17/10/13

Plaine, ô ma plaine...

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Attention, troisième et dernier tome !!! Nous retrouvons Nina, à bord du Transsibérien, en compagnie de Sacha et d'un vieil ami, Boris Nikitine, afin de sauver sa mère, déportée dans un goulag de la Kolyma. Au cours de ce long voyage, nous découvrons un paysage désolé et désolant, le froid, le manque de nourriture, le troc, la police omniprésente, la délation, mais aussi les convois de prisonniers, des femmes désespérées et brutalisées, des soldats embrigadés dans un système corrompu, dont ils échappent en noyant leur impuissance dans la boisson. A côté de ça, passe le majestueux Express Bleu, le train des officiels et des nantis, à bord duquel on croise la ravissante Véra !

Et là, un drame s'opère : Sacha tombe sous le charme, instantanément. Nina, elle, a le cœur blessé et gonflé d'amertume. Car c'est une chose surprenante dans ce roman, puisque nous découvrons notre héroïne confrontée à ses premiers émois amoureux. A elle son lot de souffrance, jalousie et déception maintenant ! C'est assez soudain, mais après tout Nina a tout de même 16 ans, sous ses airs de fillette coincée dans un corps qui ne connaît la puberté que de nom.

Il lui faudra de la patience, beaucoup de patience, ainsi lui avait enseigné son vieux maître Arkadi Tchernigov, avant de toucher au but. En attendant, place à toutes ses missions : sauver sa maman, retourner à Moscou, délivrer Dima, livrer son dernier Souffle, affronter son oncle, etc. On s'imagine que ça va tourbillonner dans tous les coins, et finalement il n'en est pas question. C'est un peu ma petite déception, car le dénouement n'est pas flamboyant, mais très posé, très rigoureux. A chaque problème, sa solution. Dossier après dossier. Tchac, tchac. Au suivant !

Cela ne gâche nullement la très bonne appréciation que j'ai de cette série, car l'auteur en profite pour glisser des notes historiques, biographiques, culturelles, etc. On trouve des tableaux, des poèmes, des détails affligeants sur la vie en Russie sous le régime de Staline. Un glossaire est d'ailleurs disponible à chaque fois pour expliquer les termes difficiles ou moins évidents. En bref, non seulement cette série aura eu le goût de me séduire, de m'étonner, de proposer un style neuf et changeant dans le paysage actuel, mais elle a également introduit une belle intelligence dans son propos. Cette série n'a que du positif pour elle !

Nina Volkovitch, tome 3 : Le Combat, par Carole Trébor (Gulf Stream éditeur, mai 2013)

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08/10/13

“Nos actes sont nos anges, bons ou mauvais, ombres du destin, marchant à nos côtés.”

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Nina séjourne au monastère de Zaïmoutchi pour son initiation en compagnie de maître Arkadi Tchernigov. A elle de comprendre l'histoire des Volkovitch, le pouvoir des anges et le mystère des icônes, mais cela représente énormément d'informations en un laps de temps très court ! Déjà, la menace gronde, l'oncle de Nina est sur leurs trousses et s'apprête à envahir le monastère pour récupérer les icônes.

La tension est palpable, et pourtant la lecture ne nous fait pas vivre un rythme infernal. On calque nos pas à ceux de Nina, comme elle on est à l'écoute et on observe, on écoute et on découvre ce monde nouveau, enchanteur et voilé de zones d'ombre. C'est toujours passionnant à parcourir, ce deuxième tome servant essentiellement de transition entre la présentation et le dénouement, l'intrigue se veut tantôt posée et pédagogique, tantôt trépidante et acharnée.

On retrouve des personnages attachants, comme les frères Sacha et Dima, on doit se séparer d'autres figures bienveillantes, comme Anton, Arkadi ou Nadia, on se surprend à apercevoir des têtes connues, comme la jeune Véra... En bref, c'est une petite série fort sympathique, écrite avec style et élégance, qui se cadre dans un milieu foisonnant, riche et excitant. Cette Russie Stalinienne fait peur, ajoutez que des individus sont capables de pouvoirs hors normes, utilisés à mauvais escient, et vous vous dites qu'il serait bon de se planquer sous la couette, au chaud et à l'abri, en attendant la suite !

Nina Volkovitch, tome 2 : Le Souffle, par Carole Trébor (Gulf Stream éditeur, janvier 2013)

13/09/12

Mais quel est son secret ?

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Après la fin de la guerre, à Moscou, la maman de Nina Volkovitch est arrêtée par des hommes en noir tandis que la jeune fille est envoyée dans un orphelinat. A quinze ans, celle-ci paraît aussi chétive qu'une enfant de huit ans. Elle a cessé de grandir et grossir pendant les années difficiles. Considérée comme une fille de traîtres, Nina s'endurcit et attend son heure pour s'enfuir et retrouver sa mère.

Ce roman est le premier tome d'une trilogie (parution rapprochée de la suite), et il ne laisse absolument rien filtrer de ses mystères. C'est ce qui m'a particulièrement séduite, en plus de son atmosphère quelque peu sordide et frileuse, nous sommes dans l'Union Soviétique de Staline, on y découvre les magouilles politiques, les traitements scandaleux infligés à ceux qui ne se montraient pas dignes du Parti, et il y a aussi l'influence artistique, notamment avec la peinture, qui tisse ses liens avec les ressorts cachés de la trame romanesque. La maman de Nina travaillait au musée d'art où elle s'opposait aux mesures drastiques du régime. Concernant son papa, on ignore encore où il est, ce qu'il est, mais cela fait partie de l'intrigue. Je vous laisse découvrir ce qui attend Nina, laissez-vous porter par son aventure fabuleuse et mystérieuse. Impossible de ne pas être tenue en haleine par son épopée !

Je tenais aussi à souligner le remarquable travail d'esthétisme sur l'ouvrage (couverture et liseré doré sur les pages). Quelque part, ce roman a fait naître le même enthousiasme qu'avait su susciter une lecture comme celle de Méto d'Yves Grevet. Vraiment une formidable découverte littéraire, à vous conseiller chaleureusement.

Nina Volkovitch, tome 1 : La Lignée, par Carole Trébor
Gulf Stream éditeur, 2012 - illustration 1ère de couv : Cali Rezo

05/04/12

Voleurs d'âmes

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C'est probablement lié au fait d'avoir récemment revu Les Oiseaux d'Alfred Hitchcock que j'ai été saisie par cette lecture, dont l'atmosphère se cantonne aux frontières de la terreur. Nous sommes dans un petit village, où les habitants vivent dans l'angoisse. Leurs ennemis sont des oiseaux noirs, qui surgissent de nulle part et sèment la panique en volant les âmes. L'histoire bascule au moment où Arno, le héros, voit son cousin Bern s'effondrer sous ses yeux. Le garçon est anéanti et porte en lui la responsabilité de cette tragédie. Alors il décide de quitter le village pour se rendre dans les montagnes et comprendre l'origine de cette malédiction. Il a l'intention de la briser, afin de rendre la paix et la tranquillité aux villageois. En chemin, il fait la connaissance d'une jeune femme avec un bébé, Clara. Leurs parcours trouvent des résonances proches, ainsi ils décident de faire un bout de route ensemble.
Faustina Fiore, habituée à traduire les histoires des autres, se lance pour la première fois dans l'aventure de la fiction en nous livrant un univers sombre, étouffant mais percutant. C'est un joli coup d'essai, qui ne manquera pas d'impressionner les plus jeunes.

Les oiseaux noirs, par Faustina Fiore 
Casterman, 2012 - illustration de couverture : Cali Rezo 

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15/12/11

“Watch my sword, not my face!'he said. 'I'm going to stab you, not bite you!”

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Shannon ap Griffith, princesse guerrière, est en fuite avec Rhodri lorsqu'elle rencontre Blodeuwedd, une fille-hibou envoyée par Ceux-qui-brillent pour lui annoncer la prophétie du seigneur Govannon. Dans sa vision, Shannon découvre la citadelle du père d'Iwan ap Madoc assaillie par les troupes saxonnes, livrée à un véritable massacre qui coûtera la vie du garçon. La princesse n'a plus le choix et doit rebrousser son chemin pour prévenir ses anciens amis de la menace à venir. Mais comment y remédier alors que le prince Llew vous a déclarés traîtres et vendus à l'ennemi ?

Cette fois, l'héroïne fait aussitôt preuve de ténacité dans ses actes et ses paroles, ce qui contraste avec l'impression laissée à la lecture du premier tome (surtout au début). La princesse a bien changé, elle a accepté son destin en devenant le bras armé de Ceux-qui-brillent (les divinités celtes) mais refuse d'agir mécaniquement. Malgré ses nouvelles responsabilités, elle veut être maîtresse de ses décisions. Pour cela, elle a également mis de côté toute sensiblerie inutile. Et je trouve qu'implicitement cela pose un petit souci, car l'intrigue est totalement dénuée de romantisme. Pourtant, c'est là, tout près, il y a Rhodri au charme mystérieux et Iwan à la séduction canaille, comment voulez-vous ne pas être tentée de rêver un peu ? Pour l'heure, donc, pas de guimauve mais de la baston, des émotions, de l'action débridée... C'est bien, oui, cela manque juste d'un ingrédient imparable pour séduire complètement.

Princesse Shannon, tome 2 : Le Glaive de la Vengeance par Frewin Jones
Flammarion, 2011. Traduit de l'anglais (USA) par Christine Auché et Catherine Guillet
illustration de couverture : Cali Rezo  

Tome 3 à paraître en mars 2012.

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27/06/11

You can be a warrior, if you choose to be.

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Shannon assiste, impuissante, au meurtre de son frère par une bande de Saxons sanguinaires. Effondrée, elle doit encaisser son exil dans un royaume voisin pour sa propre sécurité. Or, Shannon rêve de vengeance et de combat. Elle refuse les fanfreluches de la cour, supporte avec difficultés les railleries du charmant Iwan et n'hésite pas à apporter son aide au jeune vagabond, Rhodri, accusé d'être un espion à la solde de l'ennemi. Ajoutez que la déesse de la source, Rhiannon, s'adresse en personne à la princesse, qui comprend qu'un grand destin l'attend, à commencer par sauver la maison de ses parents et déjouer une fausse conciliation pour la paix. 

Il m'a fallu 100 pages pour penser autrement à l'héroïne qu'à une petite pleurnicheuse sur laquelle s'abattent tous les malheurs. Après cela, on assiste à l'éclosion : Shannon devient une battante, doublée d'une vraie meneuse d'hommes. Bon, hélas il n'y a pas la place pour la romance - ce n'est pas faute de glisser deux charmants garçons dans l'intrigue. J'espère que cela se développera par la suite, car même si c'est une série pour plus jeunes lectrices (dès 12-13 ans), la fantasy est réellement divertissante lorsqu'elle s'associe à un semblant de comédie romantique. (Du moins, à mon goût.) Ou alors, ce premier tome introductif accomplit là sa mission de poser les bases dans la perspective d'autres épanouissements... En attendant, et pour celles qui apprécient, c'est un bon roman médiéval où se mêlent histoire et fantastique. Au moins trois tomes doivent suivre.

Princesse Shannon #1 L'aube du destin - Frewin Jones
Flammarion (2011) - 391 pages - 13€
traduit de l'anglais (USA) par Christine Aché et Catherine Grillet
illustration de couverture : Cali Rezo 

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