Tout ce qui nous répare, de Lori Nelson Spielman
Ce matin-là, Kristen n'est pas dans son assiette : elle traîne des pieds pour retourner à l'université et est déçue de prendre le train, vu que sa mère a un rendez-vous professionnel de dernière minute et ne peut plus la conduire comme promis. Agacée, Annie ne comprend pas l'attitude de sa sœur et lui remonte les bretelles en l'incitant à déguerpir au plus vite.
Quelques heures après, Erika apprend qu'un accident de train a causé la mort de sa fille. Tout s'effondre. La mère consternée ne voit pas la détresse de sa cadette et se méprend sur son besoin de discuter. Toutes deux sont débordées par leur culpabilité et supposent qu'elles vont s'accuser mutuellement.
Ce gros malentendu crée donc un malaise et rend leur relation compliquée. Erika s'abrutit de travail pour ne pas faire face à Annie qui finit par quitter la maison. En fait, elle est désormais convaincue que sa sœur n'est pas morte mais qu'elle doit se cacher pour x,y raisons. Dès lors, elle se lance dans une enquête (tendance obsessionnelle) qui va la guider jusqu'en Europe. Ou comment gérer son chagrin et sa propre responsabilité en totale dénégation.
Il faudra du temps pour que mère et fille parviennent à se comprendre et à chasser tout malentendu. C'est d'ailleurs un message anonyme - chasse ce qui te pèse et cherche ce qui t'apaise - qui fera réagir Erika : et si Annie avait raison ? et si c'était à son tour d'entrer en action ? Et d'affronter ses démons (nombreux).
Finalement, ce roman met à plat des années de silence, de souffrance et de traumatisme enfoui. Pour contrer la tornade émotionnelle, Erika et Annie vont puiser au fond de leur colère, couper le cordon, parcourir le globe, retourner à leurs racines, fouiller, bousculer, accepter de lâcher prise. La vérité n'est pas toujours celle que l'on attend mais il suffit d'un drame pour jouer cartes sur table.
Si le début m'a un peu rebutée, la suite de l'histoire a fini par m'emporter. Ce n'est ni par empathie pour les personnages (bof, bof) ni pour l'incongruité de l'histoire qui débloque de vieux conflits ou offre des solutions providentielles (abondance de clichés), c'est seulement pour la petite musique que j'ai succombé. Ça coule tranquille, sans prétention, et ça fait du bien. Parfois je rouspétais ou je levais les yeux au ciel (Annie, par exemple, est immature). Mais j'ai tout englouti comme une crève-la-faim. Hop, même pas honte !
Bon point pour ce roman doucereux et néanmoins apaisant qui permet de chasser les nuages et qui redore un moral en demi-teintes. Tant mieux pour moi.
2018 le cherche midi, pour la traduction française. Titre original : Quote me (P)2018 Lizzie
- Lu par : Catherine Creux
- Durée : 10 h env.
Belle performance de la lectrice : ce livre s'écoute tout seul ! Vraiment très agréable.
Disponible en format poche chez POCKET !
⭐⭐⭐
Mange prie aime, de Elizabeth Gilbert
Changer de vie, on en a tous rêvé... Elle a osé !
Dans le genre « je réfléchis à ma vie et je cherche la voie du bonheur » - façon Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n'en as qu'une de Raphaëlle Giordano - je dis STOP. Je n'en peux plus. Car je réalise que je ne suis PAS DU TOUT réceptive à cette tendance. Preuve avec ce roman d'Elizabeth Gilbert qui m'a semblé long, bavard et peu intéressant.
À 31 ans, pleurant à chaudes larmes dans sa salle de bains, Elizabeth comprend qu'elle n'est pas heureuse et décide de mettre un terme à son mariage. Elle se console auprès d'un amant toxique, sombre dans la dépression avant de partir pour un voyage vers de nouvelles expériences. En Italie, Elizabeth cède à ses instincts d'épicurienne. Pâtes, pizza, pains et glaces... Elle fait une razzia, prend douze kilos mais se sent en paix avec son corps. Elle continue son périple en se rendant en Inde où elle s'installe dans un ashram et s'astreint à une rigueur ascétique pour parfaire sa quête spirituelle. Après quoi, elle part à Bali et rencontre un homme d'affaires brésilien. Elle est séduite, comprend que le temps de la disette sexuelle est révolu. Amen. Elizabeth est pleinement épanouie et peut rentrer à la maison.
Tout ceci résonne un peu trop nombriliste et simpliste. De plus, son personnage incarne également l'archétype de l'américaine complaisante, égocentrique et sans difficulté financière (tant mieux) mais inspire au final beaucoup d'ennui et peu empathie. En bref, j'ai trouvé son parcours peu convaincant. Et ma lecture décevante.
À noter que l'interprétation de Catherine Creux - pas désagréable mais un peu pédante - a sans douce exacerbé mon scepticisme. Mais ceci n'est qu'une affaire de goût... J'aimerais donner une 2nde chance à l'auteur en suggérant La Tentation du Homard à Audiolib ou Audible Studios. Merci. ☺
©2008 Calmann-Lévy. Traduit par Christine Barbaste
(P)2018 Audiolib / durée : 14h 30 env.
Le roman a été adapté au cinéma en 2010, avec Julia Roberts et Javier Bardem (jamais vu, pas envie non plus).