Toute résistance est inutile, de Cora Carmack
Je n'ai rien contre les romances légères, distrayantes à lire, sans prétention. Cela donne du baume au cœur et un sourire niais aux lèvres. De temps en temps, c'est vrai, ça fait du bien. Sauf que la mécanique souvent se répète et quand je me sens d'humeur bougonne, ça ne passe plus. J'ai juste envie de rouspéter et de réclamer la fin de cette mode éditoriale, pitié, il faut varier les plaisirs.
Cette fois encore, il est question d'une étudiante engoncée dans sa petite vie étriquée, qui pensait s'échapper du carcan paternel en quittant le lycée, seulement son fameux père a accepté le poste d'entraîneur de l'équipe de football américain sur le campus où se trouve sa fille. Imaginez ses rêves de profiter d'une liberté nouvelle... envolés ! Papa toujours derrière son dos, papa attentif à ses faits et gestes, papa exigeant et intraitable, entouré de machos aux gros biscotos, dont l'ex de notre héroïne. Mais elle a juré de ne plus y toucher, elle en a assez des sportifs, même si elle évolue parmi eux depuis la nuit des temps. Bingo, elle rencontre un nouveau spécimen en la matière, alliant à la fois le pouvoir de séduction et l'interdit. Naturellement, le charme opère alors qu'ils sont supposés résister à la tentation (mauvais timing, objectif à tenir, aucun écart possible, etc.). Il y a toutefois un monde entre ce qui est dit et ce qui se produit. Et là, les bras m'en tombent. Je ne comprends pas ce besoin de mettre en scène des jeunes gens qui se pelotent et qui poussent loin leur flirt, alors que leurs discours prônent le contraire. Je suis paumée dans le message que cela peut envoyer auprès des plus jeunes. La raison ou les sentiments, toujours ce sempiternel refrain...
Dallas et Carson se lancent donc dans une roue de séduction archi vue et revue, ils se cherchent et se taquinent, ils ont pour eux la morgue, le désir et le tempérament. C'est une histoire basique, fignolée vite et mal, sans surprise et sans originalité. Elle brasse en vrac la peur de grandir, l'absence de lâcher-prise, l'amertume qui vous ronge et la confiance à accorder aux autres. Ce n'est pas bien méchant, mais tout est couru d'avance et ça manque d'une touche de fantaisie ou d'humour pour faire la différence. De toute manière, j'étais déjà fâchée par l'amoncellement des clichés dès le commencement, la fille qui cherche à se dévergonder en se rendant à une soirée alcoolisée, la meilleure copine pétillante qui incite à se bouger les fesses, les garçons tous plus beaux les uns que les autres, les neurones qui grillent pour évoquer l'un ou l'autre (lui est magnifique, elle est superbe...). Bye-bye la subtilité. Ce n'est rien de moins qu'une lecture bêtifiante et stéréotypée. Rien de neuf sous le soleil. NEXT.
Traduit par Maïca Sanconie pour les éditions La Martinière Jeunesse - Juin 2016
Titre VO : All Lined Up - A Rusk University Novel
Ce si joli trouble, par Cora Carmack
Bliss traîne dans un bar pour y rencontrer un bel inconnu et se débarrasser de son encombrante virginité (selon sa meilleure amie). Alcoolisée, la demoiselle n'en garde pas moins à l'esprit qu'elle est terrorisée, jusqu'à ce qu'elle tombe nez à nez sur Garrick Taylor, assis seul dans son coin, avec un livre de Shakespeare.
Son cœur s'emballe. Elle flirte ouvertement avec lui, l'emmène chez elle, bascule dans le lit, et puis...
L'histoire prend un détour savoureux, franchement hilarant et incongru, et je m'en suis réjouie car le point de départ n'était pas folichon.
Par la suite, forcément ça se complique : Bliss réalise que Garrick est son nouveau prof de théâtre. Relation strictement interdite, sous peine d'exclusion. Du moins, en théorie car ces deux-là ne vont pas se formaliser et continuer d'agir sans crainte d'être pris la main dans le sac.
Ajoutez un meilleur ami qui révèle ses sentiments, des rapports tendus et conflictuels, un climat lourd, qui exacerbe les jalousies, hi hi.
C'est une romance absolument délicieuse et déculpabilisante, truffée de niaiseries, de clichés et autres situations insolites, mais j'ai envoyé balader mon sens commun et dégusté le tout comme une friandise défendue.
C'était succulent !
Garrick est sexy en diable, c'est tout vu. Bliss est encore une chrysalide, sa trouille de l'autre est l'occasion de glousser et de pimenter la relation.
Ce n'est que sensualité, délire entre étudiants (soirées arrosées et virées en boîte), petit cocon, début sur les planches, épanouissement personnel, confiance en soi... Cela fait un peu fouillis, mais on passe un vrai, bon moment. Sans prise de tête.
La Martinière J. ♦ mai 2014 ♦ traduit par Sophie Passant