Pêle-mêle : Vassilia et l'ours - Seul sur mars ? - Un ours à la mer ! - Au secours des Zulus-Papous
Vassilia est amie avec l'ours de la forêt. Tous les jours, ils jouent ensemble puis se séparent le soir venant. L'ours est dépité car il aimerait accompagner la fillette jusqu'à son isba. Il rêve de partager la vie des hommes, de goûter la soupe épicée de la babouchka, de s'endormir sous un édredon en plumes d'oie... Mais Vassilia lui interdit formellement de s'approcher du village : les hommes lui réserveraient un accueil féroce. Après tout, l'ours est un animal sauvage. Sa place n'est pas de vivre parmi les hommes. Allez faire entendre raison à cette grosse boule de poils qui fantasme un idéal impossible à atteindre.
Le cœur gros, Vassilia va finalement se résoudre à exaucer son vœu et l'invite chez elle pour la nuit. Ils avancent d'un pas tremblant, retiennent leur souffle et puis... La suite est tout aussi charmante, délicieuse, coquine et surprenante. J'ai adoré l'ambiance russe de ce conte qui raconte la force de l'amitié et le choc des cultures (on ne domestique pas un animal sauvage). Le ton n'est jamais moralisateur, mais drôle. De plus, les illustrations sont ravissantes et l'histoire colle à merveille avec la saison hivernale. Voilà une très belle invitation au voyage. À tenter.
Vassilia et l'ours, de Françoise de Guibert & Laura Fanelli
seuil jeunesse, 2019
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Pour prouver à tous qu'il y a une vie sur Mars, un homme s'est envolé seul dans son vaisseau spatial pour percer le secret de la planète rouge. Il est confiant et déterminé. À peine arrivé, il parcourt des kilomètres et des kilomètres dans un paysage assez austère. Très vite, un constat s'impose : il n'y a que des roches et de la poussière à perte de vue. Nulle trace de vie. Notre homme est déçu. Il avait prévu des petits gâteaux au chocolat pour sceller un pacte d'amitié. Il décide finalement de rebrousser chemin, manque de se perdre puis gravit une montagne pour retrouver son vaisseau. Là ! il l'aperçoit. Une lueur d'espoir, un signe de vie. Notre homme n'a pas fait tout ce voyage pour rien. Fier de lui, il repart à la maison et s'octroie une petite récompense chocolatée. Mais une autre surprise l'attend. Hé hé.
Bien évidemment, tout du long, le lecteur sera complice de la supercherie. L'homme n'a peut-être jamais vu la silhouette qui le suivait durant tout son périple. Mais nous, si. C'est très, très drôle. En plus des illustrations simples mais pimpantes, on trouve dans cet album un esprit facétieux qui donne le sourire aux lèvres. J'ai BEAUCOUP aimé. C'est super drôle et très original. À conseiller.
Seul sur Mars ? de Jon Agee
seuil jeunesse, 2019
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Dans cet album, place au drame : un ourson est tombé à l'eau ! Il va se noyer. Le jeune matelot est accroché au hublot, cherchant à accrocher le regard de son compagnon pour le soutenir. Mais il se sent impuissant et désespéré. Les minutes s'écoulent, l'ourson lutte contre les vagues déchaînées. Il tient bon, sous l'œil admiratif du garçon. Accroche-toi, accroche-toi.
Nous aussi on a le cœur qui bat la chamade. On sent la détresse nous gagner. On craque complètement au moment où l'ours et le matelot font un échange de sourires crispés. Carrément déchirant mais tellement beau. D'ailleurs, n'hésitez pas à donner de l'intensité et du drame à votre lecture. Accentuez la mise en scène. Mettez-y toute votre conviction. Faites durer le suspense. L'enfant va retenir son souffle jusqu'à la fin qui ne manquera pas de le surprendre. C'est foncièrement adorable, avec des images splendides. Très, très bon.
Un ours à la mer ! de Christine Schneider & Hervé Pinel
seuil jeunesse, 2019
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Dans leur forêt, les Zulus-Papous voient un jour débarquer un énorme frelon, bruyant et puant, venu du ciel. Des individus vont sortir de son ventre, dans leurs drôles d'accoutrements. Puis un gros scarabée jaune, à la solide carapace, va débouler. Les arbres vont être arrachés. La tribu va riposter et résister, en vain. Elle va croire ses derniers jours arriver mais une petite grenouille va leur sauver la vie !
Thierry Dedieu n'a pas son pareil pour nous embarquer dans une histoire qui impressionne : son grand format, son graphisme et ses couleurs sont déjà des atouts considérables pour envoyer un message fort. L'auteur dégaine également son humour et sa légèreté pour sensibiliser son public à l'écologie : préservons notre planète, protégeons notre nature, bémol sur la déforestation à outrance. C'est raconté avec tout plein d'intelligence et de lumière. C'est grandiose, vraiment.
Au secours des Zulus-Papous, de Thierry Dedieu
seuil jeunesse, 2019
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Pêle-Mêle : Une si charmante verrue sur le nez - À pas de loup - La bête de mon jardin
Léon déteste ce qui est joli, mignon, gentil et sympa. Il n'aime pas non plus les gens, surtout quand ils sont polis et affables. Aussi, lorsqu'il rencontre Gertrude Crocheblaze, c'est le coup de foudre. Elle a tout pour plaire à notre loustic - le cheveu filasse, le menton en galoche, les dents noires, les yeux globuleux et une charmante verrue sur le nez. Gertrude est aussi une sorcière, affreuse et mauvaise. C'est dit, Léon et elle forment le couple parfait.
Nos deux amoureux décident un jour de partir en voyage, en Afrique. Ils ne rêvent pas de paysages romantiques, mais se réjouissent de rencontrer des crocodiles hideux et des hippopotames obèses. Hélas, sur place, ils tombent sur les trois animaux les plus débonnaires de toute l'Afrique - Richard, le lion végétarien, Alfred, l'éléphant élevé par une duchesse anglaise et Émilie, la tortue timide.
Quelle calamité d'avoir des voisins dégoulinants de politesse ! Léon et Gertrude n'ont vraiment, vraiment pas de bol. Dans leur désir d'affronter le laid, le moche, l'horrible, ils n'ont que faire du lisse, du mielleux, du contrit. Et boum, au volant de leur voiture polluante, en vadrouille dans la savane, notre couple teigneux ne voit soudain plus qu'un écran noir à travers leur pare-brise.
Pourquoi, comment ? C'est toute la férocité de cette histoire, racontée non sans humour noir, et qui met en scène deux affreux jojos dans une aventure follement rocambolesque. André Bouchard met à l'honneur deux méchants pas charmants, en accentuant bien le sordide, et c'est très, très rigolo ! La chute finale est tout aussi désopilante. ☺
Une si charmante verrue sur le nez, d'André Bouchard
Seuil Jeunesse, 2017
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Claire et Louis passent la nuit chez leurs grands-parents, quand ils sont saisis d'une petite fringale nocturne. Ils se faufilent hors du lit, en toute discrétion. Du moins, c'était leur intention car les enfants ne vont cesser d'être maladroits, de buter dans les meubles, de briser des vases, de renverser le lait dans la cuisine ou de casser la branche du cerisier.
Quel ramdam ! Forcément, cela attire l'attention de Papi et de Mami... et là Coco le toucan, Grangrogris l'éléphant ou Minouchette la tigresse endossent toute la responsabilité et servent judicieusement d'alibis.
En voilà une lecture étonnante, qui fait appel à l'imagination et qui mélange avec subtilité le rêve et la réalité. Les illustrations baignent dans une ambiance claire-obscure de toute beauté. C'est apaisant, et le texte d'une grande poésie parachève l'impression d'ensemble d'une lecture pleine de douceur.
À pas de loup..., de Christine Schneider & Hervé Pinel
Seuil jeunesse, 2017
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Dans sa chambre, un garçon scrute derrière sa fenêtre la pénombre du jardin. Caché dans les buis, se trouve une bête. Il le sait, il devine sa silhouette, il la redoute également, mais il décide de sortir pour s'en approcher. Inversement, la bête scrute l'enfant depuis sa cachette. Il sent son odeur et s'en pourlèche les babines. Il n'y a pas que le garçon à avoir été nourri de légendes et de contes du soir... La bête aussi connaît ses classiques et craint l'homme... le chasseur.
C'est donc un troublant jeu de miroirs qui s'orchestre sous les yeux du lecteur. L'enfant et la bête s'observent, mais tous les rôles ne sont pas définis et les mythes entretiennent le mystère. Et puis, il y a aussi le jeu des lumières, celui de l'imagination. En gros, c'est un jeu de dupes. Entre songe et illusion, cet album séduit, par ses jolies découpes, son univers graphique et ses couleurs crépusculaires. Un bel exercice de style, qui fait appel au pouvoir de l'imagination.
La bête de mon jardin, de Gauthier David & Samuel Ribeyron
Seuil jeunesse, 2017