Comment le faire craquer en 10 leçons, de Joanna Bolouri
Cat est chroniqueuse pour le Lowdown Magazine où elle tient une rubrique sur l'amour en signant sous le pseudo de Glasgow Girl. Séparée de son compagnon, Cat vit seule avec sa fille et partage son expérience de célibataire avec beaucoup de dérision. Un jour, elle se moque ouvertement d'un bestseller sur les règles d'or de la séduction - vexant au passage son auteur - et doit faire son mea culpa en appliquant à la lettre ses conseils avisés pour trouver l'âme sœur. Cat y met de la mauvaise volonté (trop caustique et indépendante pour papillonner des cils avec un sourire sibyllin sur les lèvres). Pourtant, les préceptes suivis se révèlent efficaces : elle vient de rencontrer un charmant dentiste, auprès duquel elle se transforme en un modèle de vertu, et voit la relation décoller !
On le sait, Cat est une jeune femme qui rêve d'amour mais qui couche aussi avec un inconnu rencontré dans un bar, elle joue parfois les vamps mais adore se vautrer devant une série tv en pyjama, elle déprime en apprenant le mariage de son ex mais fait bonne figure pour son adorable poupette, sa meilleure amie est désopilante et sa sœur essentielle à son bon équilibre. En bref, le petit monde de Cat est actuel : il allie charme et humour en toute simplicité. On ne nous vend pas une héroïne parfaite et irréprochable... mais tellement attachante ! J'ai, de plus, adoré son humour sarcastique et sa relation volcanique avec le mystérieux Dylan. On sourit tout du long et les 300 pages défilent en inspirant une sensation merveilleuse. Une comédie franchement pétillante !
Milady (2017) - traduit par Claire Allouch
Le Journal de Mr Darcy, d'Amanda Grange
« Mes pensées vagabondèrent. Allais-je trouver Elizabeth changée, depuis l'automne ? Serait-elle surprise de me voir ? Non. Elle était informée de ma présence. Serait-elle heureuse ou contrariée ? Heureuse, bien sûr. Renouer connaissance avec un homme de ma position doit être désirable à ses yeux. »
Pour les besoins du Mois Anglais, j'ai choisi de relire ce roman, non par conviction, mais parce que c'était le seul disponible en livre audio, le format qui m'accommodait le mieux. Mais dès les premières notes lues par Richard Andrieux, j'ai bien failli regretter mon choix. Ce que j'entendais était affreusement guindé, solennel et plat, car le narrateur opte pour une articulation qui frise le ridicule, prétendant sans doute coller au personnage de Darcy, mais c'est beaucoup trop affecté et peu agréable à l'écoute. J'ai fini par m'y habituer, sans être follement conquise. Et c'est bien pour me fondre dans le décor de cette délicieuse Angleterre georgienne que je n'en ai fait qu'une bouchée.
L'histoire se veut la libre interprétation du roman de Jane Austen (Orgueil & Préjugés) en octroyant au personnage de Darcy des pensées intimes et coupables qu'il déverse dans son journal. Lui, dont on raffolait le mystère, le charme ténébreux, la stature imposante et vénérable, nous apparaît cette fois hautain et arrogant, encombré de préoccupations de second ordre, dont des atermoiements sentimentaux qui le relèguent à sa position de simple humain... Oh non. Darcy est un fantasme. Darcy est une énigme. Darcy ne peut descendre de son piédestal. Darcy a évidemment une haute opinion de sa personne et se compromet en ressentant cette inclination pour Elizabeth Bennet, de condition sociale inférieure, en plus d'être affiliée à une famille stupide et vulgaire. Ses sentiments lui coûtent et il se sent honteux de les avoir, sa première déclaration est donc un déchirement du cœur. ^-^ L'histoire, ainsi, n'est guère surprenante. Tout a déjà été écrit et on ne peut en attendre davantage. Au lieu de ça, on rembobine la pellicule et on repasse le même disque avec la lettre d'excuse, la visite de Pemberley, la fuite de Lydia, la mission de sauvetage et les émotions florissantes... Ouhlala. C'est nettement moins excitant de découvrir un Darcy qui tombe le masque. Cela le rend soudainement moins attirant, trop accessible. Quelle désillusion.
Il faut donc se munir d'une bonne dose de cynisme, avec un goût prononcé pour le second degré, pour se lancer dans cette lecture, qui n'a pas su gagner mes faveurs. J'ai en effet l'impression d'une supercherie, avec des personnages méconnaissables, limite méprisables, et une intrigue peu fouillée, trop réchauffée, sans compter certaines incongruités comme les balbutiements ou les rougeurs à répétion... Que diable !? On se croirait dans le film de Joe Wright ! Il est sans nul doute appréciable de succomber au plaisir coupable d'une douce illusion, c'est le propre de chaque austenerie, en adoptant la philosophie du lâcher prise pour éviter de s'offusquer à chaque détournement sordide. ;-)
Texte lu par Richard Andrieux pour Hardigan, janvier 2016 (durée : 8h 02)
©2012 Milady. Traduit de l'anglais par Claire Allouch (P)2016 e-Dantès
>> Le livre audio est disponible en exclusivité sur Audible, uniquement en téléchargement.
# Mois Anglais 2016 : Autour de Jane Austen
« La seule chose qui me hante alors que j'écris est le regard que je surpris de la part de Miss Elizabeth Bennet lorsque je fis remarquer qu'elle n'était pas assez belle pour me donner envie de danser. Si je ne savais pas que c'est impossible, je dirais qu'il était ironique. »