30/01/15

L'Éte où papa est devenu gay, par Endre Lund Eriksen

« Mon père ne peut quand même pas être homo
Indiane s'est renfrognée.
- C'est quoi le problème si on est homo?
J'ai essayé de lui expliquer que je ne voyais aucun inconvénient à ce que les homos soient homos ; le problème, c'était que papa le soit, parce qu'en vrai, au fond de lui, il ne l'était pas. S'il l'avait été, encore ! Admettons. Mais il avait été marié à ma mère pendant une éternité, et franchement, il n'avait vraiment rien d'une pédale. Alors là, Indiane a froncé les sourcils, l'air furibard.
- Qu'est-ce que tu veux dire exactement par « il a rien d'une pédale » ?
Impossible de lui avouer ce que j'avais en tête. Marcher en roulant du cul comme une fille. Parler mode, fringues et jardinerie d'une voix efféminée. Trottiner en faisant tout le temps des mouvements du poignet. Écouter de la musique disco et s'habiller avec des trucs en cuir moulants.
On ne pouvait pas dire que son père était comme ça. Au contraire : c'était le type le plus viril que j'aie jamais rencontré - enfin, si on exceptait le coup de la musique disco. Ça, on pouvait difficilement faire plus homo. »

L'Ete Ou Papa Est Devenu Gay

Séparé de son épouse, le père d'Arvid emprunte une caravane pour les vacances et s'installe sur le terrain près des toilettes les plus célèbres de Norvège (ambiance psychédélique, boule à facettes et musique disco). Le moral n'est pas au beau fixe, père et fils passent leur temps à bouquiner ou errer en pleine campagne sous une pluie diluvienne.

Leur quotidien s'égaye lorsqu'ils font la connaissance de Roger et sa fille Indiane. C'est une gamine délurée, qui s'amuse à titiller le garçon, coincé et bougon. Très libre et décomplexée, elle ne comprend pas la réaction du garçon lorsqu'ils surprennent l'accolade passionnée entre leurs pères. Arvid court se réfugier dans les WC, chipe le livre d'or et déverse toute sa frustration.

Ses confidences, sur le ton de la plaisanterie, font état de la trouille de l'adolescent, face à sa puberté naissante. À 13 ans, celui-ci se pose de plus en plus de questions sur la sexualité, son identité et son orientation, l'attitude de ses amis aussi le pousse à réfléchir, comme celle plutôt dégourdie de la jeune Indiane, terriblement curieuse et impatiente de dévoiler les mystères de la chose, bref tout ça plonge Arvid dans une grande perplexité.

Alors, pour oublier ce qui le contrarie en secret, le garçon prend pour cible son père et sa soudaine lubie d'une révolution sexuelle en plein été, durant leurs vacances. Arvid ne l'entend pas de cette oreille et échafaude des plans délirants pour faire capoter l'idylle florissante. Le ton général est léger, joyeux et totalement désinhibé (même le chien Waldo est pris de pulsions lubriques incontrôlables, on croit rêver !).

C'est raconté sur le ton de la blague, mais ça évoque avec beaucoup de subtilité l'adolescence, le corps qui change, les premiers troubles, les émotions contradictoires et l'homosexualité. Les romans pour ados sont encore trop timides à ce propos, donc saluons l'initiative écrite avec intelligence et un soupçon d'effronterie ! 

éd. Thierry Magnier, septembre 2014 ♦ traduit du norvégien par Aude Pasquier

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20/09/13

ღ Enquête au collège - L'intégrale (tome 1) ღ

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Un régal, vrai de vrai ! Sur papier déjà, les histoires de Rémi, Mathilde et P.P. Cul-Vert sont désopilantes en diable. On se marre, on savoure, on en redemande. Version audio, c'est le festival de l'humour grâce à une interprétation tout à fait remarquable d'Olivier Chauvel. C'est vivant, pétulant et brillant. On se sent immédiatement à son aise, au cœur de l'action. On vit et partage les aventures particulièrement cocasses de nos trois amis, on vibre sitôt que la tension monte d'un cran, en cela le narrateur a vraiment joué le jeu, il chuchote, il vitupère, il gronde, il flambe ... il est génial !

Cette intégrale réunit les trois premières histoires de la série, comprenant Le professeur a disparu ; Enquête au collège ; P.P. Cul-Vert détective privé. Ce sont des intrigues rigolotes, avec du suspense et du mystère, dans lesquelles nos trois héros font preuve de pertinence pour démêler les fils de leurs enquêtes. C'est du léger, léger, mais c'est très bon aussi. Les enfants adorent, moi aussi.

J'ai même un petit faible pour le personnage de P.P. Cul-Vert, absolument insupportable pour son nombrilisme patenté, et pourtant l'auteur n'a pas grossi le trait et a su nous le rendre sympathique et attachant. Sans lui, je pense que les histoires de Rémi et Mathilde n'auraient pas le même peps ! Lisez, pour vous en convaincre, la troisième enquête (P.P. Cul-Vert détective privé) qui se passe en Angleterre. C'est tout bonnement irrésistible, tout y est, l'humour, la caricature, les clichés, l'enquête bidon.. c'est un ré-gal !

Allez, un petit extrait : « Au fur et à mesure que les rangs s'éclaircissaient, j'avais du mal à modérer mon impatience. Parmi les quelques Anglais qui restaient, une famille ignorait encore la chance qui était la sienne : avoir tiré au sort, dans cet échantillon d'élèves disparate et bruyant, le seul, l'unique Pierre-Paul de Culbert... Un pur produit du raffinement français allait entrer dans leur foyer tel un rayon de soleil dans ce soir pluvieux. Je devais être à la hauteur de ce moment historique. »

Impayable, n'est-ce pas ?

Enquête au collège - L'intégrale (tome 1) par Jean-Philippe Arrou-Vignod (Gallimard jeunesse, coll. Ecoutez Lire, août 2013)
Textes intégraux, lus par Olivier Chauvel. Durée d'écoute : env. 5 h 20.

09/11/11

Enfance(s)

couleur_mirabelle-olivier_larizza-3dCouleur Mirabelle est une plongée en enfance, et plus particulièrement dans celle de l'auteur. Olivier Larizza exprime avec simplicité et sincérité ses souvenirs de petit garçon, celui qui aimait Goldorak et savourait les carambars, mais aussi celui qui voulait dédier un poème de Maurice Carême à sa mère, pour tout l'amour et l'admiration qu'elle lui inspirait, ou celui qui évoquait un portrait attendrissant du grand-père, un homme formidable, passionné de cyclisme et du Tour de France. 

On sent une enfance heureuse, reconnaissante, bienveillante, où il fait bon vivre et aimer. Il est temps aujourd'hui de chuchoter ces mots d'amour, de se baigner dans le souvenir de ces jours heureux. Et je trouve qu'en cette période morose, porteuse de nouvelles pas toujours gaies, il est bon de se réfugier dans un ouvrage de textes courts, un ouvrage dont la lecture procure une sensation de douceur, de tendresse et de nostalgie. Couleur Mirabelle  apporte un sentiment de sérénité aussi, c'est reposant, vraiment j'étais sous le charme même si je ne sais pas trop expliquer exactement pourquoi. Ou peut-être si, peut-être est-ce le secret de ce livre, mais Couleur Mirabelle a également la couleur de notre propre enfance ! Pas seulement celle des années 80 et de la génération Casimir, mais tout bonnement une enfance au goût de barbe à papa, sucrée et vaporeuse. 

Couleur mirabelle, par Olivier Larizza
Orizons 2011. 10€ 
 (Extrait du livre

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