Pêle-mêle Junior : Miss Dashwood, nurse certifiée (1) De si charmants bambins - La revanche des princesses
Miss Dashwood pensait tout connaître de son métier de gouvernante après sa formation dans la meilleure académie de Londres... jusqu'à ce qu'elle débarque en Normandie chez la famille de Grandville.
Charlotte et Geoffrey souffrent en effet d'une réputation abominable. Le frère et la sœur sont insupportables et ont déjà fait fuir toutes leurs nourrices, promettant à Daisy le même traitement de faveurs.
Face à leurs caprices et leur hyperactivité, Miss Dashwood - qui a pourtant bien appris ses leçons - se trouve totalement dépourvue. Mais notre nurse certifiée va résister car elle a compris que les marmots cherchaient surtout à attirer l'attention de leurs parents et souhaiteraient juste passer du temps ensemble.
Bon point pour cette petite lecture dont le charme enfantin est plaisant, sans faute de goût et distrayant. L'ambiance est délicieusement prout-proute et l'humour bien présent - ça dragouille gentiment entre Daisy Dashwood et le professeur de musique dont chaque rencontre est assez cocasse.
Ce début de série convient pour les plus jeunes dès 8-10 ans séduits par cette couverture adorable. Il n'y a toutefois aucune illustration dans l'histoire, à part l'ouverture des chapitres. La lecture n'est cependant pas difficile mais nous entraîne dans des décors raffinés à peine dérangés par de menus tourments domestiques. Miss Dashwood gagne en confiance et en sagesse... l'essayer, c'est l'adopter !
De si charmants bambins (Miss Dashwood, nurse certifiée #1), par Gwenaële Barussaud-Robert
Fleurus, 2016
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J'ai été très agréablement surprise par ce recueil d'histoires sur les princesses pas nunuches ! C'est drôle, bien écrit et original. Prenez vite rendez-vous avec ces demoiselles râleuses, frondeuses, indépendantes et déterminées. Elles vous embarqueront dans des histoires farfelues, où des centres de protection ressemblent davantage à des prisons, où nos héroïnes réclament de prendre le pouvoir dans les contes, où la vanité fait perdre toute raison et où des secrets remontent à la surface, où l'on trempe aussi du saucisson dans son chocolat et où on chevauche sa licorne ailée pour de palpitantes aventures... avec du poil aux pattes !
C'est surtout une très chouette découverte et qui fait grand plaisir à lire ! Le ton est décalé, les illustrations sont savoureuses. On déguste en picorant ci et là ces fables féministes et affirmées, sans respecter l'ordre, juste par curiosité ou par goût des auteures. C'est riche en talent et ça s'applaudit... bravo !
La Revanche des Princesses, par :
Sandrine Beau : « Tapisserie, jarrets dodus & dragon rugissant »
Clémentine Beauvais : « La Belle et la Bête »
Charlotte Bousquet : « La Flamme de cristal »
Alice Brière-Haquet : « #Charming »
Anne-Fleur Multon : « La Princesse est en colère »
Et Carole Trébor : « La Princesse aux mille et un reflets »
Poulpe Fictions, 2019
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Libérez l'ours en vous, de Carole Trébor
« Mes petits poussins... me voilà obligée de quitter mon métier et mon club de théâtre pendant six mois : place au traitement et au repos. »
En découvrant le mail de leur professeur, Patricia Valente, ses élèves de première L tombent des nues. Comment envisager une année de théâtre sans le soutien inconditionnel de celle-ci ? Passionnée et travailleuse acharnée, soucieuse du détail, adepte des mises en scène burlesques, elle confie le lourd flambeau à Christophe, un étudiant en troisième année de conservatoire, et leur suggère de préparer ensemble une pièce de Camus.
Au lieu de ça, toute la troupe se replie sur un texte que Patricia a écrit peu après le décès de son père, un vigneron ardéchois bourru, qui grognait comme un ours mal léché, d'où le titre “Merci l'ours !”.
On plonge ainsi aux côtés de Kolia, Lisa, Cyril, Ethan et Samia dans une année d'apprentissage en dents de scie - heurts et bonheurs sur les planches, dans la vie, en amitié, en amour, en famille. Cette année scolaire s'annonce différente et néanmoins enrichissante pour tous !
Et c'est tout ce qu'il faut retenir de cette lecture, généreuse, sincère, touchante, attachante. En plus de partager la formidable symbiose qui se noue entre ces lycéens ordinaires, on savoure la mise en avant du théâtre, qui prend de la place et s'étale au cœur du roman. “Merci l'ours” n'est d'ailleurs pas qu'une invention - le texte existe vraiment et a été écrit en 2008 par Carole Trébor. Le livret de 106 pages est disponible en ligne !
Libérez l'ours en vous est plus qu'un appel du pied, un message de survie, un cri du cœur, un sauf-conduit, une bouffée d'oxygène... C'est tout ça à la fois ! Et c'est pas mal du tout. On retrouve avec plaisir la jolie plume de Carole Trébor qui avait su tant me séduire dans Nina Volkovitch et Lumière, Le voyage de Svetlana.
Syros, 2018
« Kolia attend ce moment depuis des heures, cette pièce va peut-être lui en apprendre plus sur Patricia Valente que toutes les enquêtes qu’il a menées avec ses potes. Elle ne sera pas là pour les mettre en scène mais au moins il incarnera un personnage qu’elle a inventé, qui s’inspire potentiellement de quelqu’un de réel, puisque le texte est plus ou moins autobiographique. Ce rôle sera sa meilleure interprétation, le jour où elle découvrira son spectacle sur scène doit être la plus belle surprise de sa vie. »
Également disponibles sur Syros Live, les enregistrements des chansons de la pièce de théâtre.
En poche ! # 41
Nina Volkovitch (La Lignée - Le Souffle - Le Combat), de Carole Trébor chez Gulf Stream Poche
Moscou, hiver 1948. La maman de Nina Volkovitch, qui travaille au musée d'art, est arrêtée par des hommes en noir, envoyée au goulag, tandis que sa fille est expédiée manu militari dans un orphelinat. Nina, âgée de 15 ans, est une enfant chêtive, pas plus grosse ou grande qu'une enfant de huit ans. Considérée comme fille de traîtres, elle subit les brimades en silence et attend son heure pour s'enfuir et retrouver sa mère.
La suite de ses aventures sera tout aussi captivante et embarque le lecteur à travers une Russie Stalinienne effrayante, truffée de magouilles politiques scandaleuses. L'atmosphère y est certes sordide et frileuse, pourtant chaque avancée de l'histoire réserve un enthousiasme grandissant ! L'histoire n'a effectivement pas tout livré de ses secrets et autres mystères, mais l'on devine un univers foisonnant, riche et excitant.
Cette série en trois tomes est également servie par un style élégant, des propos intelligents, des personnages attachants, et propose un ton neuf et original dans le paysage actuel ! C'est une magnifique saga historique et fantastique, à saisir pour 6,50€ le format poche.
♠♠♠ Vient de paraître le prequel de la série ♠♠♠
Vassilli Volkovitch, Le Serment
❄ De belles lectures de saison ! ❄
Orpheline, sans le sou, Sophie Smith vit en pension dans une école privée à Londres. A l'approche des vacances, ses amies et elle sont invitées à se rendre en Russie pour rencontrer la princesse Volkonski. Cette dernière occupe un palais d'hiver, en rase campagne, dans la région de St-Petersburg. L'endroit est féérique, même s'il porte encore les stigmates des vieilles querelles politiques et des tragédies familiales. Sophie est, pour sa part, avide d'aventures merveilleuses. Elle tombe sous le charme de cette princesse au charisme ravageur - si énigmatique, mais envoûtante. D'autres mystères entourent les lieux, dont la forêt qui sert de refuge à une meute de loups. Chaque nuit, leurs hurlements hantent les rêves de Sophie qui se sent de plus en plus perdue, mélangeant la réalité et la fiction. Elle ressasse aussi des souvenirs de son père, qui avait coutume de lui chanter une même berceuse ou aimait lui raconter des légendes lointaines. Comment expliquer ces soudaines réminiscences, sinon qu'elles sont ravivées par le décor qui l'entoure et lui fait tourner la tête ?
Son histoire s'éclairera à l'aube de révélations éclatantes, qui surviendront dans les derniers chapitres. Mais n'imaginez surtout pas que celles-ci vous surprendront plus que de raison, car finalement la trame romanesque est toute simple et évidente. C'est finalement dans la forme et son décor que l'histoire est attachante. On baigne dans un cadre idyllique, au cœur de la Russie, en plein hiver, on vit et partage des activités toutes plus extraordinaires les unes que les autres (pique-nique de minuit sur un lac gelé, balades en vozok, patin à glace au coucher du soleil...). En somme, c'est un joli conte enchanteur qui séduit pour sa simplicité, son élégance et sa tenue. C'est ravissant, et cela m'a beaucoup plu.
Sophie et la Princesse des Loups, de Cathryn Constable - Gallimard jeunesse, trad. Alice Marchand
Prenons notre envol pour Novgorod, dans le pensionnat Biriozy, où se trouvent trois camarades de chambrée, Pénélope, Ludmila et Sanouk. Elles trompent leur ennui en se racontant des histoires, quand débarque leur nouveau professeur de littérature, Anton Mordiev, qui leur fait découvrir un petit livre sur la civilisation nénètse (un peuple qui vit de l'élevage de rennes au-delà des Monts Oural). Mais cette lecture n'est pas du goût de la sous-directrice, Olga Petrovna, qui va tout mettre en œuvre pour les en détourner.
Avec une élégance très appréciable, Anne Bouin nous enchante, nous séduit et nous divertit en un tour de main. Car ce roman est fabuleux ! L'intrigue y est étonnamment riche et d'une imagination débordante, avec du suspense et beaucoup de poésie. On y croise aussi trois jeunes filles attachantes, liées par une amitié sincère et rafraîchissante, portées par une passion romanesque éblouissante, comprenant son petit lot de miracles. Naturellement cette lecture nous réserve un dépaysement assuré, à travers la belle Russie, glaçante ou fascinante, qu'on soit entre les murs du pensionnat austère, dans la très coquette isba bleue de la babouchka de Sanouk, ou sous un tchoum, à se réchauffer sous une peau de renne... Bref, le charme opère et j'ai été plus qu'enchantée par cette première approche, qui se poursuit avec Un été sibérissime et La vie est une flèche.
Petite feuille nénètse, d'Anne Bouin - L'École des Loisirs
Moscou, hiver 1948. La maman de Nina Volkovitch, qui travaille au musée d'art, est arrêtée par des hommes en noir, envoyée au goulag, tandis que sa fille est expédiée manu militari dans un orphelinat. Nina, âgée de 15 ans, est une enfant chêtive, pas plus grosse ou grande qu'une enfant de huit ans. Considérée comme fille de traîtres, elle subit les brimades en silence et attend son heure pour s'enfuir et retrouver sa mère.
La suite de ses aventures sera tout aussi captivante et embarque le lecteur à travers une Russie Stalinienne effrayante, truffée de magouilles politiques scandaleuses. L'atmosphère y est certes sordide et frileuse, pourtant chaque avancée de l'histoire réserve un enthousiasme grandissant ! L'histoire n'a effectivement pas tout livré de ses secrets et autres mystères, mais l'on devine un univers foisonnant, riche et excitant. Cette série en trois tomes est également servie par un style élégant, des propos intelligents, des personnages attachants, et propose un ton neuf et original dans le paysage actuel ! Une magnifique saga historique et fantastique.
Nina Volkovitch, de Carole Trebor - Gulf Stream
Plaine, ô ma plaine...
Attention, troisième et dernier tome !!! Nous retrouvons Nina, à bord du Transsibérien, en compagnie de Sacha et d'un vieil ami, Boris Nikitine, afin de sauver sa mère, déportée dans un goulag de la Kolyma. Au cours de ce long voyage, nous découvrons un paysage désolé et désolant, le froid, le manque de nourriture, le troc, la police omniprésente, la délation, mais aussi les convois de prisonniers, des femmes désespérées et brutalisées, des soldats embrigadés dans un système corrompu, dont ils échappent en noyant leur impuissance dans la boisson. A côté de ça, passe le majestueux Express Bleu, le train des officiels et des nantis, à bord duquel on croise la ravissante Véra !
Et là, un drame s'opère : Sacha tombe sous le charme, instantanément. Nina, elle, a le cœur blessé et gonflé d'amertume. Car c'est une chose surprenante dans ce roman, puisque nous découvrons notre héroïne confrontée à ses premiers émois amoureux. A elle son lot de souffrance, jalousie et déception maintenant ! C'est assez soudain, mais après tout Nina a tout de même 16 ans, sous ses airs de fillette coincée dans un corps qui ne connaît la puberté que de nom.
Il lui faudra de la patience, beaucoup de patience, ainsi lui avait enseigné son vieux maître Arkadi Tchernigov, avant de toucher au but. En attendant, place à toutes ses missions : sauver sa maman, retourner à Moscou, délivrer Dima, livrer son dernier Souffle, affronter son oncle, etc. On s'imagine que ça va tourbillonner dans tous les coins, et finalement il n'en est pas question. C'est un peu ma petite déception, car le dénouement n'est pas flamboyant, mais très posé, très rigoureux. A chaque problème, sa solution. Dossier après dossier. Tchac, tchac. Au suivant !
Cela ne gâche nullement la très bonne appréciation que j'ai de cette série, car l'auteur en profite pour glisser des notes historiques, biographiques, culturelles, etc. On trouve des tableaux, des poèmes, des détails affligeants sur la vie en Russie sous le régime de Staline. Un glossaire est d'ailleurs disponible à chaque fois pour expliquer les termes difficiles ou moins évidents. En bref, non seulement cette série aura eu le goût de me séduire, de m'étonner, de proposer un style neuf et changeant dans le paysage actuel, mais elle a également introduit une belle intelligence dans son propos. Cette série n'a que du positif pour elle !
Nina Volkovitch, tome 3 : Le Combat, par Carole Trébor (Gulf Stream éditeur, mai 2013)
“Nos actes sont nos anges, bons ou mauvais, ombres du destin, marchant à nos côtés.”
Nina séjourne au monastère de Zaïmoutchi pour son initiation en compagnie de maître Arkadi Tchernigov. A elle de comprendre l'histoire des Volkovitch, le pouvoir des anges et le mystère des icônes, mais cela représente énormément d'informations en un laps de temps très court ! Déjà, la menace gronde, l'oncle de Nina est sur leurs trousses et s'apprête à envahir le monastère pour récupérer les icônes.
La tension est palpable, et pourtant la lecture ne nous fait pas vivre un rythme infernal. On calque nos pas à ceux de Nina, comme elle on est à l'écoute et on observe, on écoute et on découvre ce monde nouveau, enchanteur et voilé de zones d'ombre. C'est toujours passionnant à parcourir, ce deuxième tome servant essentiellement de transition entre la présentation et le dénouement, l'intrigue se veut tantôt posée et pédagogique, tantôt trépidante et acharnée.
On retrouve des personnages attachants, comme les frères Sacha et Dima, on doit se séparer d'autres figures bienveillantes, comme Anton, Arkadi ou Nadia, on se surprend à apercevoir des têtes connues, comme la jeune Véra... En bref, c'est une petite série fort sympathique, écrite avec style et élégance, qui se cadre dans un milieu foisonnant, riche et excitant. Cette Russie Stalinienne fait peur, ajoutez que des individus sont capables de pouvoirs hors normes, utilisés à mauvais escient, et vous vous dites qu'il serait bon de se planquer sous la couette, au chaud et à l'abri, en attendant la suite !
Nina Volkovitch, tome 2 : Le Souffle, par Carole Trébor (Gulf Stream éditeur, janvier 2013)
Mais quel est son secret ?
Après la fin de la guerre, à Moscou, la maman de Nina Volkovitch est arrêtée par des hommes en noir tandis que la jeune fille est envoyée dans un orphelinat. A quinze ans, celle-ci paraît aussi chétive qu'une enfant de huit ans. Elle a cessé de grandir et grossir pendant les années difficiles. Considérée comme une fille de traîtres, Nina s'endurcit et attend son heure pour s'enfuir et retrouver sa mère.
Ce roman est le premier tome d'une trilogie (parution rapprochée de la suite), et il ne laisse absolument rien filtrer de ses mystères. C'est ce qui m'a particulièrement séduite, en plus de son atmosphère quelque peu sordide et frileuse, nous sommes dans l'Union Soviétique de Staline, on y découvre les magouilles politiques, les traitements scandaleux infligés à ceux qui ne se montraient pas dignes du Parti, et il y a aussi l'influence artistique, notamment avec la peinture, qui tisse ses liens avec les ressorts cachés de la trame romanesque. La maman de Nina travaillait au musée d'art où elle s'opposait aux mesures drastiques du régime. Concernant son papa, on ignore encore où il est, ce qu'il est, mais cela fait partie de l'intrigue. Je vous laisse découvrir ce qui attend Nina, laissez-vous porter par son aventure fabuleuse et mystérieuse. Impossible de ne pas être tenue en haleine par son épopée !
Je tenais aussi à souligner le remarquable travail d'esthétisme sur l'ouvrage (couverture et liseré doré sur les pages). Quelque part, ce roman a fait naître le même enthousiasme qu'avait su susciter une lecture comme celle de Méto d'Yves Grevet. Vraiment une formidable découverte littéraire, à vous conseiller chaleureusement.
Nina Volkovitch, tome 1 : La Lignée, par Carole Trébor
Gulf Stream éditeur, 2012 - illustration 1ère de couv : Cali Rezo