être mis à rude épreuve !
La Folle équipée, par Katerina Gorelik
Seuil jeunesse, 2020
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Himboo Humboo est un sympathique monstre poilu. Il aime siroter son café tous les matins en lisant les nouvelles dans le journal. Mais un matin, Himboo Humboo est de mauvais poil. Quelque chose ne tourne pas rond.
Il semblerait que les caractères imprimés ont soudainement diminué. Sans doute par souci d'économie ? Il appelle aussitôt la rédaction pour rouspéter mais on lui rétorque que rien n'a changé de leur côté. Qu'il consulte un médecin !
Himboo Humboo commence à se rendre chez tous les spécalistes en ville, lesquels tournent autour du pot. Notre monstre souffre d'un mal mystérieux et nul n'est en mesure de le soigner ! Désabusé, il se console auprès de son meilleur ami. Pleure à chaudes larmes. (Oui c'est possible.)
La réponse à ses tourments est proche. Encore quelques détails à ajuster... et notre monstre à poils retrouvera la fringance de ses 342 ans. Une broutille, quoi.
Cet album ne se présente pas de façon très classique : il y a d'abord son très, très grand format, puis son ambiance remplie de doute et d'interrogation. On suit les déboires du héros en attendant la solution à ses problèmes. Le tout peut sembler assez drôle, et parfois piquant. Et enfin, il y a son esthétisme particulièrement singulier. Les couleurs sont pratiquement inexistantes, assez fades, et pourtant ce n'est pas vilain du tout. Les auteurs ont joué avec la police et les effets de surprise - les détails, toujours, ont leur importance !
C'est donc un album à découvrir, parce qu'il est impossible de passer inaperçu. Cette lecture renferme son lot de secrets et fait la part belle à un semblant d'austérité qui fait frissonner avec plaisir (façon Le Yark etc.). Et c'est très bien !
Himboo Humboo, de Christophe Pernaudet & Laurent Sanguinetti
seuil jeunesse, 2020
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Chic, un album de Clotilde Perrin qui promet encore de chouettes découvertes !
Il était une fois, derrière des collines, une petite maison habitée par un petit homme qui préparait sa valise pour partir en voyage. Une histoire banale ? Que nenni. Le principe de l'illustratrice est de plonger au cœur même de l'histoire. Pour cela, il faut soulever des flaps - des tonnes de flaps - pour découvrir le contenu de la valise par exemple ou pour décortiquer le gâteau à la mousse de fraise et enrobé de chocolat.
C'est une lecture qui se réinvente constamment, qui invite le lecteur à devenir acteur du mouvement et qui fait bouillir la marmite de l'imagination. C'est toujours très rigolo et efficace auprès du public. De plus, les illustrations sont ravissantes avec leurs accents enfantins et leurs couleurs douces. Une valeur sûre, cette Clotilde ! ♥
Dans sa valise, de Clotilde Perrin
seuil jeunesse, 2020
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Voici Captain Lapin (un super-héros plein de pouvoirs, dont celui de se téléporter) qui engage un dialogue savoureux avec sa maman. Et donc, est-ce utile de se rendre chez le médecin ? ne peut-on pas arriver en retard ? pas besoin de prendre la voiture quand on peut se déplacer en fermant les yeux...
Alors, qui de Maman lapin ou de Captain Lapin va déployer des trésors d'imagination ?
En tout cas, vous obtenez une lecture très rigolote !
Captain Lapin, d'Antonin Louchard
Seuil jeunesse, 2020
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Si toi aussi tu aimes les albums, c'est par ici !
Une histoire de loup, par Caroline Pellissier & Mathias Friman
On commence notre tournée en jetant notre dévolu sur cet album à la couverture magnifique. Le contenu aussi ne manquera pas de vous enchanter : grande sobriété dans les dessins, du noir et blanc très élégant, avec parfois une touche de couleur pour illustrer le propos... et cette note sibylline qui nous accompagne tout du long.
« Viens, nous dit une voix. Viens avec moi dans ma forêt. Dans ma forêt profonde, belle et sauvage. N’aie pas peur ! Ouvre tes yeux, tes oreilles, tous tes sens. Mais surtout, ouvre ton cœur. »
Qui nous parle ? Quel est ce mystérieux narrateur qui nous emmène dans les bois pour une promenade interdite mais fascinante, nous faisant emprunter des sentiers cachés, nous guidant vers des animaux sauvages, nous conseillant le silence, l'écoute, l'observation ? Qui donc est capable d'une telle prouesse ?
« Viens, nous dit le narrateur, continue de me suivre. »
Qui se revendique derrière cette voix envoûtante ? Jusqu'où nous entraînera cette lecture charmante et néanmoins inquiétante ?
Je vous invite à découvrir le pot-aux-roses, sans détour.
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L'Affaire Méchant Loup, par Marie-Sabine Roger & Marjolaine Leray
Au sommet d'une montagne, vit un très vieux loup, myope et bancal, attaché à sa solitude, aux échecs et à la poésie. Il ne recherche nulle compagnie, n'a pas beaucoup d'appétit et se contente de repas frugaux (quelques souris ou autres rats des champs). Ne lui parlez pas des troupeaux de chèvres de Monsieur Seguin... il n'en a cure. Parfois il en croise certaines qui se font la malle pour voir du pays. Il a d'ailleurs pris l'habitude de guider leur chemin pour profiter des plages dorées.
Voilà, voilà.
Mais un jour, une certaine Blanchette traîne ses pattes sur son terrain et part aussitôt en vrille. Car elle a horreur du loup. C'est même une vraie bagarreuse, avec un sale caractère qui fonce dans le tas avant de réfléchir. Dès qu'elle aperçoit le Loup, en train de roupiller dans l'herbe, son sang ne fait qu'un tour. Et elle rue dans les brancarts. Le Loup, démuni, tente de se défendre.
Et là... c'est le drame.
Il aurait mieux valu que ces deux-là ne se croisent jamais ! Malheureusement... « Nul ne choisit sa place en arrivant au monde, personne n'a vraiment le choix, c'est comme ça. C'est déjà bien assez d'injustice, je trouve, sans y ajouter en plus le poids des préjugés. On condamne souvent avant d'avoir jugé, vous allez voir ! »
Cette version revisitée de “La chèvre de monsieur Seguin” est surprenante (et féroce) mais invite à la réflexion, en plus d'offrir un texte écrit tout en rimes et assez philosophe.
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Denise et moi, par Barroux
Un peu d'humour et de légèreté... pour souffler entre deux lectures riches en émotion ?
Voici un bambin fort chanceux, car pour son anniversaire, il a reçu en cadeau une belle plante verte, qu'il promet d'arroser, de chouchouter, de soigner. Jour après jour, il s'occupe d'elle avec amour.
Consciencieux, le garçon recommande également à ses proches mille précautions dès qu'il doit s'absenter.
Mais voilà... son chat disparaît, puis sa sœur, son grand-père, sa mère etc. Tous ont des excuses, des activités à honorer par exemple.
Et cette Denise, cette belle plante, ne cesse de s'embellir. Il y a un mystère dans le salon de cette maison... attention à la page suivante !
Le pop-up final vient en effet répondre à vos questions et susciter de grands, grands sourires sur les visages.
Bravo à cette lecture extra, débordante de peps et rédigée comme une comptine. À lire et relire à l'envi.
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Le Coq solitaire, par Alain Mabanckou & Yuna Troël
Place maintenant à une histoire passionnante, inspirée des contes traditionnels africains.
Grand-père Moulika est le chef du village. C'est un grand sage, qui raconte beaucoup d'histoires. Il ne cesse de rappeler combien il est important de respecter les animaux car ils sont liés aux hommes. Il prétend même que chacun a son double animal et qu'il faut du temps, dans la vie, pour le découvrir et le connaître.
Son petit-fils Michel hésite à le croire. Les villageois également commencent à se lasser de ses vieilles histoires. De plus, tous ont en horreur un vieux coq malodorant qui va et vient dans le poulailler, mais le chef a formellement interdit de le toucher. La famille va finalement décider de ruser et de tromper leur aïeul sans scrupule...
« Malheureux ! Je pensais que vous m'aimiez, mais je me suis trompé toute ma vie. »
Ces paroles hanteront son petit-fils et les villageois des années durant puisqu'elles auront éclairé trop tard leur volonté de comprendre et la nécessité de transmettre, dans cette Afrique traditionnelle, les liens sacrés entre les vivants et les morts.
Très beau conte raconté par Alain Mabanckou et mis en scène dans de grandes pages colorées qui invitent au voyage.
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Hector et les bêtes sauvages, par Cécile Roumiguière & Clémence Monnet
L'aventure se poursuit avec cette merveilleuse histoire de transmission, encore et toujours. Même que celle-ci risque d'éveiller de multiples émotions, souvent indescriptibles, car il y a de la tendresse et de la poésie au programme ! Les illustrations aussi se contemplent avec admiration.
C'est l'histoire d'un doudou qui s'imagine abandonné.
C'est l'histoire d'une fillette qui a peur d'être oubliée.
C'est l'histoire d'une naissance qui vient tout chambouler.
C'est l'histoire d'une place à prendre, à quitter, à retrouver.
C'est l'histoire d'une colère, qui s'apaise.
C'est l'histoire d'un voyage, qui fait comprendre le tumulte des émotions.
C'est l'histoire d'une perte qui se change en retrouvaille...
Après tout,
« on ne perd jamais le souvenir de son enfance, celui de la douceur des jours parfaits et des chagrins qui font grandir ».
C’est enfin l’histoire un peu folle d'un doudou qui s'effiloche mais qui tient solidement la main d'une fillette partie dompter les bêtes sauvages. Tout simplement.
Gros cœur rouge pour cet album qui donne envie de soupirer de bonheur, parce que c'est ravissant et plein de douceur ! Merci pour ce joli duo - Cécile Roumiguière & Clémence Monnet - qui offre les mots justes et les illustrations parfaites pour rassurer le jeune lecteur dans ce parcours chaotique qu'est le fait de grandir !
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L'étrange ronflement, par André Bouchard
Vous aviez aimé Le Mystère de la basquette bleue ? Retrouvez donc nos jeunes enquêteurs dans une nouvelle affaire : l'étrange ronflement. Penchez-vous également sur ce dossier épineux, élaborez vos propres théories, n'hésitez pas... et surtout rencontrez cet étrange Club de Ronflistes un brin inquiétants. Je dis ça, je dis rien.
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Chez les voisins, par Hélène Lasserre & Gilles Bonotaux
Ça bouge également chez nos Merveilleux Voisins ! La pieuvre déménage, les pingouins débarquent, d'autres cousins s'invitent, un grand-oncle d'Amérique du Sud prend froid et éternue... semant une sacrée pagaille, les crocos ont aménagé une boîte de nuit dans leur cave... et Vlad le vampire offre une petite visite sympathique. Bref, il y a du remue-ménage dans cet immeuble dont les familles se croisent et partagent des bouts de chemin de manière originale & très festive.
C'est là une lecture riche et fantastique, dans ses détails et ses propositions qu'on scrute de long en large. Une vraie vie de quartier, conviviale et inventive, qu'on suit saison après saison...
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Seuil Jeunesse, 2019
Quand les poules auront des dents - Zou le zoo - Nous avons rendez-vous - La toute petite Olga - La Princesse au bois se cachait
Petite farandole d'albums, parfois ensorcelants, souvent cocasses, sans cesse surprenants !
Voici Colette, une petite poule ordinaire, qui vit en ville, dans un immeuble, et qui se lève tous les jours, de bon matin, pour se rendre au boulot. Elle a tout juste le temps d'avaler un petit-déjeuner et de faire une toilette rapide avant d'attraper le bus de 6h15. Puis, longue journée à pondre, pondre, pondre... Le soir, elle est claquée et se vautre dans le canapé, pour bouquiner ou regarder la télé.
Mais notre Colette frise le burn-out, quand elle devient peu productive, elle est convoquée dans le bureau du big boss et se fait remonter les bretelles. Pire, elle perd son job et doit pointer au chômage. Colette est au bout du rouleau, elle vole des conserves au supermarché, prend la poudre d'escampette et part se baigner à la mer !
Vous trouvez ça absurde ? Pourtant, cette histoire est laborieusement racontée par un papa à son petit garçon. Certes, lui aussi rouspète quand son père s'emballe avec des détails... une poule n'a pas de dents (pas besoin de les brosser), elle ne sait pas lire et encore moins nager, surtout si elle a oublié son maillot ! Il faut se concentrer, voyons.
Cet album est drôle : il est aussi bourré de dérision et de double sens, avec une histoire qui fait la part belle à l'imagination, au rituel du coucher et à la complicité familiale. Une lecture totalement décalée, façon André Bouchard. Sympa.
Quand les poules auront des dents, d'André Bouchard
seuil jeunesse, 2018
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Ce pop-up est ingénieux, poétique et inattendu. Voyez plutôt... Le zoo est en folie : un alligator rêve de revoir sa boue chaude et soyeuse. La baleine proteste, le cacatoès trouve que c'est une idée comique, le dodo rappelle qu'il est interdit de déguerpir, tandis que l'éléphant dit banco. Ah, s'enfuir, enfin : retrouver l'harmattan, ce vent chaud comme un hammam...
On assiste à un vrai spectacle d'un zoo en pleine effervescence. Les langues se délient, les mots ne cessent de rouler. Ça grouille et ça gronde. Ça soupire à chaque coin de page, ça défend ses idées et ses rêves. L'ambiance est électrique dans ce zoo qui nous en fait voir de toutes les couleurs, et qui nous fait aussi voir du pays.
Au milieu de ce graphisme qui s'éclate, des effets pop-up qui font toujours des merveilles, la conversation se poursuit, écoutez bien, l'alphabet se récite, le texte joue avec les sons et les allitérations. C'est doux à l'oreille, ça fait plaisir aux mirettes. Cet album est rayonnant et complètement fou. Franchement top.
Zou le zoo ! de Cécile Roumiguière & Éric Sangelin
seuil jeunesse (2018)
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Il règne une véritable ambiance énigmatique dans cet album de Marie Dorléans !
En pleine nuit, deux enfants sont tirés de leur lit par leurs parents, car ils ont tous rendez-vous. On n'en sait pas davantage, mais tous se préparent sans un bruit et sans prononcer un mot de trop. On chuchote de se dépêcher, puis on se faufile dans les rues endormies. La petite famille presse le pas, avec son objectif en tête. La ville est silencieuse. Parfois, une lumière brille à la fenêtre d'une maison... Chut, le temps presse et le chemin est long. Il ne faudrait pas être en retard à ce rendez-vous mystérieux. Que de suspense !
On se prend totalement au jeu de cette virée nocturne, auréolée de secrets et de points d'interrogation. C'est beau, c'est excitant. Et les illustrations sont magiques ! Un album fascinant, à découvrir avec des yeux ébahis.
Nous avons rendez-vous, de Marie Dorléans
seuil jeunesse, 2018
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Une reine donne naissance à des jumeaux, Alaric et Hilde, mais le garçon tombe gravement malade. La reine se rend donc chez une sorcière qui lui promet de l'aider... en échange de quoi, elle devra lui donner sa fille. La reine, effondrée, accepte malgré tout. Le temps passant, les jumeaux vont grandir loin l'un de l'autre. Le garçon est devenu un chasseur intrépide, la fille une vraie beauté. Elle vit en totale harmonie avec la nature et peut prendre l'apparence d'un animal. Un jour, Alaric croise Hilde dans la forêt. Il est subjugué mais ignore qu'il s'agit de sa sœur. Celle-ci doit pourtant se cacher à cause d'un sortilège : impossible de quitter les bois ou son frère meurt.
Cela ne se voit sans doute pas, mais la couverture est en noir et blanc... avec du doré ! Comme les illustrations qui accompagnent le texte. Et c'est très, très beau ! La lecture aussi est surprenante, bouleversante surtout, car il est question de sacrifice et d'amour. Tout simplement, remarquable.
La Princesse au bois se cachait, de Dedieu
seuil jeunesse, 2018
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On boucle notre tour de piste par une mignonnerie. Place à une adorable héroïne, haute comme trois pommes.
La toute petite Olga est la dernière d'une famille comprenant cinq filles qui veillent toutes jalousement sur elle. Aussi, quand elle exprime le désir de voyager ou de visiter la grande ville, ses sœurs sont effrayées car leur petite Olga a tout pour être heureuse dans leur datcha à l'orée de la forêt. Pourtant, un matin, la fillette se faufile en cachette et sans un bruit.
Elle va alors découvrir un monde très éloigné de son cocon : il fait froid, il y a du monde partout, c'est l'inconnu. Mais Olga s'accroche et s'arme de courage en pensant à ses grandes sœurs. Elle est fascinée par les couleurs, les gourmandises, les escarpins dorés aux talons de douze centimètres... Elle gambade fièrement dans les rues, elle n'a plus peur de rien.
Avec un peu de courage et beaucoup d’humour, la petite Olga va se débrouiller comme une grande et apprendre à se faire confiance sans personne pour la guider. Au final, la fillette va rentrer sagement à la maison. Ses proches seront soulagés et heureux. Le lecteur, lui, est totalement séduit. Cette lecture est en effet un enchantement (un univers de merveilles et de couleurs) : un conte russe fabuleux qui donne le sourire aux lèvres.
La Toute Petite Olga, d'Olivia Godat & Raphaëlle Barbanègre
de la Martinière jeunesse, 2018
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Pêle-Mêle : Maman - Dans le ventre de la Terre - À quoi rêves-tu bébé ? - Je t'aime ♥
Tous les soirs, au moment du coucher, un petit garçon chipe les couleurs de sa couette à pois pour transformer sa maman - du noir pour faire un léopard, du rouge pour être un indien d'Amazonie, du jaune citron pour devenir un lion, du vert pour avoir un teint de grenouille et du violet pour se la jouer rockeur ! Maman se prête à l'exercice avec patience et humour, de quoi donner lieu à des scènes fabuleusement cocasses. Cette belle complicité est imaginée par Mayana Itoïz, dont les illustrations tendres et colorées embellissent l'album et rendent la lecture admirable et stupéfiante. Un bel hymne à la connivence, à la douceur, à l'imagination et au rituel du coucher. Très beau ! ♥
♥♥♥ Maman, de Mayana Itoïz ♥♥♥
Seuil Jeunesse, 2017
Un duo de talents, Cécile Roumiguière et Fanny Ducassé, pour un album magique et poétique, chic ! Un album qui raconte l'aventure des neufs mois précédant la naissance avec beaucoup d'élégance, et en choisissant la description métaphorique pour inviter le lecteur à la rêverie. Il faut ainsi prendre le temps de savourer cet album, lire chaque page à voix haute, contempler les images, et imaginer Bébé en train de “flotter dans sa grotte, boire l'eau d'une source, manger les champignons de l'ombre et le lichen des bois enterrés”... Tout est très symbolique, et tellement raffiné ! Je recommande. ♥
♥♥♥ Dans le ventre de la terre, de Cécile Roumiguière et Fanny Ducassé ♥♥♥
Seuil Jeunesse, 2016
L'album de He Zhihong se distingue par son esthétisme, entièrement réalisé à la peinture sur soie, qui renvoie aussi à une série de portraits de bébés en train de dormir dans leur berceau. Les uns et les autres rêvent... de l'océan, des espèces qui peuplent la Terre, d'enlacer un panda, de contempler la beauté de la nature, d'être dans les bras de maman ou d'être aussi grand que papa... Beaucoup de tendresse et de délicatesse ressort de cet album, précieux, remarquable et beau.
À quoi rêves-tu bébé ? de He Zhihong
Seuil Jeunesse, 2017
On retrouve toute la finesse de He Zhihong dans cet album écrit avec son compagnon, Guillaume Olive, et qui parle toujours d'amour maternel, de câlins, de mots doux et de je-t'aime... Mais aussi de pluie qui nourrit la terre, de la beauté du vent du printemps, de la rosée du matin, de la chaleur du soleil et des premières lueurs du jour. Encore un rendez-vous magique et ensorcelant par ses mots et ses illustrations.
Je t'aime, de He Zhihong & Guillaume Olive
Seuil Jeunesse, 2017
Mon chagrin éléphant, de Cécile Roumiguière & Madalena Matoso
Après la perte de sa grand-père, l'enfant éprouve beaucoup de chagrin. Un chagrin énorme et encombrant, comme un éléphant. Ce dernier est bleu et vient de surgir sans crier gare dans la voiture, assis confortablement à côté du garçon. Il lui demande même de chanter une chanson... Ses parents ne voient rien, mais lui reprochent de ne pas respecter leur chagrin et réclament du silence.
L'enfant est contrarié. D'abord, il y a cet éléphant qui ne le quitte plus. Il incarne son chagrin, dit-il. C'est lourd, ça ne s'oublie pas, ça vous colle partout. Et l'absence de Mamiette aussi pèse lourd dans la balance. C'est douloureux de penser à elle, de songer à son jardin et à ses fleurs qui vont faner. Aussi, le temps passe et l'éléphant ne part pas.
La tristesse est là, tenace et entêtante. Mais elle s'amenuise tout doucement. D'ailleurs, la taille de l'éléphant aussi se réduit. Il prend de moins en moins de place, se fait discret. L'enfant peut même chanter à tue-tête dans la voiture, ses parents reprennent le refrain en chœur. Le temps de l'éléphant est compté...
Cette belle image du deuil, du chagrin, de la tristesse, représentée par un gros éléphant bleu, est ingénieuse et adorable dans sa façon de faire éclater les couleurs, les rondeurs, les volumes, les chansons. Quand le chagrin vous imprègne des pieds à la tête, il finit par vous obséder et vous accabler. Seulement, l'amour ne se mesure pas, n'est pas non plus affaire de souffrance.
On n'oublie jamais un être cher, on peut y penser souvent, en humant une fraise des bois, un hortensia ou une tarte aux pommes. Un chagrin éléphant ne se cramponne pas, il sert à vous accompagner, à vous guider vers la gaieté. À soulager les mines tristes, les larmes, les moues boudeuses, le cœur trop gros, trop lourd.
Beaucoup de tendresse, de sagesse et de poésie dans ce magnifique texte de Cécile Roumiguière, à travers un album émouvant que les illustrations rayonnantes de Madalena Matoso détournent pour incarner la joie, les sourires, la vie. Une belle lecture, nécessaire pour contrer les petits bobos de la vie et tacler les coups de blues.
Thierry Magnier, août 2015
Ma sœur et moi, de Cécile Roumiguière & Bobi+Bobi
« Des papiers, des couleurs, des rubans, des senteurs. Ça crisse et ça plisse.
Liette et Lorna empaquettent les cadeaux de Noël.
C'est sûr, tatie Jacqueline sera contente de son saladier à fleurs,
et grand-papa adorera sa nouvelle cravate en soie.
Tatie Jacqueline est toujours enchantée de ses cadeaux,
même si sa bouche se pince quand elle les reçoit,
et grand-papa ne met jamais de cravate,
mais c'est Noël, on est heureux à Noël,
c'est la fête du bonheur. Tout le monde sait ça. »
« Donne-moi ce rouleau de ruban-là
- Non, il est à moi ! répond Lorna.
- Je te dis que je le veux.
- Et moi j'en ai besoin...
Les deux sœurs oublient Noël et son bonheur sucré.
Les branches du sapin ploient sous le poids des boules et des anges en carton.
Les papiers volent, les rouleaux roulent, ça colle et ça crie.
Liette et Lorna ont des paillettes plein les joues,
et des larmes au bord des yeux. »
Ah, ce doux mystère qui entoure les relations entre sœurs ! Entre complicité, chamaillerie, espièglerie, jalousie, cruauté, réconciliation, plaisir de partager ou celui de chipoter, c'est une histoire sans fin, une histoire de tendresse, une histoire unique et indescriptible.
Liette et Lorna sont sœurs. Et bien sûr, elles rapportent les bêtises de l'une et l'autre ou se couvrent pour éviter les punitions, elles font front commun contre la méchanceté, se piquent leurs affaires, consolent les larmes qui coulent sur la joue, partagent leurs jeux et rient aux éclats.
Tour à tour chipies et câlines, elles sont attachantes et forment un duo exemplaire : entre solidarité et volonté d'indépendance, elles livrent un portrait attendrissant sur la délicieuse mais non moins conflictuelle histoire de fratrie ! Un texte savoureux, cerclé d'illustrations originales, pour un album poétique et qui me touche personnellement.
éditions La Joie de Lire, mai 2012
La Belle et la Bête, de Cécile Roumiguière & Aurélia Fronty
Un marchand de soie et d'étoffes perd toute sa fortune en apprenant que sa marchandise a disparu sur les mers. Dépité, l'homme s'inquiète pour l'avenir de ses trois filles : les aînées ont la rage au cœur, alors que la cadette, surnommée la Belle, propose de se retrousser les manches pour subvenir à leurs besoins.
Lors d'un voyage à Venise, le marchand se perd sur une route noyée sous la brume et découvre un magnifique palais où il s'installe pour se sustenter. Il ne croise nulle âme qui vive et s'aventure dans le jardin où il cueille une rose, le cadeau promis pour sa Belle.
Alors, une créature affreuse surgit et grogne de colère. Il fera du marchand son prisonnier à vie ! Au lieu de quoi, sa fille se sacrifie et se rend seule chez cette Bête. C'est elle qui a voulu la rose, c'est à elle de prendre sa place.
« Ne vous inquiétez pas, père. Ce monstre n'est pas si méchant s'il aime les roses.
- Ma fille, tu ne sais pas ce que tu dis. Sa voix est terrible...
- Bien. Je ne lui demanderai pas de chanter, voilà tout.
- Mais son aspect est plus terrible encore ! On ne sait s'il porte des écailles ou du poil, ses mains gantées sont énormes, propres à étrangler.
- Qu'importe. Parfois, les arbres les moins beaux donnent les meilleurs fruits. Et de grandes mains peuvent être utiles au jardinage.
- Oh, la Belle, si tu savais... Il salivait. Son museau doit cacher des dents affreuses, des crocs propres à déchiqueter les viandes les plus dures.
- Calmez-vous, mon père. Je serai prudente, je vous le promets. Et, qui sait ? Peut-être ne me tuera-t-il point ?
- Ma fille, c'est un monstre, je te dis.
- Allons... Tout ira bien. Je sais parler aux bêtes sauvages, je l'apprivoiserai, voilà tout. »
Cécile Roumiguière nous livre ici sa version revisitée du célèbre conte de La Belle et la Bête, dans le décor féérique de la Sérénissime, où le style vigoureux et élégant d'Aurélia Fronty y trouve une harmonie extraordinaire. Les couleurs sont éclatantes et mises en valeur par le format de l'album (qui s'ouvre comme un portefeuille), on y plonge avec délice et stupéfaction.
Poésie, force et tendresse font donc de cette adaptation une brillante réussite.
Belin jeunesse, novembre 2013
L'histoire du soir #10 : Ogre, cacatoès et chocolat, par Cécile Roumiguière & Barroux
Manon est une collectionneuse de mots. Elle en choisit un dans le dictionnaire, elle l'apprend, le tourne, le retourne dans sa tête. Puis elle le recopie sur un bout de papier. Elle écrit des mots porte-bonheur pour se protéger, et d'autres mots très longs, des mots pour rêver.
Manon est une petite fille qui aime collectionner les mots. Elle les recopie sur des bouts de papier et les range dans son sac. C'est son arme secrète. D'ailleurs, ça lui sera précieux lorsqu'elle tombera nez à nez avec l'ogre de la forêt. Ce dernier est énorme, redoutable, grognon et impatient. Il s'ennuie, donc il a faim. Il avalerait bien la petite demoiselle, mais celle-ci rouspète. A sa façon, elle lui dégaine sa science et utilise ses mots si précieux pour lui clouer le bec.
Euh ... un cacatoès ? la mer ? du chocolat ? Mais ce gros monstre est un ignorant ! Comme ce serait méchant de se moquer, aussi Manon préfère le prendre par la main. Un mot en amenant un autre, c'est tout un chemin auréolé de mystère et sujet à la fascination qui se présente à lui. D'ailleurs l'ogre n'a plus envie de tout croquer sans réfléchir. Il est rassasié de nourritures spirituelles !
Toutefois, quand la fillette est coincée dans les rochers, c'est sa force physique qui sera bien utile. On peut dire que ces deux-là ont su se trouver. Elle avec son intelligence et son amour des mots, lui avec son charme rustique et son envie d'apprendre, la connivence est parfaite.
C'est une très jolie histoire, qui se récite à voix haute. Vous en apprécierez les tournures et la petite mélodie. Cécile Roumiguière est une poétesse, une magicienne, vous le savez. Son histoire est un vibrant hommage à toute cette poésie qui se balade autour de nous, parce que les mots sont beaux, les mots sont précieux, les mots sont une arme dont il faut se servir dans un but particulier (pour le bien, quoi). Très belle leçon de tolérance, empreinte de délicatesse et de facétie.
Ogre, cacatoès et chocolat, par Cécile Roumiguière et Barroux (Belin jeunesse, 2012)
et puis les mots, tout aussi magiques, poétiques et envoûtants, de Juliette,
Je pourrais dire ton enfance
Elle est dans l'essence des choses
Je sais le parfum des vacances
Dans les jardins couverts de roses
Une grand-mère aux confitures
Un bon goûter dans la besace
Piquantes ronces, douces mûres
L'enfance est un parfum tenace
Tout ce sucre c'est vous
Tout ce sucre et ce miel
Le doux du roudoudou
L'amande au caramel
Les filles à la vanille
Les garçons au citron
L'été sous la charmille
Et l'hiver aux marrons
Je reprendrais bien volontiers
Des mignardises que tu recèles
Et retrouverais dans mon soulier
Ma mandarine de Noël
Tu grandis, ma princesse. Ne t'inquiète pas, c'est juste que tu deviens une femme.
Parmi les nouveaux titres de la rentrée, il y a cet album magnifique, aux illustrations de toute beauté, au texte tendre et poétique.
Tous les mercredis, au café du Palais, une jeune fille brune, aux lunettes rouges, attend sa grand-mère. Les habitués du café observent en silence son manège (tranquille, dans son coin, elle dessine sur une ardoise avec des craies de toutes les couleurs). Elle aussi est spectatrice avide et curieuse du ballet qui se joue devant elle : des amoureux qui semblent tant s'aimer, des bonnes soeurs qui s'offrent des bouts de laine et des aiguilles pour tricoter, une mère et son fils qui n'ont pas le temps de poser, le patron à la tête d'ours qui swingue au son de Night and Day, une tata débordée qui lui glisse L'écume des jours entre les mains...
J'ai aimé chaque mot du texte, j'ai scruté chaque détail des illustrations, j'en ai pris plein les yeux, j'ai soupiré, rêvé, relu ou murmuré des passages. J'étais déjà totalement séduite par la couverture et le format de l'album, je n'ai pas hésité une minute au moment de l'ouvrir, j'ai retenu mon souffle, je me suis dit que je tenais un objet magnifique, page après page je n'étais pas déçue, j'ai adoré les couleurs et la mélodie du texte, je me répète, mais je sentais la difficulté de partager mon enthousiasme, mon éblouissement, le bonheur que cette lecture m'inspire. Alors, j'ai jeté l'éponge, je n'ai pas réfléchi, à la place je préfère délivrer des bouts, des mots, des traits, des tons, ensuite je pense que la rencontre n'appartient qu'à vous.
La salle est pleine.
Hirondelles noir et blanc sans fil où se poser, le serveur et deux serveuss virevoltent. Elle, elle sourit en les regardant avancer en crabe entre deux tables, un seau à champagne dans une main, un plateau en équilibre dans l'autre. Les voix chuchotées, les mots qui fusent, les ordres de plats lancés en cuisine, les odeurs de viandes rôties, de chocolat noir et de fromages mêlées... c'est le moment qu'elle préfère.
Une Princesse au Palais, par Cécile Roumiguière & Carole Chaix
éd. Thierry Magnier, 2012