10/04/15

N'y pense même pas ! de Sarah Mlynowski

« C'était comme de lire le journal intime de quelqu'un ou d'entendre une conversation téléphonique qui ne vous était pas destinée. Quand on avait entendu, on ne pouvait plus revenir en arrière. » 

Ny pense meme pas

Suite à leur séance collective de vaccination contre la grippe, la classe de 2nde B du lycée Bloomberg de Tribeca se découvre un étonnant pouvoir de télépathie. Or, toutes les vérités ne sont pas bonnes à entendre : être dingue de son meilleur ami, espérer un amour réciproque, passe encore... mais découvrir qu'il en pince pour une autre, avouer son infidélité, ou surprendre l'intimité de ses parents, cela devient un cauchemar pour ces jeunes gens, qui se révèlent les uns aux autres, pas toujours sous leur meilleur jour. Scènes de détresse, de colère ou de jalousie... bienvenue au lycée, cette jungle impitoyable ! La lecture ressemble à une gigantesque cacophonie, d'où il ne ressort finalement pas grand-chose, tant le contenu est superficiel et sans consistance. La télépathie n'est qu'un prétexte pour exacerber les angoisses existentielles des adolescents, souvent liées à leurs amours balbutiantes ou à leurs histoires de cœurs brisés, mais traitées à la légère, sans humour. Assez frustrant de la part d'un auteur comme S. Mlynowski. De plus, la narration à la 1ère personne du pluriel m'a quasiment paralysée d'effroi. C'était comme se retrouver devant un bataillon de monstres, « des phénomènes ». Ils font bloc, face au lecteur, c'est assez déstabilisant. Enfin, personnellement je n'ai pas aimé et me suis vite sentie mal à l'aise. La couverture déjà n'était pas très avenante, on oubliera donc facilement ce rendez-vous loupé.

Albin Michel, coll. Wiz, mars 2015 ♦ traduit par Claudine Richetin (Don't Even Think About It)

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21/04/12

You can dance, you can jive, having the time of your life...

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L'idée de base du roman est tellement tentante : pouvoir parler à celle qu'on était trois ans plus tôt, la prévenir des erreurs à éviter, des mauvaises rencontres à contourner, des devoirs à travailler, des efforts à fournir, etc. L'avenir n'en serait-il pas meilleur ? C'est ce que cherche à nous raconter ce roman. Devi se trouve au centre commercial au moment où son téléphone valdingue dans une fontaine. L'appareil n'est pas mort, mais une nouvelle option s'offre à elle : être en ligne directe avec l'adolescente qu'elle était, en seconde.

C'est trop beau pour être vrai, Devi a 17 ans et demi, son coeur est brisé par la faute de son petit copain, elle choisit de prévenir son passé de ne pas sortir avec ce garçon. Et c'est là que tout s'emballe, son présent se modifie au fur et à mesure que la Devi de 14 ans opère des changements, ces derniers ont des conséquences plus ou moins lourdes, de quoi exciter notre héroïne, jamais contente, toujours à l'affût, elle-même déstabilisée par une vie de tous les jours qui ne cesse de connaître des soubresauts. Les Devi sont à la fête, car faire la navette entre le passé et le présent a de quoi vous donner le tournis !

Pour le lecteur, c'est une vraie partie de plaisir. C'est surtout la découverte des situations nouvelles qui s'offrent à la Devi du présent qui sont hilarantes, un jour elle est réconciliée avec ses meilleures amies, l'heure d'après elle embrasse un type, quelques temps plus tard c'est une autre histoire, et tout ça avec l'expérience du vécu qu'elle croyait sien jusqu'à présent (c'est très compliqué, je sais !).

L'intrigue est virevoltante, jamais reposante, heureusement elle montre aussi qu'on ne peut pas toujours jouer avec le destin, et qu'en voulant changer le passé on bouleverse certaines cartes en générant des crises d'une autre envergure. La valse des lettres pour les entrées à l'université, par exemple, est un excellent point de repère quant au tourbillon que vit Devi. C'est aussi devenu le leitmotiv de notre héroïne en Terminale, à tel point qu'elle finit par harceler son double plus jeune.

Et la question se pose : jusqu'où peut-on dicter sa vie, s'empêcher de s'en remettre au hasard, accepter les coups du sort, admettre que cela fait partie du jeu aussi... car c'est à partir de ses erreurs qu'on apprend à se construire ! C'est sur cette note que le roman se boucle, d'ailleurs : non, on n'échappe jamais à son destin. Voilà de quoi faire réfléchir et s'interroger sur qui l'on est et ce qu'on le veut dans la vie (à part grandir !).

Parle-moi !, par Sarah Mlynowski
Albin Michel jeunesse, coll. Wiz, 2012 - traduit de l'anglais (USA) par Claudine Richetin