Small Change Girl
Comme j'avais beaucoup moins d'attentes concernant ce deuxième tome, je l'ai donc davantage apprécié, ne cherchant plus à anticiper ce qu'il n'y avait pas raison d'être, et l'acceptant pour ce qu'il avait à me proposer : une intrigue habile, enrobée dans du beau papier, avec un zest de suspense et de stress. Forcément, je suis cliente !
Cette suite prend lieu après les évènements tragiques du tome précédent, Allie est de retour à Cimmeria, qu'il faut remettre sur pied. Isabelle vient également de lui offrir un passe-droit pour les Nocturnes, car il est temps pour elle de se préparer aux attaques de l'ennemi, qui cherche à la kidnapper. L'entraînement va se révéler intensif et sans pitié, Allie va perdre confiance en elle, confier sa détresse à son ex, au grand dam de son petit copain.
Ouiiiiiii, il y a du mélodrame romantique à l'horizon ! Etrangement cela ne m'a pas du tout dérangée, j'avais pourtant cru le contraire, finalement il faut croire que j'étais disposée à me balader dans cette Night School avec une bonhommie exemplaire ! Très sincèrement, j'ai beaucoup aimé ce deuxième tome, je l'ai même préféré car je ne me suis pas sentie flouée. Et comme il s'inscrit dans une série à cinq tomes, il prend aussi son temps pour placer ses pions, pour distiller le doute et pour faire naître des tas de théories.
Je suis franchement curieuse, curieuse de connaître l'identité de la taupe, curieuse de savoir si les nouvelles amours d'Allie trouveront enfin leur sens, je suis toujours aussi séduite par l'ambiance de l'école, charmée par son aura, je m'interroge sur les uns et les autres, je suspecte un peu tout le monde, en bref je suis parée pour connaître la suite des événements avec impatience ! Sûre de son rythme, faussement nonchalante, un poil fripouille, cette saga reprend du grade dans mon estime.
Night School, tome 2 : Héritage, par C.J. Daugherty
Robert Laffont, coll. R. (2012) - traduit par Francine Deroyan
“My too stormy passions work me wrong, and for excess of Love my Love is dumb”
D'emblée, j'avoue un intérêt coupable pour les histoires se passant dans un pensionnat, donc là j'ai été plutôt vernie. Cimmeria est une école d'aspect guindé et classique, autour de laquelle règne un mystère épais et pesant. Les parents d'Allie, excédés de ses nombreuses frasques, ont choisi de l'y envoyer en mesure de discipline stricte. Allie, qu'on nous présente avec ses cheveux rouges, ses yeux charbonneux et ses Doc Martens, prétend être une rebelle le temps d'un chapitre, la suite nous prouvera tout le contraire.
Car Allie ressemble à toutes ces jeunes héroïnes, naïves, curieuses et aveugles, en colère contre l'autorité parentale, se livrant corps et âme à leurs histoires sentimentales, souvent parce que son prétendant est tellement beau et irrésistible que ce serait dommage de ne pas saisir sa chance. Qu'importe si l'ambiance énigmatique pèse dans la balance, si des copains conspirent dans votre dos et élaborent un club élitiste à la barbe du monde, non, non, il ne faut pas s'en soucier, pas pour l'instant, d'abord il suffit de s'acclimater au monde impitoyable de l'adolescence. Vous savez, cette joyeuse époque constituée de mesquineries de bas étage, de guéguerres pathétiques, de crises de jalousie et de rumeurs qui vous empoisonnent vite l'existence...
Le quotidien d'Allie est ainsi ponctué de repas entre amis, de cours où l'on disserte autour de poèmes romantiques, de rendez-vous galants, de bal d'été qui vire à la catastrophe (ouf, un peu d'action), d'heures de colle, de balades interdites au clair de lune, de bain de minuit, de bruits bizarres dans la forêt ou sur les toits... Tout cela sur plus de 400 pages. En somme, l'auteur a cultivé à fond son mystère sur la Night School, j'ai longtemps attendu la révélation, supputé des tas de théories, aussi au moment d'en découvrir plus, euh... j'ai levé les sourcils d'étonnement. J'en attendais clairement plus !
Je ne suis pas déçue par ma lecture, j'ai bien aimé me balader dans les couloirs de Cimmeria et je me suis attachée aux petites histoires d'Allie (en soupirant aussi très fort devant sa bêtise et son inconstance !). Il y a un charme certain dans ce roman, mais il est aussi très long, inutilement long, au risque de faire traîner un suspense à trois francs six sous. La suite est déjà disponible, puisque l'éditeur français a obtenu sa parution en exclusivité mondiale pour remercier les fidèles lecteurs de leur accueil enthousiaste.
Night School, par C.J. Daugherty
Robert Laffont, coll. R. (2012) - traduit par Cécile Moran