Balefire (t. 2 & 3) : Plume de pierre & Collier d'eau, de Cate Tiernan
Clio et Thais sont des sorcières. Si Clio l'a toujours su et a été élevée dans la sorcellerie, Thais, elle, n'a découvert l'étendue de ses pouvoirs que récemment, après la mort de son père. Alors qu'elle tente de maîtriser ce nouveau don, elle se retrouve au coeur du rite des Treize, dont la puissance pourrait bien changer sa vie et celle de sa soeur à jamais.
Voici donc les deux derniers tomes de la série Balefire ! Dans “Plume de pierre”, Clio cherche à convaincre sa soeur de trouver le sortilège d'immortalité, mais Thais refuse. Elles doivent aussi identifier qui cherche à les tuer, sous prétexte que l'une d'elles n'a pas sa place dans le cercle des Treize. Dans “Collier d'eau”, Thais a démasqué l'assassin de son père et réclame sa propre justice. Elle va développer ses pouvoirs en secret, tandis que Clio est attirée par la force obscure de Daedalus.
Très ancrée dans son identité jeunesse, la série a toujours su proposer une charmante intrigue, avec des personnages attachants, un soupçon de mystère et de suspense, tout en exacerbant la fascination du lecteur pour la magie. C'est ce qui m'avait séduite, mais après lecture du dernier tome, je suis assez déconfite par tant de facilités et par le dénouement arrondi aux angles. Pas de rencontre au sommet, un affrontement banal, des solutions hâtives, précipitées, aucun suspense, non, rien... et que dire de tous ces personnages à qui on tourne le dos en les laissant à leur sort, après les avoir accompagnés et avoir partagé leurs tourments, leurs attentes et leurs espoirs ?! Je ne suis que déception ET frustration ! (Cela me fait penser à la série Dark Elite de Chloe Elite qui se termine de façon aussi évasive et peu satisfaisante.) C'est agaçant.
Ce dénouement trop vague laisse une empreinte d'inachevé sur cette série, dont la trame romanesque avait pourtant un joli potentiel. C'est fort regrettable. Pour ceux qui souhaiteraient encore surfer sur la vague, il existe aussi la série Wicca chez Hachette jeunesse.
MsK, Janvier & Mars 2014 - traduit par Anne-Sylvie Homassel
"La vie semblait soudain n'être plus faite que de problèmes."
Malgré mon avis réservé concernant le premier tome (que je trouvais trop jeune, trop lisse et à l'intrigue convenue), j'avais envie de connaître la suite car je la pressentais plus disposée à me plaire. Cette fois, plus de temps perdu à planter le décor et à présenter les personnages, on pouvait entrer dans le vif du sujet et retrouver les jumelles, Clio et Thais. Celles-ci n'ont pas seulement découvert un nouvel héritage familial, elles ont aussi des chagrins d'amour à panser, des sortilèges à lancer, des dangers à déjouer.
A sa façon, Clio est un personnage plus attachant. C'est une chipie, sûre de son charme, qui a toujours baigné dans la magie, mais qui ne se comporte pas non plus comme une garce avec sa sœur, Thais, plus naïve, avec son look de première de la classe, qui fait tomber tous les garçons, en particulier celui pour qui Clio a craqué également. Doit-on présager des rivalités entre sœurs ? Même pas !
Finalement, c'est bien pour ça que j'éprouve un certain plaisir à me plonger dans cette série, pour son esprit bon enfant (et son univers sur la wicca !). Partant du principe qu'elle s'adresse avant tout à un public très jeune, j'accepte donc plus facilement les petits travers et autres défauts pas bien méchants. Toutefois, l'histoire s'enrichit mine de rien de quelques pointes de suspense, de drames amoureux en souffrance, de secrets à couver, d'amis à trahir et d'alliances à rompre sans le moindre remords. C'est presque comme un feuilleton, mais en plus soft.
Petite frustration, tout de même, sur la fin ... que j'espérais plus haletante, plus excitante. C'est loin d'être le cas ! Cate Tiernan a préféré ménager son suspense et avance ses pions avec une placidité déconcertante. Attention à ce que l'ensemble ne tombe pas dans le plan-plan non plus !
Balefire, tome 2 : Cercle de cendres, par Cate Tiernan
Msk, 2013 - Traduit par Anne-Sylvie Homassel
“There are no coincidences. And everything means something.”
A la mort de son père, Thais, dix-sept ans, voit sa tutelle confier à Axelle Gauvin, une amie de la famille qu'elle ne connaît pas du tout. Elle part donc s'installer à la Nouvelle-Orléans, découvre un monde nouveau et excentrique, mais la plus grosse découverte consiste à tomber nez-à-nez avec son sosie parfait. Thais aurait donc une soeur jumelle, Clio, laquelle a été élevée chez sa grand-mère et ... initiée à la magie dès son plus jeune âge. Thais tombe des nues, mais ses soucis ne font que commencer.
Pour un premier tome, nous avons tous les éléments en place : présentation des personnages, de la magie, des secrets et des enjeux, l'histoire prend vraiment son temps pour installer ses pions, c'est assez long, pas très palpitant non plus, surtout qu'au final il n'y a pas de grosses surprises pour pimenter tout ça. Donc, d'un certain point de vue, c'est une lecture très lisse et peu originale.
Ensuite, Clio et Thais tombent toutes les deux amoureuses de beaux garçons au charme ténébreux, l'une pour un certain André, et l'autre pour Luc. Mais ne vous attendez pas à une nuée de papillons dans le ventre, car l'histoire ne nous laisse même pas le temps de partager cette sensation, car à peine esquissé, c'est déjà plié ! Beaucoup de promesses et d'attentes pour un résultat banal et bien frustrant, c'est ce que je retiendrai de cette lecture, maintenant la suite ne peut que se développer car elle a toutes les cartes en main. Parution du tome 2 en avril 2013.
Balefire, tome 1 : Le Calice du vent, par Cate Tiernan
Msk, 2012 - traduit par Aude Lemoine
“Please, ground, just open up and let me fall into an endless crevasse till I hit the center of the earth and combust. Please.”
Nastasya a 459 ans et une vie de débauche derrière elle. Sur un coup de tête, elle choisit de prendre un nouveau départ et se réfugie dans une ferme bio ambiance familiale pour suivre un programme de choc (manger sainement, s'astreindre à un rythme de vie abêtissant, vivre en communauté). C'est plus qu'un retour aux sources, c'est une redécouverte des vraies valeurs, une façon de comprendre ses erreurs, de faire le tri dans ses souvenirs, de se débarrasser des poids morts, de faire la paix avec soi-même.
La miss a vécu mille vies, mais n'a pas su percer le secret de ses origines, jusqu'à ce qu'on comprenne qu'elle a tout enfoui exprès pour étouffer la souffrance, mais sa vie à River's Edge fragilise les remparts derrière lesquels elle se planquait, et quand le passé commence à ressurgir, tel un coup de fouet vivifiant mais aussi cinglant, la fille est prise de panique.
Nastasya est une héroïne rebelle et farouche, qui refuse de s'épancher et qui s'accroche à ses secrets, de peur de paraître trop vulnérable. C'est tout le propos du roman, d'ailleurs, qui s'intéresse sincèrement aux personnages, à l'apprentissage difficile et douloureux par lequel il faut passer pour s'accorder une seconde chance et oublier les anciennes vies, souvent marquées d'actes horribles et impardonnables. C'est donc une quête de soi-même avec ses hauts et ses bas, et principalement le parcours d'une héroïne tendance psychopathe mais drôle à sa façon, avec la révélation progressive de son histoire, de son attirance pour le dieu Viking de River's Edge et son attachement à cette famille d'allumés, aux allures de hippies, qui enseignent les mystères cachés des plantes médicinales, des cristaux, des huiles essentielles, mais aussi des sortilèges, de l'art magique, des étoiles, des runes etc.
Une lecture singulière, entraînante et très habile pour nous attirer dans ses filets !
Immortels, tome 1 par Cate Tiernan
Hachette jeunesse, coll. Black Moon, 2011 - 353 pages - 17€
traduit de l'anglais (USA) par Blandine Longre
Voyons voir. Mon existence d'avant - fringues de haute couture, fêtes géniales, amis super, drôles, excitants, voyages à gogo, toujours plus d'amusement. Ou bien ma vie présente - chemises de flanelle, grosses bottes et jeans, boulot de subalterne dans un drugstore proche de la faillite, réveils à l'aube... Aucune raison que ma vie me paraisse meilleure. C'était pourtant le cas.
Le tome 2 est déjà disponible !
On renoue avec le parcours en dents de scie de Nastasya, toujours aux prises avec ses démons. A force de se sentir la cible des forces obscures, elle va inévitablement agir en grande trouillarde qui se respecte et prendre une décision lourde de conséquences.
Le ton est ici plus sombre, du fait de la déprime profonde de l'héroïne, et semi-tragique aussi, car les derniers chapitres donnent des bouffées d'angoisse et d'agacement. Le récit est également ponctué de scènes rigolotes liées à l'humour sarcastique de Nastasya (son imbroglio sentimental y est pour beaucoup !).
La série a trouvé son rythme de croisière et nous prépare sur le chemin d'un troisième tome qui assurera le rôle de dégoter toutes les issues possibles pour calmer les angoisses de notre demoiselle immortelle. Et j'aime toujours son caractère insupportable, même si la miss en question ne sait pas faire la distinction entre le bien et le mal dans sa vie !
Immortels, tome 2 : La Traque.
Hachette jeunesse, coll. Black Moon, 2011. Avec une excellente traduction de Blandine Longre !
** Un mètre quatre-vingts de désastre viking - lumineux, comme il se devait. **
lectures de vacances #1
"There are no coincidences. And everything means something."
Délicieuse ambiance que voilà ! Wicca est une série aux effets envoûtants, vis-à-vis de laquelle il ne faudrait pas se leurrer non plus, c'est l'histoire d'une adolescente de seize ans, qui se trouve quelconque, et qui tombe folle amoureuse du beau gosse du lycée, Cal, le nouveau venu, qui va également initier tout un petit groupe de lycéens à la Wicca. Miam, miam. La tournure des évènements fait des merveilles, c'est mystérieux et attrayant, bref je buvais du petit lait. Cela a su largement compenser l'aspect exaspérant qu'on retrouve dans les plates considérations adolescentes de Morgan, l'héroïne. Mes aïeux, qu'est-ce que c'est simplet ! Premiers émois amoureux, jalousie entre copines, fâcheries et vacheries, crises de colère, embrouilles avec les parents... ouhlala, c'est lourd ! (Oui, c'est l'âge.) Heureusement le thème de la Wicca fait oublier tout ce côté gonflant. J'ai été fascinée par le folklore, très curieuse d'en apprendre plus sur les origines de Morgan, de connaître l'histoire des anciens clans et de chercher à percer le mystère qui rôde autour de Cal, de sa mère et des autres personnages secondaires... Prenez donc votre mal en patience, il faut se farcir une petite nana qui joue avec nos nerfs, mais oubliez sa crise d'ado et plongez-vous dans l'univers captivant de la Wicca ! Cela vaut vraiment le détour.
Wicca, livre 1 : L'éveil - Cate Tiernan
Hachette jeunesse, coll. Black Moon, 2011.
Cela ressemble à une petite brique noire, de plus de 400 pages. La couverture énigmatique donne le ton, ce sera fantastique et drôle et inventif, ou je ne m'y connais pas ! Dès le départ, nous faisons connaissance avec les trois personnages - Mélusine, Framboise et Tristan. Ce ne sont pas des adolescents ordinaires, ils possèdent des dons ou des capacités dont ils ignorent la portée jusqu'à ce qu'ils soient pris en charge par les dirigeants de l'université invisible. Isolés sur une île, ils appréhenderont les rouages de cette institution, vont parfaire leurs connaissances et développer ce qu'on nous présente comme étant une forme de télépathie et télékinésie en version plus élaborée. Au fil des chapitres, d'autres acteurs entrent en scène (des vampires, par exemple !) et de nouvelles données mettent à jour l'ambition teintée d'ambiguïté de l'université. Il ne faudrait pas croire que tout est parfait et altruiste dans ce monde ! Il se passe, bien évidemment, des tas de petits évènements qui, mis bout à bout, constituent une intrigue habile et haletante. Maëlle Fierpied a imaginé une société du futur vouée à la technologie (les livres sont rangés en tant que vieilleries), le fantastique y trempe un doigt de pied, j'ai même cru au début me rapprocher de la trilogie Phaenomen d'Erik L'Homme, mais finalement les similitudes sont beaucoup moins évidentes. Car ce que j'ai trouvé frais et très agréable ici, c'est l'humour un rien espiègle de l'auteur. Cela nous donne des personnages attachants, en gros des adolescents souvent susceptibles, boudeurs et bornés, mais doués et perspicaces, n'hésitant pas à braver les interdictions, et un rythme d'intrigue fluide et très digeste. J'ai juste un peu regretté la fin précipitée de cette tétrade, mais ceci dit je n'ai pas boudé mon plaisir et confirme que ce fut une lecture bien divertissante !
Chroniques de l'Université Invisible - Maëlle Fierpied
Ecole des Loisirs, coll. Medium, 2010.
Teaser Tuesday #11
At a normal high school, having class outside on a gorgeous May day is usually pretty awesome. It means sitting in the sunshine, maybe reading some poetry, letting the breeze blow through your hair...
At Hecate Hall, aka Juvie for Monsters, it meant I was getting thrown in the pond.
Demonglass - Rachel Hawkins
Dans quelques années, en repensant au passé, je me souviendrai de ce jour comme de celui où je l'ai rencontré. Je me souviendrai de l'exact moment où il a fait son entrée dans ma vie. Jamais je ne pourrai l'oublier.
Wicca - Cate Tiernan
Micah respirait bruyamment. Ses pieds étaient maculés de boue. Il dépassa péniblement les vaches aux yeux d'agate qui broutaient dans la pommeraie le long de la route de la Rivière, puis, en bordure du village, escalada la clôture de Mattie Han. Comme ses jambes se faisaient de plus en plus lourdes, il prit un raccourci et passa entre la maison au toit de chaume et le jardin potager. La poitrine douloureuse, il dégringola du sommet de la colline en direction de la place, se laissant entraîner par son élan ; il avait du mal à rester debout. A chaque pas, il devait fournir un effort titanesque pour ne pas tomber tête la première dans la boue. Il déboucha dans la Grand-Rue, tituba et s'arrêta.
Tandis qu'il reprenait son souffle, les mains sur les genoux, Micah scruta la foule dense en contrebas. En ce jour de marché, il y aurait forcément un magicien dans les parages.
Le Prix de la Magie - Kathleen Duey
J'habite avenue Mauméjean, au numéro 9. Un gigantesque duplex perché tout en haut d'un immeuble haussmannien carrément imposant.
Un premier code permet d'entrer dans un hall sous surveillance (celle de notre concierge et de son chat Léon - à cause du film, pas de Tolstoï). Un deuxième code et, derrière une porte vitrée, on accède à l'ascenseur qui exige à son tour un troisième code pour s'ébranler.
Si un seul des onze propriétaires se fait cambrioler un jour, c'est qu'il aura lui-même engagé les voleurs !
Sur mon palier, au sixième, une seule porte et trois serrures, que je mets toujours cinq minutes à ouvrir. Pour rien, en fait. Car il existe un quatrième verrou. Un verrou invisible, beaucoup plus efficace que tous les autres.
C'est moi qui l'ai apposé.
Je n'ai pas dit posé, parce qu'il est rare qu'on 'pose' un sort sur une ouverture. On l'appose, c'est comme ça, je n'y peux rien.
J'avais dit que je révélerais 'plus tard' ma particularité, celle qui me vaut mon statut d'Agent (stagiaire) de l'Association. Eh bien, je crois que c'est le moment. Avant qu'on m'appose la question !
Je suis magicien.
Voilà voilà.
L'étoffe fragile du monde - Erik L'Homme
Teaser Tuesday #10
Un pas trop à droite et c'était la chute. Oonaa le savait. Elle se retenait à l'appui de la fenêtre qu'elle venait d'enjamber. La corniche sur laquelle elle essayait d'avancer ne mesurait pas plus de six ou sept centimètres de large. A peine de quoi poser son pied. Douze mètres plus bas, c'était la cour et ses larges dalles de pierre grise. Et là, à cinquante centimètres devant elle, son Echarpe blanche ondulant doucement dans la brise du soir.
Aerkaos - Jean Michel Payet
Plus rien ne serait comme avant, Pandora en avait bien conscience. Elle était allongée sur son lit et savait que le léthium qui se diffusait dans ses veines commençait de faire effet : bientôt son corps et son esprit ne lui appartiendraient plus. Il lui fallait agir vite et avaler l'antidote avant d'être gagnée par le sommeil. Une nouvelle fois, elle eut une pensée reconnaissante pour la personne qui avait glissé "par hasard" un lot de capsules-réveil dans la poche de sa salopette. Elle lissa entre ses doigts le petit médaillon porte-bonheur qu'elle portait autour du cou : elle ne se rappelait pas s'en être séparée un seul jour depuis sa naissance. Et c'était tout ce qu'elle emporterait avec elle. Cet unique lien qui la reliait à ses parents et lui permettrait peut-être de les retrouver un jour.
Le cas Rubis C. - Gaël Bordet
Au commencement, nous étions neuf. Nous étions jeunes, lorsque nous sommes partis, presque trop jeunes pour avoir des souvenirs.
Presque.
On m'a raconté que la terre avait tremblé, que les cieux avaient retenti d'éclairs et d'explosions. Nous étions dans cette période de deux semaines durant laquelle les deux lunes sont visibles aux deux extrémités de l'horizon. C'était un temps de fête, et au début, on a pris ces explosions pour des feux d'artifice. Mais ce n'en était pas. Il faisait doux, et une brise légère remontait de l'eau. On me répète toujours le temps qu'il faisait : la douceur de l'air et la brise légère. Je n'ai jamais compris quelle importance ça pouvait avoir.
Numéro Quatre - Pittacus Lore
La nuit dernière, tout mon univers s'est écroulé. Je suis maintenant en fuite, talonnée par la peur.
On mène tranquillement sa vie, dans sa propre réalité, et, tout à coup, un évènement inattendu vient bouleverser à jamais cette harmonie. Cela vous est-il déjà arrivé ? On voit ou on entend quelque chose et, soudain, tout ce qu'on est, tout qu'on se trouve en train de faire, tout cela se brise en milliers d'éclats acérés, à l'image de ce qu'on vient de comprendre avec amertume.
C'est ce qui m'est arrivé la nuit dernière.
J'étais à Londres. Avec des amis, comme d'habitude. Nous étions de sortie, comme d'habitude.
Immortels - Cate Tiernan
Je savais que cette fête serait nulle. C'est presque toujours le cas. Pourtant, j'étais partagée entre la peur et l'excitation, j'avais l'impression d'avoir un petit oiseau au creux de l'estomac, qui battait des ailes et tentait de se nicher sous ma cage thoracique.
J'ai pris un bain, exfolié ma peau, rasé mes jambes, mis du lait hydratant, puis j'ai essayé de discipliner mes cheveux. Quelques jours auparavant, j'avais eu une expérience désastreuse avec une paire de ciseaux. D'abord, sur la boîte de teinture, il était écrit : "Nuit étoilée" : j'espérais qu'une fois l'opération terminée (après avoir taché de noir toutes nos serviettes de toilette), je ressemblerais à l'héroïne mystérieuse d'un film français, le genre de fille qui a plein d'amants et passe sa vie à débattre du sens de la vie dans les cafés. En réalité, j'avais l'air d'une sorcière gothique. Bref, j'ai fini par couper quinze centimètres de cheveux et je me suis retrouvée avec une coupe courte ébouriffée qui rappelait davantage Amélie Poulain qu'Emily Strange. Et encore, avec la bonne lumière.
Au coeur de ma nuit - Sarra Manning