La première fois, c'était quand même plus marrant ; de Colleen Oakley
En ouvrant ce roman, j'ai rapidement réalisé que j'allais souffrir.
L'héroïne s'appelle Daisy, elle n'a pas trente ans et a déjà eu un cancer du sein qu'elle a soigné courageusement. Même pas quatre ans après, elle apprend que le mal la ronge à nouveau et qu'aucune guérison n'est possible.
Son monde s'effondre. Choc. Déni. Colère. Dépression. Tout fout le camp.
Elle songe également à son mari Jack et ne supporte pas l'idée de l'abandonner. Ou de le savoir seul. Alors elle se dit qu'elle va lui trouver une remplaçante. Enfin tout ça, c'est pour tromper son désespoir ou pour se leurrer que tout ira mieux ; car comment imaginer une autre prendre votre place ?
Impossible. Pour Daisy, c'est la chute libre. Elle ne sait plus du tout ce qu'elle fait, ni ce qu'elle doit faire. En gros, elle déraille. Et c'est normal.
Pendant tout ce temps, moi, les doigts accrochés à mon bouquin, j'avais le cœur gros. Les oreilles qui bourdonnaient. Les larmes aux yeux. Et tant de chagrin qui remontait à la surface.
En fait, c'est un roman qu'il m'était interdit de lire et pourtant j'ai coulé entre ses lignes. Tout est douloureux, poignant mais tellement beau. Oh oui, j'ai souffert, j'avais des souvenirs à la pelle qui se bousculaient dans la tête mais ça m'a fait du bien aussi.
J'ai aimé Daisy Richmond et sa petite bulle de vie que j'ai trouvée si douce et confortable. J'ai craqué pour son histoire d'amour. Jack et Daisy sont formidables. Et ce qu'ils traversent n'a pas de mots.
Sur ce, je m'en vais recoller mes morceaux épars. Pfiou. Superbe roman ! Un peu dans la veine des Derniers jours de Rabbit Hayes : tendre, bouleversant mais vrai. ♥
Milady, 2019 pour la traduction - Titre VO : Before I Go
Traduit par Alix Paupy
⭐⭐⭐⭐
La première fois qu'on m'a embrassée, je suis morte, de Colleen Oakley
Jubilee Jenkins souffre d'une allergie rare, celle du contact humain, un simple toucher a un effet cataclysmique. Depuis toujours, sa vie est tout sauf normale, elle vit seule, dans sa maison qu'elle n'a pas quittée en neuf ans, entourée de piles de bouquins. Elle reçoit tous les mois une pension versée par sa mère mais comprend que son monde va chavirer en apprenant son décès. Non seulement elle doit sortir de chez elle, trouver du boulot, parler aux autres, mais elle traîne encore une honte qui lui colle à la peau depuis le lycée, d'où la sirène d'alarme, panique à bord, etc.
Elle va néanmoins gérer au mieux tous les obstacles et décrocher un poste à la bibliothèque où elle fera la connaissance d'Eric. Il ne sait rien de ses problèmes, croit qu'elle est seulement excentrique et tombe sous le charme. Certes, sa vie à lui aussi est complètement bordélique : il est divorcé, fâché avec sa fille et tuteur du fils de ses meilleurs amis récemment décédés. En voulant se réconcilier avec son ado revêche, il se met à lire tous ses romans fétiches et rencontre Jubilee déguisée en Emily Dickinson. Et comme dirait Johnny, cette fille-là, mon vieux, elle est terrible.
N'imaginez pas une romance classique, mais davantage une histoire d'émotions et de sentiments, une histoire de complicité et d'apprivoisement, une histoire de tendresse et de sourire. Et c'est tout bon. J'ai craqué pour cette belle aventure de 500 pages, pour toutes ses incohérences et ses étrangetés, parce que l'allergie de Jubilee n'existe pas mais ses effets relatent l'isolement lié à la peur avec volonté d'en sortir pour profiter pleinement de la vie. Comme tout le monde est en plein chaos dans ce livre, le rythme est lent et fait place à de l'observation. Ça fonctionne vraiment bien car j'ai beaucoup aimé prendre le temps de connaître les uns et les autres, de cerner leurs attentes, de partager leurs humeurs et leurs envies, d'assister aux premiers rapprochements. C'est simple mais très touchant. Par contre ça se termine un peu n'importe comment, j'ai bien failli brandir ma pancarte à l'imposture avant de retourner me coucher rassérénée. Un joli petit roman, doux et fantasque.
Milady (2018) - traduit par Alix Paupy
Titre VO : Close Enough To Touch